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1.01 - Pilot

Quoi !?! C’est ce truc tout pourri, "The O.C." ?

Le badboy

samedi 9 octobre 2004, par Jéjé

« The O.C. », aka « Newport Beach », est enfin arrivée sur les écrans français, auréolée de son « carton aux Etats Unis » (dixit France 2) et de l’enthousiasme quasi hystérique qu’elle a provoqué chez les rédacteurs d’« En direct des USA »...

(Comment vous décrire la révolution culturelle qu’a provoquée « The O.C. » dans le petit monde édusien ?

- « Farscape » pourrit maintenant dans les limbes des séries annulées oubliées et la diffusion prochaine d’un téléfilm inédit ne provoque que de simples haussements d’épaules polis...

- Les coffrets DVD de Millennium ont été expulsés des étagères des membres les plus radicaux du FLT pour faire de la place dans la perspective d’une éventuelle sortie vidéo de The série...

- les édusiens militent pour que le site soit rebaptisé le FLS... Front de Libération Soapesque...)

Donc, the O.C. est là !

Sur France 2. Accessible à tous.

En vf...(Je ne ferais aucun commentaire sur cette version - d’autres s’en chargeront sûrement -, sinon que je trouve la plupart des voix bien choisies, comme celle de Seth et de Julie...)

Il est 18h41.

Le premier épisode est terminé.

Et le soufflé est maintenant plat comme une crêpe...

Mais qu’est-ce que c’était que ce truc ?

Apparemment, c’est un teen soap, si j’ai bien compris, centré autour d’un unique personnage : Ryan.

Ryan, c’est l’archétype du badboy (tiens, c’est le titre français de l’épisode...) des daytimes soaps... Blouson noir, visage fermé, bogosse, fumeur...

Et là, déjà, gros problème... Enorme erreur de casting... Notre rebelle des banlieues a le visage d’un poupon blondinet avec un joli raie bien coiffée, il fume avec autant d’assurance que mon petit cousin de 11 ans quand je lui ai filé sa première cigarette, et il possède le plus mauvais jeu-à-la-James-Dean qu’on ait vu depuis longtemps...

Passons sur l’acteur. Le personnage est complice malgré lui - les scénaristes lui prêtent dès les premières secondes un bon fond - d’un vol de voiture orchestré par son grand frère, qui coupe malheureusement vite court.
Direction la prison pour les jeunes gens. Le grand frère a plus de 18 ans, donc, emballé, c’est pesé pour lui, une peine ferme directe.

Notre bogoss, lui, n’est pas majeur, et comble de chance, il est représenté par super-Zorro-des-tribunaux, un vieux beau, commis d’office, lui aussi rebelle en son jeune temps - pas de père, une mère seule, le Queens ou le Bronx je sais plus - qui détecte de suite en Ryan la rose au milieu des orties.

Super-Zorro est tellement sympa qu’une fois qu’il a fait libérer son client, il lui offre son numéro perso au cas où... Au cas où une mère alcoolique et ingrate vienne le chercher et le ramène chez elle pour lui dire de dégager (très logique tout ça, Mme Ryan... C’était pas plus simple de le laisser sur le trottoir de la prison ?)

Bref, Ryan, seul dans les rues de Chino (une banlieue pauvre de L.A., il faut croire...), passe quelques coups de fil pour être hébergé, mais sans succès... avant de trouver dans sa poche le numéro de son sauver, Sandy-super-Zorro-Cohen !
Qui arrive pied au plancher dans sa luxueuse voiture... et le ramène directement chez lui, dans sa famille...

Paf, « California, california... », la musique des Phantom Planet (ce sera le générique des épisodes à venir... ;-) ) illustre ce moment transitionnel hyper symbolique où Ryan quitte les affres pauvreté pour découvrir les joies (et aussi les peines, parce que tout n’est pas rose non plus...) de la richesse...

Cinq minutes de série... 17 clichés éculés utilisés, pas un dialogue élevé... Moi, on m’a vendu « The O.C. » comme un Beverly Hills Gilmorien ! Pour l’instant, c’est gênant pour les deux séries mentionnées... Par comparaison, les cinq premières minutes de Gilmore Girls étaient excellemment écrites et jouées... Mais bon, ne faisons pas ce petit jeu des comparaisons et continuons de prendre « The O.C. » simplement pour ce qu’elle est, une série surestimée aux dialogues plats et aux situations communes...

Et quand je dis situations communes, je n’exagère pas... Jusqu’à la fin de l’épisode, les clichés vont s’accumuler comme ma grande mère enfile les pousses mousses quand elle tricote, à la vitesse de la lumière...

Pendant 40 minutes, nous allons suivre le week-end de Ryan au pays des riches... Il va assister à un défilé de mode ( !) et enchaîner avec une fête d’ados sur une maison au bord de la plage...

Il va rencontrer la fille des voisins, une ado belle et sophistiquée, l’incarnation de la jeune fille de bonne famille rangée titillée par une aventure avec un rebelle... Une ado plus proche de Sue Ellen que de Nathalie Wood... Elle se pinte déjà à la vodka au défilé de mode...

Il va se lier d’amitié avec Seth, le fils de Super-Zorro, l’ado geek par excellence, enfin un geek un peu trop beau pour être vrai... mais très con, puisqu’il en pince pour un pimbêche brune, la meilleure amie de Sue Ellen Jr., qui aligne connerie sur connerie dès qu’elle ouvre la bouche... Ce pacte inavoué d’amitié aura lieu sur la plage quand Ryan viendra à la défense de Seth, attaqué par les brutes populaires/amis du petit ami benêt de Sue Ellen Jr. Mais non, c’est pas cliché ! C’est du second degré...


C’est à peu près les seuls personnages que l’on va voir avec des dialogues dépassant deux lignes...

La mère de Seth et épouse de Super-Zorro-surfeur ne fait que se plaindre de l’arrivée de Ryan ou s’ébahir niauseusement devant le fait qu’il sait faire cuire du bacon...

La mère de Marisa, aka Sue Jr, semble superficielle et transparente comme il faut. Le père a l’air d’avoir des problèmes puisqu’à un moment il va dans les toilettes et se tape la tête contre les parois... Bizarre...

Au final, Ryan retourne à Chino, mais... sa mère a déménagée en emportant tout ! Heureusement, Super-Zorro était là et il le ramène à Orange County... C’est le quartier où s’est passé tout l’épisode, the O.C., quoi !

Bon, il faut que je fasse un aveu : j’ai déjà vu la première saison de « The O.C. » en entier et j’adore la série !!!

Mais force est de constater que ce pilote est d’une médiocrité hallucinante en regard de ce qui est à venir... Le plus gros reproche qu’on peut lui faire, outre l’outrance (c’est beau comme allitération ça...) des situations, c’est de ne pas présenter d’autres personnages que Ryan... A la limite Sandy Cohen (aka Super-Zorro) et Marisa... Les autres n’ont aucune épaisseur et ne recèlent aucune promesses de développement intéressant...

Ce qui sera le contraire, évidemment, mais pour un pilote, manquer son but à ce point, c’est tragique...

De plus, les dialogues sont très quelconques...

Ce n’est que visuellement que ce pilote se rapproche de ce que la série va proposer dans quelques épisodes, c’est bien peu, je trouve...

Ah, c’est sûr, les pilotes de « Dynasty », de « Pasadena », de « Gilmore Girls » (comment ça, c’est pas un soap ?), de « Dawson », de « Beverly Hills » même, c’était autre chose...

Il est un primetime soap qui en son temps avait bien raté son démarrage, lui aussi, c’était Melrose Place ! Il lui avait même fallut deux bonnes saisons pour devenir la série mythique qu’elle fut pendant quelques années... Pour « The O.C. » / « Newport Beach », la qualité va s’améliorer beaucoup plus rapidement et dans une dizaine d’épisode, vous ne regretterez pas de vous être accrochés...

Attention, les références « soap » précédentes sont faites pour me faire plaisir... Pas pour tenter de faire un quelconque rapprochement avec « The O.C. », qui va développer son propre univers et ses propres codes et assurer (avec « Nip/Tuck », dans un autre style) le renouveau de ce genre trop souvent dénigré et qui pourtant est l’essence même de la série télé...


Un pilote plutôt raté, qui ne présente pas l’ensemble des personnages et surout qui n’offre que très peu d’enjeux narratifs... Les images sont jolies, on peut supposer que la distribution est bonne, mais ceux qui ont le plus à faire paraissent être ceux qui jouent le moins bien... Bof, bof, quand même pour la série de l’année...