LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > Lost : Les Disparus > Lève toi et marche !!!

1.04 - Walkabout

Lève toi et marche !!!

Les pieds sur terre

samedi 2 juillet 2005, par Guiguilegentil

Il y a des épisodes qui arrivent assez tôt dans les séries et qui deviennent très vite des références et des points de comparaison pour tous ceux à venir dans le show.

« Walkabout » est réalisé par Jack Bender à qui j’aimerais bien envoyer une couronne de fleur pour la réussite de cet épisode même si une grande partie de celle-ci est également imputable à David Fury ("Buffy", "Angel") qui en a écrit le scénario. Ce qui me fait penser qu’il est bien dommage que ce scénariste qui a écrit les meilleurs épisodes de la saison, soit déjà parti de l’équipe créative. Un petit coup de gueule sur le titre VF : « Les pieds sur terre  » ce titre est pas mal spoiler et est plutôt simpliste en comparaison du titre VO : « Walkabout » puisqu’il renferme un double sens. Bien sûr cela nous donne un indice sur le thème de l’épisode (to walk = marcher) mais surtout c’est un terme pour désigner une sorte de pèlerinage, bref le mot qui évoque le mieux, finalement, le personnage de Locke dans cet épisode, sans pour autant vendre la mèche sur son final. Donc pas merci à la VF dont le doublage rend le final explicite rien qu’avec des dialogues, qui à l’origine étaient un peu plus subtils, en plus de pourrir le titre. C’est un peu comme si le film SIXIEME SENS de Nigth Shyamalan c’était appelé (attention spoiler !) « Je suis un psy fantôme »... Lourd donc...


Ce qui se passe sur L’Ile...

Locke (Terry O’Quinn) se réveille sur l’Ile mais c’est un flash-back. Même si certains ont pu comprendre de quoi il retournait (cf. la révélation/twist de l’épisode) en n’observant que les semelles des chaussures de Locke n’étaient absolument pas usées, moi de mon côté je m’interrogeais sur le fait qu’il ait perdu l’un de ses souliers et que celui-ci se retrouve juste à côté de lui... Après un crash aérien... Bref, je n’ai sans doute été pas assez attentif mais je me suis fait berner par les scénaristes (et c’est tant mieux), car il est vrai que même si le titre VF était spoiler, deviner le pot aux roses n’était pas si difficile, c’est ce que je me dis en revoyant l’épisode en tout cas. Encore une fois, cela nous montre bien que LOST est un puzzle qui n’attend qu’à être manipulé par les téléspectateurs.Alors qu est ce que j ai de beau la dedans ?

Locke est sorti de sa rêverie par les aboiements de Vincent. Et pour cause, alors que nous sommes en pleine nuit, dans la carcasse de l’avion, des sangliers viennent se repaître des restes des passagers qui ont trouvé la mort dans le crash. C’est alors que le petit groupe de décideurs habituel envisage de brûler le cockpit avec les cadavres à l’intérieur. Le lendemain matin, tandis que Sayid se met dans la tête de retrouver le signal émis par la Françai... pardon, par l’Allemande, en bidouillant la radio, une engueulade éclate entre Sawyer (oui, oui, encore lui) et Hurley à propos de nourriture ; en effet, ils commencent à en manquer et tous se demandent comment faire. C’est là que Locke fait une entrée fracassante en jetant un de ses nombreux couteaux (rangés dans une magnifique mallette gris métallisé qu’on se demande d’ailleurs d’où il la sort), à côté de Sawyer, coupant court à toute forme de discussion. Il propose d’aller chasser le sanglier et Kate et Michael se portent volontaire pour l’aider.

Alors que Boone et Shannon se chamaillent encore, cette dernière n’étant pas très disposée à se rendre utile, on nous sert un bon petit dialogue qui résume bien leur situation. Personnellement j’y vois de la David Fury touch’ (parce que dans ses épisodes du Buffyverse il nous offrait de purs bons dialogues de cet acabit) :

- Boone : Au moins tu n’as pas à avoir peur de mourir de faim puisque je m’occupe de toi...

-  Shannon : Je ne vais pas mourir de faim !

-  Boone  : Ouais et qu’est ce que tu vas manger ?

-  Shannon : L’océan est plein de poissons...

-  Boone : Désolé de te dire ça mais l’océan ne risque pas de prendre ta carte bleue.


Bien sûr Shannon ne compte pas pêcher elle-même et va faire de l’œil à Charlie pour que ce dernier le fasse pour elle (normal). Pendant ce temps, Boone va confier à Jack qu’il s’inquiète pour Rose qui s’est isolée et semble perdre la boule. C’était la passagère qui était assise à côté de Jack dans l’avion et dont le mari était parti aux toilettes et qui bien sûr a disparu en plein vol avec la queue de l’appareil. Jack en "bon" médecin (même s’il n’est pas psy) et surtout en bon boy-scout qu’il est, va lui tenir compagnie. Un peu plus tard celle-ci lui confiera qu’elle pense que son mari est toujours en vie tout comme les passagers qui étaient à l’arrière de l’avion... C’est à ce moment précis que Jack a une brève vision étrange d’un homme mystérieux en costume, debout au loin, près de la végétation... Mais nous n’en saurons pas plus pour le moment. Ce qu un mec est pret à faire pour attrapper une meuf !

Du côté de la partie de chasse, cela tourne court : Michael est blessé par un sanglier et Locke, bousculé, semble avoir du mal à reprendre ses esprits. Finalement il partira de son côté sans ses deux boulets et tandis que Kate essaye d’accrocher l’engin fabriqué par Sayid pour trianguler la zone et trouver le signal franç... allemand, voici que « Le Monstre » revient faire un tour en direction de Locke, faisant tomber le matériel transporté par Kate. Locke va donc se retrouver nez à nez avec la chose qui semble mesurer au moins 5 mètres (à vue de nez en tout cas si je puis dire), celui-ci ne semble pourtant pas plus effrayé que cela...Lorsque Michael et Kate reviennent sur la plage, tout le monde imagine que Locke mort. Mais c’est alors que Jack a à nouveau une vision et essaye de rattraper ce fameux homme mystérieux et tombe sur (est-ce un hasard ?) un Locke en sang et hagard qui transporte un sanglier derrière lui : la chasse semble finalement avoir été bonne.

Le soir, Claire organise une petite cérémonie en l’honneur des morts du crash, pendant que le cockpit est brûlé. Locke semble absent et penser à son passé...


Ce qui se passe dans les flash-backs...

Bien sûr on a le premier flash back nous montrant Locke revenir à lui sur la plage suite au crash, sans vraiment comprendre l’intérêt de la scène même si on sent que c’est ‘important’. Le deuxième flash nous montre un John baignant dans une magnifique et intrigante lumière verte (bravo pour la photographie de ce passage), on y parle d’étranges manœuvres et de point de rendez vous... John serait-il un militaire ? Que nenni : nous avons à faire à un employé de bureau qui finalement joue à des jeux de rôles militaires avec un collègue sous l’œil narquois d’un jeune et hautain supérieur. Juste après la scène du monologue qui en impose où Locke balance des couteaux sur la plage, y a de quoi casser carrément le mythe. Et pourtant... On apprend même qu’il s’imagine avoir une petite amie en la personne d’une animatrice de ligne rose, ce qui suggère que notre ami est plutôt déficient niveau relationnel.
Le rêve de Locke est de réaliser un safari en pleine nature en Australie (le fameux pèlerinage), malheureusement ce rêve (cette destinée) sera brisé lorsque l’organisateur du voyage refusera à John d’y participer à cause de son handicap. Effectivement, notre ami est en fauteuil roulant et là, tout ce qui semblait flou durant l’épisode devient cohérent (dans chaque scène de flash-back on voyait Locke assis ou allongé sans que cela n’éveille vraiment nos soupçons) : L’Ile lui a rendu ses jambes !!! De plus, la révélation se fait dans une scène pleine d’émotion, d’où les fleurs que je voulais offrir au réalisateur dans mon intro mais aussi au compositeur Michael Giacchino qui réalise la très bonne musique de "Lost" et nous offre ici un magnifique thème à vous tirer les larmes. Du grand art...


DON’T TELL ME WHAT I CAN’T DO !!!

Cet épisode marque bien la différence entre Locke et les autres personnages : ils en sait plus qu’eux sur les évènements que tous subissent, il est vraiment littéralement à part. Mais qui est donc John Locke et que sait-il ? Qu’a-t-il vu dans la forêt ? Comment a-t-il retrouvé l’usage de ses jambes ? Une piste à suivre c’est peut être le nom même du personnage : John Locke. En effet, si on y regarde de près on remarque que "lock" en anglais, ça nous donne "serrure", alors de là à imaginer que ce personnage est la clé du mystère il n’y a qu’un pas (remarquez c’est sans doute un hasard au vu de la suite de ce paragraphe)... Mais surtout il faut se rendre compte que les scénaristes se servent énormément de la culture littéraire pour semer des pistes pour la compréhension des mystères de la série. Rien que le thème de survivants sur une Ile déserte est naturellement un thème porté par la littérature. Et donc un John Locke a vraiment existé (un vrai), il s’agissait en réalité d’un philosophe anglais qui plancha sur le concept de la connaissance.Voici qui nous sommes

Cet homme passa sa vie à essayer de comprendre les humains et développa plusieurs essais sur le sujet. En fait, Locke se donna pour but de déterminer l’origine, les degrés de certitude et même l’étendue des connaissances humaines, leurs fondements et la foi que l’on peut y accorder, etc. Les parallèles à faire avec la série deviennent alors évidents. En gros : il réfléchit sur ce qui était compréhensible ou non pour les hommes et surtout comment... Car pour Locke il n’y avait pas d’idée innée et il formula là-dessus la métaphore de l’ardoise vierge (« tabula rasa » : oui, oui c’est aussi le titre VO du 1x03) pour décrire l’esprit humain avant son contact avec le monde. L’esprit est donc vierge à l’origine et seule l’expérience peut être le fondement de nos connaissances. La matière de notre esprit est donc soient les objets extérieurs (idées qui viennent des sens), soient les opérations de la pensée elle-même (idées qui viennent à la suite de l’action de la réflexion) : dans les deux cas, les idées proviennent de l’expérience. Par les sens, une excitation ou un mouvement sur le corps nous fait percevoir des qualités sensibles ; par la réflexion, l’âme reçoit l’impression de sa propre activité lorsqu’elle perçoit les choses du monde extérieur.

Après ce petit résumé sélectif de la pensée de Locke, en le mettant en parallèle avec le personnage de la série, on ne peut qu’y trouver une résonance toute particulière qui me fait penser que les scénaristes savent pertinemment où ils vont (un petit merci à Wikipédia pour ce dernier paragraphe), au point de lancer une véritable mythologie. Peut-être qu’il faut voir une certaine renaissance pour les personnages via le crash sur l’Ile et que les connaissances qu’ils vont acquérir à la force des épreuves qu’ils vont y subir vont déterminer concrètement le sens de leur vie... Cela suggère presque une force supérieure tirant les ficelles, quelque chose comme, par exemple, la destinée, dirons nous : c’est la destinée, LEUR destinée...

Dans l’un de ses textes, l’écrivain parle également de la frontière entre le bien et le mal, mais avec des mots qui rappelleront quelque chose à ceux qui ont vu le pilote en VOST : “...the Horizon found, which sets the boundary between the enlightened and the dark Parts of Things.” Light & Dark : comme les paroles de John lorsqu’il explique les règles du Bagdammon à Walt. Des règles qui semblent aussi s’appliquer à l’Ile même, des règles que seul John, grand adepte de jeux, semble comprendre. Le blanc et le noir sont, de fait, très présents dans LOST comme on pourrait le constater encore, plus on avancera dans la série, sont effectivement aussi des éléments importants dans "Alice au pays des merveilles" de par... le jeu d’échecs (et dans "Les Aventures d’Arthur Gordon Pym" de Poe qui raconte aussi les aventures d’une Ile mystérieuse) ! Pourquoi je vous parle d’ « Alice » ? Tout simplement parce que c’est aussi une référence pour la série, il n’y a qu’à voir l’épisode 1x05 qui se nomme en version originale « White Rabbit ». Mais je laisse Speedu vous parler de cet opus.


Un petit mot sur l’acteur...

Terry O’Quinn est ce que l’on appelle un acteur fétiche pour J.J. Abrams puisque ce dernier l’a fait jouer un rôle secondaire mais déterminant dans "ALIAS", mais c’est aussi un fidèle de Chris Carter (créateur de "The X-Files" entre autres). En effet, il a tenu des rôles plus ou moins importants sur 3 de ses 4 séries, ce qui lui a valu une petite mais solide reconnaissance des sériephiles dans les années 1990. On le voit tenir le rôle d’un détective borné dans « Aubrey » la saison 2 de "The X-Files". Toujours dans "The X-Files", mais cette fois, le film en 1998, dans le rôle de l’agent du FBI Darius Michaud. Par la suite, on a pu le découvrir dans le rôle sublime de Peter Watts dans la sombre série "MillenniuM" bien connu par le FLT comme vous pouvez vous en douter, et enfin dans le rôle du terrible général Santiago dans "Harsh Realm". En plus, ce quatrième épisode de LOST a été diffusé un Mercredi 13 Octobre, date fétiche de Carter (toutélié ?) Ce n’est pas peu dire que finalement Terry O’Quinn c’est aussi un acteur fétiche pour le FLT et qu’il mérite un bon dieu d’Emmy Award pour son interprétation dans LOST, et plus particulièrement pour cet épisode (ainsi que le N°19 qui lui sera également consacré).


Ceux qui n’ont pas aimé l’épisode vous diront :

Rien, parce que cette fois il n’y a rien à dire, ou en tout cas, je ne veux rien savoir de ce que les détracteurs pourront dire de cet opus tant pour moi il est excellent... Voilà et pis d’abord j’écris ce que je veux ici, alors zut à ceux qui n’ont pas aimé !!! Non mais...


Je crois que j’ai tout dit : acteur fantastique, scénario extrêmement bien mené où tous les éléments servent la narration avec une pertinence encore jamais égalée à ce jour dans la série (je vous dis ça en ayant vu toute la saison). En effet ici, toutes les scènes de flash-backs servent à la fois à faire avancer l’intrigue de l’Ile et le climax du personnage avec un twist en parfaite adéquation avec l’ensemble. Une réalisation bien sûr à la hauteur et une musique chargée d’émotion qui vous fera presque verser votre petite larme. Bien sûr à tout ceci le doublage ôte une bonne part de l’intensité de la scène finale, avec son "ne me dit pas que je ne peux pas faire quelque chose" (ridicule) ! Y a pas à dire faut vraiment mater tout ça en VOST !!! Ma dernière note de 10/10 sur la série est pour cet épisode...