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Desperate Housewives

2.15 - Thank You So Much

Info ou intox ?

lundi 6 mars 2006, par Hobbes

Soyons francs, la Saison 2 de Desperate Housewives n’a pas très bonne réputation. Outre atlantique, les critiques américains ne se gênent pas, cette année, pour descendre en flèche une série devenue selon eux « si médiocre » qu’elle en est arrivé à servir de faire valoir à Grey’s Anatomy, le « véritable évènement du dimanche soir sur ABC ».

En France, de gros connard parisiens élitistes et égocentriques ne se gênent pas, eux non plus, pour renier à grands cris la série qu’ils avaient qualifié de géniale un an plus tôt... D’un autre côté, dans la mesure où la plupart d’entre eux encensent Survivor depuis maintenant 12 saisons (sic !) on peut se demander s’ils sont vraiment capable de reconnaître une série de qualité quand ils en ont une en face d’eux ! Sans parler du fait qu’ils jouent au Uno et qu’ils boivent du jus d’orange, ce qui achève de leur enlever toute crédibilité ! (cette phrase n’a aucun rapport avec le reste ? c’est normal... j’essaye simplement, sous le couvert bien pratique de l’anonymat, d’imiter les raisonnements douteux que font certains pour décrédibiliser les gens qui ne sont pas de leur avis)

Tao (un grand penseur de l’extrême orient du 5eme siècle avant Bouddha) connaissait bien ce phénomène d’élévation / destruction des idôles, et l’avait abordé ainsi en son temps : « allez je prend le pari, la Bible sera la nouvelle série que l’on adoré en saison 1 et qu’on va s’amuser à démolir en saison 2 mais qu’on continuera malgré tout à regarder juste pour en dire du mal, même s’il y a des trucs bien, on dira du mal car avoir la critique facile c’est tellement cool. comme ce fut le cas pour l’Illiade et l’Odyssée, le monde est si prévisible ».

Alors, info ou intox ? La Saison 2 de Desperate Housewives est-elle véritablement la catastrophe annoncée, ou les critiques font-ils encore dans l’excès en démolissant une série qu’ils ont pourtant encensé un an plus tôt ?

Avant de répondre, j’aimerais partager avec vous une poésie que je trouve particulièrement adaptée à notre réflexion.

« O rage, au desespoir, au vieillesse ennemie,
N’ai je dont tant vécu que pour cette infamie ?
Moi qui l’an dernier raflait tous les Emmy,
Finirai-je faire valoir de Grey’s Anatomy ? »

Plus sérieusement : la réponse est non. Non, Desperate Housewives n’est pas nul cette année... au contraire !

La série a certes souffert d’une importante baisse de rythme au début de la saison. Mais celle-ci n’est pas le reflet, selon moi, d’un épuisement créatif des scénaristes. Elle est tout simplement due aux mauvaises directions qu’avaient pris les intrigues à la fin de la saison dernière.
En gros, puisque les scénaristes avaient eu l’idée douteuse de laisser la plupart des intrigues en suspens l’an dernier après avoir foutu un bordel pas possible, il a fallu faire un peu de ménage et, reconnaissons le, ça a été un peu laborieux.
Pour prendre des exemples concrets, ça a donné :
- Bree qui fricote avec Georges (il fa ut bien qu’elle se rapproche un peu de lui avant d’apprendre la vérité sur la mort de Rex) dans une intrigue difficilement supportable pour tout spectateur normalement constitué... Les rousses sont les nouvelles blondes ou quoi ?
- Gabrielle qui se remet avec son mari ( ???) parce que l’acteur qui jouait son amant est trop insupportable sur le plateau, et qui dans une intrigue très prévisible s’aperçoit qu’au fond elle aimerait bien être mère finalement, avant de perd le bébé parce que la production a réalisé que Eva Longaria enceinte, c’était une catastrophe pour l’audience.
- Lynette qui se trouve un boulot mais dont les intrigues sont toujours aussi peu passionnantes puisque complètement isolées de celles des autres personnages, et indépendantes d’un épisode à l’autre. La seule différence, c’est qu’elle a des problèmes avec ses collègues, et pas avec ses gosses...
- Susan qui fait sa Susan. Pas besoin d’en dire plus !

Sans parler du problème majeur de ce début de saison : l’absence totale de relations entre les Housewives et leurs intrigues ! D’où l’impression qu’on a de regarder 4 séries différentes artificiellement reliées entre elles par la voix off de Mary Alice au début et à la fin de l’épisode !
C’est sur ce point que la série pêche le plus de mon point de vue. Si, dans Sex & the City, les 4 héroïnes avaient pratiquement toujours chacune une intrigue à elle dans l’épisode, les meilleures scènes étaient pourtant celles où elles se réunissaient toutes autour d’un petit déjeuner pour en parler ! Dommage que Marc Cherry ne l’ai pas compris, parce qu’au niveau des actrices et de l’écriture des dialogues, il avait lui aussi les cartes en mains pour écrire de très bonnes discussions entre ses héroïnes...

D’ailleurs, quand on parle d’absence de relations entre les personnages... rajoutons en une couche sur Betty Applewhite !
Soyons honnête, introduire un nouveau personnage en Saison 2 ou 3 dans une série à succès n’est jamais facile, et Marc Cherry n’est pas le premier a s’y être cassé les dents.
Cela dit, il faut bien admettre qu’il s’y est pris comme un pied. En effet, en général, une introduction réussie implique d’intégrer le nouveau personnage à la dynamique de la série, et donc de le mettre en relation avec les autres héros de la série...
Malheureusement pour Marc Cherry, Betty Applewhite est impossible à intégrer dans l’univers très codifié de la banlieue de Wisteria Lane, parce qu’elle est... noire !
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Ah non... Ce n’est pas la vraie raison... (Même si, aux vues de certaines scènes, on pouvait se poser la question)
Donc, la vraie raison, c’est que Betty a un secret, un terrible secret, et que pour mieux le protéger elle préfère limiter au maximum le contact avec ses voisines.
En gros, ça donne une 5eme intrigue totalement indépendante des autres, et manquant totalement d’intérêt puisqu’elle n’a même pas le bon goût d’impliquer nos personnages préférés (difficile de s’attacher à Betty, qui ne fait que rouler des yeux et grimacer avec des airs mystérieux à chaque fois qu’elle apparaît dans un épisode...).

Voilà ! Je m’aperçois que j’ai passé un peu plus de temps que prévu sur les défauts agaçants de cette saison, alors que j’étais censé vous convaincre de lui laisser une chance...

Pourtant, croyez moi, malgré tous ces défauts, les critiques que vous avez lues sur la série sont très exagérées, le produit de la jalousie de fans de Lost vexés que la Saison 2 de leur série culte à eux soit vraiment une grosse daube à tous points de vue.

Pourquoi, alors, faut-il laisser une chance à Desperate Housewives cette année ?

D’abord parce que la baisse de qualité dont tout le monde parle relève plus de l’illusion d’optique (ou plutôt de l’aveuglement de certains en Saison 1) que de la vérité universelle. Oui, Desperate Housewives, cette année, c’est moins bien que l’an dernier... Mais pour être honnête, il faudrait dire : Desperate Housewives, cette année, c’est moins bien que les huit premiers épisodes de l’an dernier. Parce que, reconnaissons le, la série avait déjà révelé une bonne partie de ses limites et de ses défauts en Saison 1... La seule différence c’est que cette année, l’enthousiasme autour de la série étant déjà un peu retombé, on la regarde avec moins d’indulgence. Donc, en gros, si vous aimiez la série en Saison 1, il y a peu de chance que vous la reniez en Saison 2.

Ensuite, il faut bien reconnaître que si les intrigues ne sont pas toujours à la hauteur, les dialogues et leurs actrices, qui ont toujours fait la force de la série, continuent de maintenir un certain niveau. Personnellement, je continue à passer un excellent moment devant la série grâce à ça, même quand les différentes histoires de l’épisode ne sont pas exceptionnelles.

Enfin, la meilleure nouvelle, c’est sans doute que les scénaristes se sont aperçu qu’ils allaient droit dans le mur et ont commencé à sérieusement redresser la barre à la mi saison. Evacuée la grossesse et les états d’âme de Gabrielle, voici revenue la pétasse égoïste et égocentrique qui nous fait tant rire. Suicidé, le Georges et son intrigue horripilante, Bree va pouvoir se concentrer sur sa famille dysfonctionnelle et ses bouteilles d’alcool en paix. Coupé en deux, le couple Mike / Susan qui nous tapait sur les nerfs depuis si longtemps. Même Lynette recommence à avoir des intrigues intéressantes quand on oublie ses relations avec sa boss pour se concentrer sur les conséquences de son retour au travail sur sa famille. Et puis, surtout, les personnages recommencent enfin à interagir à chaque épisode, que ce soit par le biais d’intrigue croisées ou simplement d’une petite conversation entre amies autour d’un dîner. D’ailleurs, l’une des meilleures idées de cette deuxième partie de saison est d’avoir confié l’enquête sur la famille Applewhite au personnage de Bree, bien moins incompétente que cette gourdasse de Susan !
Bref, à défaut d’avoir retrouvé l’excellence de ses débuts, la série retrouvé son équilibre et nous offre de nouveaux des épisodes agréables à suivre.

Alors, verdict ? Faut-il annuler Desperate Housewives d’urgences ? Non ! Il faut simplement prendre conscience que le show de Marc Cherry ne sera jamais la série culte qu’on avait pu entrapercevoir l’an dernier lors de ses premiers épisodes. Une fois qu’on a admis ça, on peut la regarder comme ce qu’elle est : un guilty pleasure de très bonne facture. Personnellement, j’ai depuis longtemps baissé mon niveau d’exigences devant la série, et j’avoue que j’apprécie beaucoup plus les épisodes depuis !


En conclusion : Desperate c’est bien. Il faut continuer àregarder ! Surtout ceux qui ont arrêté !