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Battlestar Galactica
2.17 - The Captain’s Hand
We better start having babies
jeudi 23 février 2006, par
On retrouve enfin dans cet épisode tous les ingrédients d’un BSG comme on les aime : de l’intrigue politique, des remises en question de valeurs morales, de l’action, et des confrontations ! Et en plus, on voit le Chief (un tout petit peu, mais c’est déjà ça) !
Environ 50 000 survivants qui sont poursuivis par des ennemis si puissants qu’ils ont détruit toutes les colonies, 50 000 survivants qui ont pour seul espoir de retrouver la Terre.
D’après Baltar (et seulement d’après lui), si les choses restent telle qu’elles sont, l’humanité court à sa propre perte. Pas assez de naissances, trop de morts. Il faudrait donc commencer à faire des bébés, et vite... C’est une question qui devait se poser tôt ou tard, c’est une question que nous nous posons à chaque fois que le nombre des survivants apparaît à l’écran.
Comment, dans ces circonstances exceptionnelles, garantir la pérennité de la race humaine ?
Une jeune femme s’est enfuie du vaisseau colonial Gemini, le vaisseau des fondamentalistes religieux. Elle est enceinte et désire arrêter sa grossesse, mais ni ses parents ni les responsables de Gemini ne sont prêts à l’écouter. Elle essaye donc de trouver de l’aide sur le Galactica. C’est là qu’intervient un de mes personnages préférés, le Doc. Le Doc, on ne le voit pas souvent, il ne parle pas beaucoup, mais quand il l’ouvre, c’est toujours pour dire des choses intelligentes. Et pour ça, le Doc a mon respect éternel. Comme les responsables de Gemini ne sont pas très contents de savoir qu’une de leur « protégée » va recourir à une IVG, ils exigent que, sous leur loi, la jeune femme leur soit immédiatement rendue. Le Doc, dans une scène mémorable, devant sa patiente et devant Adama, souffle alors que dans de pareilles circonstances, elle pourrait très bien demander l’asile politique au Galactica. Le regard que lance alors Adama au Doc est génial et résume sa pensée qui doit être quelque chose du genre : « you frakking smartass... ». La jeune femme réclame donc l’asile et voilà la Présidente avec un dossier épineux à traiter. Surtout que Sara, la représentante de Gemini, menace Roslin de lui retirer son appui pour la prochaine élection si elle laisse l’IVG se faire.
Dans un premier temps, Laura refuse catégoriquement de pénaliser l’IVG, qui ne l’était d’ailleurs pas sous les anciennes lois coloniales. Quand elle explique à Adama que toute sa carrière, elle s’est battue pour les droits de la femme à disposer de leur corps, je n’ai pas pu m’empêcher de vouloir l’embrasser, cette chère Laura. J’ai mis de côté le fait que cette phrase sous-entende que dans le futur, il faudra peut-être toujours et encore se battre pour garantir ce droit fondamental... Et surtout, je n’ai pas vu que cette position puisse être remise en question par le fait que l’humanité est en train de disparaître, littéralement.
Alors oui, quand Adama lui rétorque que si elle veut la sauver, l’humanité, il va falloir se mettre à l’ouvrage et faire tout un tas de bébés, et vite, je n’ai pas pu m’empêcher de penser : « m’enfin quoi, il va faire quoi, il va demander à toutes les femmes en âge de faire des enfants de devenir des vaches à lait ? ». Et en même temps, il y a ce chiffre sur le tableau blanc, celui qui n’augmente pas souvent... Forcément, poursuivis par des cylons, en quête d’une Terre dont personne ne sait rien, enfermés dans des vaisseaux avec des ressources limitées, je comprends que les hommes et les femmes n’aient que moyennement envie de se reproduire. Et c’est bien là tout le problème, que personne ne semble voir, ni Laura, ni Adama ! Il est évident que pour vouloir faire des enfants, encore faut-il avoir un minimum de garantie que leur futur sera meilleur que le présent dans lequel les parents vivent. L’espoir, c’est la clé !
Et ce n’est certes pas en pénalisant l’IVG que ça va encourager les femmes à en faire, des enfants... Pourtant, c’est la décision que prend Laura, à ma grande surprise. Mais comme le dit Hobbes (pas le philosophe, le tigre sur le forum), en annonçant l’interdiction de l’IVG, la Présidente déclare surtout qu’il est devenu vital de faire des enfants, et non pas que l’avortement est une abomination, comme le clame Gemini en s’appuyant sur les Scripts.
Encore une fois donc, Laura Roslin prend une décision qui va à l’encontre de ses plus fortes convictions personnelles. Elle s’endurcit davantage chaque jour : elle est la Présidente.
Mon plus gros problème avec cette décision, c’est que déjà, elle ne me convainc pas du tout. Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure solution pour encourager les hommes et les femmes à faire des enfants. Ensuite, je trouve qu’elle a été prise dans l’urgence, en se basant uniquement sur les projections statistiques de Baltar, et Gaius, ben on le connaît, on ne peut être sûr que ses chiffres soient pertinents. Alors oui, l’avenir de l’humanité est en jeu, mais Laura Roslin ne devrait-elle pas plutôt réfléchir à d’autres moyens de faire passer son message ? Parce que commencer par interdire l’IVG, cela va amener à quoi ? Le contrôle des naissances ? Interdire la contraception ? D’ailleurs, quels sont les moyens de contraception à la disposition des femmes dans le futur ? Y ont-elles toujours aussi facilement accès après l’attaque et depuis la fuite ? De plus, je ne peux m’empêcher de penser que l’interdiction de l’IVG n’a jamais, jamais empêché les femmes d’y recourir. Seulement, dans les chambres sombres et avec des charlatans opérant au plus coûteux, le risque que les femmes meurent sur la table est multiplié. Sans oublier les risques de stérilité à plus long terme. Est-ce vraiment ce que Laura souhaite pour les femmes de la flotte ?
Autre question : si les ressources et la place sont limitées, comment garantir le soin primordial qu’une société doit apporter à ses enfants ? Et puis, vous imaginez toutes les pilotes de viper enceintes de 7 mois en train de combattre les cylons ? Starbuck avec un ballon ? Ca veut dire quoi ? Que seules les femmes dont le gouvernement ne reconnaît pas d’utilité devront céder à la pression et faire des enfants qu’elles ne désirent pas vraiment, en ces temps obscurs ?
Ce n’est pas un problème simple, et ce n’est pas un problème qui pourra se résoudre en interdisant l’IVG. Non seulement je trouve que Roslin est allée trop vite, mais je pense aussi que ce n’est pas la solution. Et qu’il y a sûrement d’autres moyens de faire passer son message.
Ceci dit, elle tient tête à la représentante de Gemini en autorisant, de façon exceptionnelle, l’IVG de la jeune femme sur le Galactica. Et explique à Sara que sa loi, elle l’a obtenue, donc qu’elle ferait bien de s’en contenter et d’oublier la jeune femme.
Son plus gros problème n’est pas Gemini. Son plus gros problème c’est Baltar, comme la Présidente va le découvrir au moment où elle annonce sa décision de pénaliser l’IVG. Baltar s’est acoquiné avec Zarek, pour le meilleur et surtout pour le pire. Zarek a sûrement plus d’un tour dans son sac et il sait manipuler Gaius le faible, mais aussi, et c’est nouveau, Gaius le politicien. Il réussit d’ailleurs un coup magistral, en s’opposant en public à la loi de Roslin, et en utilisant des arguments plus que recevables malgré son ton démagogique. Oui, en renonçant à nos libertés, nous ne valons pas plus que les cylons, et c’est vrai, surtout en ces temps (présents) où les libertés individuelles sont mises à mal.
Baltar annonce en même temps qu’il va se présenter à la candidature pour la Présidence et de cette façon, se démarque radicalement de la femme qui l’a fait vice-président. Laura sent bien le coup de poignard dans le dos, et le regard qu’elle porte à Baltar en dit long. Elle quitte la pièce, non pas vaincue, mais bien décidée à lui faire mordre la poussière. La bataille s’annonce sanglante.
Pendant ce temps, sur le Pegasus, ça sent le souffre. Les soldats ont un drôle de sentiment d’appartenance, je trouve... Ils mettent Starbuck à l’écart parce qu’elle fait partie du Galactica. A vrai dire, ils mettent tout le Galactica à l’écart. L’incompétence flagrante de leur Commandant, un ancien ingénieur comme on l’apprend dans le Previously On (avec des scènes coupées qu’on a jamais vues avant, mais ça ne gêne pas plus que ça). Garner est tout ce qu’Adama a sous la main pour diriger le Pegasus. Et on ne peut pas dire que ce soit une bonne chose. Lorsque quatre de ses pilotes disparaissent lors d’une mission de reconnaissance, il perd un peu de vue les principes premiers de la prudence et fonce tête b aissée pour sauver ses hommes. Et lorsque Lee lui demande d’obéir aux ordres de l’Amiral, qui lui sait ce qu’il fait, Garner refuse et prend tout le Pegasus avec lui pour secourir les deux raptors perdus. Oui oui, tout le Pegasus. Et évidemment, il s’agissait d’un piège, un faux signal de SOS envoyé par des cylons dans le but d’attirer des vaisseaux ennemis. Le Pegasus subit de graves dommages qui l’empêchent de repartir en saut PVL. Garner, plus doué avec les machines qu’avec les hommes, se précipite au cœur du Pegasus. Lee Adama prend alors les commandes et permet de résister aux attaques cylon suffisamment longtemps pour que Garner répare le module de saut PVL. Garner y laissera sa vie (les Commandants du Pegasus n’ont pas vraiment de chance jusque là), et Lee y gagnera une promotion inespérée.
Dans une très belle scène, Adama offre les insignes de Commandant à son fils. C’est une très belle évolution de leur relation je trouve, eux qui se parlaient à peine il y a une saison de cela, et Lee qui regardait de travers la carrière de son père.
Une autre très belle scène est celle où Lee et Kara règlent leurs comptes. Starbuck, une fois de plus, n’en fait qu’à sa tête sur le Pegasus, remet en question Garner et n’arrange pas la situation déjà tendue entre les militaires du Pegasus et du Galactica. Lee s’énerve, et ça fait du bien de le voir s’exprimer un peu. Leur relation a toujours été complexe, entre amitié, attirance, amour. Kara est la seule avec qui Lee parle vraiment, et pas de façon froide et retenue comme il a l’habitude. Leur scène est d’autant plus émouvante. Mais maintenant que Lee et Dualla partagent un bunker, il est possible que leur relation se complique un peu plus et qu’on ait un intéressant trio amoureux...
Un très bon épisode comme on les aime.