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1.14 - Special

Père & Fils

samedi 23 juillet 2005, par Sygbab

C’est sans doute l’épisode le plus touchant de la série à ce jour. Préparez donc vos mouchoirs.

Troisième épisode écrit par David Fury, qui nous a fourni l’exceptionnel Walkabout (1.04) impressionnant de maîtrise, et le très dense Solitary (1.09). Après ces deux réussites totales, on ne peut qu’attendre un grand épisode de sa part. Et ça tombe très bien que ça soit centré sur Walt et Michael, parce que Walt est régulièrement en contact avec Locke depuis le début de la série, et qui dit Locke dit... bah tout simplement des scènes excellentes, ni plus ni moins. Pour en parler aujourd’hui, étant donné que le titre de l’épisode est Special, j’ai décidé de complètement chambouler le modèle établi des reviews depuis le début pour que celle-ci soit spéciale : pas de parties distinguant les flashbacks de l’île, nada. Surtout que l’essentiel de ce qui se passe sur l’île est fortement en corrélation avec les flashbacks (en plus j’utilise des mots savants).

Par le biais de certaines répliques éparpillées dans les épisodes précédents, on savait que Michael ne connaissait pas beaucoup son fils et ne l’avait récupéré que deux semaines avant le crash de l’avion, après que sa mère (à Walt, pas à Michael) soit morte. Seulement, on ne connaissait pas les circonstances ; et comme parfois son attitude sur l’île laisse penser qu’il n’aime pas jouer le rôle de père - comme le fait remarquer Hurley au début de l’épisode - et que Walt pense que son père n’en a jamais rien eu à faire de lui (il émet cette idée pour la première fois dans le 1.06), on pouvait se demander si Michael n’avait pas abandonné sa femme après la naissance de Walt ou quelque chose de ce goût-là, même s’il disait le contraire. Hors, il s’avère que sa situation est un peu plus compliquée, puisque ce n’est pas de son propre chef qu’il est sorti de la vie de Walt mais bien parce que Susan l’y a forcé en l’emmenant avec elle à Amsterdam. Après avoir tenté en vain de rester en contact avec lui en envoyant des lettres - que Susan ne lui donnait pas, raison pour laquelle Walt ne savait rien de son père -, lorsqu’il apprend que Brian (le petit ami de Susan) veut adopter son fils, il comprend que son acharnement n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux pour son fils et que son comportement est peut-être égoïste... Il fait donc le choix de rester en dehors de la vie de Walt, ce qui est très difficile. Ce n’est que d’autant plus dur que lorsque Susan meurt, Brian abandonne lâchement Walt entre les mains de son père biologique, parce qu’il l’avait adopté seulement pour pouvoir se marier. Et comme Walt est en plus différent, il n’assume pas... Enfin c’est l’excuse qu’il a trouvée pour justifier son acte. La colère de Michael est légitime, parce que cela va sans doute perturber son fils, et sur un aspect personnel il va devoir réapprendre à être père face à un enfant qui le blâme de ne jamais avoir été là pour lui.

Cette histoire est touchante, notamment le dernier flashack ou Michael rencontre enfin son fils à nouveau, où on le voit faire des concessions énormes en cachant la couardise de Brian qui n’en a rien à faire de Walt. Aussi touchant que lorsque Michael donne à son fils la boîte contenant toutes les lettres qu’il lui avait écrites. Il n’y a pas de chichis, David Fury traite tout cela avec une grande simplicité et c’est très bien comme ça. Il se permet même d’insérer une péripétie dans les flashbacks qui de prime abord n’est pas très importante : l’accident de Michael. Ca n’a effectivement sans doute pas une grande influence dans la série, mais du coup il se retrouve dans un fauteuil roulant. Et là, il est difficile de ne pas y voir un gros clin d’oeil à Oz. Car l’acteur qui joue Michael n’est autre que Harold Perrineau, l’emblématique Augustus Hill dans l’une des meilleures séries jamais créées, où il joue le rôle d’un handicapé qui commente les épisodes de manière symbolique. Mais je ne vous apprends rien si vous êtes de grands amateurs de série.

Pour bien traiter le sujet comme il faut, David Fury se concentre sur les relations entre Michael et Walt sur l’île (au détriment d’autres intrigues certes, mais qui sont tout de même bien intégrées), et ce qui va avec. C’est-à-dire la relation entre Walt et Locke, que Michael ne voit vraiment pas d’un bon oeil, surtout que John apprend au garçon à lancer son couteau de chasse. Ca chauffe légèrement entre les deux hommes et Boone montre au passage qu’il devient véritablement le toutou de Locke (je serais tenté de dire son fidèle étant donné que Locke me fait de plus en plus penser à un gourou) en agressant Michael (il est aussi très distant avec Shannon, après ce qui s’est passé dans l’épisode précédent). L’ironie veut qu’il est obligé de s’associer à Locke pour retrouver Walt, qui a disparu après un accès d’autorité un peu maladroite. Enfin, ironie, si on veut... Je pense que Locke sait très bien ce qu’il fait car en refoulant brusquement Walt après que son père lui aie fermement indiqué qu’il ne voulait plus qu’il approche de son fils, il sait pertinemment quelles conséquences cela aura, à mon avis. Et ça lui octroie la possibilité de se remettre bien avec Michael, donc ça sert ses intérêts (dont on se sait pas exactement ce qu’ils sont). Il en profite au passage pour dire à Michael qu’il serait bon de traiter Walt en adulte car non seulement il a sans doute enduré beaucoup plus d’épreuves que beaucoup de personnes dans leur vie, mais en plus il est différent et qu’il devrait avoir le droit d’utiliser son potentiel (il sait forcément quelque chose à ce propos).

Différent car il possède des pouvoirs (j’ai l’impression que Michael ne croyait pas trop aux histoires de Brian), et il en bénéficiait déjà avant de monter sur le vol 815, ce qui est très intrigant. Est-ce lui qui matérialise l’ours polaire vu dans le comic book qu’il lisait ? C’est une possibilité, et on pourrait supposer que comme ses pouvoirs étaient existants avant de venir sur l’île et qu’il s’en sert sans doute inconsciemment il n’a pas beson de payer de prix lorsque l’île lui donne quelque chose. Là, je préfère prévenir que ce n’était que pure spéculation de ma part, surtout que d’après ce que disait Rousseau les ours polaires existent bel et bien sur cette île, donc que penser ? Encore mieux : et si c’était lui qui avait voulu que l’avion se crashe pour ne pas rentrer avec son père ? Il est en tout cas fort possible que Walt ait une grande importance par la suite, au même titre que le bébé de Claire. Qui sait, peut-être que les survivants auront besoin de lui pour lever une armée d’ours polaires en les matérialisant, pour combattre les Autres...

En parlant d’ours, j’aimerais revenir sur la scène où Walt se fait attaquer. Ca apporte un peu de tension dans l’épisode, comme dans le précédent quand Boone et Shannon sont poursuivis. Seulement, les effets spéciaux sont vraiment mal foutus (l’ours ne ressemble vraiment à rien, c’est voyant comme le nez au milieu de la figure que ce sont des images de synthèse), et le découpage avec les flashbacks rend le tout un peu trop haché, c’est dommage.

Si tout cela plus les flashbacks prennent une grande partie de l’épisode, Fury n’oublie pas non plus de faire avancer un peu la mythologie. Avec Charlie en premier lieu, qui cherche partout le journal intime de Claire (devinez qui l’a ?) pour y trouver des indications afin de savoir où la chercher. La scène où on le voit hésiter à le lire avant de le ranger est d’ailleurs drôle et bien jouée de la part de Dominic Monaghan. Il finit par craquer et apprend que Claire fait un rêve étrange avec une femme sur le Black Rock... Pendant que Sayid pense que les cartes de Rousseau assemblées permettent de localiser le signal de détresse (décidément, il a de la suite dans les idées). Etant donné que la Française avait elle aussi parlé du Black Rock, tout cela est-il lié ? Il faudrait demander cela à Claire, qui réapparaît à la fin de l’épisode (toujours enceinte), ce qui nous gratifie d’un cliffangher de bonne qualité.

A noter aussi que d’une scission "je vais dans les grottes/je reste sur la plage" (qui n’a d’ailleurs pas donné lieu à une grande séparation, contrairement à ce que l’on pouvait penser), on se dirige grâce à cet épisode vers un "je veux rester/je veux partir" puisque Michael est déterminé à construire un radeau pour quitter l’île (pourquoi ne pas profiter du bambou qui est à leur disposition et de la hache qu’ils ont, hein ?). C’est intelligemment amené puisque c’est avant tout à Walt qu’il pense car il refuse que son fils puisse grandir dans cet environnement. Maintenant, il faut savoir s’il va recevoir du renfort ou si son projet va tomber à l’eau (c’était la petite pointe d’humour de la review).

Trucs en vrac

Non non, je n’ai pas trahi ma parole. J’ai dit qu’il n’y aurait pas de parties pour distinguer les flashbacks de ce qui se passe sur l’île, mais pas que je vous priverais de ce petit rituel.

- Lorsque Michael demande à Jack s’il écoutait son père quand il était gosse, ce dernier lui répond qu’il l’a même peut-être trop bien écouté. Tu m’étonnes.

- Locke est con. Sérieux, il aurait pu tenter avant de se resservir de son happeau vu que ça fait revenir Claire...

- Ouais non, en fait il s’en servait parce que Vincent s’est encore fait la malle...tte (mauvais jeu de mots).

- On remarque que les personnages liés entre eux sur l’île sont très intéressants sur l’île et dans leurs flashbacks, que ce soient Jin et Sun, Michael et Walt ou encore Boone et Shan... ah non, pas ceux-là, c’est vrai.

Ceux qui n’ont pas aimé vous diront

C’est David Fury qui écrit, et c’est sans doute le meilleur scénariste de la première saison. Alors on aime et on se tait, point.


Bah voilà. Dans un autre genre, David Fury nous offre encore un très bel épisode. Alors oui, il écarte beaucoup de personnages pour laisser quasiment toute la place à Michael et Walt ainsi que Locke, mais comme les flashbacks sont réalistes et touchants et que le parallèle avec ce qui se passe sur l’île est est impeccable, ça ne pose pas vraiment de problème ; surtout que la mythologie avance un tout petit peu et que el retour de Claire donne envie de voir la suite. Et même, rien que pour le clin d’oeil à Oz cet épisode mérite une bonne note.