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Veronica Mars

2.08 - Ahoy Mateys

Oh my God !

mardi 6 décembre 2005, par Hobbes

Bonjour à tous. Aujourd’hui, nous allons aborder un sujet grave : la violence. La violence, mes amis, est un véritable fléau social pour l’humanité, un monstrueux abcès qui gangrène notre société. En gros, la violence, c’est mal.

Sauf dans les séries télé de Joss Whedon et les films de Tarantino, où c’est plutôt rigolo. Parce que bon, avouons le, dans un monde sans violence, sans vampires, sans décapitations et sans serials killers, un monde où personne ne fracasserait le crâne de Lilly Kane à coup de briques et où personne ne défigurerait les top models refaits de Miami, un monde où Judd passerait son temps à se faire des compliments en Tribal Council et où personne ne démonterait Markus en Boardroom, bref un monde à l’image de 7th Heaven mais en encore mieux, qu’est-ce qu’on se ferait chier devant nos télés !

Donc, la violence, c’est mal. Mais on aime ça. Mais c’est mal. Et le pire, mes amis, c’est que la violence est partout. Oui, partout. Tenez, rien que sur ce site par exemple. Ne vous fiez pas à ses doux tons blancs et bleutés, car derrière son design bien propre sur lui se cache une rédaction sans pitié. Il suffit de lire les reviews de Jéjé sur DH pour s’en rendre compte : EDUSA n’est pas épargné par la violence.

Oui, sachez le, TF1 ne vous ment pas, Fox News ne vous ment pas, aucune ville, aucun quartier, aucune voiture, aucune série télé n’est plus épargnée aujourd’hui par la violence. Même pas Veronica Mars. Sauf que dans Veronica Mars, la violence, elle fait vraiment peur...

Pourtant, comparé à ce qu’on peut voir dans bien d’autres séries télé, il faut bien avouer que la violence de Veronica Mars n’est pas si traumatisante. Dans cet épisode, par exemple, notre héroïne se fait plaquer sur une table de billard par un mec qui menace de lui refaire le portrait. Mais bon, elle ne se fait pas non plus violer et découper les joues à coup de scalpel, alors de quoi elle se plaint ? C’est comme l’autre Logan qui pleurniche par que des inconnus cagoulés le kidnappent et menacent ses mains et ses genoux avec un flingue pour le faire parler. Est-ce que Sawyer se plaint quand il se fait enfoncer des pointes de bambous sous les ongles par Sayid ou quand il arrache une balle de son épaule à main nue, hein ?

Mais bizarrement, une scène de violence même pas PG-13 de Veronica Mars me terrifie bien plus que n’importe quelle scène carvesque de Nip / Tuck ou qu’une énième scène de torture de Lost ou 24. Pourquoi ? Probablement parce que Rob Thomas a toujours introduit la violence dans sa série avec parcimonie, et a toujours veillé à ne pas faire dans la surenchère de ce côté là. Le contexte, pourtant, aurait-pu s’y prêter. Après tout, il faut trouver au minimum un mystère par semaine à résoudre pour notre chère Veronica, et un petit meurtre de lycéen de temps en temps ne peut pas faire de mal ! Mais voilà, comme toujours, Rob Thomas n’a pas cédé à la facilité. Au lieu d’enquêter sur les morts mystérieuses de ses camarades au quotidien, Veronica s’intéresse la plupart du temps à des affaires plus classiques : vol de mascotte, disparition de chiens, adultères, disparitions de cartes bleues... Des affaires qu’une équipe moins talentueuse que celle de Rob aurait sans doute du mal à rendre palpitantes, mais qui n’ont pour l’instant jamais réussi à ennuyer les amateurs de Veronica Mars.

Alors, la violence serait-elle au fond une simple facilité scénaristique ? Pas forcément. Mais il faut bien reconnaître que certaines séries, y compris des séries que j’apprécient, n’hésitent pas à faire dans la surenchère de ce côté là pour relancer notre intérêt pour des intrigues qui semblent ronronner. Combien de fois les scénaristes de Lost ont-ils fait leur promotion en parlant de la « mort ultra-choquant d’un des personnage principaux » ? Combien de fois Nip / Tuck a-t-il utilisé le personnage du Carver cette saison pour re dynamiser des scripts qui sans lui auraient été franchement ennuyeux ? DH aurait-elle rééllement eu besoin de ce « mystère tellement choquant qu’on a jamais vu ça à la télé » concernant la famille Applewhite si les intrigues « classiques » des autres personnages avaient par ailleurs été intéressantes et maîtrisées ? 24 aurait-il réellement besoin de filmer une scène de torture par épisode si ses scripts et ses personnages étaient solides. Soyons clairs, je ne suis pas contre la violence dans les séries... quand elle est bien utilisée. Car parfois, il faut bien avouer que cette surenchère, et finalement cette banalisation de la violence, quand elle est là uniquement pour masquer la pauvreté des scripts, me met un peu mal à l’aise.

Heureusement, je ne review ni Nip / Tuck, ni DH, ni Lost (quoique ça pourrait être rigolo), et surtout pas 24. J’ai la chance de reviewer une série qui utilise pour l’instant la violence d’une manière que j’apprécie : avec parcimonie, sans excès, et en n’en enjolivant pas les conséquences. Si la scène où Veronica se fait brutaliser dans un bar a fait l’effet d’une douche froide à beaucoup, c’est d’abord parce que la série ne nous a pas habitué à ce genre d’événements. On a l’habitude de voir Veronica mener des enquêtes, elle se retrouve parfois dans des situations un poil difficile, mais elle se retrouve malgré tout rarement en grand danger devant nos yeux. Et même quand ce danger est présent, il est rarement significatif par rapport à ce que subissent au quotidien Jack Bauer, Sawyer ou Christian Troy. Mais c’est justement cette économie qui fait qu’il est terrifiant : car Rob Thomas n’a pas peur de nous dire « oui, se faire menacer par cent kilos de muscles, c’est traumatisant », et il n’a pas peur de nous montrer son héroïne terrorisée quand elle se retrouve dans ce genre de situation. Le jeu sublime de Kristin Bell y est sans doute pour beaucoup, mais je tremble plus pour Veronica quand elle se fait poursuivre par Aaron Echolls dans la nuit où quand elle se fait agresser dans un bar que pour Christian quand il se réveille face à face avec le Carver.

De même, Rob Thomas a toujours veillé à ne pas montrer trop d’armes à feu dans sa série. Parce que, même aux Etats-Unis, on ne croise pas tant de gens armés au lycée. Du coup, quand Logan sort un flingue de sa poche pour protéger Veronica, on est aussi choqués et inquiets que notre héroïne. Et quand il se fait menacer les mains et les jambes par les hommes de mains de Weevil plus tard dans l’épisode, on est aussi terrifiés que lui.

Car la dernière chose que j’apprécie dans la façon dont Veronica Mars traite la violence, c’est que les réactions de ses personnages lorsqu’ils y sont confrontés sonnent vrais. Veronica a beau être une héroïne et avoir une forte personnalité, elle ne fait pas preuve d’un courage exceptionnel face au danger : pas de petites blagues pour provoquer son agresseur, pas de prise de karatés pour s’en défaire, pas de « je serre les dents pour ne pas montrer que j’ai peur ». La même chose vaut pour Logan : menacé, il en oublie ses sarcasmes et son cynisme, et Rob Thomas va même jusqu’à nous préciser que son héros, celui pour qui les filles et les gays regardent la série, a eu tellement peur qu’il a mouillé son pantalon. La violence, dans Veronica Mars, ce n’est pas glamour, ce n’est pas un moyen de mettre en valeur les personnages en nous montrant à quel point ils sont drôles et courageux en toutes circonstances. Quand un gamin qui ne devrait pas être à la télé à cette heure là voit ces scènes, je ne pense pas qu’il se dise « oh, qu’est-ce que j’aimerais me faire kidnapper et menacer comme Logan histoire de pouvoir prouver à quel point je suis courageux ». Par contre, quand il voit Jack Bauer résister courageusement à la torture pour le bien être de son pays, ou quand il admire Sawyer qui s’arrache une balle de l’épaule à main nue, je ne suis pas sûr qu’il voit vraiment la violence comme ce qu’elle est. Car la violence, selon moi en tous cas, ce n’est pas une occasion de faire ses preuves et de montrer à quel point on est fort et courageux. Ce n’est pas un moyen de rendre un personnage plus intéressant en nous rappelant dans des flashbacks qu’il a tué ou torturé des gens mais qu’il s’en repent. La violence c’est simplement un abus inacceptable et insupportable, et ça n’a rien de glamour ou d’enviable. Et ça, à part dans Six Feet Under, je ne l’ai pas vu dans beaucoup d’autres shows que Veronica Mars.

Voilà, je me rend compte que je ne vous ai même pas parlé du reste de l’épisode alors que ma review touche à sa fin, mais pour être parfaitement honnête, je n’en ai pas retenu grand chose, obnubilé que j’étais par deux petites scènes de quelques minutes qui ont fait bondir mon taux d’adrénaline.

Je vous quitterai donc en donnant mon avis sur LE débat animé qui divise les fans de Veronica Mars ces derniers temps. Pour ou contre le « Oh my God » de Duncan à la fin de l’épisode ?

Personnellement, je suis pour bien sûr ! Pas parce que j’y vois un clin d’œil à cette idiote de Justine dont parlent sans arrêt les fans de Murder One pour se la péter, mais simplement parce qu’un cliché bien utilisé de temps en temps ne peut pas faire de mal, et que l’impact de l’ouverture de la lettre aurait été bien moindre selon moi si Duncan avait dit « I think I just wet my pants » ou « God I’m hungry », ou même « What kind of ink is that ? ». Mais bon, je dis ça, je dis rien hein...