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3.01 - Finding Rachel (1)
Psychic or psycho ?
dimanche 6 février 2005, par
Ou comment bien commencer la saison 3 par rapport au season premiere catastrophique de la saison 2.
La fin de la saison 2 nous laissait sur un suspense haletant avec cette coupure de journal présentant Johnny à la Une et demandant s’il allait détruire le monde. Un cliffangher intelligent dans la mesure où sa résolution ne peut être immédiate et qui permettait aux scénaristes d’avoir les coudées franches pour débuter la saison 3. Cependant, il ne fallait certainement pas commettre l’erreur du début de saison 2 où la mythologie avait été abandonnée au profit d’une histoire clichée et sans intérêt. Pas de panique, dès le début de l’épisode il y a de quoi être rassuré : la présence de Stillson à l’écran garantit le retour de sa trame, et on ne peut que s’en réjouir. La scène le montre en train de découvrir une petite merveille de machine pour compter les voix des élections trafiquée en sa faveur (qui sait, peut-être que Bush en a bénéficié dans la réalité, non ?), avant que ce petit colloque impromptu avec ses collaborateurs aussi pourris que lui ne soit interrompu par une personne hors-champ (scène qui sera complétée plus tard par une vision de Johnny à la Boomtown-style). De la même manière, le début de machiavélisme de Johnny dans le dernier épisode de la saison 2 n’est pas oublié dans sa première scène avec Bruce, et Wey fait aussi partie de l’aventure. Ajoutez à cela l’intrigue concernant Rachel Caldwell et on a un épisode qui même assez habilement mythologie, développement des personnages et intrigue originale, que je vais analyser en plusieurs parties.
La montée en puissance de Stillson
Stillson veut maintenant être élu au Congrès, afin de franchir un pallier et se rapprocher encore plus du pouvoir suprême. Bien évidemment avec lui, sous ses couverts d’homme sympathique, cela ne se fera pas sans tricherie et la machine trafiquée l’aidera sans doute beaucoup. Stillson est un pourri, mais Stillson est très intelligent, et il met tous les atouts de son côté pour réussir dans son entreprise : avant de bidouiller les votes, il compte bien entrer dans les bonnes grâces des citoyens américains, et pour cela il mène une campagne de choc, en se fondant sur son image (en paraissant notamment proche du peuple) plutôt que sur un discours politique précis. Il est même accompagné d’une jeune journaliste qui effectue un reportage sur lui, histoire d’avoir plus d’impact lors de la diffusion de ce dernier. Ca tombe bien, cela illustre dans les grandes lignes ce que nous explique brillamment klem dans ses excellents articles pour le FLT (que vous retrouverez ici et là). L’homme est assoiffé de pouvoir, et rien ne paraît pouvoir l’arrêter dans son ascension fulgurante, car il faut dire ce qui est : il a de la classe, il dégage un dynamisme sans pareil, et il plaît aux foules.
Un seul obstacle le gêne pourtant, et ce dernier lui paraît majeur : Johnny Smith, qui ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues et qui est très menaçant pour son image. Il veut à tout prix s’en débarrasser, et pour parvenir à ses fins il est une fois de plus très intelligent : il cherche à s’assurer le soutien - moral autant que financier, tant qu’à faire - du révérend Purdy en lui demandant de se servir dans la caisse de la fondation Johnny Smith et le menace directement en lui demandant de qui Purdy a le plus peur entre lui et le medium. Machiavélique à souhait mais terriblement efficace car Purdy en ferait presque dans son froc. Intéressant car non seulement Stillson en a clairement assez et décide de prendre des initiatives envers Johnny mais aussi dans la mesure où il place le révérend Purdy dans une situation très inconfortable qui l’oblige à choisir son camp, ce qui ouvre de belles perspectives pour la suite des évènements.
Les déboires de Johnny
Pour ne pas oublier le cliffangher, la première scène qui nous est proposée avec Johnny se situe tout à fait dans le prolongement de la fin de la saison 2 : il se trouve dans sa cave avec Bruce pour une fois de plus bien situer les différents évènements concernant Wey (son accident, l’Apocalypse, sa sortie du coma, etc), à l’aide d’un schéma sur un tableau. Il en profite pour mettre son ami au parfum par rapport au journal que lui montré Wey, et celale fait fortement douter puisqu’il va jusqu’à demander à Bruce de faire le nécessaire s’il va trop loin dans sa croisade contre Stillson, sous-entendu il faudra le tuer. Bien évidemment, ce dernier n’est pas très heureux que son meilleur ami puisse lui demander une chose pareille. Cette première scène est remarquable car elle concentre à elle seule tous les éléments placés dans le final de la saison 2, à savoir la possibilité qu’offre Wey d’obtenir des informations sur ce qui va se passer, des conséquences au cliffangher et une continuité dans le développement psychologique de Johnny qui commence à devenir inquiétant. Il demandera d’ailleurs plus tard à Bruce s’il pense qu’il est à la limite entre les visions et la folie, psychic or psycho en VO, d’où le titre de la review car cela s’applique complètement à l’épisode, et nous allons voir pourquoi.
Tout commence par une vision de Wey qui demande l’aide de Johnny et qui lui montre un mur avec des photos de personnes disparues, dont l’une d’elle est Rachel Caldwell, qui n’est autre que la journaliste en herbe qui s’occupe du reportage sur Stillson. Wey se fait pressant et veut absolument que Johnny découvre ce qui lui est arrivé, pour qui pourquoi personne ne le sait ; et si on ajoute ça à toutes les interrogations soulevées sur ses motivations auparavant, on peut vraiment se demander si le sieur est si clair que ça. Surtout que les sorties de visions avec l’homme du futur sont quelque peu perturbantes pour Johnny : il n’est plus au même endroit qu’au début de la vision et subit des pertes de mémoire puisqu’il ne se rappelle plus de ce qui se passe entre les deux. Ce développement de son pouvoir est assez inquiétant, ce qui n’est pas fait pour rassurer son entourage. Toujours est-il que Johnny se charge d’enquêter sur Rachel, et cela tourne très vite au cauchemar. En effet, il va devoir la chercher en essayant de reconstituer ce qu’il a fait durant le laps de temps qui a été effacé de sa mémoire et pendant lequel il l’a rencontrée.
L’originalité est donc là : Johnny ne se sert pas de ses visions seulement pour sauver Rachel mais aussi pour se sauver lui-même car il est quand même sacrément mal barré : il était avec elle la nuit de sa disparition et il ne se souvient de rien. Ce qui est frappant, c’est l’évolution des vision,s par rapport aux débuts de la série : lorsqu’il en avait une avant, il se trouvait à la place de la personne, il vivait la vision de l’intérieur ; puis ensuite il se trouvait en observateur extérieur. Ici, comme les visions le concernent, c’est troublant de le voir se positionner en observateur extérieur par rapport à sa propre personne. Les pertes de mémoire après les visions avec Wey sont-elles dûes à l’homme du futur ou à un début de schizophrénie de Johnny qui serait marqué par cette distanciation vis-à-vis de ses actes dans ses visions ? Hypothèse qui ne se vérifiera pas dans cet épisode mais qui fait son chemin étant donné que ce dernier se fait arrêter à la fin de l’épisode, après que la cassette de la caméra de Rachel ce soir là ait été retrouvée et le montre s’approchant du cadavre de la jeune femme...
Les satellites gravitant autour de Johnny
Tout le monde le sait, dans cette série il n’y a qu’un seul personnage principal, tous les autres sont secondaires. Cependant, les scénaristes n’oublient pas non plus de les développer de temps à autre, et encore heureux.
Dans cet épisode, on introduit un nouveau personnage, Rebecca Caldwell (jouée par la magnifique Sarah Wynter, Kate Warner dans la saison 2 de 24), qui est sans destinée à devenir la petite amie de Johnny si on en croit la vision qu’il a d’elle, qui fait d’ailleurs penser à celle qu’il avait eu de Dana. Quel tombeur ce Johnny Smith quand même. Sauf qu’il va devoir travailler sa relation avec Rebecca, parce que vu qu’elle croit qu’il a tué sa soeur, c’est un tout petit peu tendu. Au passage, j’en profite pour saluer la meilleure scène de l’épisode où ils sont tous les deux présents : la vision de Johnny de son repas avec Rachel la nuit précédente pendant qu’il est attablé avec Rebecca. Magnifique car elle mélange habilement passé et présent à l’aide d’une réalisation astucieuse.
Outre cela et les interactions conflictuelles Johnny/Stillson et Stillson/Purdy (déjà évoquée pour cette dernière), l’inquiétude de Bruce (apparemment justifiée, Johnny a-t-il dépassé la limite ?), deux relations sont mises en avant dans cet épisode : la confiance presque aveugle de Walt en Johnny qui a mis du temps pour en arriver là et qui pourrait être émoussée par cette affaire de meurtre, et la très courte engueulade entre Sara et Walt qui se fait gifler par sa femme au moment où il évoque l’éventuelle culpabilité de Johnny. Une chose est sûre : ce dernier est au centre de tous les conflits entre les personnages, son comportement affecte tout le monde qu’il le veuille ou non.
Finalement, cette reprise est plutôt bien menée puisque l’épisode entrecroise les trames de Stillson et de Wey par le biais de la course de Johnny pour retrouver Rachel. Ca pourrait paraître artificiel, mais le fait est que ça permet beaucoup d’interactions entre les personnages et ainsi de poser des jalons par la suite. Ca reste en tout cas suffisamment honnête pour intéresser.
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