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Lost
2.14 - One of Them
C’est l’histoire d’une grenouille...
dimanche 19 février 2006, par
Quoi ça, deux reviews de Lost ? Ne me blà¢mez pas, ni moi ni Drum ni Sarkozy, pour une fois il n’y est pour rien (C’est la partie politique) : blà¢mez ces gros nuls d’UPN qui ont décidé de repousser Veronica au 8 mars, m’empêchant ainsi d’en faire la review. Audience, planning, fusion, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, en attendant moi je me retrouve avec Sawyer au lieu de Veronica. Suuuuuper !
Au programme aujourd’hui : de la torture, de la guerre, de la torture, de la tuerie de grenouille et de la torture. Bref, un épisode passionnant, qui, quand on y pense, rappelle beaucoup cet exquis poème de Gianni Rodari :
Plouf
Un corps tombe
Plouf
Un autre
Plouf plouf plouf
D’autres encore
La guerre
Fait perdre
L’équilibre.
Remarquez l’acrostiche, PUPUPDLFL (Pour une planète unie présentement dans le foyer lumineux.), tout en jeu de lettres, d’esprit et de prononciation. Toi aussi lecteur, tu peux le dire à haute voix devant ton écran : PUPUPDLFL. Oh oui, ce Rodari est un génie.
Je disais donc : de la torture, parce que Sayid est au cœur de l’épisode. Sayid, l’Irakien gentil qui se révèle méchant parce qu’il fait la guerre. Mais finalement il est gentil : il aime la blonde. Manque de bol - pour lui, pas pour nous - elle meurt d’une façon super conne (Non franchement, c’est très con de mourir comme ça) et du coup, là, il redevient méchant. Bienvenue dans Lost, bienvenue au pays des gentils et des méchants.
Donc ici, Sayid retrouve la cousine éloignée d’Eddy Murphy, la folledingue Rousseau. Au lieu d’évoquer leurs problèmes capillaires communs, elle lui confie un type bizarre trouvé dans la jungle, qu’elle suppose être un Autre. Du coup, Sayid ressort son artillerie (Oh que vous avez l’esprit mal placé ! Cochons !) pour le torturer et lui faire avouer plein de trucs révélateurs, genre qu’est-ce qu’il y a dans la trappe, qui diable a engagé Evangeline Lilly sur la série, où est l’immunity idol, ou encore que veulent et qui sont les Autres ?
C’est le moment de se pencher sur le passé de Sayid et de découvrir que non, comme je vous le disais plus haut, il n’a pas toujours été si méchant : ce sont les Etats-Unis qui l’ont rendu tortionnaire ! Ooooh ! Vilains, vilains Etats-Unis ! En pleine guerre et au milieu de tonnes de clichés dont on ne sait pas trop s’ils sont hypocrites ou s’ils veulent sincèrement dénoncer quelque chose (Sayid se fait appeler Abdul, s’entend dire "Ton pote Saddam" par un Américain...), il est en effet "contraint" de torturer son supérieur hiérarchique. C’est pas très intéressant mais ça permet d’avoir de la violence à la télé et de faire de l’audience, alors bon.
Oui, c’est un peu le souci de cet épisode : il est gratuit. Et puis pas qu’un peu. Les quelques sympathiques et symboliques moments sont noyés dans une violence omniprésente et surestimée. Inutile de montrer Sayid torturant tout le monde pendant vingts minutes pour arriver à cette conclusion : avec un peu de talent et surtout plus de subtilité, on l’aurait tout aussi bien compris en deux fois moins de temps. Là, c’est encore une fois mâcher tout le travail du téléspectateur, histoire qu’il n’ait pas trop à réfléchir à cette nouvelle dimension - pourtant pas idiote du tout - des répercussions de la guerre sur un soldat.
La chose la plus intéressante de l’épisode reste peut-être le compte à rebours qui va plus loin que prévu. Parce que Locke et Jack se battent, blabla, pas d’accord, blabla, croyant cartésien, blabla, la dernière minute des 108 s’écoule dangereusement... jusqu’à ce qu’apparaissent sur l’horloge quelques signes bizarres, à la croisée de hiéroglyphes et de Wingdings. La scène est un peu ruinée par le sauvetage à la dernière microseconde par Locke, mais on finit par être habitués à ces retournements énervants.
Mais de tout ça nous n’en avons guère à faire, puisque vient la plus belle storyline de l’épisode, de la série, de toutes les séries, de toutes les séries du monde et de tous les temps : Sawyer et Hurley vont à la chasse à la grenouille. Parce qu’elle tape sur les nerfs du premier à force de croasser. Donc ils cherchent, et ils la trouvent. Hurley veut l’emmener sur une autre plage pour lui sauver la vie. Sawyer l’écrase dans sa main.
Comment c’est trop puissant cette idée super trop métaphorique de la position hiérarchique de l’animal par rapport à l’homme qui permet d’en dire long sur le personnage, parce qu’après tout, suffit de regarder comment quelqu’un traite les animaux pour savoir comment il traite les humains. Et puis franchement, écraser une grenouille sur la Fox alors même que la WB fusionne avec UPN, c’est osé !
Le mieux, c’est que c’est tout en implicite que l’on apprend ainsi que Hurley est gentil - il veut sauver la grenouille -, et que Sawyer est définitivement méchant - il ne se contente pas de vouloir tuer la grenouille : il la tue ! Grand différence, c’est le signe d’un changement catégorique du personnage. Nan vraiment, honnêtement, les scénaristes ont fait ici un toutéliage énorme, c’est trop de la balle ouaich cassedédi kikou lol.
Bref, voilà un épisode aussi vide de sens que l’existence de Tom Welling, Lost s’enfonce depuis quelques épisodes et ne semble pas vouloir redresser la barre. C’est souvent ce qui arrive quand une série a du succès, et qu’elle le sait. La prétention et l’ambition ne font décidément pas bon ménage.
Tu avais l’air ridicule en disant PUPUPDLFL.