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Six Feet Under

5.07 - The Silence

Bis Repetita

mardi 26 juillet 2005, par Feyrtys

Alors là , je dis non. Non ! Je m’insurge. C’est la dernière saison. La dernière ! Ce n’est pas comme si on pouvait perdre du temps en intégrant des épisodes de "transition", alias des épisodes o๠rien ne fait avancer le schmilblick et oà¹, malgré quelques bons moments, on se dit qu’on ne retiendra pas grand-chose de l’histoire. Alors je dis non aux épisodes redondants, aux situations bloquées et aux personnages bornés. Et je dis non à l’acharnement thérapeutique concernant deux personnages qui semblent ne jamais pouvoir trouver le bonheur ni le repos. Il va falloir leur donner un peu d’espoir là quand même.

Nate et Brenda sont maudits. Je ne vois que ça. Une saison je t’aime, une saison je te déteste, une saison je veux vivre avec toi, une saison en fait non je veux pas. Et entre temps, on a des maladies graves, des mensonges, des tromperies, des envies, des frustrations, une veuve et une fausse-couche. Je pense que Nate et Brenda illustrent à eux deux la chanson de U2 "With or without you". Ils ne peuvent ni vivre avec, ni sans l’autre. Ils s’aiment, mais se détruisent en s’aimant. Quand ils ne sont pas l’un avec l’autre, ils se désirent, se cherchent, puis s’éloignent. Je ne connais aucun couple aussi compliqué, mais je suis persuadée qu’il en existe.

Depuis qu’ils se sont mariés, rien ne va plus. Brenda veut un enfant, Nate n’est pas vraiment convaincu mais veut quand même le faire pour elle. Ils ont du mal à communiquer, du mal à exprimer ce qui ne va pas. Nate se confie alors à Maggie, avec qui il semble partager les mêmes blessures encore vives. L’espace entre Nate et Brenda grandit alors de plus en plus. Le gouffre n’est pas loin. D’ailleurs, Nate rêve que Brenda et Maya disparaissent en pleine nuit, enlevées ou parties sans rien dire, et qu’au bout du téléphone, un silence pesant lui rappelle qu’il n’entend pas ce qui pourrait les sauver.

Les résultats sanguins de Brenda laissent présager une malformation de leur enfant… Le médecin voudrait faire une amniocentèse, mais Brenda s’y refuse, se réfugiant derrière l’excuse que l’examen pourrait provoquer une fausse-couche. En réalité, elle est bien plus effrayée par l’avenir. Ne pas faire d’amniocentèse est une façon de rester dans l’ignorance et de ne devoir affronter les problèmes qu’après la naissance du bébé, ce qui lui laisse quelques mois de répit. Nate, lui, veut savoir, parce qu’il est également mort de peur. Mais mort de peur à l’idée de devoir élever un enfant malade, différent, fragile…Nate sent qu’il ne sera pas à la hauteur. Il voudrait avoir le choix de mettre au monde, ou non, cet enfant. Brenda n’est pas de cet avis. Après une fausse-couche, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi, mais elle finit par revenir sur sa décision (après une discussion haute en couleur avec sa mère) et accepte de prendre en compte la peur de Nate. Elle passe donc par la maison des Fisher et… surprend Nate en pleine conversation avec Maggie. Leur conversation n’est pas anodine ; Maggie réconforte Nate qui se laisse faire, bien content d’avoir une épaule sur laquelle se reposer. Brenda se rend à l’évidence. Un gouffre s’est creusé entre eux deux… Elle quitte Nate en le pressant de faire, pour une fois, ce qu’il veut vraiment, et pas ce qu’on attend de lui. Brenda, de son côté, semble décider de vivre sa vie pour elle. La dernière scène de l’épisode, silencieuse comme la prière honorant le mort de l’épisode, est très mystérieuse : Nate ferme les yeux, les rouvre pour regarder Maggie, et pendant ce temps, Brenda sort d’un magasin avec une nouvelle tunique, on dirait qu’elle sourit…

Alors je me pose la question : mais pourquoi ? Pourquoi tant de haine ? Le bonheur est-il vraiment si étranger à ces deux là ? Pourquoiiiiii ? Peut-être que les scénaristes de SFU ont trop lu le poème de Louis Aragon, "Il n’y a pas d’amour heureux" :

Rien n’est jamais acquis à l’homme

Ni sa force ni sa faiblesse ni son cœur

Et quand il croit ouvrir ses bras

Son ombre est celle d’une croix

Et quand il veut serrer son bonheur, il le broie

Sa vie est un étrange et douloureux divorce

Il n’y a pas d’amour heureux

Personnellement, je pense qu’il n’y a pas de poème plus noir que celui-ci. Tout comme j’ai rarement vu deux personnes aussi mal ajustées l’une avec l’autre, je ne peux imaginer Nate et Brenda l’un sans l’autre, ce qui est tout de même un comble quand on y pense...

Heureusement, il n’y a pas que des problèmes dramatiques dans la vie des Fisher. Il y a David et Keith, apprentis-parents attendrissants, et Darrel qui se révèle être un enfant bien plus "comme les autres" que ne le supposait Keith. Darrel, comme tous les enfants, veut être aimé. Il ne sait pas trop comment faire, étant donné qu’il n’a connu que des abandons et des adutes incapables d’aimer, mais il continue d’essayer.
David et Keith doivent prendre des décisions parentales importantes, et pour le moment, c’est plutôt David qui réussit à faire passer ses idées. Il se trouve qu’il a raison jusqu’à présent. Aller voir Darrel jouer un arbre dans la comédie musicale de son école malgré son opposition franche était une bonne idée. Le seul problème, c’est que David agit non pas pour Darrel mais pour l’enfant qu’il était. Comme beaucoup de parents, David cherche à alléger ses souffrances d’enfant à lui : l’absence de son père à l’une de ses pièces l’a marqué et en allant voir Darrel, il revit ce moment de son enfance et réussit à le dépasser. Il cherche à faire mieux que ses parents, alors qu’il s’agit surtout de faire le mieux pour l’enfant...

Du côté de Claire, et bien, comment dire... Elle se fait au monde du travail. Elle a du lire dans le dernier Cosmo que 60% des couples se faisaient sur le lieu de travail. Elle décide donc de s’ouvrir un peu plus à ses collègues, en particulier à un avocat du nom de Ted.
Claire, par pitié, change your taste in men. Do something. DO SOMETHING !

Rico et Vanessa se sont remis ensemble. Mais Vanessa accueille son mari dans son lit avec très très peu d’enthousiasme. A vrai dire, elle joue même le rôle de la femme-planche quasi invisible. En d’autres termes, elle se venge en ne donnant pas à Rico ce qu’il attend le plus : de la passion. Rico, qui pour une fois fait preuve d’intelligence, finit par comprendre que le ressentiment est toujours présent. Maintenant, reste à savoir comment de temps leur petit jeu va durer...

J’ai gardé Ruth pour la fin, parce que j’ai bien aimé la storyline de notre chère Ruth. Elle qui est à présent libérée de George, croit qu’un monde nouveau l’attend au coin de la rue. Elle est déçue quand elle s’aperçoit qu’il n’y a qu’un Starbucks. Ses copines du club de tricot vivent à mille lieux de son univers et ne seront jamais des amies. Les musées, ça va deux minutes, mais ça fatigue vite. Et puis toute seule, c’est moins drôle...

Ruth ne se rappelait plus pourquoi elle avait eu tant besoin des hommes dans sa vie : la solitude. C’est elle qu’elle fuyait. Et elle lui revient en pleine figure, la solitude. George l’appelle pour la voir ; elle se rend chez lui à reculons en croyant devoir affronter un homme désespéré et prêt à tout pour la reconquérir. Elle compte peut-être même secrètement sur ça pour se remonter le moral... Mais à la place de cela, elle prend un coup de couteau dans le dos. Non, pas un vrai, un pour de faux, mais quand même, on a mal pour elle. George ne se met pas à genoux pour la supplier de revenir. Il s’est mis à genoux pour demander en mariage une autre femme... Plus rapide que lui, tu meurs. Ca aide d’être schyzophrène finalement, pour passer à autre chose après une rupture... L’erreur de George est de trop en dire sur sa fiancée. Ruth décide donc de lui rendre une petite visite et de la prévenir. (Ce qui est drôle, c’est que la fiancée de George est aussi, dans une autre série, la mère de George. Ceux qui ont vu Dead Like Me comprendront.) Bref, quoiqu’il en soit, Ruth déballe son sac et fait ce qu’elle aurait sûrement aimé que quelqu’un fasse pour elle il y a un an : prévenir que l’idée de se marier si vite est une folie pure et simple. La fiancée, en larmes, a du mal à croire Ruth, qui se comporte un peu comme une maniaque, il faut bien le dire. Enfin, elle fait sa Ruth débordée par les émotions, en fait. Et termine son entretien avec la pauvre future mariée en criant "I am not angry ! ", tout en brisant un vase en terre cuite qui avait le malheur de passer par là. Ce que j’aime surtout, c’est la façon dont Ruth court vers la porte de sortie. A petits bonds plutôt qu’à petits pas : Frances Conroy est extraordinaire.

Avec tout ça, j’ai oublié de vous parler du mort de l’épisode. C’était un quaker et la seule chose à dire de lui, c’est qu’il est mort pendant une pièce de théâtre massacrée par de mauvais acteurs : il était le chanceux de la salle. (Cette blague a été honteusement copiée sur celle des Producers, la comédie musicale de Mel Brooks que j’ai vu hier au Royal Theatre de Londres).


Un épisode redondant pendant une dernière saison, c’est frustrant, très frustrant. Espérons que le prochain fasse bouger un peu tout ce petit monde.