LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > Lost : Les Disparus > Rhaaaaaa ! Lovely !

1.06 - House Of The Rising Sun

Rhaaaaaa ! Lovely !

samedi 2 juillet 2005, par Sygbab

Sans faire de mauvais jeu de mots (enfin si, un peu quand même), Sun illumine l’écran dans cet épisode.

Précédemment dans Koh Lantah version scriptée (et en beaucoup moins bien)

Il s’est passé des choses, mais pas beaucoup en fait parce que c’est bien connu Lost c’est de la merde, c’est super chiant et puis en plus les personnages sont pas intéressants pour deux sous (et puis le concept qui permet de les "développer" par le biais des flashbacks est pas du tout original sérieux), d’autant plus qu’ils sont joués par des acteurs pas terribles parce que de toute façon le casting est pourri de chez pourri.

Oui bon, ok, j’arrête là, parce que non seulement cette introduction empiète sur la dernière partie Ceux qui n’ont pas aimé vous diront (qui se trouve ici pour les fainéants qui n’ont pas envie de se taper la review), mais en plus à force de répéter ça même pour rire certains vont finir par croire que ce sont des "arguments" crédibles et suffisants pour descendre la série, et ça ce ne serait pas cool. Donc, je vais me concentrer sur le vrai previously qui revient sur trois points importants : la décision de Sayid de ne rien révéler aux autres à propos du message pour ne pas leur ôter tout espoir, les quelques contacts entre Michael et Sun et Charlie en train de toucher à des trucs pas très très clairs dans l’avion. Honnêtement, je trouve ce previously assez intelligent car il semble donner des pistes sur ce qui va suivre (quelqu’un va cracher le morceau pour le message, Michael et Sun vont faire l’amour dans les bois, enfin ce genre de trucs quoi) mais ce n’est pas tout à fait le cas... Sauf pour le cas Charlie, parce qu’on va bien réaborder sa dépendance à la drogue de manière directe. Mais nous aurons l’occasion de reparler de tout ça plus tard, puisque je vais d’abord me pencher sur les deux personnages qui sont à l’honneur dans cet épisode.

Au pays du Soleil Levant

Sauf que la Corée c’est le pays du Matin Calme

Donc, cette semaine (enfin avec la décision de TF1 de diffuser trois épisodes par soir, cette expression fait un peu galvaudée, mais on va faire comme si de rien n’était n’est-ce pas ?), place au couple coréen (qui est là pour les quotas, c’est bien connu), mais c’est surtout la sublissime - que dis-je, divinement magnifique - Sun qui est mise en avant (pour ceux qui n’auraient pas remarqué : les épisodes ouvrent à chaque fois sur un gros plan de l’oeil du personnage que l’on va suivre). Tiens d’ailleurs, si la série se bornait à montrer Sun en bikini sur la plage, Sun sous la douche, Sun par-ci, Sun par-là, ça ne me gênerait pas le moins du monde. Oui, j’avoue, j’ai un faible pour les asiatiques, et si je vous le dis c’est parce que la présence de Sun transcende cet épisode (ah mais si, je vous assure), et que par conséquent je ne serais pas du tout objectif. Ce qui n’a rien d’extraordinaire puisque tout TeX qui se respecte est éminemment subjectif dans ses reviews, et c’est tant mieux.

Depuis le début nous avons pu remarqué que Jin est un mari un tantinet possessif et qu’il aime bien dire à sa femme ce qu’elle doit faire (espèce de gros macho va !), et que Sun est quand même très laxiste par rapport à ça puisqu’elle se contente d’obéir calmement sans tentative de rébellion, même si l’on voit bien que ça ne l’enchante pas réellement. C’est en quelque sorte le régime de la terreur et cette situation aurait pu nous amener à penser que Jin est un homme violent qui bat sa femme mais que celle-ci ne peut pas (que ce soit par manque de volonté ou de moyen) quitter son mari.

C’est une des interprétations possibles ; la série aime bien jouer sur les doubles lectures de certaines scènes et c’est d’ailleurs une de ses forces à mon sens (rappelez-vous la scène où Hurley rencontre Kate pour la première fois : il est mal à l’aise parce qu’il sait que Kate est une criminelle mais sans cet élément son comportement est celui d’un gars pas très doué avec les filles qui perd ses moyens parce qu’une jolie fille l’aborde, ce que Kate semble penser d’ailleurs). Mais les flashbacks sont là pour nous montrer que ce n’est pas tout à fait le cas et que leur relation n’a pas toujours ressemblé à ce qu’elle est, mais ça s’en rapproche d’une certaine manière puisque Sun vit dans la peur - redoutant ce que son mari est capable de faire - depuis qu’elle a découvert avec horreur qu’il accomplissait des tâches pas très nettes pour son père. Malgré cela, elle n’a tout de même pas pu se résoudre à le quitter alors qu’elle en a eu l’envie et de surcroît la possibilité. Elle a elle-même signé un nouveau bail pour une vie qu’elle souhaitait quitter. Pourquoi ? Sans doute parce qu’elle sait au fond d’elle que son mari l’aime vraiment, qu’il a changé malgré lui et qu’elle espère que tout redeviendra comme avant. Sauf qu’avec le crash, c’est pas gagné.

Oui bon, j’ai été un peu vite en besogne, parce que je commence par la fin de ce que l’on apprend dans les flashbacks. Je vais donc essayer de remettre un peu d’ordre (chronologique) dans tout ça. Le premier flashback nous plonge au milieu d’une grande réception à laquelle ont été conviés de très nombreux invités et où Jin officie en tant que serveur. Trouvant le temps de faire une petite pause, il s’en va conter fleurette à Sun qu’il rejoint près d’une fontaine. On apprend par le biais d’une réplique de Jin que le père de Sun n’est autre que celui qui organise cet événement ; ce qui implique qu’il doit être puissant, riche et influent. Les deux tourtereaux se voient apparemment en cachette et Sun demande à son amoureux de quitter la Corée pour aller en Amérique afin de vivre leur amour pleinement, car elle doute que son père puisse donner du crédit à leur relation. Mais le sens de l’honneur de Jin lui impose de demander la main de sa dulcinée à celui qui fait apparemment peur à sa fille, ce qui amène le deuxième flashback. Jin y annonce que c’est d’accord pour le mariage, à condition qu’il travaille dans l’usine du père de Sun (il doit être à la tête d’un empire industriel ou quelque chose comme cela). A voir la réaction de la sublissimement divinement magnifiquement exquise vous-savez-qui (je vous ai dit qu’en plus elle avait un charme fou et qu’elle était d’une beauté irréelle non ?), ce n’est pas une si bonne nouvelle que ça. Pour elle qui voyait en sa relation avec Jin un moyen de fuir l’environnement de son père, qui n’a pas vraiment l’air d’être un sain, le rêve est en train de s’effriter...

Elle a d’autant plus raison de craindre que son père ne profite de la situation que Jin est de plus en plus absent, trop occupé pour jouer son rôle de mari, à tel point qu’il en vient à offrir un chien à Sun parce qu’il n’est même plus en mesure d’être présent. Sun "c’est pour que tu aies de la compagnie" (ou quelque chose approchant) est comme un poignard dans le coeur de la belle, qui regrette le temps où ils folâtraient nus dans les champs, baignés dans la lumière nacrée du soleil et entourés de fleurs enchanteresses que Jin cueillait pour sa chère et tendre dans la joie et l’allégresse... C’est vrai, j’en fais un peu trop. Ce qu’elle craignait est en train de se dérouler sous ses yeux, et elle ne peut rien y faire. En effet, le sens de l’honneur de Jin est trop exacerbé pour qu’il puisse entendre raison, jusqu’à assurer qu’il fait tout ça pour eux dans le dernier flashback, alors qu’il a les mains en sang devant une Sun effarée. A-t-il commis l’irréparable ? En tout cas, il a bel et bien vendu son âme... C’est la goutte qui fait déborder le vase pour Sun, qui avait finalement raison, en disant que s’enfuir était le seul moyen de se soustraire au joug de son père et qui décide de quitter son mari pour reconstruire sa vie. Elle avait tout prévu, mais au dernier moment elle se dégonfle. La scène de l’aéroport est d’ailleurs très belle, soutenue par une musique magnifique (mais pas autant que Sun) de Michael Giacchino. Et puis c’est sympa ce "cross-flashback" où l’on voit furtivement Jack, c’est dans la continuité de cette mini-variation de Boomtown où l’on voit une même scène selon différents points de vue (et hop, je fais le lien avec la review précédente de Speedu).

On peut trouver l’histoire conventionnelle mais personnellement je la trouve touchante, et elle explique de fort belle manière le comportement des deux asiatiques entre eux et par rapport aux autres. Sur le peu que l’on voit de Jin, son sens de l’honneur élevé est très bien mis en relief, et l’accent est mis sur la position inconfortable de Sun qui est complètement brimée alors que, ironie du sort, son mari semble l’aimer très profondément... Ce qui, finalement, fait bien le lien avec ce qui se passe sur l’île en ce qui les concerne.

L’île par contre, c’est pas un pays

Oui, c’est vrai, je fais une petite disgression parce que ce dont je vais parler maintenant ne se situe pas vraiment dans les flashbacks mais comme notre couple coréen (qui est là pour les quotas, je le rappelle) est impliqué, je l’intègre dans la même partie. Et si ça vous dérange c’est pareil, parce que selon l’adage TeX, "c’est ma review donc j’fais keske j’veux".

Il se trouve donc que nos personnages sont soudainement confrontés à une sombre histoire de vol aux ramifications nombreuses et complexes dont tous les mystères se dévoilent peu à peu. Ca ressemble un peu au pitch de la série quelque part (si on a l’esprit tordu pour réussir à suivre mes délires) mais ce n’est pas à ça que je fais allusion, puisqu’il est question ici de l’agression de Jin sur Michael, croyant que ce dernier a volé la montre de son beau-père.

Ce qui est intéressant, c’est qu’au début de l’épisode la première raison plausible qui vient à l’esprit c’est que Jin est jaloux de Michael, à cause des quelques discussions qu’il a pu avoir avec Sun (suffit qu’en plus il ait appris que ce gros chanceux l’a vue à demi-nue et c’en est fini de lui), ce qui non seulement est une piste induite par le previously (c’est pour cela que je disais que je le trouve intelligent, car il nous prend un peu à revers) mais en plus cela correspond tout à fait à son caractère possessif.

Mais avant la révélation finale du pourquoi du comment Jin a voulu tuer Michael - c’est en fait une double révélation puisqu’on apprend avec stupeur que Sun parle anglais mais celle-là concerne plus les personnages que les téléspectateurs car quelques indices depuis le pilote plus un des flashbacks de l’épisode laissaient penser qu’elle comprenait très bien les autres et qu’elle était sans doute capable de communiquer -, deux indices auront sans doute permis au téléspectateur attentif de résoudre le mystère de lui-même : bien évidemment il y a la scène où Jin dit à Sun qu’ils n’ont rien à faire avec un voleur de la trempe de Michael, et surtout, Sun montre le poignet de ce dernier au début de l’épisode quand tout le monde est après Jin (ce couillon de Sayid il a pas compris que ça voulait pas dire "Zyva, enlève les menottes à mon mari !", encore une scène qui a une double lecture quoi). Tiens d’ailleurs, cette scène est un grand "Prends ça dans ta gueule !" (ou sa variante "Dantonkul !") pour Jin qui affirmait à sa femme qu’ils n’avaient besoin de personne et qu’il n’avaient pas à essayer de communiquer avec les autres, pas plus tard que l’épisode précédent. Les évènements n’auront pas tardé à lui montrer qu’il se fourrait un peu beaucoup le doigt dans l’oeil. En tout cas, ça se passe un peu mieux pour Sun. On le dit depuis le début, apparemment les personnages bénéficient tous de quelque chose qu’ils n’avaient pas avant : la liberté (certes relative mais tout de même) pour Kate, l’usage de ses jambes pour Locke et le courage de prendre les choses en main et de devenir un leader pour Jack. Ici, le fait que Sun désobéisse à son mari en parlant anglais semble indiquer un début d’émancipation de sa part (un peu soulignée par le titre, même si je ne saurais pas trop comment traduire le verbe to rise sur ce coup. Disons qu’elle prend déjà une autre dimension.

Je m’éloigne encore un peu plus puisque je ne traite plus directement des deux coréens (mais j’ai eu carte blanche pour triturer dans tous le sens ce modèle de review en apparence figé donc autant en tirer le maximum de profit et m’amuser un peu), pour revenir sur cet incident entre les deux protagonistes. En traitant des conséquences, Javi Grillo-Marxuach (il a un nom barbare ce scénariste pas vrai ?) s’est donné la possibilité de mettre en avant quelques tensions sous-jacentes qui ne tardent pas à apparaître dès qu’un grain de sable vient gêner tout ce petit monde. Il y a tout d’abord le problème de la confiance que les uns et les autres se portent véritablement. Ils ne se sont rencontrés qu’il y a quelques jours et ne se connaissent pas vraiment, donc il n’est pas question d’accorder une confiance aveugle à tout le monde. C’est ce qu’il se passe quand Michael affirme qu’il n’a rien fait pour mériter ce qui lui arrive : Sayid ne le croit absolument pas et ne veut pas libérer Jin tant qu’il ne sait pas pourquoi il a agi de la sorte. Le vrai coup de poignard (ça en fait deux dans l’épisode), c’est que Walt est le premier à douter de son père. Le mettre au même plan que les autres rescapés est assez fin, parce que même le père et le fils ne se connaissent pas, ce qui est normal puisque Michael n’assume son rôle de père que depuis peu, c’est-à-dire depuis la mort de la mère de Walt. Deux dialogues mettent cela en avant. Le premier est une scène entre père et fils :

Walt : "What did you do to him ?" (Que lui as-tu fait ?)
Michael : "What did you do to him ? You tell me. I’ve been with you since we crashed. Have you seen me do anything to anyone ? What kind of man do you think I am anyway ? What did you mother said about me ?" (Ce que je lui ai fait ? A toi de me le dire. Je suis avec toi depuis que nous nous sommes crashés. Est-ce que tu m’as vu faire quoique ce soit à quiconque ? Quel genre d’homme crois-tu que je suis ?)
Walt : "She never talked about you." (Elle ne m’a jamais parlé de toi)
Michael : "You don’t know anything about me, do you ?" (Tu ne sais vraiment rien de moi n’est-ce pas ?)
Walt : "You don’t know anything about me." (Tu ne sais rien de moi)
Michael : "I know a lot about you." (J’en sais beaucoup sur toi)
Walt : "Yeah ?"
Michael : "Yeah."
Walt : "When’s my birthday ?" (Quel est le jour de mon anniversaire ?)
Michael : "August 24. When’s mine ?"

C’est un peu longuet mais ça permet au passage de donner le jour de la naissance de Walt et d’entamer un rapprochement entre les deux à la fin de l’épisode quand Walt demande à son père quel est le jour de son anniversaire. Le deuxième est un monologue de Michael lorsqu’il délivre Jin avec sa hache (faut voir la tête de ce dernier, il a vraiment les boules que Michael lui fende la tête), et qui est donc plus adressé au téléspectateur qu’autre chose puisque le Coréen ne peut pas le comprendre. Je ne vais pas le retranscrire, on a compris l’idée. Et à force de m’embarquer dans une review fleuve je pourrais en perdre le fil et ce n’est pas le but non plus. J’en reviens à la suspicion de Sayid : l’ironie veut qu’il en a lui-même été victime dans le pilote de la part de Sawyer qui faisait l’amalgame arabe = terrorriste et le rendait responsable du crash. Une scène courte mais bien vue, dont le schéma est reproduit dans cet épisode d’une certaine manière.

Au détour d’une phrase après son agression et bien énervé, Michael dit à Sayid qu’aux Etats-Unis les asiatiques ne sont pas les grands amis des noirs et que c’est sûrement la raison de son agression. Encore une fois, c’est une scène courte et Michael avoue avoir dit ça sous le coup de la colère et ne plus le penser, mais ça permet d’aborder très vite les possibles conflits entre personnes de différentes origines. C’est un passage obligé à mon sens, et que ce soit traité de la sorte me réjouit car on en fait pas tout un plat, ça reste sobre et on passe très vite à autre chose. L’ironie, encore elle, veut que tout ça découle d’une histoire de montre alors que le temps s’est suspendu au moment du crash pour les survivants. Ironie que Michael ne peut que relever.

Voilà, cette fois-ci j’en ai fini avec cette (longue) partie qui aurait dû se limiter à ce qui se passe dans les flashbacks mais que j’ai un peu arrangée à ma sauce. Mais il reste encore ce qui se passe sur l’île, en dehors de l’agression de Jin.

Pendant ce temps, sur l’île

Le conflit des leaders

Nous avons pu le voir dans les épisodes précédents, deux personnages se posent en leaders. A ma gauche, Jack, le bogoss, le héros parfait mais pas tant que ça, le médecin miracle, le leader contraint et forcé qui a appris à prendre ses responsabilités et qui maintenant assume son rôle, comme nous l’avons vu à la fin de l’épisode précédent et comme nous le verrons encore ici. A ma droite, un personnage plus improbable qui se pose en leader naturel : Sayid, le garde Républicain. Bon, je fais ma sale blague vite fait mais ça me fait sourire qu’un Irakien et un Américain se crêpent le chignon pour des décisions importantes, mais ça tient plus du clin d’oeil qu’autre chose, à mon avis. Ils étaient déjà en désaccord sur la nécessité de brûler les cadavres en même temps que la carlingue, maintenant c’est sur celle d’amener ou non les survivants dans les grottes que Jack a découvert. Ca y est, je l’ai refait, j’ai encore commencé par la fin. Faut croire que je n’aime pas les résumés linéaires, j’ai trop dû regarder Boomtown et la narration éclatée a dû s’imprégner en moi, c’est terrible.

Donc, en fait, tout commence vraiment par une expédition montée par Jack qui comprend également Kate (qui ne tient décidément pas en place), Charlie et Locke, afin d’aller récupérer de l’eau fraîche à la toute nouvelle source trouvée par Jack dans l’épisode précédent (c’est ce qu’on appelle de la continuité directe). C’est là qu’il se rend compte que les cavernes l’abritant offrent un habitat plus que convenable : de l’eau à volonté, des ressources illimitées, une protection contre les prédateurs et le soleil ; bref, de bien meilleures conditions que sur la plage. Il ne lui faut donc pas longtemps pour se mettre en tête de rameuter tout le monde ici, sauf que Sayid n’est pas trop enchanté de cette prise de décision, car Jack n’a consulté personne. C’est là que le téléspectateur a un bref flashback (ils sont partout ceux-là) du previously, et se dit que le mec il est gonflé d’en vouloir à Jack de n’en avoir parlé à personne alors que lui-même cache des informations essentielles concernant le message vieux de 16 ans. Sauf que s’il n’en a pas parlé, c’est pour ne pas enlever tout espoir aux gens d’être sauvés en leur annonçant que d’autres avant eux y sont restés. Et c’est dans cette optique qu’il s’oppose à Jack car emménager dans les cavernes signifie abandonner tout espoir, et il ne veut absolument pas s’y résoudre. Du coup, les survivants se scindent en deux groupes, après la décision la plus importante de leur début de vie commune, sous forme d’un dilemme que Sawyer exprime très bien : soit ils vont dans les cavernes et bénéficient de meilleures conditions pour survivre mais évincent toute chance d’être sauvés car on ne les verra pas si quelqu’un passe dans le coin, soit ils restent sur la plage et sont aux premières loges pour être sauvés mais se mettent en danger car il y a plus de risques (insolation, glissement au bord d’une falaise en faisant le con qui aboutit à un crash en beauté par terre avec le corps disloqué, manque de vivres, déshydratation, etc...).

Pour info, ceux qui suivent Jack sont Charlie, Locke, Hurley, Jin et Sun, les autres restant sur la plage (enfin étant donné que Claire n’apparaît pas dans l’épisode, on ne sait pas trop ce qu’il advient d’elle ; mais comme Charlie est dans les cavernes et que le courant passe pas trop mal entre les deux, je dirais qu’elle traîne dans le coin). La dernière scène, qui marque cette séparation, est illustrée par une chanson que Hurley a la bonne idée de nous proposer grâce à son walkman (comme par hasard, tiens), et dont voici les paroles :

Look around you
Look down the bar from you
At the faces that you see
Are you sure this is where you want to be

These are your friends
But are they real friends
Do they love you as much as me
Are you sure this is where you want to be

You seem in such a hurry
To live this kind of life
And you’ve caused so many pain and misery

But look around you
Take a good look
Just between you and me
Are you sure that this is where you want to be

Please don’t let my tears persuade you
I had hoped I wouldn’t cry
But lately teardrops seem a part of me

But look around you
Take a good look
Just between you and me
Are you sure that this is where you want to be


Comme j’ai bien fait mes devoirs, je peux aussi vous dire que c’est une chanson de Willie Nelson (que je ne connais pas du tout, mais c’est pas bien grave). Ce qui est fort, c’est que j’ai consulté à peu près une dizaine de sites pour vérifier les paroles (j’ai tout fait à l’oreille, je suis content), et pas un seul ne propose la version qui se trouve dans l’épisode. Enfin bon, le plus important c’est que ça colle aux images non ?

Sinon, vous pensez que lequel va gagner, entre Jack et Sayid ?

Attendez, j’ai pas fini...

Les mystères de l’île

Vous le savez tous comme moi, cette île est spéciale : entre les ours polaires qui se baladent en plein soleil, les dinosaures invisibles qui n’en sont pas (c’est même Jack qui le dit), les messages qui tournent en boucle depuis 16 ans, les miracles qui se produisent et les hallucinations, il y a de quoi se poser des questions. Sans parler de la présence du blanc et du noir, du Bien et du Mal dont Guigui vous a déjà parlé (et bien, en plus) dans sa review du 1x04, qui se confirme ici avec les deux pierres - une blanche et une noire donc - que Jack trouve dans une petite bourse qui se trouve sur l’un des deux cadavres gisant sur le sol des cavernes. Un autre élément assez étrange vient s’ajouter au puzzle : selon Jack, il faut à peu près 40 ou 50 ans pour observer un tel état de décomposition, hors si Adam et Eve faisaient partie de ceux qui étaient sur l’île avant nos rescapés cela ne colle pas puisqu’ils seraient morts depuis 16 ans. Soit ce sont encore d’autres personnes, soit l’île possède des caractéristiques temporelles assez étranges. Si l’on est bien sûr d’une seule chose la concernant, c’est ce que Locke dit à Charlie à propos d’elle : "What I know is that this island just might give you what you’re looking for but you have to give the island something". Et ça, c’est ce qu’on appelle une belle transition pour aborder le paragraphe suivant.

Locke rocks

Depuis l’épisode 4, on sait quel est le personnage le plus intéressant de la série, et il ne cesse de devenir de plus en plus mystérieux. Alors qu’il était à l’écart au début, il commence à prendre de plus en plus les choses en main, mais à sa manière. Il est d’abord parti à la recherche de Jack dans l’épisode précédent pour le guider et il s’occupe maintenant du cas de Charlie. Il a dû voir le previously comme nous parce qu’il finit par découvrir que le galopin se drogue (enfin non, il ne l’a sans doute pas vu, ce foutu previously, parce qu’il aurait tiqué quand Charlie est sur le point de gaffer en parlant de ceux qui étaient là avant eux, à la vue des cadavres), et il l’oblige à stopper en échange de quelque chose de plus précieux aux yeux du rocker déchu : sa guitare. Il y a d’ailleurs une scène amusante qui une fois de plus use parfaitement du double sens (ou de la double lecture, comme vous voulez), qui est celle où Locke demande à Charlie s’il est en manque de musique : la dépendance à la drogue de l’ex-star est en filigrane de cette conversation, de façon à peine voilée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Locke se pose de plus en plus en mentor.

Les petits détails sympa (ou encore : trucs en vrac que j’ai pas réussi à caser)

- Alors que les allusions sur le couple Jack/Kate fusent en début d’épisode (Charlie qui leur demande d’arrêter de copuler verbalement, Hurley qui demande à Jack si ça avance ou non, Kate qui croit que Jack la reluque), on évite de sombrer dans une love story à deux balles en nous prenant à contre-pied, et c’est TANT MIEUX.

- Oui, les menottes finalement ont finalement resservies, mais maintenant y en a plus, le méchant Michael les a brisées. Snif.

- Les piles du walkman de Hurley sont toujours en forme.

- Toujours avec Hurley, qui ne sait pas faire la différence entre des Chinois et des Coréens.

- Après avoir vu Kate et Sun se laver et Kate trier des affaires, on voit brièvement Locke se raser. Ce sont des petites tranches de vie en rapport avec l’hygiène qui sont surtout là pour dire "on ne va pas s’attarder dessus parce que ça n’aurait aucun intérêt, mais vous pouvez voir qu’on n’oublie pas cet aspect-là non plus".

- Charlie est allergique aux abeilles, ça peut être super important comme super anecdotique

- Depuis le début de la série, les scénaristes s’amusent à nous proposer des duos inédits à chaque fois (enfin au bout d’un moment ils ne le seront plus).

Ceux qui n’ont pas aimé vous diront

Que ma review est trop longue. Sur ce coup-là ils auront sans doute raison, mais je l’ai soignée et surtout je l’ai voulue exhaustive pour montrer que si on s’attarde sur les petits détails d’un épisode il y a quand même un bon paquet de choses à dire, ce qui me semble suffisant en soi pour réfuter le fait que la série soit plate et qu’il ne s’y passe rien. Je trouve cela plus intéressant de la part des scénaristes de bien travailler les interactions des personnages, surtout qu’ils sont assez nombreux et que les possibilités sont assez variées pour ne pas rendre le tout ennuyeux. Je ne promets pas de le refaire à chaque fois parce que cela demande un temps assez considérable, mais je tenterais en tout cas. Sinon, sur cet épisode les détracteurs pourront dire tout un tas de choses mais ça n’a pas d’importance parce qu’ils ont tort, tout simplement parce qu’un épisode sur Sun ne peut pas être mauvais. J’ai dit.


Flashbacks bien intégrés, mise en relief du couple coréen touchante, interactions entre les personnages bien gérées, des détails qui font la différence, le thème du "racisme entre minorités" abordé intelligemment au biais d’une ou deux phrases (non pas que ce soit développé mais c’est présent et c’est pas con), un Locke qui fascine, pas vraiment de temps mort ; bref c’est pour ma part un très bon épisode. Normalement, je mettrais 8, mais j’ai promis que je serais subjectif et l’omniprésence de la magnifiquement sublimement divinement extraordinairement belle Sun ne me fait rajouter rien moins qu’un point de plus au compteur.