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Amour, gloire et stress post-traumatique
dimanche 16 octobre 2005, par
Quatre 1, un épisode, un événement que peu de séries connaissent. Il fallait bien quelque chose de particulier pour fêter ça... non en fait cet épisode n’a pas grand-chose de particulier.
Excusez-moi pour cette intro n’importe quoi. Comme les introductions ne sont pas mon fort aujourd’hui, je vais entrer dans le vif du sujet dès maintenant, merci de votre compréhension.
Amour...
J’ignore si c’est l’approche de la Saint-Valentin, du printemps, ou une drogue qui s’est glissée dans les conduits d’aération de l’hôpital, mais je dois dire que ça bouge du point de vue « amour » aux Urgences, même si « amour » n’est certainement pas le meilleur terme pour parler de ces histoires. Comme je ne veux pas être vulgaire, je vais rester sur ce mot quelque peu excessif.
Neela/Luka
Ah, ça, je dois bien dire que je ne m’y attendais pas. Ok, c’est un peu surréaliste, et je pense bien que pas mal de gens vont avoir les cheveux dressés sur la tête à l’idée d’avoir un nouveau triangle amoureux aux Urgences, surtout si le triangle en question est Neela/Luka/Sam. Mais soyons honnêtes, j’ai trouvé ça drôle et plutôt bien amené. Ne me criez pas tout de suite dessus !
Pourquoi bien amené ? Parce que Jane (mais si, l’externe fantôme que, pour ma part, j’apprécie beaucoup) fait mention à Neela du statut de beau gosse de Luka, et que j’ai l’impression que c’est à partir de ce moment que Neela commence à s’y intéresser. Franchement, qui n’a jamais eu un « crush » sur quelqu’un à qui on n’avait jamais spécialement fait attention parce qu’une tierce personne nous a fait mention de ses attributs sympathiques ? En tout cas, pas moi. Du coup, je comprends que Neela commence à envisager des choses dépassant le cadre professionnel avec Luka, surtout que ce dernier ne fait pas grand-chose pour l’en empêcher. Il multiplie les dialogues dans un coin isolé de l’hôpital, prend l’étudiante sous son aile, fait tout pour l’aider à améliorer son rapport avec les patients... ce qui, à défaut d’être efficace, améliore du moins leurs propres rapports entre eux.
Je trouve ça drôle pour plusieurs raisons. D’abord parce que c’est une situation délicate mais pas dramatique, du coup il y a peu de chances que ça donne lieu à des crises de larmes et autres confidences soporifiques. Ensuite parce que ça a donné naissance à une scène que j’ai particulièrement aimé : celle où Neela demande à Abby si elle a déjà été attirée par quelqu’un avec qui elle travaillait, tandis que Luka arrive. Le jeu de regards et de « quoi ? » divers m’a bien fait sourire. Et connaissant Abby, je pense qu’on va avoir le droit à quelques vannes bien trouvées dans les prochains épisodes.
Autre raison qui me pousse à aimer ce début de triangle amoureux, c’est que ça donne une certaine légèreté à la storyline Luka/Sam, dont les nombreux conflits injustifiés (ou presque) dans cet épisode m’ont vraiment gavé, et plombent d’ailleurs cet opus qui est pourtant d’assez bonne qualité. J’ai vraiment l’impression qu’on cherche à leur fournir une storyline pour justifier l’importance de leur couple à l’écran. Tout allait bien entre eux jusqu’ici, mais voilà, pour que ça soit intéressant, il faut qu’il y ait du conflit. Sauf qu’à l’image de leur couple, leurs conflits sont ennuyeux, et la façon dont ils sont amenés passablement superficielle. Franchement, si Neela peut apporter une justification amusante à leurs pseudo disputes (pour mieux se peloter sur le quai du métro), moi je ne dis pas non. Mais c’est peut-être mon côté midinette qui se manifeste...
Abby/Jake
Je l’ai déjà dit, et je le répète : j’adore Jake. Et puis il est aussi bien sans barbe qu’avec. Moins de choses à dire sur la storyline naissante entre Abby et lui, mais je dois dire que c’est assez sympathique à suivre, sans doute parce que les deux personnages sont sympathiques eux-mêmes. Leurs scènes sont drôles, leurs dialogues savoureux, surtout cette histoire de volcans qui va engloutir les Etats-Unis... ah, Jake, lui il connaît les techniques de drague qui font mouche. Bon, en même temps, s’il a conscience qu’il drague une gentille fille à tendance dépressive, qui plus est actuellement en stress post-traumatique, c’est peut-être voulu.
En tout cas, on voit bien que ça ne laisse pas Abby indifférente. Elle lui demande même s’il est shooté, si c’est pas une preuve d’intérêt !
...gloire...
C’est vrai, c’est un titre un peu foireux pour justifier la continuité de cette critique, mais au moins je l’admets. Faute avouée à moitié pardonnée, non ? Je vais faire mon possible pour me faire pardonner l’autre moitié de la faute.
Pratt
C’est un boulet. Et comme chaque semaine, ou presque, aujourd’hui, il « boulettise ». Il est arrogant, désagréable, limite méchant avec ses internes. Oui, parce que monsieur se croit toujours supérieur à tout le monde, et ça commence sérieusement à me gonfler. Je suis assez content de le voir se faire rembarrer par Susan, mais c’est tout de même lui qui a le dernier mot. Et ça, ça me plaît moyennement... Il veut faire passer le patient en premier ? D’accord, il a intubé un patient, posé un drain thoracique, et fait plein d’autres actes impressionnants en moins d’un quart d’heure. Mais il oublie une chose : s’il parvient à apprendre tout ça à « ses » internes (d’ailleurs, je ne comprends pas, Pratt n’est pas interne ? Il me semble pourtant qu’il y a à peine quelques épisodes, Chen disait de lui qu’il était un « interne de troisième année » ! Vous n’allez pas me dire que ce type est titulaire ? J’ai dû louper quelque chose), tous ces actes pratiqués en moins d’un quart d’heure pourront être pratiqués en cinq minutes, parce que tout le monde aura eu un rôle précis. Mais non, il a toujours raison, donc on est supposés la fermer.
Herb W. Spivak
Ah, que ça fait plaisir de le revoir !
Mais si, souvenez-vous, Herb Spivak était l’avocat de mon cher et regretté Mark Greene, suite à son agression (ou plutôt suite à la faute professionnelle qu’il avait faite en n’apportant pas suffisamment de soins à Kenny Law), avocat qui lui avait sauvé la mise en échange d’une journée de travail aux Urgences. Eh oui, Spivak était déjà un emmerdeur et voulait suturer lui-même des patients.
Spivak est donc un emmerdeur. Je l’ai déjà dit, mais je tiens à le répéter, car cela va nous aider à cerner la psychologie de l’individu. Il passe donc l’épisode à tenter de se mettre des procès sous la dent et en installant un cabinet mobile devant une bouche d’incendie en face de l’hôpital. Ses scènes avec Susan sont savoureuses également. J’ai particulièrement aimé celle où notre docteur Lewis adoré va dans son espèce de camping-car et croise Jerry et cet autre boulet de Morris.
Pourquoi l’inclure dans « Gloire... » ? En fait on va plutôt parler de déchéance pour cet avocat renommé. Je pense notamment à cette scène, à la fin de l’épisode, où il confie à Ray qu’il a perdu son argent, et sa gloire par la même occasion. Une carrière où il avait remporté un certain succès, mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Mais au moins, sa déchéance donne lieu à une storyline bien amusante. Je regrette seulement qu’il n’ait pas été fait une seule fois mention de son passé avec Mark (présenté comme ça, on croirait qu’ils ont couché ensemble... je rappelle à ceux qui ne se souviennent pas de la saison 4 que non, leur relation était purement « professionnelle »). D’un autre côté, je trouve ça plutôt subtil de la part des scénaristes de nous réintroduire un personnage qu’on n’a pas vu depuis des années et de laisser les fans qui connaissent la série par cœur se réjouir d’avoir revu Spivak. Voilà, je suis mitigé sur ce point, mais heureux de voir que non, l’ancienne Urgences n’est pas oubliée.
... et stress post-traumatique
Notre épisode s’ouvre sur Abby qui n’arrive pas à dormir. Une scène apparemment anodine, pas la plus marquante de l’épisode, mais j’aime ainsi lorsque Urgences s’ouvre sur une scène silencieuse, une scène où le personnage réfléchit, ou tente d’arrêter de réfléchir... Ces scènes sont souvent un moyen de respirer avant de se plonger dans l’Enfer des Urgences (expression employée par Abby elle-même dans le 8.14 « A simple twist of Fate » - « Un coup du destin », l’un de mes épisodes préférés. Oui, je réfléchis beaucoup quand j’écris mes critiques, merci.), et celle-ci ne fait pas exception. Petite note aussi sur un plan qui nous montre Rats, Lice and History (Rats, Poux et Histoire) sur la table de chevet d’Abby. A croire qu’elle le lit vraiment ! Je le dis et le redis : je veux une scène où elle en parle avec Dubenko. Je n’avais pas remarqué la présence du livre lorsque j’ai vu l’épisode la première fois, alors que finalement c’est assez visible. En tout cas, j’ai apprécié ce petit clin d’œil.
Le stress post-traumatique d’Abby se caractérise par plusieurs aspects qui ne sont pas surprenants en eux-mêmes mais sont assez bien amenés pour que ça passe.
Tout d’abord, Abby tente de contrôler son agressivité, notamment au tout début de l’épisode quand elle fait subtilement passer le message à Neela que sa présence commence à être gênante, surtout en cette période où Abby voudrait se retrouver un peu seule. Pourtant, je ne crois pas que la solitude soit une excellente solution, surtout quand on voit qu’Abby commence la journée en fumant une cigarette (à peine levée, je ne sais pas comment elle fait). Autre élément qui m’a surpris, mais j’ai peut-être rêvé. J’ai vu une bouteille de bière sur la table dans l’appartement d’Abby... Ok, ce n’était peut-être pas de la bière, mais ça y ressemblait beaucoup. Ca m’a d’autant plus surpris que notre ex-infirmière préférée affirme à Susan qu’elle a renoncé à l’alcool... Notez que je crois que la bouteille n’est pas ouverte. Peut-être qu’elle a acheté un pack de bière, tentée, et finalement a trouvé le courage de ne rien boire. Mais à ce moment-là, il aurait été plus intelligent de tout jeter afin de ne pas être tentée de nouveau.
Deuxième aspect, la négation. Abby fait son possible pour paraître aller bien dans cet épisode, elle sourit, lance quelques vannes par-ci par-là, mais soyons honnêtes, ça ne prend pas vraiment. Mais Susan joue le jeu, parce qu’elle ne peut pas forcer Abby à dire qu’elle va mal. Peut-être qu’elle se dit elle-même que la négation est un moyen comme un autre de passer à autre chose.
Troisième aspect, la parano. Abby se fait bousculer par un taré. Puis une fois à l’accueil, Dubenko vient lui proposer quelques solutions pour gérer son stress post-traumatique. Amusant comme il lui porte un véritable intérêt... Je n’aimais vraiment pas ce médecin au début, sans doute en raison de mon amertume face au départ de Lizzie, mais plus ça va, plus je le trouve intéressant, et plus j’aime sa relation avec Abby. Leurs scènes sont toujours surprenantes et apportent un peu de fraîcheur à chaque épisode où elles sont présentes. Mais pendant son dialogue avec Dubenko, Abby a une crise de paranoïa suite au regard quelque peu agressif d’un homme, derrière le chirurgien. Musique flippante. Nous aussi, nous avons un peu peur. Scène suivante, Abby doit recouvre une plaie à l’arcade sourcilière. J’ai très peur, cette fois-ci. Peur qu’Abby se surestime et tente tout de même de recoudre, et nous massacre le visage de la jolie jeune femme dont elle s’occupe. Heureusement, elle connaît ses propres limites et finit par abandonner l’idée de recoudre la plaie. Scènes très intéressantes et plutôt bien rendues, surtout qu’elles ne sont pas excessivement « dramatisées », Abby s’en va avec le sourire et fait son possible pour ne pas perdre la face devant ses collègues.
Ce que j’ai particulièrement aimé ici, c’est la succession de ces scènes où Abby se fait « agresser » à diverses reprises, par une bousculade, un regard anodins, mais qui compte tenu de son enlèvement ne peuvent que l’effrayer. C’est après ces éléments qu’elle craque et se retrouve dans l’impossibilité d’exercer. Rien n’est gratuit, en somme, l’élément dramatique est très bien amené.
La citation du jour
« J’ai transformé tous mes sentiments de colère, de honte et de culpabilité en émotions saines et positives. J’ai renoncé au besoin de boire de l’alcool... oh, et j’ai consulté un shaman et un gourou alors je vais très bien. »
Abby
En vrac
Abby a manqué à Morris ! Franchement, s’il se met à tomber amoureux d’elle, il va remonter dans mon estime. Surtout parce que ça veut dire qu’Abby aura un super prétexte pour lui envoyer une (ou plusieurs !) de ses vannes bien senties à la figure.
Neela et Ray en colocation... ça promet ! En tout cas ça a donné lieu à pas mal de répliques assez drôles de Neela, et même d’Abby (décidément, on ne l’arrête plus). J’ai hâte de les voir se taper dessus pour avoir la salle de bains... oui, ils ont beau dire, moi je suis sûr qu’ils vont se croiser plus qu’on ne le croit... Même si je ne suis pas super enthousiaste à l’idée de voir naître un shipper Neela/Ray, si ça reste toujours léger et que ça ne vire pas à de la Samlukaïte aiguë, j’accepte.
Abby est retournée à l’hôpital après sa discussion avec Jake. Ce dernier a réussi à lui redonner un peu de confiance en elle-même, à alléger son cœur... non, vraiment, je les adore !
Je n’ai pas parlé de l’histoire de l’adolescente adoptée qui finalement va se retrouver une nouvelle fois dans un foyer, parce que je n’ai pas grand-chose à en dire. Je mentionnerais simplement le fait que ça se laisse suivre avec un certain plaisir, même si rien ne m’a particulièrement surpris (en fait, si, le moment où l’on croit que cela va bien finir m’a surpris, mais finalement, Urgences reste Urgences, c’est à croire qu’on n’ose pas traiter une storyline de ce genre et lui offrir une happy end... c’est un peu dommage, parce que la systématisation des fins dramatiques fait qu’on s’attend toujours à ce que la situation déraille à un moment, et ça ne manque jamais d’arriver...).
La couleur préférée de Kerry est le vert pastel... Dommage qu’on ne la voie pas plus dans cet épisode, mais c’est à croire qu’il faut s’habituer à son absence puisque Kerry est devenue fantomatique depuis (trop) longtemps déjà... Mais on ne va pas se plaindre, elle a le droit à deux minutes par épisode, et c’est énorme, n’est-ce pas ?
Evidemment, il ne fallait pas s’attendre à un épisode aussi intense que le précédent. Ce retour à la routine des Urgences est malgré tout très réussi. Le stress post-traumatique d’Abby est traité de manière suffisamment sobre pour éviter de rendre cette nouvelle storyline trop lourde, ce qu’on ne peut malheureusement pas dire de Luka et Sam, dont les scènes plombent un peu le tout. J’ai donc passé un bon moment devant cet épisode qui équilibre assez bien humour, drame et suspense.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires