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1.02 - What It Seems
Un détail est toute la vie change
samedi 27 décembre 2003, par
Johnny utilise ses pouvoirs psychiques pour aider à résoudre une affaire de tueur en série.Cette seconde partie du pilote met notre héros en action et nous montre que le don qui lui est donné n’a pas que de bons côtés.
I° Johnny au service des autres.
De nuit, on retrouve Johnny et Bruce entrant par effraction au domicile inoccupé d’Allison, la présumée victime du tueur en série. Johnny touche plusieurs objets pour provoquer une vision, en vain. Il craint que cela ne signifie qu’il est déjà trop tard. Ils se rendent donc au poste de police pour faire une déposition. Bien que peu convaincu par le don de Johnny, le shérif décide de mettre des hommes sur la piste d’Allison.
On nage ici dans le cliché classique du gars au don spécial qui essaie de convaincre l’homme de l’ordre public de la véracité de ses dires. Bref rien de nouveau sauf que la série démontre que bien dialoguée une scène cliché passe beaucoup mieux.
Johnny retourne de jour visiter les abords de la maison d’Allison pour tenter d’en apprendre plus. Il découvre que le tueur est resté un moment sous la fenêtre de la chambre, et qu’il porte des bottes en caoutchouc taille 43 1/2. Ce qui surprend le shérif puisque c’est un détail connu de la police qui n’a pas été révélé à la presse.
Passage obligé pour que progressivement le shérif apprenne à avoir confiance aux visions de Johnny. On ne quitte toujours pas les sentiers classiques.
Finalement, le shérif Walt consent à porter à l’examen de Johnny des mégots de cigarettes retrouvés sur les lieux des meurtres. Ils en apprennent ainsi plus sur le modus operendi et la psychologie du tueur : il a vécu sous l’aile d’une mère dominatrice, il est impuissant sauf quand il tue, ce qu’il ne fait que par forte pluie pour ne pas laisser de traces et il porte un cirée glissant. Bref on ne se démarque pas des portraits classiques des tueurs en série de fiction.
Coup dur pour la crédibilité de Johnny : la police retrouve Allison saine et sauve, elle n’était qu’en visite chez sa soeur. Voilà un rebondissement bienvenu pour éviter l’enlisement de cette histoire. Une histoire qui devient plus intéressante encore quand Bruce trouve l’explication à cette vision erronée.
La connaissance du futur a entraîné une action qui a changé le cours des événements : le coup de téléphone à Allison pour la prévenir du danger, a précipité la jeune femme dans sa maison pour répondre, ne laissant pas le temps au tueur de se saisir de sa proie. Twist intéressant qui relance l’enquête.
Johnny réalise que sous la pulsion, le tueur a certainement recherché une autre victime. En effet, il a choisi une jeune femme à la sortie du cinéma. Johnny sait où le tueur l’a laissé. Il en informe le shérif.L’intrigue reprend une tournure classique à partir de ce point.
En touchant le corps de la dernière victime, Johnny tient enfin l’identité du meurtrier : l’un des hommes du shérif Walt (celui qui a pris la déposition de Johnny au début de l’épisode). Il se rend avec ce dernier au domicile du suspect où il vit avec sa mère. Johnny apprend qu’elle est au courant des crimes de son fils. Durant la fouille de la maison, la mère attaque Johnny au couteau obligeant Walt à l’abattre.
Pendant que Johnny appelle du renfort par radio, le shérif poursuit la fouille et se retrouve braqué par le tueur. Notre héros anticipe la menace planant sur le policier avant qu’il ne soit abattu. Poussé dans ses derniers retranchements, le tueur se donne la mort en s’explosant la cervelle.
Malgré la subtilité intéressante en milieu de récit, cette traque de tueur en série reste trop classique pour captiver outre mesure. Les points forts de cet épisode sont à chercher ailleurs.
II° Johnny et ses visions
Quand Johnny tente d’avoir une vision en touchant des objets du domicile d’Allison, rien ne se passe. Ce qui aurait tendance à indiquer que son don n’est pas sur commande et qu’il possède « un esprit qui lui est propre ».
On découvre aussi deux nouveautés concernant le don de notre héros.
D’abord, comme le montre la vision du facteur, Johnny peut, dans certains cas, prendre la place de la personne qui a vécu l’événement dont il est le témoin. Ce point de vue différent lui permet au passage de ressentir les mêmes choses qu’elle. Cette vision somme toute anodine prépare le téléspectateur aux expériences paranormales suivantes qui cette fois n’auront rien d’hors propos.
Dans les visions suivantes sur le tueur, Johnny se retrouve dans les bottes en caoutchouc pointure 43 ½ du meurtrier. Il ressent ses pulsions meurtrières, sa frustration, sa rage, et ultimement ressentira ce que c’est de retirer la vie d’autrui.Le don de Johnny se révèle à ses yeux... à nos yeux comme un fardeau, une malédiction qui laissera forcement des séquelles psychologiques au personnage. Une thématique qui pourrait bien devenir l’un des pivots de la série.
"-Un détail et toute la vie change"
Autre thématique au potentiel important : les dilemmes que Johnny devra affronter quand une vision venant du futur le frappera. On en vient à la seconde nouveauté.
L’avenir n’est pas gravé dans la pierre, en connaissant le futur, il peut, par ses actions, le changer sans pour autant garantir un résultat plus souhaitable.
En retenant un gamin, il lui évite de recevoir le café bouillant sur le visage, le résultat est a priori positif...sauf si, par exemple, le café est empoisonné et tue la personne qui le boit ;) Illustration pour dire qu’il est difficile de prédire toutes les implications que peuvent avoir une action
D’ailleurs, quand Johnny évite qu’Allison ne se fasse tuer, il envoie par la même occasion le meurtrier sur la piste d’une autre victime. Il endosse ainsi un certain degré de responsabilité dans la mort de l’autre jeune femme moins chanceuse. Ironie ultime quand après sa vision du dernier meurtre, il annonce qu »il sait ce que ça veut dire tuer » Cette réplique à double implication nous fait ressentir tout le poids que le don fait peser sur les épaules de notre héros. Le don implique des choix et une responsabilité pas forcement faciles à assumer.
Encore une question de choix d’une vie : la sienne. L’espace d’une brève vision, Johnny entraperçoit son avenir avec Sarah qui existera s’il n’empêche pas le tuer d’abattre le shérif Walt. Ce dilemme, un peu facile, a au moins le mérite de montrer que ses choix pourront avoir des conséquences sur son propre avenir transformant ainsi son don en une tentation de tous les instants.
Enfin on relève quelques petites tricheries concernant la mise en scène des visions de Johnny.
D’abord quand se voit entrain d’embrasser Sarah, on est en droit de se sentir manipulé car exceptionnellement le début de la vision n’est pas marqué comme le sont les autres.
Ensuite plus grave, sur la fin, Johnny ne semble pas avoir besoin de toucher les choses pour retracer les faits et gestes du tueurs. Scénaristes et/ou réalisateur prennent un peu trop de liberté avec le don de leur héros. Passe encore ici car ça donne droit à une très belle vision figée devant le cinéma avec toutes ces gouttes de pluie en suspension. Mais il ne faudrait pas constater une dérive par la suite. Une bonne série a besoin de rigueur.
III° Johnny et son entourage
Johnny et le mari de Sarah, le shérif Walt, se rencontrent enfin au poste de police. Sans être vraiment froide, cette première rencontre reste sur un ton assez formel : celui d’un citoyen face à un agent de l’ordre, même si Walt a du mal à cacher son malaise. On ne peut pas l’en blâmer, ce n’est pas tous les jours que l’amour de la vie de sa femme se réveille après six ans de coma, surtout si en plus il donne l’impression de ne pas tourner rond. La réticence est normale mais pas très originale.
La deuxième rencontre entre les deux hommes est beaucoup plus tendue. Walt demande fermement de refuser l’invitation à dîner à la maison que Sarah a l’intention de proposer.
Pour le moment cette relation suit un schéma classique de rivalité entre deux hommes avec une femme au milieu. Mais c’est l’occasion pour la série de mieux le briser par la suite.
Lors de la troisième rencontre, les deux hommes voient débarquer Sarah. Johnny fait preuve d’un humour pince-sans-rire savoureux. D’ailleurs toute cette séquence à trois (d’abord au poste puis au fast-food) est savoureuse. De plus elle oriente le triangle sur une voie moins conventionnelle. Le « mon fils... notre fils... notre fils à tous » de Walt ferait presque entrer Johnny dans la famille Bannerman. J’attend la suite !
Une seule scène entre Johnny et Sarah, seuls. Elle révèle que, si pour Sarah six ans se sont passés, ce n’est pas le cas pour Johnny. Sa présence lui est pénible. Il ne refuse pas de la voir mais propose avec prudence de se voir dans des lieux publics.
Un nouveau personnage régulier fait son apparition : Donna, la jeune et belle journaliste rousse toujours à la recherche du scoop. Présentée comme ça elle a tout du cliché... et bien c’est plutôt le cas même s’il est difficile de lisser la caricature d’un personnage si le scénario ne donne l’occasion de la voir que dans l’exercice de son métier. Gardons nous donc de tous jugements hâtifs.
Bruce est mieux définit dans cette seconde partie de pilote. Il est « le coach physique et mental » de Johnny. De plus c’est lui qui trouve l’explication de la vision erronée. De ce fait, je trouve que la série évite de faire de ce personnage le prototype du faire-valoir black de notre héros psychique (j’en connais une autre qui ne peut pas en dire autant)
En marge de l’histoire on trouve le Révérend Purdy qui rencontre enfin Johnny. Celui-ci le remercie de s’être occupé de sa mère avant qu’elle ne meure. Toutefois, il refuse de lui serrer la main. Aurait-il peur d’apprendre des choses sur un homme qu’in n’a jamais porté dans son coeur ?.
En tous cas, Purdy a bien l’intention d’être au petit soin du fils de la fondatrice la plus respecté de son église, l’Alliance, pour éviter qu’il ne remette en question la gérance de la fortune de sa mère. Comme il dit « Je détruis mon ennemi quand je m’en fais un ami » Intéressant développement en perspective.
Enfin, et ça vaut pour le pilote en entier, la série ne manque pas d’humour. Certaines répliques font vraiment mouche et ces touches humoristiques dynamisent les interactions. Très bon point.
Un bon épisode qui souffre de la thématique du tueur en série usée jusqu’ à la corde à la télévision. Bonne nouvelle on ne risque pas de retrouver de tueurs en série dans DEAD ZONE avant un bon moment. L’intrigue se déroule après tout que dans une petite ville. Ici c’était un passage obligé par rapport au roman.
Pour mériter cette note décente, l’épisode récolte quelques bons points. Intéressant de découvrir les implications et les responsabilités que représente le don de Johnny. Soulagement de constater que la relation Johnny/Walt ne semble pas s’attarder sur une rivalité clichée. Et puis l’épisode n’hésite pas à distiller des touches d’humour qui visent dans le mille.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires