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4.16 - Unrequited
Invisible, mon oeil !
L’Homme Invisible
mercredi 18 février 2004, par
Certaines blessures ne cicatrisent jamais...
Aujourd’hui, j’ai l’honneur de vous présenter un épisode qui s’attaque à un quelque chose d’assez délicat : la guerre du Viet-Nâm, qui comme tout le monde le sait a beaucoup marqué le peuple "etats-unien". C’est donc l’occasion aussi de voir Skinner dans une affaire où le paranormal est certes présent mais ne constitue pas de mon point de vue le principal intérêt de l’histoire qui nous est racontée.
Tout commence devant le Mémorial érigé en l’honneur de tous les soldats tombés au Viet-Nâm, au Capitole à Washington. On se retrouve au beau milieu du discours d’un militaire, sans doute un général ou quelque chose comme ça, qui dit qu’il ne comprendra jamais pourquoi cette guerre a été faite et qu’il ne le pardonnera jamais, et aussi qu’il ne faut pas oublier ceux qui sont morts ; discours classique donc. Attention, je ne minimise rien : ce qu’il dit est tout à fait vrai (le devoir de mémoire est une valeur que je partage). Je dis juste que c’est typiquement le genre de discours que l’on peut entendre dans des commémorations, et qui paraît plus souvent convenu que réellement sincère (ce qui est en plus est totalement le cas ici puisqu’on découvrira par la suite que le général n’est pas net du tout). Puis on aperçoit Skinner et là, on se dit qu’il y a quelque chose de sérieux. C’est en effet une opération pour protéger le général car un homme en veut à sa vie. Homme que cherchent dans la foule Mulder et Scully, et qui disparaît devant les yeux de Mulder au moment où celui-ci l’a dans son champ de vision...
Donc, en fait, tout commence 12 heures plus tôt. L’action se déroule donc à Evanstown où un un général prend une voiture pour aller voir... Marita Covarrubias. Voilà une bonne surprise, on sait déjà qu’on va la voir et que d’une manière ou une autre elle est impliquée, ce qui ne nous étonne pas vu que l’on sait qu’elle travaille pour les Nations Unies. Seulement le monsieur se fait tuer dans sa limousine par le même homme qu l’on a vu disparaître devant Mulder. A signaler qu’avant de le tuer il laisse une carte dotée d’un symbole au dos comportant entre autres une "tête de mort". Ce qui apparemment est le symbole d’une organistion appelée la Main Droite, qui prône le pouvoir de l’individu sur un gouvernement fédéral corrompu et corrupteur (tout un programme) et est dirigée par un certain Peter McDougal. Et c’est donc cette piste que suivent Mulder et Scully suite à l’assassinat du général qui est remis sur le dos du chauffeur puisqu’il était le seul sur les lieux du crime (et que personne ne sait encore que Nathaniel Teager - c’est le nom de l’homme-mystère - est impliqué).
Pour la suite je vais me concentrer sur l’essentiel de l’histoire sinon ça va devenir fastidieux à la longue de résumer en long, en large et en travers, et je n’en vois pas l’intérêt si je ne dis rien à côté de ça. Donc il se trouve que dans les grandes lignes, Nathaniel Teager a été laissé pour mort alors qu’il était retenu dans un camp depuis 1973 en tant qu’espion. Les militaires qu’il se charge d’exécuter sont d’après les dires de Marita les trois membres d’une Commission qui avait été créée dans le but justement d’effacer toutes les traces de l’existence des infortunés tels que Teager. Quant à son "pouvoir", il est expliqué très simplement : il semblerait qu’il manipule le point aveugle des gens et qu’il ne disparaisse du champ de vision que lorsqu’on le regarde de face.
Pourquoi cet épisode est intéressant ?
Bonne question, à laquelle je vais tenter de répondre.
Qu’est ce qu’il apporte aux personnages ?
Dans un premier temps, il permet une fois de plus d’opposer les deux agents sur leurs convictions. Notamment par rapport au pouvoir de Teager que Mulder devine grâce au fait qu’une femme que le soldat a rencontré saigne de l’oeil. Scully pense que ce n’est rien qu’une hémorragie sous-conjonctivale provoquée par le choc de savoir son ex-fiancé toujours en vie, mais Mulder est persuadé que cela est dû à Teager ; ce en quoi il a totalement raison. Mais c’est surtout qu’une fois de plus, il est persuadé au départ - lorsque Skinner lui assigne l’affaire - qu’on cherche encore à le discréditer. Scully en a un petit peu sa claque qu’il se prenne pour le centre du monde et qu’il ne pense qu’à lui sans jamais l’inclure dans l’histoire... Et ça devient assez récurrent par la suite : Spooky est un sale égoïste.
C’est aussi une affaire qui touche personnellement Skinner. On sait tous qu’il a fait cette guerre, qu’il s’y est fait tuer mais qu’il est revenu miraculeusement d’entre les morts. C’est pour cela que tout au long de l’épisode on le voit très à cran : il ne veut pas entendre parler d’échec. D’ailleurs, le fait de le voir stresser sans arrêt montre bien que ce sujet est très délicat pour lui et qu’il a du mal à gérer ses émotions. En effet, même s’il est parfois sujet à des énervements (comme lorsqu’il frappe Krycek dans Avatar, mais là encore ça touche à son expérience liée à cette guerre), mais généralement il se calme très vite et reprend ses esprits. Il est donc sympathique de traiter des sujets auxquels le directeur-adjoint est particulièrement sensible. J’irais même jusqu’à dire que la guerre du Viet-Nâm est à Skinner ce que l’enlèvement de Samantha est à Mulder : son talon d’achille.
Petites réflexions
Quelques scènes de l’épisode font tilter (enfin normalement). Tout d’abord, revenons sur l’apparition de Teager à une femme qui se recueille devant le Mémorial. Il lui annonce que son fiancé de l’époque est toujours vivant. C’est le choc pour elle qui avait fait son deuil et qui a refait sa vie. Et c’est là que je me suis posé une question : doit-on ou non annoncer de telles nouvelles à une personne ? Je crois que c’est un sacré dilemne : d’un côté, la personne a le droit de savoir, on est moralement tenu de lui dire ; de l’autre côté (celui du bon sens et de la raison), il vaut mieux ne pas le dire puisque cette personne a de fortes chances d’avoir refait sa vie avec quelqu’un d’autre et on risque de la lui gâcher. Personnellement, je ne saurais que faire. A vous de choisir !
Quand Marita dévoile à Mulder que les généraux que Teager supprime étaient chargés d’effacer toute trace d’existence des soldats retenus au Viet-Nâm, Fox (mais c’est quoi ce prénom sérieux ? Ah oui je sais, c’est pour justifier le titre de l’épisode Kitsunegari) est surpris car apparemment le gouvernement voudrait leur mort pour ne pas que les choses s’ébruitent. Ca fait réfléchir sur toutes les saloperies qui se passent dans les milieux haut placés (j’ai pas attendu cet épisode pour le savoir et la série le traite depuis le départ, mais c’est toujours aussi gerbant).
Enfin, je garde le meilleur pour la fin : Carter et Gordon trouvent le moyen de trouver une excuse à la défaite des Etats-Uniens : Teager tient ses pouvoirs des viêt-kong, ce qui expliquerait pourquoi les soldats américains tombaient dans des embuscades sans voir leurs opposants. Une fois de plus, cela prouve que cette guerre a vraiment traumatisé le pays, au détour de cette phrase innocente. Ca ressemble à une justification du style de celles que les français nous ont servies pour la défaite de la Coupe du Monde en 2002. ;)
Un épisode qui nous amène quand même à nous poser quelques questions et de réfléchir un peu au sujet de la guerre. Il permet aussi de développer Skinner (enfin juste un peu). L’ensemble est honnête car le fond est bon et se laisse suivre ; mais ce n’est pas non plus transcendant.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires