3.13 - Joy Kringle

Réussir un épisode de Noël, ça demande du savoir-faire. Il faut équilibrer sucreries et noirceur, espoir et cynisme. A Noël, non, tout le monde n’est pas gentil, tout le monde ne se retrouve pas avec l’envie sincère de faire des cadeaux, tout le monde ne devient pas miraculeusement généreux et tous les enfants ne deviennent pas de petits anges attendrissants. C’est plutôt l’inverse.

Consumérisme à outrance, dettes qui s’accumulent pour donner le change et faire croire qu’on a de l’argent et qu’on est généreux, hypocrisie de rigueur si l’on veut survivre au dîner familial et ne tuer personne à coup de fourchette à escargot... Noël, ce n’est pas le bonheur et la joie dans votre maison, et en plus, c’est pas vraiment des vacances, plutôt un marathon physique et psychologique qui vous laisse KO.

Comment ça, j’ai perdu l’esprit de Noël ?? Même pas en fait... moi j’aime trop le foie gras et les sapins décorés pour vraiment détester Noël. J’aimerais bien pourtant, j’aimerais bien...

A Miami, en tout cas, on se demande s’il est possible de passer un Noël sans plonger dans le cynisme le plus redoutable. Quand la Mère Noël et le Père Noël viennent en consultation chez Troy et McNamara, dans le but d’aider la Mère Noël à perdre les derniers kilos en trop qu’il lui reste, on est en droit de penser : « What the f... ? »
Depuis quand la famille Noël doit rentrer dans du 36 ?

Depuis que paraître jeune, dynamique, bronzé et heureux est l’impératif de toute une partie de la population nourrie du mythe de la jeunesse flamboyante. Soyez beau, vous serez heureux ! Soyez mince et musclé, vous vivrez plus longtemps et serez aimé toute votre vie !

Dans un monde juste, tout le monde aurait le métabolisme de Lorelai et Rory Gilmore, de la série Gilmore Girls. Elevées au café, soda, pop corn, pizza, marshmallow et autres sucreries de la mort qui tuent, la mère et la fille ne mangent de verdure et de légumes que lorsqu’elles y sont contraintes et forcées. Dans la vraie vie, je veux dire, si elles existaient vraiment, Lorelai et Rory seraient obèses, auraient une très vilaine peau, du diabète et du cholestérol.
Malheureusement, le monde n’est pas juste, et nous ne possédons pas le métabolisme des Gilmore. Ni leur faculté à dire tout ce qui leur passe par la tête d’ailleurs. C’est peut-être une bonne chose ceci dit...

Donc, les gens grossissent, les gens vieillissent, et les gens grossissent en vieillissant. La Mère Noël n’échappe pas à cette règle et le Père Noël en semble contrarié. Voilà donc la Mère Noël sur le billard, subissant une liposuccion dans la joie et la bonne humeur ! Mais Sean et Christian font une étrange découverte : la Mère Noël a gardé en elle un petit souvenir d’il y a une vingtaine d’années... Un fœtus... Elle croyait qu’elle était stérile, du moins que son couple l’était, il se trouve qu’au cours d’une aventure avec l’assistant du Père Noël, un bébé a été conçu, qu’il est mort, et qu’au lieu d’être rejeté par le corps, il s’est calcifié à l’intérieur... Ca expliquerait le poids sur l’estomac que la Mère Noël avait pendant toutes ces années ! Hummm, c’est pas drôle, d’accord, mais il faut bien un peu d’humour pour dédramatiser une situation aussi horrible !

Le pire est encore à venir : quand il apprend que sa chère femme a eu une aventure (même passagère, même dans des circonstances particulières de solitude extrème), le Père Noël devient berserk et décide de se séparer de la Mère Noël. Santa’s going solo, annonce-t-il.

Peu de temps après, il se trouve une nouvelle assistante, parfaite pour promouvoir l’idée qu’il faut être jeune et beau pour être heureux : une grande black magnifique, dans une toute petite robe rouge à fourrure blanche, à qui le Père Noël célibataire voudrait offrir de nouveaux seins.

Ca, c’est de l’esprit de Noël mes enfants !! Alléluia ! Paix sur la Terre et Silicone pour tout le monde !

Bon, si le sujet du Noël revisité par la chirurgie esthétique avait quelque chose d’intéressant et de cinglant, il n’en est pas de même pour l’autre intrigue, j’ai nommé le « Julia est enceinte 2.0 ». On a déjà eu ça en saison 1, mais c’est pas grave, ils veulent recycler et cette fois, comme elle travaille et qu’elle vit seule, elle ira presque jusqu’à envisager l’IVG. Je dis bien presque, parce qu’évidemment, elle ne va pas jusqu’au bout. Il y avait une possibilité pour qu’elle le fasse, même si son rendez-vous se trouvait être un soir du 24 décembre (sic), même si Sean était particulièrement présent et compréhensif...

J’aurais aimé que pour une fois, oui, pour une fois, une héroïne de série télé ne décide pas, à la dernière minute, de ne pas le faire. FX souffrirait-elle des mêmes défauts que ses copines ? N’y a-t-il pas la place pour la question de l’IVG à la télé ? De mémoire, comme ça, les séries télé qui en parlent ouvertement, c’est-à-dire dans lesquelles des personnages féminins décident d’y avoir recours, ne sont pas foules : je me souviens des Années Collège (une des jumelles), de Six Feet Under (Claire), de New York 911 (Faith)... Même Miranda, dans Sex and The City, changeait d’avis et menait à terme sa grossesse, ce qui a par ailleurs donné la meilleure évolution de personnage de toute la série de mon point de vue, mais c’est une autre histoire.

Bref, il était assez évident que Julia et Sean décideraient de garder le bébé. Pendant quelques secondes, je me suis dit, peut-être, peut-être ne vont-ils pas jouer les poules mouillées et peut-être feront-ils de ce Noël le plus sombre que la série puisse rêver.

Mais non. A la place, on a Sean et Julia qui se tiennent la main.

Je comprends que cette décision s’inscrit dans une histoire, qu’elle a ses raisons et sa logique propre. Sean et Julia veulent se donner une autre chance d’être des bons parents, de donner tout simplement... En même temps, Julia est encore en train de saboter sa carrière professionnelle. Et de retourner avec un homme dont elle n’est pas sûre de pouvoir vivre avec. Les deux font preuve d’un optimisme à toute épreuve !! C’est ça l’esprit de Noël ?

De son côté, Matt et EvilMeg s’ « amusent » à kidnapper des figurines de la crèche de leur lycée et de les peindre en blanc, parce qu’EvilMeg ne supporte pas de voir un petit Jésus noir. Personnellement moi, c’est le petit Jésus qui me gonfle, qu’il soit de n’importe quelle couleur ou de n’importe quelle forme... Mais chacun son truc...

EvilMeg pète un câble sur cette histoire de couleur : elle avoue à Matt qu’en faisant des recherches généalogiques, elle s’est rendue compte que sa grand-mère avait 1/8ème de « sang noir », ou quelque chose comme ça... Bref, dans sa tête, elle est noire, son père va la détester et la renier, tuer sa mère et découper le corps en petits morceaux. Du coup, elle demande à Matt de récupérer un produit pour blanchir la peau, habituellement utilisé pour les cicatrices. En bon petit soldat un peu débile, Matt obéit et évidemment, tout ça finit dans des larmes : le produit la brûle gravement. Matt finit par se rendre compte (et ben, il en aura fallu du temps !) de l’état de santé mentale de sa petite copine, et de l’influence que son nazillon de père a sur elle, et il décide de la défendre contre l’ogre. Sauf qu’évidemment, EvilMeg préfère son papa à son petit copain et que le tout finit mal. Néanmoins, Matt reprend ses esprits (momentanément, ça ne va pas durer longtemps) et rompt avec EvilMeg.

Et la dernière image sera celle du petit Jésus retrouvant sa couleur originelle sous l’effet bienfaiseur de la pluie... Vous avez rien de plus cliché là ? Je me croirais dans La Petite Maison dans la Praire !