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Nip/Tuck
3.06 - Frankenlaura
Quatre cadavres et un embaumeur
dimanche 6 novembre 2005, par
Recoller les morceaux, c’est parfois plus difficile qu’il n’y parait. Ben oui, ça demande de la persistance, de l’entêtement, et surtout, beaucoup de foi en l’avenir ! Beaucoup, beaucoup, beaucoup de foi. Et pour un certain dingue, ça demande aussi des litres de fluide d’embaumement.
Dans Six Feet Under, Rico, le thanatopracteur, paraissait un peu bizarre à prendre des photos de ses plus belles réussites... Il s’extasiait d’avoir pu reconstituer la partie du visage qu’un coup de fusil à bout portant avait arraché ; il prenait un réel plaisir à remodeler le visage atrocement mutilé d’une femme ayant rencontré à un peu trop brutalement un panneau de signalisation. Mais on l’aimait bien quand même, Rico, parce que malgré le coeur qu’il mettait à l’ouvrage, il était loin d’être un docteur Frankenstein.
On ne peut pas dire que ce soit le cas de l’embaumeur de cet épisode. Non, vraiment pas. Lui, il aime tellement ça les cadavres qu’il s’est amusé à récolter les plus belles jambes, plus beaux bras et plus beau buste pour créer une femme parfaite !! D’autant que la tête appartient à sa... petite copine ? Non non, vous n’y êtes pas. Epouse ? Ah non, vraiment pas. Cousine ? Pfff, soyons sérieux deux minutes voyons. Sœur bien sûr !! C’est sa sœur qu’il essaye de reconstituer ! Le pire dans tout ça étant évidemment que le monsieur est nécrophile. Nécrophile incestueux. Je ne veux pas même savoir quel genre de taré va atterrir sur cette page après avoir tapé "nécrophile incestueux" dans Google.
Et si McNamara/Troy est obligée d’accepter ce genre de cas, c’est parce que le cabinet va mal depuis les accusations proférées à l’encontre de Christian. Ils redécoupent donc Frankenlaura pour rendre à leurs propriétaires leurs morceaux manquants, enfin, quand c’est possible... Reste la tête, qui revient au frère. Il veut la garder et demande à Sean de veiller sur elle. Il se sent proche de lui, Parce qu’il pense qu’ils font tous les deux le même boulot... Sean lui fera croire que la tête restera en sûreté avec lui jusqu’à sa sortie de prison, mais en fait, il l’incinère.
Pendant ce temps, Sean essaye de trouver de nouveaux clients et se rend dans une maison de retraite pour vanter les mérites d’un lifting ou d’une liposuccion. Mais évidemment, ne pourra aller jusqu’au bout de cette décision et quittera le cabinet pour essayer, une énième fois, de trouver une raison de continuer à être chirurgien esthétique... Ce n’est pas comme si ça faisait 3 ans que Sean était en crise... On a un peu l’habitude là. S’il ne peut plus être le pilier moral de l’entreprise, en se compromettant pour récupérer des clients, il ne peut plus être chirurgien. Sean a toujours eu besoin de se sentir utile pour faire ce métier. Alors que la réalité est toute autre : rien n’est moins inutile que la chirurgie esthétique, et il le sait ! Il a beau faire du bénévolat, aider des gens qui ont besoin de lui, la majorité de ses clients sont des gens qui n’ont pas besoin de bonnet D ou de perdre leurs poignées d’amour. Mais Sean cherche toujours une raison à laquelle s’accrocher pour continuer. Maintenant que sa famille a explosé de tous les côtés (c’est le cas de le dire), Sean n’a plus aucune excuse pour être un chirurgien.
De son côté, Julia n’a plus d’excuse pour continuer à rester coincée dans son état de femme au foyer désespérée. Elle est divorcée, et Sean n’est plus là pour la porter et pour l’entendre se plaindre d’avoir sacrifié sa carrière pour lui et les enfants. C’est le moment idéal de se bouger et faire quelque chose de sa vie (surtout que la petite dernière, Annie, semble bel et bien avoir disparu, tout comme Matt, dont on a aucune nouvelle depuis un moment).
C’est exactement à ce moment là que Gina réapparait sur le devant de la scène. Dans un rôle digne des pires bitches de l’histoire de la télé. Déjà, on la croyait mourrante, il n’en est rien, ce qui est de toute évidence maléfique. Elle est au contraire en pleine forme ! Christian lui paye des médicaments et son style de vie, tel un prince. Et quand il vient lui annoncer qu’il ne pourra pas continuer à payer pour ses dépenses (mais qu’il continue à payer ses soins), elle l’insulte, comme à la grande époque. Sa façon de dire « You’re an asshole » à Christian est d’ailleurs la seule chose que j’aime chez Gina. Elle l’insulte, parce que sans cet argent supplémentaire, elle ne peut acheter la propriété qui lui a tapé dans l’œil et se faire une petite fortune en la revendant plus tard, après en avoir fait un hôtel de luxe. Gina, dans l’immobilier ?
Vers qui se tourne la psychobitch pour mener à bien ses plans ? La toute nouvelle divorcée Julia, qui vient de récupérer la moitié de la maison et donc tout plein d’argent. Julia, qui n’est pas à ça près, décide de faire affaire avec Gina (la pauvre, elle a perdu l’esprit) et propose, à la place d’un hôtel, de créer un spa de convalescence post-chirurgie esthétique. Comme l’a souligné très intelligemment Joma sur le forum (mais Joma ne dit que des choses très intelligentes, c’est bien connu), il est intéressant de constater que si les hommes de cette série sont dans le business de la découpe, les femmes, elles, préfèrent être dans le biz de la guérison. Et du bien-être. Evidemment, les deux ont un but hautement lucratif, mais le parti-pris n’est pas le même.
Sur le chantier, Julia (impressionnante en project manager, ceux qui connaissent The Apprentice sauront de quoi je parle) se démène pour faire avancer les travaux et trouve de nombreuses qualités à Gina (autres que sa façon de parler, très proche de la poissonière), dont un talent particulier pour la négociation. Hi hi. Si elle négocie si bien, cette chère Gina, c’est qu’elle sait y mettre bien plus que du coeur, dans l’ouvrage.
Dans les toilettes du chantier, c’est un vrai défilé : Gina s’occupe personnellement de tout le monde, y compris de la lesbienne de service ; pas de discrémination dans Nip/Tuck ! La scène est d’ailleurs assez drôle... Et très symbolique du personnage de Gina.
A la fin de l’épisode, Liz finira par démissioner de chez McNamara/Troy pour être embauchée en tant que médecin généraliste dans la clinique-spa de Julia et Gina.
Si j’aime l’idée de regrouper les éléments féminins de Nip/Tuck dans un même projet, je n’aime pas l’idée sous-jacente que la seule façon pour ces femmes de trouver l’indépendance par rapport à Sean et à Christian est de s’investir dans un projet démesuré... De plus, quand Julia n’est pas au centre du triangle amoureux Sean/Julia/Christian, elle ne m’intéresse pas. Je la trouve vide et artificielle, comme si elle jouait un rôle différent.
Autre mécontentement quant à cet épisode : l’absence totale d’allusion à Kit. Elle n’est ni présente, ni nommée, alors que dans le dernier épisode, l’effet recherché était clairement celui de faire tomber la machoire. Kit en victime du Carver, par sa faute et par la faute de Christian, ça méritait une suite.
On ne sait rien de ce qui s’est passé pour elle. De la même façon, on ne sait toujours rien de Quentin, sauf qu’il est bi. Et à part ça ? Quelles sont ses motivations ? Pourquoi reste-t-il dans un cabinet qui est en si grande difficulité financière ? Bref, j’attends un peu plus de suivi, de développement des personnages introduits dans cette saison. Pour le reste, cet épisode était tout de même assez bon.