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1.23 - Down The Shore
Le faux season finale : résolution d’intrigues et fin de diffusion
Vive Les Vacances
samedi 1er mai 2004, par
Découvrez ici le coup de gueule contre TF1 qui déprogramme la série et le résumé-commentaire du dernier épisode diffusé à la télévision française...
TF1 a encore frappé. Et son coup s’est encore une fois porté sur une série de qualité, retirée trop tôt de la grille des programmes. Pour les rares personnes qui ne seraient pas encore au courant, si vous avez vu le pilote de Karen Sisco à la place de la famille Pryor, c’est normal : TF1 a déprogrammé la série, à deux épisodes du season finale. Stupide ? Oui ! Irrespecteux ? Encore oui ! Surprenant ? Même pas... Disons qu’ils battent un nouveau record d’absurdité : déprogrammer une série au bout du 23ème épisode... sur 25.
Y’a pas à dire, on nous l’avait pas encore fait, ce coup-là.
Bref, c’est avec amertume que je commence ma dernière review d’American Dreams, car les chances sur 10000 de revoir cette série un jour sur la chaîne sont aussi élevées que le nombre des expressions faciales de Tom Welling ou encore des neurones de Kim Bauer. Vous m’avez compris.
Mais rassurez-vous ! La LTE veille et ne laissera pas les fans de cette très bonne série sans connaître la fin de la saison ! En effet, Tao of myself et Lordofnoyze vous feront découvrir les deux derniers épisodes inédits, et avec même une surprise (mais chuuuttt !!)
En attendant, replongeons-nous dans ce 23ème épisode, très bon, qui met en scène les vacances annuelles à la plage de la famille Pryor :
L’aveu
Après des semaines de silence et de tortures psychologiques, Helen, lors d’une belle promenade avec son mari sur la plage, craque et avoue le baiser que le professeur Witt lui a donné dans la voiture.
Comme on peut s’y attendre, Jack ne réagit pas bien : il s’en va sans lui dire un mot et ne lui parle pas de la journée du lendemain, malgré les tentatives de sa femme d’entamer le dialogue et crever l’abcès qui risque de faire exploser leur couple.
Après un long silence, Jack se décide enfin et ils partent régler leurs comptes à l’abri des oreilles indiscrètes, dans leur voiture. Helen lui explique que ce n’était qu’un accident et qu’elle ne reverra jamais le professeur. Jack se sent trahi et impuissant du fait que sa femme ait eu besoin de quelque chose de plus qu’il n’a pas pu lui offrir.
Cette discussion fait réfléchir les deux époux qui se réconcilient à la fin de l’épisode. Jack sait qu’Helen est la femme de sa vie et qu’il peut lui faire confiance, même si ça prendra peut être un peu de temps. De son côté, Helen avoue qu’elle recherchait effectivement quelque chose de plus dans sa vie, mais Jack est toujours le plus important à ses yeux.
Très bonne intrigue, qui met donc un point final à l’arc scénaristique de l’infidélité d’Helen. Malgré les conseils du prêtre, elle s’est décidée à tout avouer, et après une remise en question (rapide), le couple a survécu à la crise. D’ailleurs, cette happy end est assez surprenante : d’une part car j’attendais cette révélation pour le season finale, et d’autre part car je n’imaginais pas que la réconciliation serait aussi rapide. Même si c’était très agréable à suivre pendant cet épisode, je suis donc un peu déçu de la rapidité avec laquelle la révélation puis la réconciliation sont traitées, et surtout j’espère que les scénaristes exploiteront maintenant les conséquences que cet aveu aura sur le couple, et notamment sur l’attitude de Jack envers Helen.
Cet épisode offre également une conclusion à toute l’émancipation d’Helen depuis le pilote et sa découverte de la classe de littérature. Au fur et à mesure de la saison, Helen s’est découvert un intérêt de femme moderne dans l’étude de la littérature, et s’est détachée de sa condition de femme des 60’s tout en jouant un rôle phare dans la famille. Elle s’est fait des amies, est sortie pour la première fois avec elles sans son mari et a failli fumer de l’herbe, a découvert l’engagement social, et a noué une amitié avec son professeur qui a amené le baiser qui la torture depuis quelques épisodes.
Helen a donc énormément évolué depuis le pilote, sûrement plus que les autres personnages de la série, mais elle a maintenant décidé de tout rejeter pour se consacrer exclusivement à son mari : plus de professeur Witt, donc plus de cours de littérature, donc plus de campagne d’information sociale sur le vote, plus de contacts avec les personnes qu’elle a rencontré et apprécié tout au long de cette année.
En prenant cette décision, Helen redevient l’épouse typique des 60’s : dévouée à sa famille et rien d’autre.
Donc je me pose pleins de questions : va-t-elle redevenir une épouse typique des 60’s entièrement dévouée à sa famille, ou va-t-elle malgré cette histoire continuer son émancipation tout en sacrifiant ses cours de littérature ?
Le revers de la médaille
Michael annonce qu’une émission spéciale de Banstand aura lieu sur la plage avec les volontaires. Meg essaie alors de convaincre Roxanne de partir à la plage avec elle comme elles le font depuis toujours, mais celle-ci ne se résout pas à lui pardonner et rétorque qu’elle ira avec une autre danseuse de Banstand, pot-de-colle et très inintéressante.
Mais une fois sur les lieux, Roxanne fait une tentative de rapprochement avec Meg en lui confiant sa robe à garder jusqu’à l’émission. Les deux filles vont se promener ensemble sur la plage, mais Meg rencontre Carol et sa bande de copines, ce qui provoque l’exaspération de Roxanne quand elle apprend que Meg les a invités à l’émission.
S’en suit une rivalité de danse très drôle entre Roxanne et Carol pendant le show alors que les Kinks enflamment le public, sous l’œil inquiet de Meg et de Steve, le copain de Carol.
Plus tard, celui-ci invite Meg à danser mais Carol et une de ses amies assistent à la scène et insultent Meg. Roxanne entend toute la discussion et s’empresse de prévenir son amie, qui ne la croit pas et pense qu’elle est jalouse. Les deux filles se disputent et Meg dit à Roxanne qu’elle pense aussi ce que les autres filles disent d’elle. Furieuse et blessée, Roxanne s’enfuit et reste sourde aux appels de Meg, qui, une fois qu’elle s’est rendue compte qu’elle disait la vérité, essaye désespérément de renouer.
Une très bonne intrigue, qui, après une courte réconciliation, sépare de manière très difficilement récupérable Roxanne et Meg.
Meg se rend enfin compte qu’elle a été manipulée et considérée dans le groupe de Carol seulement car elle danse dans Banstand et rencontre pleins de célébrités. Néanmoins, son aveuglement à ce sujet lui cause la perte de l’amitié de Roxanne, qui, elle s’en rend compte à la fin de l’épisode, est beaucoup plus importante que son acceptation dans le club super branché des garces de service (si si, c’est une association déposée qui trouve de très nombreux adhérents partout dans le monde)
La situation est mal-barrée...
Mot compte triple, tête de crabe
Encore à la plage, Patty et Will y vont également de leur petite mini-intrigue sympathique, qui fait passer le temps entre deux intrigues plus consistantes.
En vacances, la famille Pryor joue à des jeux de société, les hommes (Jack, Will) contre les femmes (Helen, Patty) Mais inutile d’espérer gagner au Scrabble avec Patty, car elle est imbattable et son père est tellement impressionné par les mots qu’elle trouve qu’il doute de l’existence de son mot-compte-triple : quitus. Pourtant, il est bien obligé de s’incliner devant l’intelligence de sa fille quand de retour à la maison, il est étonné de trouver le mot dans le dictionnaire.
Parallèlement, Patty et Will sont chargés par Helen de faire bouillir des crabes pour le repas. Mais ils s’attachent à ces animaux à qui ils prêtent le nom de personnes humaines et les relâchent dans la nature.
Sex in the city
Seul rescapé du voyage annuel à la plage, Jerry profite de l’absence de ses parents pour inviter Beth à passer le week-end chez lui. Malheureusement pour lui, ses potes QI -10 déboulent et improvisent une soirée karaoké pour fêter l’obtention de leur diplôme. S’en suit quelques scènes de karaoké très inintéressantes où les potes QI -10 s’amusent à chanter faux sur des tubes et où Jerry reste posté dans le canapé avec son balai dans le cul (n’allez pas croire que j’aime pas les soirées karaoké, mais quand des boulets chantent faux pendant plusieurs minutes consécutives alors qu’on doit attendre la moitié de l’épisode pour que l’intrigue d’Henry se développe, je sature)
Heureusement, même les plus mauvaises choses ont une fin, et toute la joyeuse bande s’en vat essayer de récupérer quelques neurones en dessoulant. Alors que Jerry se félicite de leur départ, il découvre Beth en train de dormir paisiblement sur le canapé et monte se coucher.
Le lendemain, il la réveille avec le petit déjeuné sur un plateau et elle lui avoue qu’elle faisait semblant de dormir car elle avait peur de ce qui risquait de se passer.
Mais Jerry lui répond que c’est pas parce qu’ils sont seuls qu’ils sont obligés de faire l’amour, du coup ces paroles magiques rassurent Beth et après une scène shipper traditionnelle (le coup de foudre lors de la première rencontre, caractéristique pour coucher avec quelqu’un dans une série -à rajouter aux clichés-), les deux tourtereaux roucoulent enfin, en plein milieu de l’après-midi.
Et pas qu’un peu, si vous voulez mon avis. Car ils font l’amour pendant l’après-midi mais ne se réveillent que le lendemain matin, dans la pure tradition de la première fois dans les séries télé.
Donc le lendemain matin, Beth est interrompue dans sa préparation du petit déjeuner par l’arrivée imprévue de Jack (mort de rire les réactions consécutives de Beth et Jerry !), qui conseille à son fils de ne pas trop se rapprocher de Beth car il devra partir à l’université pour poursuivre de brillantes études. Mais Jerry est formel : Beth, c’est la femme de sa vie, d’ailleurs maintenant qu’il a fait la girouette entre elle et Coleen pendant une demi-saison, il en est sûr.
Inutile d’épiloguer, c’était inévitablement l’intrigue la moins intéressante de l’épisode. Déjà, ça a très mal commencé (la soirée karaoké avec le club des abrutis), mais ensuite c’était mieux, l’intrigue était plus agréable à suivre, enfin disons qu’elle n’était plus énervante.
Passons sur tous les clichés de la première relation sexuelle montrés dans cet épisode, et sur la totale prévisibilité des évènements (dès le début il n’y avait aucun suspence sur « ils le feront ? feront pas ? »), pour s’attarder sur les points positifs : la réaction tordante des jeunes amoureux quand ils voient Jack entrer dans la cuisine, le fait que Beth ne joue pas mal... si si !
N’empêche, j’ai beau être positif, c’était nettement moins bon que les autres intrigues.
Allez, 6 / 10 sur l’échelle de l’intrigue de Meg...
La canicule
Enfin, nous y voilà, après 20 minutes d’attente, l’intrigue de la famille d’Henry se met enfin en place.
Dans le quartier Noir de Phidadelphie, les habitants et surtout les enfants ont du mal à supporter la chaleur qui s’est abattue sur la ville. Quand les enfants reviennent de la piscine municipale qu’ils ont trouvé fermée, Henry décide d’ouvrir la bouche d’incendie pour rafraîchir la population.
Tout le monde profite donc de l’eau en pleine harmonie jusqu’à l’arrivée de la police, qui interroge Nathan pour savoir qui est à l’origine de l’ouverture de la bouche d’incendie. Henry s’explique alors et essaie d’attirer l’indulgence du policier Blanc, mais celui-ci lui passe les menottes dès qu’Henry dit que c’est lui qui l’a ouverte.
Le soir venu, c’est Nathan, en l’absence d’Henry et de sa femme, qui s’occupe de ses enfants, et le lendemain, Jack est prévenu et va chercher Henry au poste de police où il a été mis en garde-à-vue.
Très déçu et énervé de l’injustice qui lui a été faite, Henry répond quand même à sa fille sur ce qui s’est passé et lui dit que la situation va changer, que tout sera meilleur pour les Noirs dans quelques années. Devant ces propos, Sam quitte la table, furieux.
Très prenante, cette intrigue est une des mieux réussies sur l’injustice sociale dont les Noirs sont les victimes. Le fait qu’Henry se retrouve victime de cette discrimination est très habile et remarquablement interprété par les acteurs, qui déploient un jeu de regards et de physionomie très expressifs, donnant du poids et de la tensions aux silences, les rendant ainsi plus efficaces qu’un dialogue qui aurait dégénéré en dispute.
Sam est très touché par cette injustice qui le range davantage dans le camp de son cousin et de son pessimisme. Henry lui-même doute d’un avenir meilleur pour eux, il est victime d’une cruelle désillusion.
La dernière scène est d’ailleurs la plus remarquable de l’épisode : on voit Henry qui explique à sa fille péniblement et en n’étant pas convaincu qu’il y aura des lendemains meilleurs. Son visage est crispé et découragé, il doute vraiment lui-même de ce qu’il a toujours soutenu, et la réaction de Sam, muette mais éloquente, lui renvoie à la figure sa désillusion. Le fait que ça se déroule sous fond d’interview sur les droits civiques à la télévision rend le contexte encore plus amer.
Très bon épisode, qui fait avancer l’intrigue de façon claire : Meg et Roxanne rompent leur amitié, Helen avoue tout à Jack au sujet du baiser du professeur Witt et le couple survit à cette crise. Jerry et Beth couchent ensemble, Sam se décourage de plus en plus et Henry lui-même est victime d’une désillusion qui remet en cause sa façon de voir les choses.
Le tout est très bien interprété, particulièrement en ce qui concerne Henry, Sam et Nathan. L’intrigue de Jerry est, comme souvent, la petite faiblesse de l’épisode à cause de son intérêt relatif et surtout de tous les clichés qu’elle emploie.
Bref, c’est bien dommage que TF1 nous refasse le coup de l’annulation irrespectueuse, car voilà une série subtilement écrite, originale, bien jouée et bien réalisée qui va me manquer.
D’ailleurs, même si ça ne servira probablement à rien, vous pouvez manifester en masse votre mécontentement à TF1 en leur écrivant un mail incendiaire. Il est toujours bénéfique pour une éventuelle reprise de diffusion que le public se manifeste pour la réclamer.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires