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11.02 - Damaged
Dommage ?
dimanche 11 septembre 2005, par
Ce que j’aimais bien dans les premières saisons d’Urgences, c’était les rapports entre les personnages. Notamment les rapports amicaux. Je trouvais que depuis quelques années (surtout depuis la saison 6 où les personnages sont devenus très nombreux), il manquait quelques relations de ce type. Ca couchait çà et là, mais niveau amitiés, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent... Peut-être la relation entre Abby et Susan à partir de la saison 8, mais c’était tellement maigre qu’on ne s’en rendait même pas compte. Or, ce début de saison 11, s’il n’est pas transcendant, promet au moins de mettre l’accent sur certaines amitiés, et ça, ça me fait bien plaisir.
Carter craque
L’épisode s’ouvre sur Carter, ou plutôt sur son délire. Une scène assez impressionnante, courte mais intense, serais-je tenté de dire... Je n’aime pas particulièrement Carter depuis qu’il n’est plus le gentil-petit-interne des débuts, mais je dois bien admettre qu’il m’a fait de la peine dans cet épisode. Il faut dire qu’il n’a pas été épargné (mais ça, on est habitués, les médecins d’Urgences n’ont pas le droit au bonheur), entre la perte de son bébé et maintenant de la mère du bébé. Donc, Carter dort mal, Carter fait des cauchemars, Carter plonge un peu dans l’alcool... Bon, ça fait un peu beaucoup, tout de même. J’espère que son délire prendra fin assez rapidement, car si ça se laisse suivre dans cet épisode, ça pourrait très vite devenir lourd. J’ai quand même apprécié la petite référence au passé, lorsque Abby lui parle d’une réunion aux Alcooliques Anonymes... En une phrase, nous avons un petit rappel de la relation qui unissait Abby et Carter, relation qui a mis des années à se construire, tout ça pour être complètement oubliée depuis une saison. Pas que ça me gêne, je trouvais leur « amourette » bien trop mise en avant dans la saison 9, mais il faut bien reconnaître que j’appréciais leur amitié, avant que les choses ne se compliquent entre eux.
La famille Rasgotra
Neela est un peu l’adulescente de la série. Et elle nous fait sa crise. Je sais qu’il y a certaines personnes que ça agace un peu, mais personnellement, j’aime beaucoup ce personnage, et je trouve son histoire assez bien suivie. Cet épisode recèle de petites scènes cultes avec les parents de Neela.
La jeune fille squatte donc l’appartement d’Abby, où ses parents vont lui rendre visite. J’aime beaucoup la petite scène de présentation. « Vous vous souvenez d’Abby ? » C’est une des relations auxquelles je faisais référence dans mon introduction. L’amitié entre Neela et Abby est très appréciable.
Les parents ne sont donc pas très contents de la petite crise d’identité de Neela. Que faire ? Le père semble camper sur ses positions, mais la mère semble un peu plus ouverte au dialogue. A noter une petite image qui m’a fait sourire dans la scène de la cuisine d’Abby, où tous prennent une gorgée de leur tasse respective en même temps. C’est très court, c’est pas nécessairement intéressant, mais c’est un petit détail amusant, et l’épisode est rempli de ce genre de petites choses. Neela promet à ses parents de parler avec son supérieur (Kerry Weaver, bien entendu) et d’obtenir un poste pour pouvoir envoyer de l’argent afin que ses frères et sœurs puissent faire des études à leur tour. Certes, la situation est un peu clichée, mais on comprend bien que la crise de Neela ne la concerne pas qu’elle, et qu’elle va être forcée de trouver une solution le plus rapidement possible. En l’occurrence, le cliché nous sauve de certaines lourdeurs éventuelles, car si Neela n’avait pas eu d’obligations à respecter, elle aurait pu vivoter ainsi pendant très longtemps, et il est clair que ça aurait très vite pu devenir lassant. Mais cet engagement qu’elle a tenu en promettant d’envoyer de l’argent va l’obliger à se booster un peu et à trouver une solution dans les épisodes à suivre. Du moins, je l’espère.
Alors, Neela va-t-elle reprendre sa médecine ? J’aimerais, oui. On a beau reprocher à Urgences de trop renouveler ses personnages, d’en ajouter trop à la fois, et parfois au détriment d’anciens personnages plus intéressants, pour moi, Neela est vraiment le point fort de ces nouveaux personnages depuis quelques saisons, avec Michael Gallant qui est hélas parti trop vite. J’aime ses « faiblesses », sa manière de ne pas pouvoir s’empêcher de se poser des questions sur son devenir. Je m’identifie très bien à elle en cela, c’est peut-être la raison pour laquelle elle me touche particulièrement. Et puis Parminder Nagra a vraiment un accent irrésistible, ça joue peut-être en sa faveur (voilà, c’était l’instant superficialité). Tout ça pour dire que je serais peiné de la voir quitter prématurément la série.
Des patients... des tas de patients...
J’entre dans le vif du sujet, parce que ce deuxième épisode met véritablement l’accent sur les patients. Et c’est en ça qu’il réussit son pari. Si les histoires personnelles des médecins sont souvent maladroites (et encore plus depuis deux saisons), celles des patients sont presque toujours très bien gérées, et superbement mises en parallèle avec la vie des médecins, justement.
Marta/Tesoro
Marta arrive aux urgences pour une luxation à l’épaule, qui se transforme rapidement en ce qu’on croit être un cas d’enfance maltraitée... encore. J’ai eu un peu peur d’avoir du rebattu des saisons précédentes, mais l’histoire s’avère plus intéressante qu’elle ne se présentait... même si ce n’est pas non plus transcendant. La recherche constante d’Abby pour trouver une interprète qui puisse l’aider à communiquer avec Marta est amusante, puis on finit par comprendre peu à peu son passé. Elle s’appelle en vérité Tesoro, elle a été embarquée dans un réseau de prostitution, vous connaissez la suite. Abby s’en sort plutôt bien avec cette patiente, malgré ses problèmes de traduction. Je voudrais au passage jeter un grand méchant regard à la version française, qui n’a pas été fichue de trouver une véritable doublure mexicaine parlant français (c’est si rare que ça ?). Ou au pire, trouver une espagnole. L’accent aurait peut-être été légèrement différent, mais au moins, il n’aurait pas été français ! Ca fait quand même pas très crédible, tout ça...
Bref, SuperAbby finit par réussir à contacter la famille de Tesoro, puis, réalisant le temps que cela va prendre pour elle de rejoindre les siens en passant par de multiples foyers, elle finit par l’envoyer à la gare pour qu’elle rentre seule. Abby est quand même super gentille... en plus elle trouve un hobby à Neela !
Les ravages de la guerre
Carter prend en charge un vétéran défiguré de la guerre en Irak. Et quand je dis « prend en charge », je pèse mes mots... N’oublions pas que dans cet épisode, ce n’est plus Carter, mais PsychoCarter. Le truc, c’est que le vétéran en question a été fiancé mais refuse de revoir la jeune fille, jugeant qu’elle ne supportera pas de le voir dans cet état. Et Carter semble s’identifier complètement, et après avoir légèrement abusé de substances alcoolisées, il incite le patient à appeler sa fiancée, à renouer contact. Les autres médecins s’inquiètent légèrement pour lui, et Carter finit par se confier à Luka... J’ai toujours aimé cette qualité de la série, de commencer sur un patient qui paraît... hmm, vous m’excuserez du terme, « anodin » à première vue, puis qu’on met peu à peu en parallèle avec la vie du médecin qui s’en occupe. Et là, c’est parfaitement représentatif. On ne voit pas le rapport, au début, entre un vétéran de la guerre du Golfe et notre Carter, puis peu à peu, une relation se construit, et aidée de l’alcool, elle mène à des confidences échangées avec Luka, qui est d’ailleurs soudain devenu le meilleur ami de Carter. C’est également à cette relation naissante que je faisais référence dans mon introduction.
Les amoureux qui s’ bécotent sur les bancs publics...
... se font tabasser. Ok, ils n’étaient pas vraiment sur un banc public, mais ça n’a pas empêché à deux homosexuels de se faire frapper, à mort pour l’un d’entre eux, parce qu’ils s’embrassaient dans un parc. Cela amène Abby à devoir gérer son premier trauma à elle toute seule, et on ne peut pas dire qu’elle rayonne... Elle demande conseil aux infirmières, sous le nez d’un des amis du patient mourant, c’est pas très rassurant, tout de même... Je ne sais pas vous, mais je crois que ça ne me plairait pas trop de voir le médecin demander aux infirmières ce qu’elle doit faire. Mais l’ami en question semble trop bouleversé pour dire quoi que ce soit. Le patient meurt donc, et l’on apprend après tout qu’il était presque déjà mort en arrivant à l’hôpital, et qu’il n’avait aucune chance de survivre. Cette mort a au moins le mérite de remonter Abby à bloc (opératoire... pardon, c’était pathétique) pour aider Luka à sauver l’autre homosexuel.
J’aurais tout de même aimé que Kerry s’occupe de l’un d’eux, pour deux raisons. La première, c’est que ça nous aurait permis de la voir davantage, même avec son horrible voix (quoi, c’est une bonne raison, non ?), la seconde, c’est que j’aurais aimé voir sa réaction. Une personne elle-même homosexuelle est forcément plus touchée par une telle violence, je sais de quoi je parle... Mais les scénaristes ne semblent pas vouloir développer de nouveau le personnage de Kerry. Dommage.
Miam
Le ton de l’épisode est globalement assez lourd, assez sombre, mais on a quand même le droit à un cas assez... surprenant. Un type qui s’est fait mordre par un requin en nettoyant l’aquarium, sauf que le requin refuse de lâcher sa proie. Cela mène notamment à quelques répliques amusantes, et une petite chose qui m’a vraiment fait rire... La transition entre deux scènes. Nous avons droit à un gros plan bien dégueu sur la blessure du mec, et on passe aussitôt à un parfait inconnu qui verse du ketchup dans son assiette, dans la cafétéria où Neela est avec ses parents. Ca m’a tellement fait halluciner que j’ai dû repasser la scène deux fois... mais ça valait bien le coup !
La réplique du jour
J’aurais pu choisir une réplique marrante, l’épisode en recèle, comme toujours. Mais je vais en prendre une qui m’a réellement marqué, et qui vient de l’ami des homosexuels agressés.
« On ne peut pas tuer des gens parce qu’ils s’embrassent dans un parc »
En vrac
Tout est bien qui finit bien entre Sam et Luka, et tant mieux. J’espère qu’on va pouvoir passer à autre chose, maintenant...
Avant, les nouveaux personnages avaient une personnalité bien définie, et l’on partait sur de bonnes bases. Maintenant, le nouveau, Ray, est non seulement un fantôme, mais en plus, sa personnalité semble uniquement reposer sur son look vaguement « rebelle » (même si maintenant j’ai l’impression que c’est devenu une mode de jouer les rebelles) et le fait qu’il soit musicien dans un groupe de rock. Cela lui vaut une remontrance de Kerry, mais c’est tellement anodin que ça passe limite inaperçu... faudrait qu’on m’explique à quoi l’arrivée de Shane West tenait, il leur fallait un nouveau nom au générique ?
La VF du père de Neela est vraiment catastrophique, ils ont cumulé les erreurs au niveau du doublage dans cet épisode...
Certaines personnes ont fait une seconde lecture de la relation Neela/Abby, notamment lorsque Neela présente Abby à ses parents, comme si elle leur faisait son coming-out... je n’ai pas trouvé ça tout seul, mais je tenais quand même à en parler, parce que ça m’a plutôt amusé.
Abby est passée du côté obscur de la force, et elle est devenue « la bête noire » des infirmières. Eh oui, va falloir assumer, maintenant, tu es médecin, ma chérie...
Pas de Pratt, pas de Morris !
Mais presque pas de Lizzie, de Kerry, pas du tout de Susan...
Un épisode dans la moyenne. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais on se surprend tout de même à le suivre avec un certain intérêt. Les storylines lourdes semblent prendre doucement fin, on suit un peu plus les patients, qui amènent à traiter beaucoup (trop ?) de sujets sensibles en 40 petites minutes, mais le temps est relativement bien géré (même si l’histoire des homosexuels est assez vite « réglée »). Mieux que le season premiere, l’épisode ronronne quand même un peu trop, il est temps que la saison décolle !
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires