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Desperate Housewives

2.16 - There is No Other Way

Du sérieux, de la rigueur et... du sérieux

samedi 1er avril 2006, par Jéjé

Et oui, il n’était pas question de perdre les bonnes habitudes.

Après l’avalanche de reviews pendant la quinzaine Ootm, nous devions laisser à nos lecteurs le répit que méritaient leurs méninges, épuisées de s’être triturées pour deviner qui se cachaient derrière les Fergus McPicsou et Vera O’Drake.

Je pourrais broder un peu sur cet intérêt de ne pas fournir aux spectateurs une review dans un délai qui lui permettrait de la lire immédiatement après avoir vu l’épisode ; je pourrais enchaîner sur le courage d’un certain nombre de reviewers d’avoir adopté cette ligne de conduite malgré le despotisme oppressant (c’est le pire celui là, comme la guerre meurtrière et le nutella sucré) de notre rédac’ chef, je pourrais tenter ensuite de raconter quelques morceaux choisis de ma vie, je pourrais entrecouper tout ça de quelques allusions aux intrigues de l’épisode et hop débarrassé que je serais de ma review.
Mais je sais que je vaux mieux que ça... Déjà, je ne me sens pas fier d’avoir écrit 172 mots pour combler mon incapacité à trouver un angle intéressant pour discuter de cet épisode. Je suis un peu triste d’avoir utilisé ce procédé facile de la mise en abyme popularisé par ce feignant malsain d’André Gide et ses Faux Monnayeurs, trop occupé qu’il était à fantasmer sur des éphèbes algériens pour construire une œuvre romanesque digne de ce nom. Tiens, je ne sais pas quoi écrire, si j’écrivais l’histoire d’un romancier qui n’arrive pas à écrire un roman. Usurpateur. Quand la NRF a publié ce torchon, elle a ouvert la boîte de Pandore. Les écrivaillons les plus paresseux ont vite fait de s’engouffrer dans la brèche, de Nathalie Sarraute à Tigrou en passant par Alain Rhobe Grillet. Il me serait tellement aisé de suivre leurs traces fétides en appelant mes amis du matin d’Europe 1 pour leur demander de s’enthousiasmer sur cette nouvelle façon d’écrire sur les séries télé et me faire couronner pape de la « nouvelle review ».

Non, je le refuse.

Je sais qu’en écrivant cela, je vais me faire des ennemis. Ces fourbes de la presse mal intentionnée vont aller fouiller mon passé, ils vont déterrer certaines reviews de Law & Order : SVU que j’ai pues écrire à une époque où, je le concède, j’étais attiré par les néons de la gloire instantanée. Je me suis abaissé à faire parler de soit disant élèves pour essayer d’être drôle, j’ai inventé des conversations avec le webmaster de Lawandorder-fr.com, j’étais jeune, j’étais aveugle... Mais putain, j’ai changé, c’était il y a deux ans. Je ne suis plus le même. Je suis assez honnête pour le reconnaître, mais maintenant c’est une autre partie de ma vie. Les trash-reviews sont derrière moi.

Maintenant, je veux faire de la review sérieuse, je veux être reconnu pour la rigueur et l’honnêteté intellectuelle de mon travail. Je travaille énormément, je prends des cours. J’ai déjà suivi les stages « Ebola, dictature et digressions : les trois plaies du XXIème siècle » et « Le second degré ou l’art de l’humour surestimé ». Je m’astreints à ne plus regarder de sitcoms, j’ai jeté tous mes Woody Allen et mes Philip Roth, du sérieux et de la rigueur que diable.

Je m’autorise cependant un épisode hebdomadaire de The Office, qui relate avec une précision documentaire les ravages au sein d’une petite entreprise que peuvent causer ceux qui font passer ce qu’ils croient être de l’humour avant leur travail. Michael Scott incarne tout ce qui ne fonctionne pas sur Edusa : l’arrogance outrancière, l’égocentrisme pathologique, un sens de l’humour navrant qui empêche toute approche sérieuse du travail.
Certains seraient tenter de me dire que je peux quitter le navire si mes aspirations ne peuvent s’épanouir. Ils seraient naïfs. Les rédacteurs d’Edusa n’ont pas plus leur mot à dire que les footballers lors des transferts. J’ai été donné par Lawandorder-fr.com, et tant que leflt.com/edusa ne m’affranchira pas, je resterai forcé d’honorer les obligations d’un contrat que je n’ai pas signé.

Alors, je dois faire contre mauvaise fortune bon cœur et tant va la cruche à l’eau qu’à la fin tout flatteur vit aux dépends de la charrue avant les bœufs.

Je continuerai donc à écrire des reviews en me concentrant uniquement sur l’enchevêtrement des intrigues, sur l’évolution, l’utilisation et la symbolique des personnages, en replaçant chaque épisode dans la dynamique de la saison et de la série. Je continuerai à analyser les citations culturelles en évitant de transformer un commentaire d’épisode en une vitrine de mes goûts personnels. Comment pourrais-je imposer aux lecteurs de ce site des assertions sur les prime time soap ou la télé réalité de compétition sans dénigrer l’œuvre dont je parle, mais comment pourrais-je citer Dostoievski et Mankiewicz sans faire glisser la review dans la catégorie des exégèses vaines par un inculte prétentieux ?

Ce seizième épisode de la saison commence donc par...


Si seulement il existait un système de fast-forward...