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4.02 - Unruhe

De l’importance relative du Profilage.

Les Hurleurs

jeudi 5 février 2004, par Sullivan

Mulder et Scully enquêtent dans une affaire d’enlèvement en série de jeunes femmes. Mulder est particulièrement intéressé par un indice retrouvé sur les lieux du dernier enlèvement : une photographie que l’on pourrait qualifier de ratée. Mais l’agent considère qu’il s’agit d’une photographie psychique. Une empreinte laissée sur la pellicule photographique par l’esprit du kidnappeur.



Mulder et Scully ont quelques affrontement tendus sur cette façon de voir les choses, Scully considérant qu’enquêter sur ces chimères est une perte de temps qui peut s’avérer fatale aux victimes. La dernière enlevée est retrouvée errant sur une route de campagne. Elle a été lobotomisée par insertion d’un pic à glace dans la cavité oculaire. Alors qu’on la passe au scanner cérébral, la jeune femme répète le mot "Unruhe" qui signifie désordre ou trouble en Allemand.
Un nouvel enlèvement survient. Tandis que Scully reste sur place à relier les indices, Mulder part à Washington faire étudier la photographie par un spécialiste. Scully réalise qu’une entreprise de travaux a officié à proximité de chaque victime. Elle se rend sur leur dernier chantier. Le recoupement de ses indices avec ceux que Mulder retire de la photo la mette sur la piste du coupable, qui se révèle du fait qu’il prend la fuite lorsque Scully prononce le mot Unruhe. Elle parvient néanmoins à l’arrêter. Mais l’homme s’échappe et traque sa nouvelle cible, qu’il veut soignée des Hurleurs qui ont pris le contrôle de son esprit. Ces mêmes Hurleurs qui avaient forcé sa sœur à prétendre avoir été victime d’attouchement sexuels par leur père. Cette nouvelle cible, c’est Scully.
Lorsque Schnauz l’enlève, nos deux agents vont à nouveau devoir faire preuve de leurs compétences : Mulder doit le localiser grâce à la photographie retrouvée sur les lieux de l’enlèvement, tandis que Scully n’a que des mots et sa compréhension naissante de la folie du tueur pour tenter d’éviter la mise à mort...


Unruhe s’inscrit dans le cadre d’une première moitié de saison 7 où les rapports entre Mulder et Scully se sont singulièrement tendus. Leurs affrontement verbaux prennent un tour de plus en plus violent (voir cet épisode, ou encore "Le Pré où je suis Mort"). Dans le cadre de la série, il se révèle aussi important en cela qu’il révèle à une Scully jusque là toujours très réservée sur le sujet — voir, par exemple, "Grotesque" dans la saison 3 — la pertinence possible des techniques de profilage. Scully n’a jamais accordé crédit à la méthode consistant à se mettre dans la peau du tueur. C’était même, pour elle, un danger potentiel.
A y regarder de plus près, on réalise que nos personnages principaux ont tous une approche différente vis à vis des équipes. Mulder, donc, veut comprendre, savoir, trouver une explication. Scully, pour sa part, fait son job afin de protéger les innocents, de mettre hors de danger les victimes. C’est très clair dans cet épisode : après que Schnauz, arrêté, leur ait révélé la localisation de la dernière enlevée et que celle-ci est retrouvée lobotomisée, Scully considère que l’enquête est terminée et, à titre personnel, qu’elle a échoué. Pour Mulder, rien n’est vraiment finit car les motivations de l’assassin restent un mystère.
(J’ouvre une parenthèse pour prendre un peu d’avance. Dogget, pour sa part, sera caractérisé par sa volonté d’arrêter et punir les coupables — ce qu’il a hérité du fait que l’assassin de son fils n’a jamais été appréhendé. Pour cela il est prêt à beaucoup, quitte à brusquer un peu une victime, ce que Scully ne ferait jamais [cf. Invocation]. Reyes est placée dans un optique plus floue en apparence — conséquence des aspects New Age du personnage — de "découverte". C’est-à-dire qu’elle ne cherche pas tant à comprendre, comme Mulder, qu’à apprendre, à s’ouvrir au monde. Tout ça pour dire que chaque caractère était bien défini, et que Doggett et Reyes étaient bien moins une copie de Mulder Scully qu’on a voulu le dire et, reconnaissons-le, que certains scénaristes ont voulu le faire croire.)
Pour en revenir à l’épisode, il place Scully dans une position où il force Scully à percer le tueur à jour, car le comprendre est le seul moyen de trouver en lui la faiblesse qui pourrait lui permettre de s’échapper. Elle se trouve donc forcée d’évoluer sur sa position, comme mis en évidence par la scène de conclusion.

Tout cela est un arrière plan qui renforce et enrichi un épisode déjà excellent, ce qu’il doit tout entier, et à nouveau, au talent de Vince Gilligan. Comme à son accoutumé, il concentre ses efforts sur la définition de la personnalité du tueur. Il brosse le portrait plus vrai que nature d’un psychopathe effrayant de réalisme (à lire au premier degré). A cela s’ajoute l’interprétation incroyable d’un Pruit Taylor Vince au sommet de son art, ce qui aboutit à la création d’un des méchants les plus mémorables de X-Files.
Le script est par ailleurs d’une efficacité sans faille et le rythme totalement imparable. Seul faille, à mon sens, la manière dont Mulder retrouve le lieu où est retenu Scully, un peu trop capillotractée à mon goût !


Un loner classique et psychologique, très représentatif de la meilleure saison sérieuse des X-Files.