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Battlestar Galactica
2.12 - Resurrection Ship, Part 2
I didn’t want to make it back alive
mardi 24 janvier 2006, par
Je sais pas très bien ce qu’il m’a pris d’accepter de faire les reviews la deuxième partie de cette saison. BSG, c’est certainement un des shows les plus difficiles à reviewer. Parce qu’il y a tellement à dire, sur chaque scène, chaque personnage, chaque expression, écrire une critique cohérente et compréhensible devient une vraie gageure.
La tension était à son comble (encore une fois) dans le dernier épisode. Les deux flottes du Pegasus et du Galactica s’apprêtaient à porter leur première attaque contre les cylons. De son côté l’Amiral Cain avait organisé l’assassinat d’Adama et la prise de pouvoir du Galactica. Mais c’était sans compter la détermination de Roslin de sauvegarder la population humaine survivante. Laura avait donc fait comprendre à Adama, avec ses dernières forces, que la seule solution était de tuer Cain avant qu’elle ne le tue et se débarrasse ensuite de tous les civils. Adama s’était laissé convaincre par les arguments de Roslin et avait donc, lui aussi, procédé à la « résolution » du problème « Cain » avec l’aide de Starbuck.
L’épisode d’aujourd’hui se devait donc de clore en beauté l’arc de la rencontre du Pegasus et de son amiral sanguinaire, Cain.
Je m’attendais à un épisode construit de façon classique : préparation des troupes pour la bataille, discours poignant d’encouragement, attaque risquée et mise en danger par des problèmes majeurs mais surmontés par la vaillance et le courage de quelques pilotes... Puis la destruction héroïque du vaisseau de la résurrection.
A la place, on a eu un épisode centré sur la question : « est-ce que la fin justifie les moyens et qu’est-ce qui nous différencie des cylons si nous recourrons aux mêmes pratiques ? ».
Pour un épisode qui est censé montrer la première victoire conséquente des hommes contre les cylons depuis le génocide, on peut dire que c’est un parti pris de narration plus qu’intéressant. Tout le monde le sait, BSG est bien plus qu’une série sur la survie de la race humaine contre des ennemis tout puissants. BSG est avant tout une série philosophique et politique. C’est pourquoi, me semble-t-il, chacun des personnages est si réaliste et pourquoi chacune des questions soulevées dans cette série est primordiale.
L’attaque contre le vaisseau de la résurrection n’était pas le centre de cet épisode parce que c’eut été trop facile d’oublier les véritables enjeux, à savoir, ce qui se tramait par ailleurs entre Cain et Adama. La décision de la Présidente des Colonies de recourir, avec l’aide de l’armée et l’assentiment d’Adama, au meurtre pour raison d’éta,t afin de s’assurer que SA vision d’une société juste ne soit pas bafouée, est bien la décision la plus importante de ce double épisode.
Et on le comprend grâce à deux choses : la réaction d’Apollo à cette décision et le fait qu’Adama y renonce au dernier moment.
Apollo apprend la nouvelle de la bouche de Starbuck, qui doute, qui tremble, qui ne sait pas si elle est capable d’obéir à cet ordre. Et l’idéalisme d’Apollo en prend un coup... Apollo est le personnage le plus entier de la série, celui qui, depuis le début, a pris le parti de sauvegarder coûte que coûte la démocratie, plaçant cette cause au-dessus de toutes ses obligations, qu’elles soient militaires ou familiales. Ses « parents », Adama et Roslin, sont ses deux piliers, et la représentation des deux principes pour lesquels il se bat : justice et démocratie. Aucun autre personnage ne semble aussi attaché que lui aux notions de Bien et de Mal. Apollo n’accepte aucune concession, aucun compromis. Et sa vision d’un gouvernement juste n’inclut pas le recours à des procédés aussi violents que le meurtre. Apollo pourrait comprendre que la décision vienne de son père, mais pas de la Présidente, c’est là le véritable déclencheur de sa descente. C’est elle qui est censée empêcher le pouvoir militaire d’abuser de la violence... Or, elle y a recours de la pire façon qu’il soit : elle agit selon des justifications, selon une fin qu’elle croit suprême, tout comme Cain, de son côté, qui croit agir pour le bien de ses troupes.
La bonne intention fait-elle une différence ? Ce qui est en question dans cet épisode, c’est le moyen, car l’adversaire que Roslin croit combattre revendique exactement de la même façon, avec la même et entière sincérité subjective, la noblesse de son intention ultime.
Et c’est pourquoi il ne fallait pas voir Cain comme une simple « méchante » face aux « gentils de Galactica ». Moore ira toujours plus loin que les clichés et les raccourcis faciles. Cain est beaucoup plus complexe qu’une militaire sanguinaire. Son but est de reconquérir la fierté perdue lors de l’attaque-génocide des cylons. La guerre est loin d’être finie pour elle ; elle vient juste de commencer.
Dans son discours à Starbuck, Cain laisse sous-entendre qu’elle connaît les plans d’Adama la concernant, et qu’elle sait que Starbuck a pour ordre de la tuer. D’ailleurs, elle sous-entend également que Kara ne doit pas hésiter à appuyer sur la gachette au moment où elle le devra... Ce discours fait froid dans le dos, d’autant plus que l’on sent tout le poids de l’influence de Cain sur Starbuck... Cain est intelligente, déterminée, mais son but diffère de celui de Roslin et d’Adama. Son but est de reconquérir la fierté perdue lors de l’attaque-génocide des cylons, de contre-attaquer, de ne jamais accepter la défaite. Etant donné que l’attaque conjointe du Pegasus et du Galactica contre le vaisseau de la résurrection est un succès, elle aperçoit les possibilités de victoires futures et décide, momentanément, de renoncer à l’assassinat d’Adama.
Le commandant du Pegasus, de son côté, ne donne pas non plus l’ordre à Starbuck d’appuyer sur la gachette. La cicatrice qu’il a au milieu du torse a du lui rappeler pourquoi il ne devait pas recourir au meurtre. Et lorsque Boomer lui explique, avec cette honnêteté étrange, que l’homme ne mérite pas de vivre, elle lui rappelle également le discours qu’il a prononcé avant que les colonies ne soient détruites : l’humanité est une création qui a des défauts, et elle ne s’est jamais demandée pourquoi elle méritait de survivre. Adama sait pourquoi l’humanité doit survivre malgré tout et pourquoi il est primordial de ne jamais se cacher derrière une fin pour utiliser la violence comme un moyen. Rien ne peut justifier cet acte, absolument rien.
Et le seul à le savoir avant tout le monde, c’est Apollo. Apollo qui, touché lors de l’attaque, s’éjecte et se retrouve à errer dans l’espace, qui plus est avec une fuite d’oxygène de sa combinaison... Et commence à laisser aller son esprit au repos... Les scènes entrecoupées dans l’épisode, pendant lesquelles Apollo s’imagine flottant sur un lac, donnent d’abord l’impression que le personnage est perdu et à la limite de l’inconscience. Mais lorsque Dualla, depuis le Galactica, tente désespérément d’établir un contact avec Apollo, et qu’il laisse volontairement l’oxygène de sa combinaison trouée fuir, alors on commence à s’inquiéter pour lui. Se sait-il condamné ? Va-t-il vraiment mourir au milieu de nulle part ? Puis, assez rapidement, il est sauvé, et ramené sur le Galactica.
On se demande alors, tout ça pour ça ? C’était bien la peine de nous faire peur avec ça si c’est pour le sauver aussi facilement !
Mais là encore, il ne faut pas sous-estimer Ron Moore. Il n’était pas question de laisser errer Apollo au milieu de la bataille spatiale sans raison. Et elle ne se fait pas attendre : Apollo avoue à Starbuck les raisons de son égarement temporaire : « i didn’t want to make it back alive », ce qui est, de mon point de vue, la réplique la plus puissante de cet épisode, devant celle de Gina à Cain.
Gina, d’ailleurs, parlons-en. Celle qui a réussi à prendre le dessus sur Six dans le cerveau de Baltar, celle qui a réussi à le toucher comme visiblement personne ne l’avait touché auparavant, même pas l’ancienne N°6... La relation de Baltar avec les cylons est si spéciale, qu’il est difficile de dire ce qui le pousse à aider Gina. L’amour, la compassion ? Les scènes entre les deux personnages sont particulièrement émouvantes. Gaius a déjà trahi pour N°6, mais cette fois-ci, il est capable de le faire volontairement, en toute connaissance de cause. Il ne peut savoir ce que Gina compte faire une fois libérée. Pourtant, il la laisse partir. Et puisqu’elle ne peut se suicider (son dieu n’est pas très compréhensif à ce niveau là), que va-t-elle faire ?
Attendre sagement que Cain rentre dans ses appartements et lui pointer son arme sur sa tête... Tout en lui faisant comprendre qu’elle n’a que ce qu’elle mérite, exactement le discours que Cain avait tenu à Starbuck un peu plus tôt... « Frak you, dira Nelena dans un dernier élan d’arrogance. - You’re not my type », répondra Gina avant de tirer... Et de s’enfuir on ne sait trop où.
L’Amiral Cain est donc enterrée en grandes pompes et Starbuck y fait, à cette occasion, un discours plein d’admiration pour la femme qu’elle était. Discours qui met très mal à l’aise, lorsque l’on connaît ce dont elle a été capable dans le passé... Starbuck se sentais plus en sécurité avec Cain aux commandes ? Mais où est donc la confiance qui régnait entre Kara et Adama ? Ah oui, j’oubliais, le mensonge de la planète Terre... Kara n’a donc toujours pas pardonné à Adama il semblerait... Ce qui laisse prévoir de futures situations difficiles.
L’épisode se termine sur une note à la fois pessimiste et optimiste. Comment cela est-il possible ? C’est simple : vous prenez une femme pas très loin de la mort, un homme qui est son ami depuis le début de la série, plus un respect mutuel qui flirte parfois avec l’attirance amoureuse, et vous obtenez une relation potentiellement parfaite mais vouée à la séparation... Adama vient rendre visite à Laura et les deux se quittent après un baiser, qui, loin d’être un baiser passionnel, montre néanmoins à quel point ces deux là se respectent et s’aiment. Leurs sourires éclairent leurs visages et on ne peut s’empêcher de penser que la mort prochaine de Roslin risque d’affecter bien plus que l’on ne le croit la vie sur le Galactica...
Un épisode haut en émotions... Les scènes de bataille sont époustouflantes et suffisamment courtes pour êtres appréciées à leur juste valeur et ne pas dominer un épisode dont les enjeux sont ailleurs que dans l’affrontement avec les cylons. L’accompagnement musical de cet épisode est particulièrement réussi et donne aux différentes scènes cruciales une profondeur supplémentaire. Un épisode parfait en somme. Une conclusion rêvée à l’arrivée du Pegasus et de l’Amiral Cain, interprété avec brio par Michelle Forbes, et écrit avec génie par Ronald Moore.