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9.06 - One Can Only Hope

Nathan, un interne intelligent

Quand Il Nous Reste de l’Espoir

dimanche 21 septembre 2003, par feyrtys

Où France 2 choisit de penser à la place des spectateurs

L’épisode débute par l’annonce d’un cancer métastasé du foie et de la rate à un patient qui semble supplier qu’on lui explique de quoi il souffre exactement. Mais Corday, mal à l’aise, préfèrera se cacher derrière l’avis d’un oncologue. En s’éclipsant de la chambre du malade, elle trouve Romano, confronté à des problèmes concernant son assurance, qui comme à son habitude se montre très diplomatique. A propos du nouvel interne en chirurgie, Paul Nathan, Romano prend sa défense contre Corday et l’invite à faire des efforts pour l’aider à s’intégrer. Il dira le faire à cause de pression bureaucratique, mais l’on peut douter de cette excuse. Romano, atteint lui aussi d’un handicap (même s’il a des chances de guérison), devient petit à petit un peu plus humain

Le frère d’Abby refait son apparition. Il a amené avec lui sa nouvelle petite copine, une jeune femme de 20 ans. Très émotive la petite dame, parce qu’elle vomit sur le chaussures de sa belle-sœur en guise de bonjour !
Abby s’inquiète pour son frère, parce que vous vous rendez compte, il FUME ! Mazette c’est bien une ancienne alcoolique Abby pour être aussi rabat-joie. Surtout que le seul argument qu’elle arrive à sortir à Carter pour le convaincre que son frère n’est pas dans son état normal, c’est qu’elle le trouve « frivole ». Bon, ok, on peut la croire Abby, ça sent le coup fourré, sinon pourquoi introduire ce perso là ? Mais il faut reconnaître qu’elle voit le mal partout (sauf en ce qui la concerne peut-être).

Abby a du fil à retordre avec Kovac. Les infirmières ont signé une pétition contre le beau Lucas, et elle n’a pas été mise au courant, parce que tout le monde pense qu’elle prendrait son parti. Kovac sera suspendu pour la durée de l’enquête. Shirley, qui maintenant me file une trouille bleue à chaque fois que je la vois, nous sort un émouvant petit laïus sur le rôle des infirmières de l’ombre qui doivent se serrer les coudes parce qu’elles font un boulot primordial sans aucune reconnaissance. On doit pouvoir appliquer ce discours à tous les acteurs qui campent depuis le début de la série les rôles d’infirmiers, d’assistante sociale et de radiologue !

Carter travaille avec le nouvel interne en chirurgie, Paul Nathan (aka le shaker à cocktail d’après Romano), sur le cas d’une patiente de 26 ans atteinte d’une maladie grave. Elle n’a plus de poumon, plus de foie, et souhaite en finir. Carter lui fait signer un refus de réanimation. Il n’essaye pas de la convaincre de s’accrocher à ce qu’il lui reste de vie, mais simplement il accepte sa décision. Le père de la jeune femme n’est pas de cet avis. Il n’est pas prêt à laisser sa fille partir. C’est là qu’intervient Nathan, dont la sensibilité fait des merveilles avec les patients. Il convainct la jeune femme de ne pas renoncer, et de croire que la médecine va trouver un moyen de guérir ce dont elle souffre. Il prononce en réalité le discours qu’il doit se répéter pour tenir le coup. Ce sont là deux écoles de médecine qui s’affrontent : l’une représentée par Carter, qui ne souhaite pas d’acharnement thérapeuthique, ce qui est lié très certainement à ce qu’il a vécu en voyant son frère mourir de la leucémie. De l’autre côté, nous avons la médecine qui mise tout sur les avancées des recherches en génétique, représentée par Nathan qui lui-même cherche de l’espoir. La jeune femme finira par se faire convaincre par Nathan.

Dans un ton plus frivole, il est une surprise agréable qui pigmentera un peu cet épisode à l’ambiance un peu lourde : c’est le début de la relation Pratt-Chen, et quel début de relation ! C’est autre chose que le vieux couple de Carter et Abby ! Là au moins, on sait qu’il va y avoir de la transpiration, des lampes cassées et un matelas à changer ! Enfin, on s’en doute seulement, parce que le pauvre Pratt est dérangé en plein préléminaire par son frère simple d’esprit, ce qui permettra justement à Chen de reprendre ses esprits qu’elle avait perdu en même temps que son soutien-gorge et sa petite culotte.

Revenons à l’histoire qui a fait couler beaucoup d’encre. C’est celle d’une jeune fille de 13 ans, Sarah, qui est amenée aux Urgences après avoir été trouvée dans un état second dans le métro. Elle est somnolente et semble sous l’emprise de drogues. C’est Corday, assistée de l’externe Hartkins, qui sont chargées de ce cas. La jeune fille disparaitra sans avoir été oscultée et sera retrouvée peu de temps après sur la route menant au métro, inconsciente après en avoir heurté les marches. Un examen plus poussé révèlera un viol. La jeune fille dit ne se rappeller de rien. Corday en avertira le père de la jeune fille, qui, voulant protéger sa fille, essaiera de la convaincre de lui cacher qu’elle a été abusée sexuellement. Mais Corday, en décidera autrement et tentera d’expliquer à Sarah ce qu’il lui est réellement arrivé. La jeune fille, apprenant que Corday a dit à son père toute la vérité (ou ce qu’elle croyait être), aura pour dernière parole, sur un ton aggressif : « Vous l’avez dit à mon père ? ». Et puis c’est à ce moment que France 2 coupe la scène. Assez mal d’ailleurs. C’est voyant et ça laisse l’histoire en suspend. Pourquoi Sarah semble en colère contre Corday alors qu’elle disait ne plus se rappeller de ce qui s’était passé ? Comment le père va-t-il réagir en sachant que Corday est allée contre sa décision ? Vous êtes un téléspectateur attentif, vous connaissez la façon dont Urgences tourne toujours autour de trois-quatre histoires de patients, comment les intrigues naissent et se concluent dans un épisode, parfois plus. Vous êtes intrigués : pourquoi ne plus entendre parler de l’histoire terrible de cette jeune fille visiblement droguée et violée ? Tout simplement parce que le véritable dénouement de l’histoire, les censeurs ont décidé que vous ne serez pas assez intelligent pour la comprendre et la juger.
Dans l’histoire originale, Sarah n’a pas été violée. Elle a pris une drogue hypnotique qui est censée désinhiber et décupler les envies sexuelles. Elle a fait pour se faire bien voir des garçons. Alors oui, c’est choquant, mais pas autant que France 2 qui se met à vouloir penser à la place des gens.


Un bon épisode (quand il n’est pas censuré), assez bien rythmé, pourtant sans trop de brouhaha et d’excitation, mais avec ce qu’il faut de réflexion. Nathan continue à surprendre par son implication envers les patients, et le fait qu’il ne semble craindre qui que ce soit aux Urgences. Son personnage est très intéressant. Et enfin de l’action entre Pratt et Chen, c’est pas trop tôt...