3.14 - Cherry Peck

Déjà, l’idée de faire du Carver un personnage récurrent et de vouloir à tout prix révéler son identité à la fin de cette saison a eu ses limites : je ne considère pas que cette révélation ait un quelconque intérêt et me donne envie de regarder jusqu’au bout. Ils auraient très bien pu faire du Carver un psychopathe anonyme et se concentrer sur leurs personnages principaux, plutôt que se forcer à introduire, maladroitement qui plus est, Quentin et Kit.

Car oui, Kit est de retour dans cet avant-dernier épisode. Après avoir mystérieusement disparue, suite à son agression par le Carver, la voilà qui revient sur le devant de la scène, plus froide que jamais et toujours aussi peu crédible en flic. Et c’est bien ce que je lui reproche le plus. Kit revient pour enquêter sur de nouvelles preuves : Sean et Christian ont reçu des implants mammaires sanguinolents et après avoir lu leur numéro de série, se sont aperçus qu’il s’agissait des implants posés sur Kimber...

Et non, Kimber n’est pas morte. Et Kit se décide à interroger Quentin, sur la demande de Christian. Ben oui, Quentin, celui que tout le monde soupçonne, le bisexuel louche là, celui vers qui toutes les lumières pointent. Celui qui ferait un Carver idéal, qui remplit toutes les conditions (chirurgien, intéressé par les deux sexes, arrivé à Miami au moment des meurtres, connaissant bien Sean et Christian), celui à qui tout le monde pense en se disant « meuh non, c’est un peu trop facile pour être lui, y’a sûrement un truc c’est pas possible autrement », est enfin interrogé par une flic qui se trouve avoir elle-même été victime du Carver. Ca donne un interrogatoire surréaliste, avec quelques bonnes répliques, mais pas quelque chose de très convaincant. Kit manque affreusement de crédibilité là.

Surtout qu’elle n’hésite pas à partager avec Sean et Christian des informations confidentielles, que des vrais flics ne révèleraient pas. Elle se comporte comme un amateur, et ça, depuis le début et depuis qu’elle a couché avec Christian parce que soi-disant il était un suspect...

L’information confidentielle que Kit découvre est censée être THE BIG révélation de la série, le truc qui nous laisse tous bouche bée, pétrifié par la surprise, un peu comme quand on a appris qu’Ava était autrefois un homme. Sauf que là, on est plutôt dubitatif et moqueur. Enfin moi en tout cas je l’étais. Quentin n’a pas de sexe. Pine d’huître, il a pas d’organe. RI-DI-CU-LE ! D’autant plus qu’apparemment, cela suffit à convaincre la police, Sean et Christian que Quentin ne peut pas être le Carver. Mais enfin les enfants, avec vos pratiques sexuelles dévergondées, vous n’avez jamais entendu parler du gode-ceinture ? Ca fait pourtant plusieurs siècles que ça existe ces choses là. Mais bref.

Quentin est disculpé, et le Carver entre dans une furie de carvage. Il s’en prend aux filles d’une sororité, dont l’une est la fille d’une cliente de Troy & McNamara. Les deux chirurgiens sont à la rescousse, et en la soignant, apprennent que le Carver utilise, pour violer ses victimes, un... gode-ceinture ! Oh lalalalala quelle surprise, vraiment je suis très très surprise, je ne m’y attendais pas du tout !!

Dernière image de cet épisode : Kit et plusieurs officiers de police entre de force dans l’appartement de Quentin pour l’arrêter, mais celui-ci se trouve attaché sur un lit, le sourire du Carver sur son visage et au-dessus de lui, écrit en lettres de sang sur le mur : « I CAN’T STOP ».

Fin de l’épisode, mais pas de notre calvaire et de nos regrets, puisqu’il en reste encore un pour clore la saison, et en plus, il est pire que celui-là.

Peut-être l’absence de Ryan Murphy cette saison a-t-elle été critique. Peut-être était-il le seul à pouvoir conserver cet équilibre fragile, ce « c’est complètement dingue, mais ça passe ». Je n’arrive pas précisément à dire quelles sont les raisons de cet échec. Dans cet épisode, en tout cas, j’ai eu l’impression que la réapparition de Kit était largement de trop. Les deux autres flics que l’on avait l’habitude de voir auraient fait une situation plus crédible. Une vraie enquête aurait peut-être permis de prendre au sérieux cette tentative de démasquage du Carver, de fausse piste et de fausse interrogation.

J’ai néanmoins apprécié deux choses à cet épisode : le rêve de Julia, un hommage (ou un pompage) de Rosemary’s Baby, mais plutôt bien vu, même si, personnellement, je me fiche complètement de l’avenir du bébé de Julia et Sean.

Ensuite, il y a la réapparition de Kimber. Défigurée, atrocement mutilée, elle a subi de la part du Carver des supplices inimaginables : il a pris soin de « défaire » tout ce que la chirurgie avait fait, c’est-à-dire tout ce que Christian avait fait... Kimber est méconnaissable, mais pas seulement physiquement. La torture du Carver lui a permis de comprendre à quel point sa vie était, d’après elle, superficielle. Son retournement est assez inattendu et bien amené. Kimber n’a plus besoin de Christian, plus besoin de la chirurgie (enfin juste une dernière fois quand même, elle ne veut tout de même pas être stigmatisée...), plus besoin de la beauté pour se sentir aimée. Christian aurait-il donc définitivement perdu Kimber ?

Les storylines de Matt, à savoir celle du transsexuel « pre-op » qu’il avait tabassé en début de saison et celle d’EvilMeg s’emboîtent dans cet épisode. Cherry, la pre-op (possédant encore des organes masculins), demande, exige même, une opération gratuite pour effacer les dégâts provoqués par Matt. Sean refuse dans un premier temps, mais Matt, dans un élan de bonté (ou de remords, ou de prise de conscience), le convainc d’aider Cherry. Matt et elle arrivent même à se lier d’amitié... Mais EvilMeg, sa folie, sa jalousie et son nazillon de père ne sont pas très loin... Le passé finit toujours par te rattraper, Matt, tu devrais pourtant le savoir !! Pour une fois qu’il était suportable, le rejeton de l’Enfer, je ne vais pas cracher sur sa storyline !