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Les gosses c’est comme les plantes, ça pousse

Tensions Familiales

samedi 17 janvier 2004, par Imu

Quelque part aux USA, des gentils morveux passent le week-end chez leurs grands-parents.
Morveux 1 : "Dis papy, et si tu nous racontais une de tes histoires de jeunesse ?"
Morveux 2 : "Oh oui papy !!!"
Papy : " Pourquoi que je perdrais mon temps à vous raconter ma vie à cette époque alors qu’American Dreams le fait très bien chaque dimanche soir sur NBC ?"
Morveux 1 : "Mais papy..."
Papy : "De toute façon ma vie était beaucoup moins intéressante que celle des Pryor. Alors barrez-vous et allez mater la télé."
Morveux 1 et 2 (l’air déçu) : "Oui papy. Snif."
Papy : "Et je vous préviens, vous la fermez ou je vous en colle une !"

Salut à tous, fans d’American Dreams, moi c’est Imu et j’ai l’honneur de faire la critique des épisodes de cette superbe série, en collaboration avec Snyder et Lord. Et comme je suis un gros feignant grincheux je vais pas me casser la tête pour pondre une mise en forme originale et copier tout simplement celle de Snyder qui je suis sûr ne m’en voudra pas (hein que tu m’en veux pas ?)

Intrigue de Jerry : L’émancipation tu connais, m’man ?
Jerry, poussé par ses copains, drague une jolie serveuse blonde. La jeune femme qui apparaît aux premiers abords peu réceptive aux avances du footballeur le rejoint lors de sa pause pour lui proposer un rendez-vous chez elle. Un peu pris de court, Jerry accepte l’offre et se rend chez la dites femme (car s’en est une) sans rien dire à ses parents, qui soupçonnent malgré tout quelque chose après un coup de fil tardif de la belle. Entre eux deux le contact passe très vite (si vous voyez ce que je veux dire) et Jerry passe la nuit chez la serveuse. Embarrassé par la situation, il rentre vite chez papa maman avant que la famille ne se réveille. Mais voilà Meg n’est pas endormie et commence à interroger son grand frère pour la raison de cette arrivée si matinale et promet de ne rien dire aux parents après que Jerry lui ait tout dit. Evidemment, la blondinette ne peut s’empêcher de parler. Alors qu’Helen est sous le choc Jack semble prendre la nouvelle avec un peu plus de quiétude. Sous l’insistance de sa femme, Jack va parler à son aîné pour lui faire la leçon. Mais en bon père des 60’s, ce dernier lui donne plus ou moins son feu vert, tant qu’il prend ses précautions et évite de rentrer trop tard. Effondrée et en colère contre son mari, Helen tente de parler à son fils, qui lui signale qu’il est presque un adulte maintenant et qu’il sort avec qui bon lui semble. Le vilain garçon enfonce encore le clou en annonçant qu’il ne pourra être là pour la décoration du sapin, il dort chez sa nana ! Plus tard dans la soirée, Helen prend mélancoliquement la chaussette rouge de Jerry, qu’il aurait dut poser sur la cheminée.

Alors que penser de cette intrigue ? Première chose, on évite une énième histoire de football (je veux entendre un grand ouf de votre part). Deuxième chose, voir Jerry prendre de l’assurance fait grandement plaisir. Il s’affirme en tant qu’homme et cela malgré les réactions de sa famille et en particulier de sa mère, qui a bien sûr du mal à l’accepter. La scène entre Helen et Jerry dans la cuisine est très touchante, on sent que malgré leur lien très fort, il y a une barrière d’incompréhension entre eux. Jerry ne comprend pas pourquoi sa mère réagit si mal au fait qu’il sort avec une vraie femme, et Helen refuse un peu de voir que son garçon n’en est plus un et que son mari ne le prenne pas aussi mal qu’elle.

Intrigue de Meg : Je suis rebelle, j’traîne dans les quartiers Nord !
Depuis leur dernière discussion dans le magasin de musique, les choses n’ont pas énormément évolué entre Meg et son binoclard musicien, Luke. Meg ne sait pas si Luke est vraiment intéressé et observe ses moindres gestes ou paroles avec Roxanne, qui est convaincue que le beau brun a le béguin pour son amie. Finalement, Luke propose à Meg de venir assister à une répétition de la chorale dans laquelle il joue du piano, seulement elle se trouve dans les quartiers Nord de la ville, zone habité par des noirs et réputée pour être dangereuse. Qu’importe, Meg défie le danger avec désinvolture pour assister, l’air béate, à un gospel typiquement afro-américain avec des grosses femmes qui agitent les mains et bougent en rythme dans un esprit de bonne humeur et spirituel bien sûr, et où Luke prend son pied (artistique) sur son instrument de prédilection. Seulement, ce que ne sait pas Meg c’est que Henry, l’employé de son père, fait partie de cette église et remarque la fille de son patron. Meg et Luke se retrouvent donc, et le musicien propose à la jeune fille de venir à la représentation. Ce spectacle est aussi officielle que cette invitation est un rendez-vous. Meg est aux anges. Le lendemain, la blondinette est assaillie par ses parents qui ont appris la nouvelle (devinez par qui). Jack interdit formellement à sa fille de retourner dans ce quartier et la prive de sortie pour son imprudence et ses mensonges. Enervée de ne pas pouvoir aller à l’église, elle balance à ses parents que Jerry sort avec une femme. Et lorsqu’elle apprend plus tard que son frère n’est pas privé de sortie, elle ne peut s’empêcher d’être jalouse. Jerry lui en veut beaucoup d’avoir révélé son histoire, car lui ne l’aurait pas trahi, et Meg se sent coupable. Peu après Roxanne convainc sa copine d’y aller tout de même, après tout qu’est-ce qu’elle risque à part d’être puni une deuxième fois ? Mais Megane tombe sur son grand frère alors qu’elle sort en douce. Elle le supplie de ne rien dire aux parents, mais Jerry refuse et la menace de lui faire ce qu’elle a elle-même fait quelques heures plus tôt si elle ne retourne pas dans la maison. Heureusement Luke débarque après le concert pour une jolie discussion sous les étoiles et un rapprochement de main équivoque.

Ben c’était sympa tout ça. La relation de Meg et Luke prend une tournure plus sérieuse ce qui n’empêche pas au garçon de garder son piquant envers elle. Roxanne reste la copine de service (mais qu’elle copine !) et continue de nous faire rire avec son culot incroyable. Par contre, j’ai été un peu surpris de voir que Roxanne n’était pas rassurée d’aller dans un quartier noir. Une fille aussi "ouverte" ne peut pas avoir d’aussi méprisable préjugé. Et puis Meg se prend deux jolies claques dans la figure aujourd’hui, son frère ne la soutient plus et elle comprend qu’elle n’a pas exactement le même statut que lui auprès de son père. Si elle peut danser à Bandstand, il n’en reste que c’est une fille coincée par des règles injustes et qui ne s’applique qu’à elle.

Intrigue de Jack : C’est pas ma semaine
Les affaires reprennent au magasin grâce à l’annonce publié par Henry. La clientèle est presque exclusivement noire, mais il semblerait que cela ne pose plus de problème à Jack.
Tout semble aller pour le mieux, jusqu’à une certaine discussion avec Alvin, un ami de Henry, qui est le premier nuage d’un vilain orage. Cet Alvin lui fait explicitement comprendre que Jack ne donne pas la fonction qu’Henry mérite après huit ans de collaboration auprès de lui, en clair il fait de la discrimination à cause de sa couleur de peau. Jack est un peau froissé et demande, une fois seul, à Henry s’il est heureux ici. Ce dernier répond par l’affirmative. Puis vient l’affaire Meg et Jerry, ses deux aînés veulent plus de liberté mais Jack n’est prêt à en donner qu’à un seul d’entre eux. Enfin, il découvre que sa femme prend la pilule derrière son dos. Après une discussion houleuse, Jack finit par accepter cette situation.

Décidément, Jack s’en prend plein la tronche ! Ses convictions sont sans cesses remises en question par un entourage pressé de vivre avec son temps et je trouve que Jack y fait face vaillamment. Il peut également se rendre compte de ses propres erreurs (comme la discrimination passive, traité dans cet épisode) et essaye de les rectifier. Il ne reste pas enfermé dans son rôle de chef de famille autoritaire, il est ouvert aux idées et suit le mouvement quand celles-ci lui semblent fondées. Il représente le choc qu’a put provoqué l’évolution des mœurs dans la "vieille école". Et c’est ce qu’il fait de lui un personnage très intéressant et vraiment attachant.

Anecdote humoristique et historique
Dramedy oblige, on échappe pas aux moments d’humour. La story line de Patty et Will en est le parfait exemple. Les deux enfants sont vraiment très drôle, Will avec sa tête lorsqu’il découvre que la statue de Marie a disparu et Patty qui a caché la statue et fait la leçon à son frère. C’est frais, c’est amusant, ça prend pas trop de place, alors pourquoi bouder son plaisir ? Seul bémol, la morale que fait Patty à son petite frère ("Tu te rends compte qu’il s’agit de la mère de notre Seigneur ?") est limite indigeste et un peu malvenue. Patty passe pour la casse couille de service, c’est dommage.
Une scène de dîner expresse, le brouhaha du repas m’a un peu manqué.
Roxanne... Ah, Roxanne ! Would you marry me ?

Pour l’historique, le successeur de Kennedy annonce à la télévision devant le Congrès qu’il a décidé d’appliquer les plans de campagne de son prédécesseur et en terminer ainsi avec la séparation sociale entre blanc et noir. La scène regardée attentivement par noir et blanc confondu est éloquente.


Pour cause de football pas d’American Dreams la semaine prochaine, vous retrouverez donc dans deux semaines une nouvelle critique signée par Tao of myself.


Très bon épisode. Chacun a son rôle à jouer et chacun évolue de son côté.
La bande son est toujours excellente et les acteurs impressionnant de simplicité. Seul défaut, la VF est vraiment minable et gâche les images d’archives de l’époque. Mais pourquoi y a pas de VO sur le hertzien bordel ?!