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3.03 - The Eye Inside
Paf le chien
Un Dernier Hommage
dimanche 12 octobre 2003, par
Dave se prend pour Sonny Crockett, Keith pour Caruso, Ruth pour Angela Chase et Bettina pour Rayanne Graf, et Nate se prend pour Pee Wee.
Le mort de la semaine
Une fille seule, la nuit. Un groupe de types commence à la suivre et à l’invectiver « Eh, tu vas où comme ça ? Tu veux t’amuser un peu ? Pas la peine de courir, on t’aura de toutes façons ! ». La fille accélère le pas, panique, et s’engage sur la chaussée sans regarder. Au moment où elle va se faire percuter par une voiture, le groupe de types apparaît en pleine lumière : il s’agit en fait de copains qui lui faisaient une blague. Trop tard : la fille se fait écraser. La victime est donc bien celle qu’on attendait, cette fois, mais pas de la façon dont on s’y attendait. Et nous voilà frustrés d’une savoureuse scène de viol et sévices en tous genres.
Bon alors l’épisode nous montre tous les protagonistes, mais séparément : Dave et Keith partent en vacances, Claire est à ses cours, Ruth zone avec sa nouvelle cops Kathy Bates, alias Bettina... C’est pas inintéressant, mais ça manque un peu d’interactions familiales, tout ça. Bon allez, commençons par Claire.
Claire est à nouveau sur le marché
Phil s’incruste régulièrement chez les Fisher la nuit. Tant et si bien qu’un matin, ce qui devait arriver arrive : Phil est Claire sont à la cuisine, Ruth est censée être à un entretien d’embauche mais n’y est pas allée, et elle tombe donc sur un Phil torse nu en train de s’habiller. Ultra cool, elle lui demande des explications sur le tatouage et lui propose des gaufres. Ruth en a fait, du chemin, en deux saisons. Elle ne pose aucune question à Claire, rien de rien. Ni sur le coup, ni après.
Claire donc essaie de gérer tant bien que mal sa relation avec Phil, elle a l’air assez éprise, cherche son approbation, elle a besoin d’être rassurée, tout ça. Ce qui est assez légitime, sachant que le gars se tape d’autres filles en parallèle. Claire tient le coup, mais quand Phil lui annonce qu’il va donner un concert avec son groupe, et qu’elle comprend qu’elle n’est pas invitée, afin que ça ne nuise pas à la « vie sociale » de Phil, elle a quand même du mal à l’accepter. Elle finit donc par aller le voir chez lui, et lui demande à partir de quel moment selon lui une relation devient assez sérieuse pour être exclusive. Il ne sait pas trop, mais considère en tous cas que deux mois (la durée de sa relation avec Claire) ne sont apparemment pas suffisants. Claire préfère alors en rester là, elle ne peut pas supporter qu’il voie d’autres filles. A noter qu’il n’y a aucun cynisme chez Phil, ni aucune aigreur ou reproche chez Claire. La rupture se fait en douceur, ça ne peut simplement pas continuer comme ça pour Claire, et même si Phil est désolé de la perdre, il ne peut pas se forcer à être fidère s’il le sent pas comme ça. Claire le quitte donc et éclate en sanglots une fois dans sa voiture. Scène très triste, c’était une relation qui fonctionnait pas mal malgré tout, et Phil avait l’air pas mal comme gars, mais ça n’a pas suffi, on comprend les deux points de vue, et on est désolé pour Claire.
Parallèlement à son histoire, et en partie à cause d’elle, Claire semble toujours aussi peu motivée pour ses cours. Jusqu’à l’arrivée d’un nouveau professeur. Quand on a annoncé un nouveau prof, je me suis surprise à prier pour que ce soit Billy Chenowith. Qu’est-ce qu’il aurait foutu là ? Ben, après tout, il a fait cette école, hein, alors pourquoi pas. Mais non, à la place est apparu un certain Olivier Castro Jesaispasquoi, assez euh particulier. Un peu déjanté, anti-conventionnel, tout ça tout ça, mais au final plutôt pas con, quoiqu’un peu dur, et à l’évidence il redonne à Claire l’envie de se remettre à ses études artistiques. Bref, le cliché du prof un peu décalé qui change la vie de ses élèves, du Cercle des poètes disparus (grand navet devant l’éternel) à Angela (grande série, comme quoi les clichés peuvent être plus ou moins bien exploités), j’en passe et des meilleures (et des pires, quoique, qu’y a-t-il de pire que le prof à la devise « Carpe diem » ?). Bilan : Claire perd un mec et retrouve l’envie de créer.
Dans la série, récurrente maintenant, « Ruth se lâche », Ruth décuvre les joies de l’adolescence. C’est qu’elle est devenue copine avec Bettina, l’amie de sa sœur qui l’a aidée à la désintoxiquer. Mais ça a pas été facile, Ruth savait pas trop si elle devait appeler Bettina ou attendre que Bettina rappelle, elle est tellement cool et populaire Bettina, Ruth voudrait pas donner l’impression de la coller et tout. Mais les deux filles se rapprochent quand même, et c’est cool, et Bettina pousse Ruth à changer de look pour plaire aux garçons, elles font les magasins, mais Bettina a quand même une mauvaise influence sur Ruth, parce que Bettina elle fauche des trucs et tout, heureusement elles se sont pas fait pincer par les vigiles, ouf. Bref, l’amitié presqu’adolescente transposée chez les 60 ans ça pourrait être marrant, sauf que : 1) J’aime pas du tout Bettina, je la trouve pas gentille, et je ne pense pas qu’au fond elle apporte grand-chose à Ruth ; 2) Tout ça est assez prévisible, notamment le coup de la fauche, on le voit venir à trois kilomètres, dès qu’elles sont dans le magasin, en fait. 3) Ruth qui se décoince, ça devient vraiment lassant, en tous cas c’est fait avec de gros sabots, ça manque de subtilité tout ça. Son histoire avec Nikolaï l’an dernier était mieux exploitée, par exemple.
Holiday, celebrate
Quant à Keith et Dave, ils partent tout bonnement en vacances. On les voit donc en voiture sur le trajet, et Dave porte des lunettes de soleil de star, y’a pas d’autre mot, de vraies lunettes de star, il a une dégaine pas possible il pourrait presque jouer dans Miami Vice. Cela étant, on retrouve l’intransigeance des scénaristes de la série, qui au lieu de nous les montrer partant dans un endroit de rêve luxueux et tout, nous les montrent dans un hôtel normal, pas du tout luxe ni rien, bref Keith et Dave sont pas des super riches, et donc ils partent pas en vacances chez les super riches. C’est assez rare de voir ça dans les séries américaines, à croire d’habitude que les gens ont beau vivre modestement toute l’année, ils gagnent chaque année au loto pour aller passer leurs vaca,nces dans des conditions exceptionnelles.
Nos tourtereaux débarquent donc autour de la piscine de l’hôtel, et là, c’est le choc pour Dave, qui a une de ces hallucinations dont il a le secret : tout le monde les regarde, lui et Keith, avec horreur et dégoût, les parents planquent les enfants, bref Dave se sent agressé, perdu en territoire hétéro, comme dirait l’autre (Dustan pour ne pas le nommer). Keith lui est très à l’aise, il essaie de montrer à Dave que les gens sont charmants avec eux (ce qui est vrai) mais rien à faire, on retrouve le Dave du début de la série, celui qui n’assumait pas bien son homosexualité.
A part ça, la bouffe est pas terrible, tout ça est assez cheap, et au final on a l’impression que Keith et Dave passent leurs vacances à baiser dans leur chambre d’hôtel. Pourquoi pas, après tout, mais ça fait un peu cher le lit. Cela dit, auraient-ils baisé aurtant s’ils étaient restés chez eux ? Probablement pas. Je sais pas pourquoi, mais c’est comme ça, tous les magazines féminins le disent. Au retour, ça a l’air d’aller mieux pour eux, ils chantent même dans la voiture (oui, même Keith). Jusqu’au moment où les embouteillages les ramènent à la dure réalité, aux sautes d’humeur de Keith et aux tensions dans leur couple. Ils auraient dû lire les dossiers Biba sur comment prolonger les effets bénéfiques des vacances une fois de retour à la maison. Bilan : des vacances agréables, mais les problèmes les attendent à la maison.
Travail, famille, suicide
Nate lui commence à ressentir sérieusement les effets néfastes du mariage. Il a pas l’air d’aller bien, s’isole dans sa voiture. On imagine que quelque chose va se passer, que Brenda va arriver, par exemple (oui je vois des Chenowith partout), et finalement Nate sort sa queue (qu’on ne voit pas, hein, on est pas dans Oz) et se branle. C’est un moment de grande solitude, cela étant dit sans ironie. Pendant ce temps (enfin, façon de parler) Lisa rend son tablier. Faut dire que Carol est de plus en plus atteinte, elle en vient à reprocher à Lisa de s’occuper de Maya alors qu’elle, Carol, a besoin d’elle (pour lui faire des gâteaux ou un truc dans le genre, je sais plus). Chantage affectif, tout y passe, tant et si bien que Lisa nous montre une nouvelle facette de sa personnalité (lucide et dure, quoique légitime, sur ce coup-là, hein), engueule Carol, et quitte son boulot.
Le problème, c’est que quitter son job, ça revient à quitter aussi le logement, puisque toute la petite famille vivait chez Carol. Ils partent donc vivre chez Ruth, qui les accueille à bras ouverts, ce qui ravit Lisa. Mais ça ravit moins Nate, qui reproche à Lisa de ne pas l’avoir consulté avant de quitter son job. Ca aurait été normal, effectivement, puisque Lisa et Nate sont à fond dans le couple consensuel, on prend les décisions ensemble, c’est ça être un vrai couple sain et équilibré et qui ira loin. D’un autre côté, Lisa se faisait traiter comme de la merde par Carol, son choix était légitime, avec ou sans l’accord de son époux. Mais au fond, ce que Nate lui reproche surtout, c’est de s’être arrogé le droit de démissionner sachant que Ruth les accueillerait sous son toit. Et là-dessus il aurait carrément aimé être consulté, il apprécie moyennement que Lisa ait eu des plans en tête sans lui en parler. Et là il a raison, la Lisa considérait comme acquis qu’ils iraient s’installer chez belle-maman, c’en était choquant. Les voilà donc se disputant, pour de vrai et pour de bon, et en plus Nate avait raison et a tenu le coup, ça faisait plaisir à voir.
Et on comprend très vite pourquoi il est pas ravi de s’être installé chez sa mère : jusque là, il pouvait rester chez les Fisher, le soir, et rentrer à pas d’heure au monastère, mais maintenant, il peut plus zoner cinq minutes devant Friends sans que Lisa vienne le faire chier pour qu’il aille faire des courses, dont la liste est toujours sur le frigo (putain mais crâme-le, ce frigo, Nate). Bref, son travail, sa famille d’enfance, sa nouvelle famille, tout se fait sous le même toit, et Nate n’a plus d’endroit à lui, d’endroit où être tranquille. Et Lisa devient franchement chiante, apparemment l’idée qu’on puisse avoir besoin de solitude lui échappe complètement. Bilan : Nate ne va pas bien.
Faut rigoler, faut rigoler
Egalement deux scènes drôles dans cet épisode. La première c’est une discussion entre Rico et Nate. Ca part de l’histoire de la morte de l’épisode, avec Rico qui dit que ahlala, ça arrive tout le temps à sa femme, de se faire brancher dans la rue. Nate dit que ça n’arrive jamais à Lisa. Rico a pas l’air étonné et dit que ouais mais Vanessa, elle, elle est sexy. Nate, vexé, lui répond que Lisa aussi est sexy. Mais que elle, elle s’habille pas comme... Il finit pas sa phrase, mais on voit bien l’idée. Et Rico d’asséner que Vanessa se fait brancher même en survêtement... Bref, la conversation de deux coqs clamant que leur poule est la plus sexy, et ce évidemment autour du corps de la fille écrasée par la voiture. Rico et Nate jouant les machos, ça valait de l’or en barres.
La deuxième scène amusante se passe pendant l’enterrement de la fille en question. Un de ses amis monte sur l’estrade pour faire un discours. Il commence à évoquer le fait qu’elle aimait les sports extrêmes, qu’elle était toujours la première à se lancer, tout ça tout ça, et on comprend très vite que le pauvre garçon, qui devait faire partie de la bande d’amis qui lui a fait peur le soir de sa mort, cherche tout simplement à se dédouaner en expliquant qu’elle était courageuse, et qu’ils n’auraient jamais pensé qu’elle puisse flipper à ce point quand ils ont commené à la pourchasser. Et il continue son speech, comme ça, embarrassé, et sous les yeux de la famille en larmes. Une scène drôle et tragique, typique Six Feet under.
Comme le précédent, l’épisode se laisse voir sans problèmes, mais il ne se passe pas non plus grand-chose de très très exaltant. Cela dit, quelques scènes réussies (les deux scènes drôles que je viens d’évoquer, et aussi la rupture entre Claire et Phil) font que j’accorde à cet épisode un 7 peut-être un peu généreux, mais allez, c’est Six Feet under, on garde la foi.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires