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1.02 - Gay

That’s a goddamn promise, bitch

Tolérances

vendredi 11 novembre 2005, par KB

Un pompier homosexuel parti à la retraite déclare à un journal qu’il connaissait 20 pompiers homos morts durant le 11 septembre. Un article qui a le don de mettre en boule le chef Jerry Reilly.

On commence cet épisode par Tommy qui, en arrivant près de chez lui, fait face à plusieurs camions de pompiers. Sa maison est en feu. Le chef Reilly lui annonce que toute sa famille est morte. Complètement hors de lui, on le voit courir vers la voiture de police où se trouve le pyromane. "Regarde-moi, connard !" lui crie-t-il. Le pyromane enlève alors sa capuche et on découvre qu’il s’agit de... Tommy himself. Il finit par ouvrir les yeux, réveillé par la sirène incendie. Il s’agissait d’un rêve. Je dois dire que j’ai été dupé.
Le rêve en question symbolise quelque part la crainte de perdre sa famille, d’être séparé d’elle avec le possible déménagement en Californie. Et Tommy en pyromane, pour signifier qu’il se sent un peu responsable inconsciemment de la situation actuelle. Bien entendu, tout ça reste sujet à plusieurs interprétations.

La sirène retentit donc suite à un accident de voiture impliquant des jeunes. Oui, beaucoup de jeunes conduisent comme des brèles. Durant le trajet vers le lieu d’intervention, les gars parlent d’un pompier parti à la retraite qui déclare à un journal qu’il existe une société secrète d’homosexuels dans la FDNY. Il ajoute qu’il connaissait 20 pompiers homos morts durant le 11 septembre.

Lou - How do you prove 20 of these guys were gay ?
Tommy - You know how you prove it ? You look at a poster of the 343, pick out the 20 best-looking guys. Those are the ones the fags are gonna claim were gay.
Lou - What do you mean ?
Tommy - Well, it’s always the handsome sons of bitches. It’s always Tom Cruise and Brad Pitt that they say are gay. It’s never, you know, Donald Trump or Dennis Franz or Jim Belushi.
Mike - Donald Trump’s gay ?
Tommy - Get out of the truck.


Lou - Comment tu peux prouver que ces 20 gars étaient homos ?
Tommy - Tu sais comment ? Regarde les photos des 343 morts du 11 septembre, choisis les vingt plus mignons. Les pédés vont dire que c’est ceux-là les homos.
Lou - Comment ça ?
Tommy - C’est toujours les mêmes connards de beaux gosses. Ils disent toujours que c’est Tom Cruise et Brad Pitt qui sont homos. C’est jamais Donald Trump, Dennis Franz ou James Belushi.
Mike - Donald Trump est homo ?
Tommy - Descends du camion.


La discussion se poursuit par la suite dans la cuisine où le chef Jerry Reilly a l’air quelque peu remonté. Ce qui le dérange le plus dans l’histoire - au-delà du fait qu’il soit homo - c’est qu’il salit la mémoire du 11 septembre. Lou repart sur ses interrogations en demandant comment peut-il savoir s’ils sont homos. Jerry, lui, est plus sec :

"I’m on the job 20 years, and I never seen one guy that’s a faggot, and all of sudden they’re tellin’ me 20 guys are takin’ it right up the ass ?"

("Je fais ce boulot depuis 20 ans et j’ai jamais vu un seul pédé. Et tout d’un coup, 20 gars qui aiment se faire enculer apparaissent ?")

Sean intervient pour dire qu’ils n’étaient peut-être pas nécessairement homos mais que leur façon de bien s’habiller, de suivre la mode avait prêté à confusion. "Peut-être qu’ils étaient métrosexuels."

"What in the sweet chocolate Christ is a metrosexual ?" demande le chef Reilly.
("Par le petit Jésus en chocolat, c’est quoi, un métrosexuel ?")

La question est bien posée. Car jusqu’alors, j’avais aucune idée de ce que c’était.
"C’est aimer faire des choses considérées comme homos, sans être homo." nous explique Mike. Bien sûr, il faut que Sean rende la définition légèrement dérangeante au vu du machisme ambiant en évoquant des hétéros qui aiment se faire faire des soins du visage, ou le maillot. Il n’en faut pas plus pour faire sortir le chef Reilly de ses gonds.

"Enough ! Nobody in this firehouse goes out and goes shoppin’ anymore unless it’s for underwear or boots or a pair of goddamn gloves. And nobody, and I mean nobody, goes and gets a facial, unless that means puttin’ water on your face to clean it up after you catch a job. And the word "metrosexual," from this point on, is banned from these quarters."

("Ça suffit ! Personne dans cette caserne ne va faire les magasins sauf pour s’acheter des caleçons, des bottes ou des putains de gants. Et personne, je dis bien personne, ne se fait des soins du visage sauf si ça veut dire se mettre de l’eau sur le visage pour se laver après une intervention. Et à partir de maintenant, le mot métrosexuel est interdit.")

Pour revenir sur l’intervention, il s’agit d’une jeune asiatique décédée au volant de sa voiture, en feu, avec un long bout de fer qui lui traverse la poitrine. Tommy s’approche de la bagnole (feu éteint) d’un air repoussant, craintif, pourrait-on croire, avant de s’en éloigner quand le fantôme de la conductrice s’adresse à lui pour lui dire qu’elle veut "rentrer à la maison". Il part alors prendre une gorgée de whisky en douce, mais Franco le chope en flag la bouteille à la main. "Shit."
On verra par la suite Tommy se rendre à ses funérailles (à croire qu’il cherche à comprendre pourquoi il voit ces morts) en s’asseyant au fond de la salle quand la conductrice décédée s’adresse de nouveau à lui, lui demandant ce qu’il fait ici ce qu’il le fait partir.

De retour chez lui, Tommy voit un post-it sur sa porte de la part de Janet qui veut lui parler de toute urgence. Urgence, mon cul. Elle lui demande s’il a vu la boîte à goûter de Connor. Si y a bien un truc qui m’énerve, c’est les personnes qui aiment dramatiser la situation, qui mouillent du slip pour un rien. Car peut alors arriver le moment où, ayant pris l’habitude de ne plus tenir compte de ces excès d’inquiétude systématiques, la situation aurait voulu que vous en teniez compte. Bref.

Roger arrive chez Janet. En avance. Etait-ce un stratagème de cette dernière pour faire rencontrer son ex et son petit ami ? Non, je pense pas. Plutôt un stratagème scénaristique. Toujours est-il que Janet les laisse seul. Les présentations se font calmement. Aucune tension n’est palpable. Roger ne tarit pas d’éloges sur la profession de Tommy.

Roger - Compared to the work you do, I feel like a... wuss.
Tommy - Well, that’s not the word I would’ve picked, but that’ll do.

(Roger - Comparé au travail que vous faites, j’ai l’impression d’être... une mauviette.
Tommy - C’est pas le mot que j’aurais choisi, mais ça marche aussi.)

Tommy lui pose alors une question à laquelle on s’attendait pas à savoir s’il aime sa femme. Vous remarquerez que Tommy parle de Janet en utilisant le terme femme mais elle de lui en utilisant le terme ex. Roger ne sait pas comment répondre à la question. Tommy s’en va, jubilant intérieurement. On découvre alors qu’il a recruté une petite équipe pour contrer Roger : son frère Johnny (interprété par l’acteur Dean Winters connu sous le nom de Ryan O’Reilly dans Oz) qui est flic enquête sur ses antécedents, et Damian, le fils de Jimmy, geek, qui envoie un virus informatique bloquant notamment ses cartes de crédit. Le tout joliment mise en forme via split-screen (= écran partagé), technique récurrente dans 24, du moins à ses débuts.
En entendant parler de Damian, Jimmy demande à Tommy de surveiller Sheila, sa femme. Pardon. Sa veuve. Ce que fait Tommy qui la suit jusqu’au supermarché puis fait semblant de la rencontrer par hasard. Elle est en compagnie d’une "nana qui a un air de gouine". Tommy, après avoir invité Sheila à dîner (de famille visiblement) fait part de ses impressions à un Jimmy inquiet.

On poursuit dans ce domaine du couple avec une intervention sur un bâtiment en feu dû à un mari qui en avait marre d’entendre les jérémiades de sa femme (boy, je te comprends, crois-moi) et qu’il a enfermée dans une pièce. Jérémiades du jour qui avaient commencé par des chaussettes mouillées posées sur le lit, chose qui méduse le chef Reilly.

"Marriage is a beast, boys. I’m at it almost 40 years... and the beast has claws and nails and teeth that grow longer and sharper every goddamn day. You wanna fight back, but you can’t, ’cause if you do, the beast’ll snap your spine in two pieces. So you give in, and then you sit in front of the tube, sipping a beer, hoping and praying that she’ll fall asleep first. Or that you... die of a truly sudden and massive heart attack."

("Le mariage est une bête, les gars. J’y suis marié depuis presque 40 ans. Ses griffes et ses dents grandissent et s’affûtent chaque putain de jour. Tu veux essayer de te battre avec elle, mais tu peux pas parce que si t’essayes, la bête te brisera le dos en 2 morceaux. Alors tu abandonnes. Et tu t’assois devant la télé en buvant une bière, espérant et priant qu’elle s’endorme avant toi. Ou que tu meures d’une crise cardiaque foudroyante.")

Influencé par la discussion sur les métrosexuels, Sean s’est épilé les couilles. Au-delà du fait que sa copine apprécie, les premiers désagréments apparaissent. Il ne peut s’empêcher de se toucher les couilles toutes les dix secondes tellement ça le démange. Il utilise alors du talc mais rien n’y fait. C’est en s’aspergeant de spray de cuisine à l’huile d’olive amené par Mike que la démangeaison disparaît. Les deux se félicitent pendant que Sean continue de s’asperger dans cette ambiance loufoque. C’est alors que Lou entre. Les deux gus sont super gênés, Lou refuse d’entendre leur explication et le téléspectateur est en train de se poiler.

Le chef Reilly, après s’être renseigné, apprend que le pompier homo du journal s’appelle Bobby Teff, et qu’il traîne dans un bar homo du coin. Il s’y rend, histoire d’aller lui parler. A peine entré qu’il se fait accoster par un type qu’il envoie balader. Chose à noter, on a l’impression que le fait d’être là où il se trouve à attendre l’arrivée de Bobby Teff le rend plus mal à l’aise que dégoûté et énervé.
Pendant que Jerry attend, Tommy et Jimmy se font un barbecue. Leur conversation porte sur les homosexuels suite notamment à l’épisode Sheila. Tommy essaie de le rassurer en lui disant qu’il vaut mieux que sa femme couche avec une autre femme plutôt qu’avec un pervers en manque dopé au Viagra. Il va même plus loin en prétendant soutenir la communauté lesbienne et en souhaitant que ses filles soient lesbiennes. Il s’agit là d’une reconnaissance implicite que la plupart des hommes sont des chauds lapins. Et bien sûr, dans l’esprit du macho homophobe, imaginer deux femmes ensemble est moins rebutant que deux hommes. Car visualiser deux femmes ensemble renvoie au fantasme de beaucoup d’hommes qui est les parties à trois.
Tommy poursuit en évoquant les hommes homos.

"Sometimes I think gay guys really got it made, you know ? Think about it. You’re a guy. And you’re with a guy who has the same interests as you. That’s, like, a win-win situation, man. You know ? First of all, you both like to have a lot of sex. Second, if you’re both interested in sports, you can go to hockey games, basketball games, football, baseball. It’s all blowjobs and ballgames."

("Parfois je me dis que les types homos ont vraiment tout compris. Réfléchis-y. T’es un mec, et t’es avec un autre mec qui aime les mêmes trucs que toi. Vous êtes tous les deux gagnants. Primo, vous aimez tous les deux baiser comme des bêtes. Deuzio, si vous aimez le sport, vous pouvez aller aux matchs de hockey, de basket, de foot, de baseball. Tout n’est que pipes et sports de boules.")

Jimmy l’arrête et marque un point en expliquant une chose avec laquelle beaucoup de personnes seraient d’accord.

"Any long-term relationship has the same underlying engine, no matter what the sexual affiliation might be. You fall in love. You move in together. After a while, it’s just burning mutual resentment. You got ongoing arguments about the division of household labor and secret, evil plans to piss each other off."

("N’importe quelle relation à long terme a le même fonctionnement, quelle que soit l’orientation sexuelle. On tombe amoureux. On s’installe ensemble. Après quelques temps, il reste plus qu’un ressentiment dévorant. Des bagarres ininterrompues sur la répartition des tâches ménagères et des plans secrets pour se faire chier l’un l’autre.")

Bobby Teff arrive au bar. Le chef Reilly vient le voir. Il se présente, donne le nom de son bataillon. Visiblement, il est pas là pour chercher la tape. Il va droit au but en évoquant les "saletés" dites au journal, en mentionnant le respect de la mémoire auprès des veuves, de la famille. Teff n’est pas disposé à écouter et fait preuve d’un comportement que Jerry trouve hautain. La situation chauffe rapidement et Teff se retrouve au sol, inconscient, le visage en sang. Le lendemain, tout le monde est au courant chez les pompiers.

Place maintenant à la scène de l’épisode : celle entre Tommy et Janet. Tout part d’un bon sentiment avec Tommy qui veut lui filer un coup de main pour porter les courses. Elle décline avant de lui demander s’il a retrouvé les boîtes à goûter de Connor mais Tommy lui fait savoir qu’il est plus préoccupé par le possible départ de sa famille en Californie. Janet se défend.

"Tommy, I need to get away from this. I mean, every other house on the block has a dead hero dad. Every other kid at school has lost a father or an uncle. And you know what’s worse than all the guys that died that day ? The rest of you left behind, walking around like everything’s fine, when you’re dead inside."

("Tommy, je dois partir loin de tout ça. Chaque maison dans le pâté a son père mort en héros. Tous les gosses à l’école ont perdu un père ou un oncle. Et tu sais ce qui est pire que ceux qui sont morts ce jour-là ? Ceux d’entre vous qui sont restés vivants, à déambuler comme si de rien n’était, alors que vous êtes morts à l’intérieur.")

Ce qu’elle dit sonne juste et touche visiblement Tommy qui se renferme en prétendant qu’il ne peut pas aller en parler à un psy ou autre. Pourtant, c’est ce qu’il a fait dans l’épisode précédent. Très vite, la tension atteint son paroxysme, les deux se gueulant dessus mutuellement. Tommy qui rappelle une fois de plus qu’il a dû prendre deux boulots en plus de la caserne pour payer les factures, Janet qui répète qu’il n’était jamais à la maison. Tout ça finit par des menaces de passage devant le tribunal et Janet qui affirme que le tribunal donne toujours raison à la mère ce qui pousse Tommy, plus calme (quand on dit que les gens calmes sont souvent les plus dangereux quand ils s’énervent, c’est pas du mytho), déterminé et sérieux comme jamais, à mettre une chose au clair.

Tommy - Let me tell you something.
Janet - Don’t you threaten me.
Tommy - If I wanna threaten you, I will, okay ? You start a shit storm about my kids with me, you take ’em anywhere you want. I will hunt you down, and I will find you. Four corners of the earth, I will find you, and I will take those kids back. That’s not a threat. That’s a goddamn promise, bitch.


Tommy - Je vais te dire un truc.
Janet - Ne me menace pas.
Tommy - Si je veux te menacer, je le ferai. Si tu commences à foutre la merde avec mes gosses, à les emmener où que ce soit, je te traquerai, et je te retrouverai. Aux quatre coins du monde, je te retrouverai et je ramènerai mes gosses. C’est pas une menace. C’est une putain de promesse, connasse.


Tommy rentre chez lui, sort trois boîtes qu’il pète avec un marteau avant de le jeter sur le comptoir de la cuisine. Le plan de la caméra montre alors qu’il s’agit des boîtes à goûter de Connor. Allez savoir pourquoi Tommy les a gardées...

Mike le bleu qui vient d’effectuer son premier sauvetage lors d’une intervention va en découvrir les côtés négatifs quand le type qu’il a sauvé s’amène à la caserne pour lui offrir une bouteille de champagne. Jusque là, rien de louche. Ce qui est louche est l’attitude du bonhomme, traversant apparemment une période difficile, qui pousse Mike à accepter de déjeuner avec lui.

Le soir tombé, Tommy dans son pick-up, appelle Janet pour s’excuser et essayer de trouver un arrangement.

Janet - Are you drinking ?
Tommy - No, I’m not drinking. I’m driving.
Janet - Well, you sound drunk.
Tommy - Yeah, yeah, I’m drunk. I’m drinking, and I’m driving. You know, I just smoked some crack, and I’m getting ready to roll a nice big, fat joint—


Janet - Tu as bu ?
Tommy - Non, je conduis.
Janet - Tu as l’air bourré.
Tommy - Ouais, c’est ça, je suis bourré. Je conduis en buvant. Je viens de fumer du crack, et je vais me rouler un énorme joint...


[Janet raccroche]

A l’évidence, la sérénité entre les deux n’est pas de mise aujourd’hui. Tommy, frustré par la situation décide d’aller se soulager en appelant la meuf qu’on voit dans l’épisode précédent (l’actrice a changé, dommage), rencontrée dans un bar. Quelques mots doux au téléphone et il obtient ce qu’il recherchait. Pendant qu’il est en action, il revoit la fille Asiatique via la télé qui lui répète qu’elle veut "rentrer à la maison". Tommy aussi. Mais dans un autre sens.

La fin est composée de plans successifs sur Sheila qui regarde, en larmes, de vieilles photos de Jimmy (revoir Tommy a dû raviver tous ses souvenirs), Jerry, dans son fauteuil, inquiet à l’idée de ce qui l’attend juridiquement et professionnellement, Janet qui n’arrive pas à dormir et qui retire la main d’un Roger roupillant, et Tommy qui taille en douce de l’appartement de la blonde.


Episode moins bon que le précédent, et probablement le moins bon de la saison. Toujours est-il qu’il est intéressant de voir comment la situation peut rapidement dégénérer entre Tommy et Janet malgré la bienséance apparente.