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11.01 - One For The Road
L’Urgences Nouveau est arrivé
vendredi 9 septembre 2005, par
Un épisode qui donne tout plein de faux espoirs, et l’envie de détester les scénaristes avec.
Tremblez !
La saison 11 d’Urgences est arrivée, et moi avec. Je me présente, je suis Yerno, et je suis donc en charge de ces 22 nouveaux épisodes. Difficile de succéder à Feyrtys, mais à défaut d’être à la hauteur, je vais faire tout mon possible pour ne pas être indigeste et inintéressant. Ca commence très fort, me direz-vous... Alors si vous le permettez, allons droit au but.
Souvenez-vous...
L’épisode 10.22 nous avait laissés sur un cliffhanger absolument insoutenable... allait-on enfin être débarrassés de Pratt ? Un an à attendre la terrible réponse à cette question. Mais reprenons. Plusieurs questions étaient posées dans cet ultime épisode de la saison 10 : Kerry allait-elle obtenir la garde d’Henry ? Neela allait-elle finir médecin, ou se décider à entrer dans les ordres (pour ceux qui se souviennent mal, je vous rassure, elle n’envisageait pas cette solution) ? Et donc, un cliffhanger ultime très bien amené et pas du tout là histoire de maintenir le public à la saison suivante, Pratt, Chen et Elgin allaient-ils mourir tués par balle ?
Certes, cela aurait valu une médaille d’or pour « débarrassage de boulet(s) » à l’assassin, mais il n’en est rien.
Coule, man !
L’épisode s’ouvre sur la fin du 10.22, de la même manière que le 10.01 s’ouvrait sur le 9.22. Les scénaristes semblent avoir perdu leur habitude de faire un bond dans le temps. Dommage, j’aurais aimé que l’épisode s’ouvre sur l’enterrement de Pratt... mais je suis cruel, certains d’entre vous aiment peut-être ce personnage, je vais donc tenter de ne pas me mettre à dos les adorateurs de boulets (oui, tentative ratée, passons...). Si le cliffhanger était... discutable, il est plutôt pas mal rattrapé. La voiture finit par plonger dans le fleuve, et très honnêtement, et à ma grande surprise, c’est le passage que j’ai préféré dans ce premier épisode. C’est en tout cas le plus haletant (littéralement, la scène dans la voiture immergée a le don de nous rendre quelque peu claustrophobe). Chen est blessée par une des balles du tireur fou - ce qui explique son cri au moment où l’épisode 10.22 se terminait, pour ceux qui ont fait attention - et Pratt tente de prendre tout le monde en charge (mon boulet, ce héros !), grâce à son super téléphone. Il appelle donc les secours, parvient à les joindre... bref, ça s’annonce assez bien pour eux. Du coup, le suspense en prend un petit coup, mais même si on ne s’inquiète pas (pour être honnête, je n’ai eu peur à aucun moment, les boulets s’en sortent toujours), la scène se laisse suivre non sans plaisir (avec plaisir quoi).
Arrivés à l’hôpital, quelques scènes de réa plus tard, tout va bien dans le meilleur des mondes. Morris s’occupe de Pratt. Pratt n’est pas très content, il ne veut pas qu’un boulet qu’il a lui-même formé le suture, on sait jamais... et effectivement, les scénaristes, qui sont d’une cruauté sans égal, nous laissent croire que Pratt est en danger. Il perd connaissance. Manque de chance il sera très vite sauvé... je n’aime pas les faux espoirs.
Toute l’équipe du County a bien fait son travail et a sauvé ses membres avec brio... C’est là qu’on se dit qu’il ne fait vraiment pas bon travailler dans cet hôpital... et aussi qu’on s’inquiète beaucoup moins qu’avant quand un « grave accident » arrive. Que s’est-il passé ? Il fut un temps où je frissonnais devant chaque épisode où la vie d’un médecin était menacée, même quand je n’aimais pas particulièrement le médecin en question. Bien sûr, là, ce n’est pas que je n’aime pas particulièrement Pratt, c’est que je le déteste, que je considère qu’il a vraiment envahi la série et qu’il est profondément inintéressant. Mais je ne me suis pas davantage inquiété pour Chen, alors qu’elle ne m’est pas désagréable (elle me laisse juste d’une indifférence abyssale... réflexion faite, c’est vrai que ça peut jouer)...
Au final, Pratt et Chen s’en sortent sans trop de dégâts. Elgin n’aura pas cette chance, malgré la thoracotomie effectuée par Abby, nommée officiellement et plus rapidement que prévu interne, vu les circonstances, par Kerry. En gros, tout est bien qui finit bien, quelqu’un est mort, mais c’était pas un personnage important - La psychologie d’un scénariste d’Urgences, volume 1.
Sam... va pas trop...
Jeu de mots pathétique, n’est-ce pas ? Ok, j’ai dit que je ferais de mon mieux. En tout cas, l’histoire de Sam est un brin lourde et prévisible, mais c’est le cas depuis la saison 10... Donc, rien de nouveau. J’avais déjà tout deviné dans le 10.22, et comme je ne suis pas d’une intelligence supérieure, je suppose que c’est le cas de pas mal de monde. Ce nouvel épisode ne m’a pas contredit : Sam s’en va avec Alex, mais Luka le bon samaritain retourne la chercher et finit par la convaincre de revenir, après quelques scènes émouvantes où Sam refuse de répondre au téléphone, parce qu’il faut un peu de conflit dans une relation amoureuse à la télévision. Ce n’est pas que c’est désagréable à suivre, mais c’est pas non plus franchement passionnant...
Il serait peut-être temps que leur relation prenne un nouveau tournant, et nous surprenne vraiment. Pourtant, quand Sam est arrivée, j’étais optimiste... Elle semblait avoir pas mal de répartie, et sa scène d’introduction était assez surprenante et drôle. Mais comme pour pas mal de personnages ayant une personnalité qui pourrait être mieux exploitée (cf Abby, voire Susan, la seule différence étant qu’elle n’a pas de storyline lourde... vu qu’elle n’a pas de storyline du tout), on l’a affublée d’un gamin lourd (comme presque tous les gamins dans les séries) et d’un sombre passé. Résultat, on lui apporte un chien-chien (en l’occurrence, Luka, qui cherche la rédemption après sa crise obsessionnelle de la saison 9 ?) et on obtient des scènes plates, pas aussi lourdes que d’autres histoires, mais qui sont tout juste assez intéressantes pour nous maintenir éveillés (et je suis gentil).
Reste pour sauver cet épisode quelques petites répliques amusantes d’Alex (« Appelez la police, elle m’a kidnappé ! »), et des moments de complicité avec sa mère qui, à défaut d’être palpitantes, ont le mérite de nous faire sourire.
Kerry, la menace fantôme
Kerry est arrivée dans la série pour créer des conflits au sein d’une équipe un peu trop soudée pour être réellement professionnelle. J’adore ce personnage, j’adore son évolution jusqu’à la fin de la saison 7... mais après, que s’est-il passé ? Ses apparitions se sont faites de plus en plus sporadiques, et même s’il y avait un tout petit mieux vers la fin de la saison 10, ce 11.01 s’annonce mal. Pas pour Kerry, non. Les choses s’arrangent, elle obtient la garde d’Henry, la famille de Sandy s’étant fait une raison mais souhaitant voir le bébé le plus régulièrement possible - Kerry a donc la garde et une baby-sitter gratuite d’un coup -, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... Seulement voilà, dans l’épisode précédent, je voudrais rappeler aux scénaristes que ça semblait très, très mal parti pour Kerry, avec une juge assez conservatrice qui avait plus de sympathie pour deux retraités plutôt qu’une lesbienne célibataire et surchargée de travail.
Que s’est-il passé ? Contrairement à certains aspects de la vie de Kerry (comme la grossesse de Sandy qui avait eu lieu assez longtemps après son refus de porter le bébé), on ne peut même pas imaginer que le changement s’est fait progressivement grâce à un argumentaire béton du docteur Weaver, comme on n’en doute pas, puisqu’il est censé s’être passé un laps de temps très court entre le 10.22 et le 11.01. Ceci confirme la tendance amorcée dans la saison 9 (et même un petit peu avant, sauf que c’était moins gênant) : les scénaristes ont les yeux plus gros que le ventre et lancent des histoires trop complexes pour être développées et suivies à leur juste valeur. Du coup, on obtient une fin bateau. Cette histoire de garde en est la parfaite représentation, selon moi. Ca va beaucoup trop vite, c’est beaucoup trop facile, c’est décevant.
D’autant plus décevant que Laura Innes est une excellente actrice, que Kerry Weaver est un personnage intéressant à la personnalité complexe et qu’elle n’est pas assez utilisée.
Docteur Lockhart
De la continuité dans Urgences, vous n’y croyiez plus ? Eh bien si ! Abby est très sincèrement le personnage le plus intéressant à suivre dans cet épisode. J’avoue que je ne fais pas partie des nombreux abbyphobes qui considèrent qu’elle a pris toute la place dans Urgences. C’est vrai, Abby est très vite devenue un personnage très important, mais elle a au moins le mérite d’être intéressante, même si elle se traîne des storylines un peu lourdes par moments. En tout cas, j’ai beaucoup aimé Abby dans cet épisode, notamment dans son rapport avec George, son patient cancéreux.
Pourquoi parlais-je de continuité ? Parce qu’il est impossible de ne pas penser à l’épisode 8.16 Secrets and Lies (Secrets et Mensonges), où Abby disait qu’en restant infirmière, elle voyait tout au plus une dizaine de patients dans la journée, elle avait davantage le temps de s’en occuper. Par rapport à ce laïus qu’elle avait tenu contre les médecins, je trouvais paradoxal qu’elle reprenne ses études dans la saison 10. Mais sa réaction lorsqu’elle doit quitter George, et celle quand ce dernier meurt, prouvent que les scénaristes n’ont pas complètement oublié les précédentes saisons, puisqu’on sent bien que Abby a un pincement au cœur en se disant qu’elle n’entretient plus cette relation plus « personnelle » avec les patients. Dur de devenir médecin... Mais tu peux le faire, Abby !
Carter, Kem, la vie en noir
Et dire qu’on a passé une bonne moitié de la saison 10 à insister sur le bonheur parfait conjugal que vivaient ces deux-là ! Je ne reviendrai pas en détails sur leur histoire, mais je ne suis pas mécontent que ça soit enfin terminé. Carter heureux, ok, ça ne me gêne pas, mais Kem grignotant du temps d’antenne qu’on pourrait accorder à Kerry ou Susan, ça, j’aime moins. Toujours est-il qu’on a quand même de la peine pour eux... même si le départ de Kem montre bien que leur relation ne pouvait pas tenir, qu’elle reposait uniquement sur la grossesse de cette dernière et pas sur de véritables sentiments - pour elle, en tout cas, car Carter a l’air vraiment peiné de son départ.
La scène où ils jettent les cendres dans le lac est assez émouvante. A noter qu’elle est bien plus touchante dans la version originale, puisque les paroles prononcées par Kem sont en français, et apportent une émotion toute différente, une émotion qui ne peut hélas pas être retranscrite en version française.
Autre moment d’émotion : la dernière scène entre Carter et Kem, également scène finale de cet épisode. En fait, je n’ai presque pas fait attention au dialogue entre eux deux... dialogue qui finalement s’avère assez creux, surtout que je n’ai jamais vraiment été passionné par leur histoire, que je trouve bien trop artificielle. Ce qui a retenu mon attention, c’est la musique de fond. Il s’agit d’une musique à laquelle je suis extrêmement attaché, une musique que je considère comme intouchable, une musique qui n’aurait jamais dû être réutilisée dans Urgences. Pour ceux qui n’ont pas reconnu, c’est la musique de l’enterrement de Mark Greene, qui concluait l’épisode 8.21 On the Beach (Sur la Plage). Cette musique avait été également utilisée pour introduire l’épisode 10.01 Now what ? (Et maintenant ?). C’est donc la troisième fois (oui, je suis fort en maths) qu’elle est utilisée, ce qui est beaucoup. Trop. Je conçois que les producteurs en soient fiers, il est vrai que c’est une très belle musique qui, même sans images, force les larmes. Mais justement, une utilisation aussi excessive la banalise, surtout quand elle est là, comme dans cet épisode, pour rythmer une scène creuse.
Les seuls points positifs que possèdent cette scène, selon moi, sont d’aspect purement technique : la musique, et les couleurs. Les jeux sur les lumières de la ville en parallèle avec les plans sur les visages de Carter et Kem sont plutôt bien maîtrisés et donnent un résultat esthétique très intéressant. Dommage que le fond ne suive pas.
La réplique du jour
« Reculez, ou je prends votre température rectale avec ma béquille ! »
Kerry à Pratt.
En vrac
Kerry n’a toujours pas retrouvé sa voix des débuts, et je ne me fais toujours pas à la nouvelle doublure.
Susan est toujours absente, je commence à m’inquiéter... mais Frank confirme que non, les scénaristes ne l’ont pas oubliée. En même temps Sherry Stringfield doit pas non plus être en état pour cause de machin dans l’utérus.
Neela est paumée et déprimée, et on a le droit à toutes les versions du thème possible... heureusement que je l’aime bien, sinon ça me gonflerait assez vite.
La relation amicale entre Abby et Neela se confirme et me plaît bien.
Après la rivalité amoureuse, l’amitié Luka/Carter ! Pourquoi pas... surtout que ça donne lieu à une très jolie scène sur le parking des urgences, avec un éclairage sublime grâce aux gyrophares des ambulances... comme quoi, il faut pas grand-chose pour bien réaliser une scène.
Petite rentrée pour Urgences, tout de même. On ne s’ennuie pas, mais ça ne décolle pas pour autant. L’épisode conclut presque toutes les questions posées dans le final de la saison précédente. L’histoire de Neela s’annonce assez chaotique, ça peut aussi bien partir dans le très bien que dans le très lourd, mais on va laisser une chance à la suite de faire ses preuves. Tout va beaucoup trop vite pour qu’on s’attache réellement aux personnages et aux situations. Ca se laisse donc suivre avec une relative indifférence. Un épisode moyen.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires