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Urgences

12.13 - Body and Soul

Le tombeau de l’âme.

mardi 7 février 2006, par Joma

Urgences fait toujours des épisodes dits spéciaux. Généralement il s’agissait d’épisodes dont l’action principale se situait en dehors des urgences, on a ainsi eu dernièrement Gallant en Irak, Carter en Afrique et plus lointains, la mort de Mark Green à Hawaii ou Benton perdu dans un trou des USA.

Mais il y a aussi les épisodes spéciaux avec "guest star" pour booster l’audience. L’an dernier, Ray Liotta avait sorti une performance remarquable dans "time of death" sur les 44 dernières minutes d’un ex taulard alcoolique.

Cette année, on a droit au combat du Dr Nate Lennox, joué par le plus que bon James Wood, victime de la sclérose latérale amyotrophique, appelée par chez nous : maladie de Charcot et chez nos amis d’outre atlantique maladie de Lou Gehrig. Comme tout le monde n’est pas une sommité de la médecine comme notre ami Eclair, une petite explication ici

L’épisode commence déjà sans previously. Quand on connait le côté soap lourdingue omniprésent de la série ça veut déjà dire beaucoup. Puis l’on voit Lennox observant des patineurs, avant de pénétrer sur la patinoire avec son fauteuil roulant commandé par une interface réagissant au mouvement oculaire. Désorienté, il est amené aux urgences (séquence superbe).
Là, on va se rendre compte que Lennox est un professeur émérite de la faculté de médecine, apprécié par tous les docteurs du Cook County et plus particulièrement par Abby puisque Lennox a été son professeur, et la personne qui l’a motivé pour continuer ses études de médecine.

La construction narrative repose en grande partie sur des aller retour entre le présent et une série de flash-back à rebours qui nous montre l’évolution de la maladie, des problèmes actuels jusqu’au premier symptôme, bénin, apparu lors d’une conversation avec une Abby étudiante en proie au doute sur son avenir de docteur.

A noter que Paul McCrane nous offre un superbe travail de réalisateur sur cette épisode, même si avec un acteur de la trempe de James Wood, la direction d’acteur n’a pas dû être trop difficile. D’ailleurs dommage quand même que sur un des flash-back où Romano est nommé, Paul ne soit pas passé devant la caméra pour faire une petite apparition. Ca aurait été sympa.
En tout cas, cet effet narratif montre bien la déshumanisation que la maladie fait subir à l’organisme, transformant un corps plein de vie en un tombeau pour l’esprit.
Superbement retranscrit dans une phrase de Lennox : I don’t want to be a soul trapped in a corpse.

James Wood est donc magistral, de plus, il tire tout le cast de la série vers son meilleur, surtout Maura, parfaite dans ses face à face avec lui.
A noter que les 10 dernières minutes de l’ep sont quasi parfaites.
Bref, que ce soit en professeur virevoltant dans sa classe pour faire rentrer la biochimie dans la tête de ses étudiants, ou en momie juste capable de faire bouger ses paupières, James est capable de faire passer toute une gamme d’émotion.
Il faut aussi dire que le personnage de Lennox est très bien écrit. Ses interactions, lors des flash-back, avec les membres de l’hôpital sont bien rendus. J’adore d’ailleurs comme il cerne rapidement Pratt.
J’aime aussi le fait que Lennox soit professeur de Biochimie, et que ses cours parlent de la molécule qui fait littéralement vivre le corps, les muscles, l’esprit ; alors que lui, au final, doit se passer de son corps et de ses muscles.

Malheureusement l’épisode est loin d’être parfait. Il y a quelques longueurs qui plombent un peu la narration.
Bien qu’en seconde vision, les premiers flash-back prennent encore plus aux tripes. Surtout le premier, où dans son amphi, assis dans son fauteuil roulant, articulant difficilement, Lennox tente de blaguer pour faire passer son cours, scène qui contraste fortement avec le dernier flash-back où l’on voit un professeur courant, sautant, portant un élève sur son dos, pour faire comprendre sa leçon.
Ou bien la fin de cette même scène avec Abby, où à 4 ans d’intervalle, l’un et l’autre parient dix dollars pour motiver la volonté de celui et celle qui veut abandonner la vie ou ses études.

En plus de James, on a droit à Ally Walker en assistante fidèle. Bon, je ne devrais pas dire ça, ce n’est pas digne d’un reviewer élitiste et pseudo intellectuel d’EDUSA, mais Ally a sacrément mal vieilli depuis Profiler et ressemble à une petite vieille, ça choque... Ou alors les maquilleurs ont vraiment fait du bon boulot.


Pour une fois on oublie le côté soapesque de la série pour se pencher totalement sur un patient. Sans être parfait c’est déjàmieux que d’habitude. Allez, tous avec moi : un Emmy pour James, un Emmy pour James !