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Nip/Tuck
3.10 - Madison Berg
Une lipo, un gâteau et une Svastika
jeudi 1er décembre 2005, par
Il était temps, enfin, je l’ai eu l’épisode que j’attendais ! Parfait du début jusqu’à la fin, se concentrant enfin sur le couple Christian / Sean et le trio Christian / Julia / Sean. Matt connaà®t une évolution intéressante, qui donne certes envie de vomir, mais intéressante quand même. Mais le prix de la meilleure surprise de cet épisode revient à Kelly Carlson pour son interprétation impeccable du rôle de Kimber.
Il était une fois, une actrice qui devait jouer le rôle d’une fille d’un soir, une blonde facile qui craque sous les avances d’un beau et riche chirurgien esthétique du nom de Christian Troy. On ne devait pas la revoir. Mais Ryan Murphy est tombé sous le charme de Kelly Carlson (on le comprend), et a proposé à l’actrice un vrai rôle dans la série, celui de Kimber, blonde écervelée mais amoureuse à en souffrir d’un homme qui la traite comme moins que rien. On pourrait trouver Kimber énervante, creuse, superficielle, insupportable. Mais le talent de Kelly Carlson, et la classe naturelle qu’elle apporte à Kimber en font un personnage attachant, parce qu’un peu naïf, mais pas trop, et très amoureuse, mais pas si aveugle que ça. Il n’y a pas beaucoup de femmes qui seraient crédibles en fiancée de Christian. Il n’y a guère qu’une ancienne actrice de porno, ancienne accro à la coke, ancienne maîtresse de Sean, modèle de real doll en vogue, qui puisse dire oui à Christian autre part que dans une chambre à coucher. Et Kelly Carlson sait rendre ce personnage improbable absolument irrésistible.
Par exemple, sur une table d’opération en train de se faire liposucer le gras du ventre qu’elle a complètement plat, Kelly Carlson rend Kimber touchante.
Elle a beau être aussi épaisse que Teri Hatcher et Ellen Pompeo réunies (ce qui n’est toujours pas beaucoup), elle fait très bien la mariée obsédée par son poids et la perfection de la cérémonie. Bien entendu, il est hors de question pour elle de manger quoique ce soit avant son mariage, elle tient à rentrer dans sa micro robe taille 0. Je savais même pas que ça existait, taille 0. Ca veut dire quoi d’abord ? Que plus mince que ça, ça veut dire que tu es morte ? Et comme le dit si justement Kimber, son but n’est-il pas de disparaître carrément ? d’être invisible ?
J’aime que Kimber doute, que son amour pour Christian ne l’aveugle pas au point de croire que tout va aller pour le mieux du moment qu’elle lui aura mis la corde au cou. Car pour un homme comme Christian, c’est l’expression qui convient le mieux : une alliance est bien une laisse dans ce cas. Pourtant, c’est lui le plus serein des deux, lui qui a couché avec tout Miami. C’est comme s’il avait envie de devenir Sean, fonder une famille (avec une obsédée de la lipo, ça va pas être évident je pense), rester fidèle à la même femme. Kimber n’est certes pas une femme comme les autres, et les doutes qui l’assaillent avant le mariage prouvent ce fait, de même que sa discussion avec Gina et Julia. Kimber est une fille bien. En plus, elle a la classe, même quand on lui fait le maillot. C’est à ça que l’on reconnaît les vraies ladies.
Kimber doute, Christian s’impatiente de devenir un « honnête homme », il demande à Sean et à Matt d’être ses témoins. Les deux acceptent et un début de réconciliation semble poindre le bout de son nez. C’est sans compter la profonde débilité de Matt. Je ne pensais pas qu’il pouvait tomber plus bas, mais en fait, si !
Matt fait la connaissance d’Ariel (Brittany Snow, la petite Meg de American Dreams, méconnaissable), une fille au style gothique qui semble attirée par les weirdos comme Matt. Elle devrait se faire soigner, pensez-vous ? Hum, en effet, elle devrait aller voir un psy, parce qu’en plus de trouver Matt séduisant, elle est raciste, antisémite et odieusement nazi ! Ca fait beaucoup pour une seule fille, je sais, et pourtant... Dès les premières minutes, on peut deviner ses penchants politiques, car elle parle des « JAP » en désignant une jeune fille juive qui s’est fait refaire le nez, en l’occurrence, il s’agit de la fille du docteur Greene dans Urgences, mais c’est une autre histoire. JAP, en américain, c’est un acronyme pour « Jewish American Princess », ce qui, au royaume du politiquement correct, est extrêmement péjoratif. Mais je ne savais pas ça au moment de voir l’épisode, donc je suis passée à côté, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la EvilMeg m’a bluffé.
Elle fait croire à Matt qu’elle veut rencontrer Sean et Christian pour faire un article sur la chirurgie esthétique ; en réalité, elle est là pour les accuser, en gros, de « gommer » les traits raciaux et de permettre aux noirs et aux juifs de se mélanger à la population « blanche ». Le pire, c’est qu’au début de son discours, j’étais d’accord avec elle : les chirurgiens acceptent de blanchir la peau de personnes noires, mais ils ne feraient pas l’inverse. Refaire les nez de jeunes filles juives à leurs 16 ans pour qu’elle se sente plus « adaptée » dans ce monde est effectivement très dommage, mais pas pour les mêmes raisons qu’avance en filigrane EvilMeg. Et je suis d’accord pour dire que le but de la chirurgie esthétique est de former des archétypes. Mais EvilMeg finit par déraper dans son discours, en sous-entendant que seules les « vraies » aryennes ont le droit de ressembler à Kirsten Dunst ou à Heidi Klum, alors que les juives, asiatiques, noires ne doivent pas cacher leur « appartenance ethnique ».
(C’est fou tous les guillemets qu’il faut utiliser quand on parle d’une néo-nazie.)
La jeune femme se fait donc escorter jusqu’à la sortie par Sean et Christian, et bien évidemment Matt prendra le parti de EvilMeg, c’est logique quand on est un abruti.
Mais ce n’est pas tout ! Non non non. En train de flirter sur un lit, Matt remarquera que sur la boucle d’oreille de sa petite copine, que l’on peut confondre de loin avec un accessoire gothique tout moche, est gravée une svastika, autrement dit, une croix gammée. Comme tous néo-nazie qui se respecte, EvilMeg s’empresse de dire que ça n’a rien à voir avec Hitler, non non, c’est un signe inca voyons, tout ce qu’il y a de plus inoffensif et presque poétique quand on y pense (ou quand on a été lobotomisé aussi). N’importe quel mec, même un peu dérangé, aurait pris ses jambes à son cou, mais à la place de cela, Matt se fait percer l’oreille (ferait mieux de se percer les couilles ça lui remettrait peut-être les idées en place) avec la même boucle... Il ne s’arrête pas là et fait la connaissance de la charmante petite famille de EvilMeg : la mère, inexistante, n’a pas le droit à la parole et collectionne les figurines racistes d’un temps où les femmes noires ressemblaient toutes à la servante de Scarlett O’Hara. Le père, lui, est tellement puant qu’on a un peu envie de lui faire une petite prise façon Titus Pullo contre un pilier. (Oui, pour comprendre cette comparaison, il faut regarder Rome, ce que je vous invite à faire au plus vite).
Papa Goebbels et Maman Goebbels sont donc la famille d’adoption parfaite pour Matt !! Le papa Goebbels est même très fier de savoir que le petit dégénéré a été accusé d’avoir frappé un transsexuel. Bienvenue chez les Goebbels Matt !!
Et il n’ira pas chercher bien loin pour se fâcher avec l’un de ses pères, en l’occurrence Christian, puisqu’il arrive en retard à son mariage, désapé, avec un air de petit con hautain et supérieur.
Remarquez, Matt ne rate grand-chose, puisque le mariage n’a finalement pas lieu. Kimber disparaît avant le début de la cérémonie... Mais quand je dis « disparaître », je ne pense pas qu’elle soit partie par une porte dérobée, non, je pense qu’elle avait des doutes, certes, mais qu’elle avait fini par se décider à franchir le pas. Alors, qu’est-il arrivé ? Qui cogne à la porte si ce n’est Sean ? Le Carver aurait-il un plan pour continuer à terroriser Christian et Sean ?
Il y a de très belles scènes dans cet épisode, et surtout une petite piqûre de rappel sur la relation Christian / Julia / Sean. Le mariage de Christian et de Kimber fait ressurgir l’union de Sean et Julia 18 ans plus tôt. Et donne lieu à une scène absolument géniale dans laquelle les deux chirurgiens doivent choisir un gâteau de mariage et se font passer pour un couple gay. Christian et Sean, les deux hétéros les plus homos de la télévision ! C’était jouissif de les voir faire comme si... Comme s’ils étaient homos, comme si Julia n’avait jamais existé. Au moins, le monde se porterait mieux : Matt n’aurait pas vu le jour !
Je suis enchantée par cet épisode, j’ai eu l’impression de revoir le Nip/Tuck de la deuxième saison : une écriture plus fine, des événements qui semblent moins tirés par les cheveux qu’en ce début de saison. J’espère que ça va continuer sur cette lancée.