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Veronica Mars

2.05 - A Blast From the Past

Just pick one of them !

dimanche 13 novembre 2005, par Hobbes

A Blast from the Past, c’est le genre d’épisode qui me rappelle pourquoi j’adore cette série.

Le genre d’épisode où l’on voit à quel point les scénaristes maîtrisent leur histoire, en parvenant imbriquer parfaitement de multiple intrigues pour nous offrir un scénario à la fois dense, rythmé et équilibré. Un épisode qui parvient, sans artifices inutiles, à dégager cette ambiance sombre si particulière à la série, sans en oublier pour autant de nous faire sourire le plus souvent possible. Un épisode qui réussi l’exploit d’approfondir ses personnages en nous les montrant sous un jour peu favorable sans jamais les rendre antipathiques ou caricaturaux. Bref, serai-je tenté de dire, un épisode qui me rappelle un peu les dernières saisons de Buffy... mais en mieux !

Pourquoi cette comparaison avec la série de Whedon ?

Parce que je n’ai vu ni Twin Peaks, ni Millenium, et qu’on review avec les moyens du bord pardi !

Et puis aussi parce que, qu’on le veuille ou non, le parallèle Veronica Mars / Buffy a été fait régulièrement depuis le début de la série, et qu’il doit bien y avoir une raison. Il faut dire que, si l’on enlève les vampires, il y a pas mal d’éléments commun aux deux séries : une blonde qui mène des enquêtes, un lycée, UPN, une intrigue qui mélange le drama sombre et les moments d’humour plus légers, des personnages en constante évolution qui ne restent jamais caricaturaux bien longtemps... le tout arrosé de multiples références à la pop culture dont Joss Whedon avait autrefois le secret. Attention, je ne suis pas en train de dire que Buffy a inspiré Veronica Mars, pas du tout, mais le fait que la plupart des personnes ayant apprécié la série de Whedon suivent avec assiduité celle de Rob Thomas pousse malgré tout à penser qu’à un certain niveau, les deux séries se ressemblent. D’ailleurs, loin de renier cet héritage, Rob Thomas ne se gène pas pour multiplier les clins d’œil : ainsi, après Alyson Hannigan et Charisma Carpenter, c’est Joss Whedon lui même qui viendra guester dans cette seconde saison.

Bon, d’accord, ma comparaison est donc légitime. Mais pourquoi en parler maintenant ?

Tout simplement parce que je me suis fait depuis quelques épisodes la réflexion que, là ou on pouvait souvent reprocher à Whedon d’être brouillon, Rob Thomas semble pour l’instant maîtriser totalement sa série. Attention, je ne suis pas du tout en train de désavouer Joss Whedon : après tout, Buffy a duré 7 saisons et je doute que Veronica Mars soit capable de maintenir la qualité actuelle aussi longtemps (personnellement, je doute même qu’elle puisse tenir plus de trois saisons en terme d’intrigues et de personnages).

Je me suis simplement fait la réflexion, en regardant cet épisode, que Rob Thomas réussissait pour l’instant à la perfection dans des domaines où Whedon s’était aventuré pour obtenir des résultats mitigés, voir médiocres.

Premier constat : pour l’instant, la série parvient très bien à doser les mystères de la semaine et la mythologie de la saison, là où Buffy peinait en général à équilibrer les deux. Chez Whedon, on avait soit, comme dans les premières saisons, des épisodes mythologiques importants entourés de loners plus ou moins intéressants (certains épisodes non mythologiques de la saison 2, pourtant considérés par beaucoup comme la meilleure, étaient réellement pathétiques), une formule qui selon moi avait l’avantage d’offrir régulièrement de très bons épisodes dans une catégorie comme dans l’autre, soit, comme dans les dernières saisons, une mythologie qui s’étalait par petites touches sur 22 épisodes mais perdait du coup en rythme et en intensité (rappelez vous l’interminable cure de désintoxication de Willow, ou les innombrables discours moralisateurs qu’avait fait subir Buffy aux potentielles) tout en limitant les possibilités pour les scénaristes de pondre des loners originaux et intéressants, ce qui donnait au final des saisons relativement équilibrées, mais un peu terne, ou aucun épisode ne se démarquait réellement du lot.
Rob Thomas, au contraire, semble parfaitement à l’aise lorsqu’il jongle devant nous avec ses différentes intrigues et c’est particulièrement flagrant dans cet épisode où il fait avancer par petites touches plusieurs des enquêtes « mythologiques » de la saison (mine de rien, on découvre que le père de Jackie a truqué des matchs et que l’accident de bus est dû à une explosion), nous pond un mystère de la semaine qui réserve son lot de surprise et permet d’approfondir les personnages et leurs relations (comme Veronica, je me suis laissé complètement piéger par Jackie, et pourtant le personnage est suffisamment bien écrit pour que je n’arrive pas à la détester) , et s’offre même le luxe de ramener des détails du passé pour enrichir encore un peu son script (la présence clin d’œil de la fille qui cherchait son chien dans la Saison 1 et la référence surprise à Lilly Kane sont un vrai bonheurs pour le téléspectateur assidu), le tout avec un naturel et une fluidité bluffante dans sa narration.
C’est simple, tout s’imbrique à la perfection et l’épisode parvient à brasser une foule d’intrigues et de thèmes sans jamais paraître fouilli ou fourre tout. Au contraire, je dirait même qu’il s’en dégage une certaine unité.

Je pense d’ailleurs que l’ambiance de cet épisode contribue en grande partie à cette impression d’unité. Là encore, il semblerait que Rob Thomas ait réussi mieux que Whedon a installer une ambiance sombre dans ses épisodes sans faire perdre à la série son humour et son capital sympathie. Au contraire, celle-ci a toujours été distillée subtilement : pas d’overdoses de scènes de nuits, pas non plus de surenchère d’évènements dramatiques. Là où Whedon se voyait obliger, pour assombrir sa série, de tuer ses personnages favoris (Saison 2 et 6), d’en faire passer d’autres du côté obscurs (Saison 2, 3 et 6), de faire de son héroïne une dépressive aux envies suicidaires qui cherche à matérialiser la haine et le dégoût qu’elle ressent pour elle même en couchant avec son pire ennemi (Saison 6), Rob Thomas se contente de bien plus simple. Dans cet épisode, Veronica découvre qu’elle n’est pas l’amie idéale qu’elle voudrait être, que la reconnaissance de ses camarades de lycée pour les service qu’elle leur a rendu n’a eu qu’un temps et que son père a des principes moraux plus élevés que les siens ; Wallace, qui voit son univers s’écrouler autour de lui, cherche du soutien auprès des deux femmes de sa vie sans en obtenir ; et Jackie nous dévoile que derrière son attitude « bitchy », elle est plus fragile qu’elle n’en a l’air. Et ça suffit ! Ca suffit largement pour qu’on ait un épisode beaucoup, beaucoup plus sombre que n’importe quel teen soap de la WB, sans qu’on ressente pour autant le besoin d’avaler une tablette de valium juste après le générique pour se remettre.

Comme vous l’avez compris, le côté sombre de la série repose beaucoup plus sur les personnages que sur ce qui leur arrive. C’était déjà vrai dans la première saison, où le viol (événement dramatique sombre par excellence) de Veronica se révélait avoir été « consenti » et « très tendre », sans pour autant perdre en intensité, puisqu’on comprenait au même moment que Duncan avait couché avec celle qu’il croyait être sa sœur.

Et si « A Blast from the Past » m’a paru si sombre, c’est justement parce qu’il se permet de nous montrer ses personnages, et particulièrement son héroïne, sous un jour peu favorable. Et, là encore, je trouve que Rob Thomas s’en tire mieux que Whedon. Qui ne se rappelle pas avoir ressenti le violent besoin de gifler Buffy dans la septième saison de sa série, quand celle-ci se comportait en vrai tyran froid et autoritaire ? Ou même dans la Saison 6 quand celle-ci se lamentait pour la 22eme fois sur le thème « c’est dur d’être vivante et de plaquer mon copain mort-vivant qui n’a pas d’âme » ? Rob Thomas, lui, ne se gène pas non plus pour nous présenter son héroïne sous un angle peu flatteur : depuis quelques épisodes déjà, on la voit réaliser des missions d’une moralité douteuse (espionner les conjoints des gens riches pour de l’argent je ne trouve pas ça très charmant personnellement), et cette semaine la voilà qui se montre en moins de 40 minutes égoïste et narcissique (elle ne soutient absolument pas Wallace quand il a besoin d’elle et se permet même de ramener ses propres malheurs sur le tapis pour lui rappeler qu’elle a quand même été plus malheureuse que lui dans la vie...), déterminée au point de se laisser aveugler par son ambition (lorsqu’elle s’avoue prête à compromettre l’enquête sur l’accident de bus pour garantir l’élection de son père, même si on peut effectivement douter que Lamb puisse trouver le coupable pas lui même), revancharde au point de perdre toute notion des proportions (Jackie a beau l’avoir humiliée en public, la revanche que prévoit Veronica, qui pourrait conduire son père en prison, semble un peu démesurée)...

Et pourtant, malgré ce portrait peu flatteur, je n’ai pas une seule fois réussi à détester Veronica dans cet épisode. Au contraire, ses défauts ne l’ont, selon moi, rendue que plus humaine et plus attachante. C’est peut-être dû au jeu, tout en finesse, de Kristin Bell ou au fait que Rob Thomas veille à ne pas la faire aller trop loin (elle renoncera finalement d’elle même à prendre sa revanche sur Jackie par amitié pour Wallace) et à contrebalancer l’apparente dureté du personnage par quelques scènes où elle nous apparaît attachante (quand Duncan, que j’apprécie de plus en plus, l’invite officiellement au bal) ou vulnérable (la scène finale où notre héroïne réalise qu’elle a peut-être perdu Wallace à cause de ses erreurs)... De même, Jackie a beau se comporter comme une vraie garce avec Veronica (beau retournement de situation au passage, j’ai vraiment cru qu’on allait les voir finir super amies à la fin de l’épisode...), quelques petites touches, comme la boite d’antidépresseurs qu’elle avale après sa dispute avec Wallace, ou comme la scène du bal où elle hurle au bord des larmes à Veronica qu’elle veut vraiment avoir tous les mecs à ses pieds, suffisent à la rendre attachante, et je commence vraiment à penser que son arrivée « forcée » était peu être une excellente idée. En tous cas, Rob Thomas démonte encore une fois dans cet épisode sa capacité à approfondir ses personnages tout en finesse et en subtilité, et c’est en grande partie pour cela que j’adore sa série.

Voilà. La comparaison avec Whedon est terminée. Après coup, je me dis qu’elle n’était pas plus pertinente qu’une autre, mais l’important, c’est qu’elle m’ait permis de venir à bout de cet exercice difficile qu’est la review d’un excellent épisode. Car oui, comme je l’ai déjà dit maintes fois, A Blast from the Past est un excellent épisode, probablement le meilleur qu’on ait eu dans un début de saison déjà très réussi. Pourvu que le feux d’artifice continue !