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11.05 - An Intern’s Guide To The Galaxy
La routine
mardi 20 septembre 2005, par
Pratt supervise nos trois petits internes au cours d’une garde « course contre la montre » (ce qui est très intelligent quand il s’agit de la santé d’un patient... mais bon, c’est une idée de Pratt, on va pas trop lui en demander). Y’a pas quelque chose qui cloche ?
Il s’agit d’un épisode qui raconte pas grand-chose. Ok, c’est le cas de la plupart des épisodes depuis ce début de saison 11... Seulement, après le 11.04 qui était assez riche en rebondissements, il fallait bien que ça retombe un peu. On suit donc une garde comme les autres, à une exception près que ce sont les trois internes que nous suivont, Abby, Neela et Ray, le petit nouveau. Cet épisode aurait pu être l’occasion de nous surprendre. En ce qui concerne Abby et Neela, leurs relations aux patients sont bien installées, on aurait aimé quelque chose qui fasse bouger un peu cet état de fait. Quant à Ray, cet épisode aurait pu être l’occasion d’en apprendre plus sur un nouveau médecin qui pour le moment ne se distingue que par son look un brin anti-conformiste et un caractère assez fort pour aller avec son statut de rockeur.
Le problème de cet épisode est qu’il ne nous surprend pas du tout. Tout est beaucoup trop attendu, et même si ça n’en fait pas un mauvais épisode, ça l’empêche clairement d’occuper une place importante dans nos souvenirs.
J’aimais assez l’idée de suivre la routine du point de vue de ces médecins en devenir. On les a bien sûr déjà vus plusieurs fois à l’œuvre, on les a vus évoluer (à l’exception de Ray), mais jamais durant toute leur garde. Et il était intéressant de voir leur état en début de garde, tout frétillants de leur courte nuit de sommeil, et en fin de garde, où seul Ray semble posséder encore un semblant d’énergie. Chaque épisode d’Urgences ne doit pas être exceptionnel, on ne peut pas toujours avoir un hélicoptère qui explique le parking des ambulances. Il ne faut pas oublier que le pitch de la série, à la base, c’est « le quotidien des médecins, des infirmières et des malades du service des urgences du Cook County Hospital, à Chicago » (si Annuséries le dit, c’est que c’est vrai). Cet épisode renoue donc avec le pitch de base, mais forcément, après 11 ans, les épisodes aussi routiniers peuvent paraître un brin déjà vus. Aucun cas ne vient en plus ajouter un peu de piquant pour attirer l’intérêt du téléspectateur. C’est un peu dommage.
Mais je sens déjà que je pars dans tous les sens, alors je vais tenter de structurer un peu plus cette critique, malgré les difficultés de parler de manière organisée d’un épisode pratiquement uniquement basé sur des patients. Du coup, je vais surtout parler des patients « importants », sachant que chaque interne se trouve affublé d’un cas difficile à gérer, et c’est ce qui constitue l’intérêt principal de cet épisode.
Une garde comme les autres
12 heures. 25 patients.
Tel est le défi de nos participants du jour !
Et devinez qui est à la tête de nos trois débutants ? Pratt ! Ca me fait bien sourire, quand même, parce que Pratt est loin d’être le médecin modèle et d’occuper une position avantageuse pour faire la morale à d’autres médecins sur leur façon de pratiquer. Enfin, passons, ce n’est qu’une énormité de plus à mettre au compte des scénaristes sous acide qui écrivent les épisodes depuis la saison 9...
Abby Lockhart
Honneur aux demoiselles. Et je commence par la plus ancienne.
Comme je le disais, cet épisode étant sans grande surprise, Abby s’occupe de ses patients avec une pointe d’ « infirmière » en elle, ce qui fait qu’elle est loin d’atteindre les scores pharamineux du docteur Barnett. Et pourtant, selon moi, c’est vraiment elle qui s’en sort le mieux. Elle est efficace mais accorde suffisamment de temps à ses patients pour éviter toute négligence. Il est clair que son passé d’infirmière joue largement en sa faveur, même si elle fait parfois preuve d’un peu trop d’altruisme.
Abby s’occupe donc d’une patiente qui a apparemment tenté de se suicider, même si elle ne le reconnaîtra jamais explicitement. La patiente en question s’est droguée pendant des années mais n’a jamais été atteinte par le virus du SIDA. Cependant, elle a eu un rapport sexuel avec un homme séropositif, et le préservatif a éclaté pendant le rapport en question. Abby la rassure bien sûr en lui précisant qu’il y a peu de risques d’être contaminée de cette manière.
Mais voilà, autant limiter les dégâts, et Abby trouve l’idée de donner à sa patiente le traitement normalement réservé aux médecins qui ont été exposé au virus. Elle fait donc croire qu’elle s’est faite piquer, et donne son traitement à sa patiente. Assez grosse prise de risque, je m’étonne tout de même que ça soit aussi facile. En tout cas, il est amusant de voir à quel point on ne peut rien garder secret dans cet hôpital, c’est terrible. Abby a passé un coup de fil assez discrètement (bon, d’accord, en plein milieu du couloir, mais dans un coin assez peu fréquenté), et tout le monde finit par vouloir lui apporter son soutien dans cette terrible épreuve. J’ai aussi apprécié de voir un demi-sourire sur les lèvres de Maura Tierney pendant ces petites scènes... Bref, c’est sympa. Je ne pense pas que ça aura des conséquences par la suite puisque l’épisode m’a tout l’air d’être un loner.
Cette manière de soigner en prenant d’assez gros risques a été vue des dizaines de fois dans Urgences, mais j’ai trouvé ça bien que sur nos trois internes, ce soit Abby qui s’en charge. Parce que, comme je le disais dans une critique précédente, Abby a un rapport très particulier aux patients, elle a tendance à s’y identifier énormément, peut-être en raison de son passé d’infirmière, ou son passé familial très lié à la médecine, d’une certaine manière. Le fait est qu’elle fait toujours tout pour ne pas laisser ses patients dans une situation difficile, quitte à faire vaciller sa carrière (je n’ose imaginer ce qui se passerait si l’hôpital découvrait qu’Abby n’a jamais été victime d’une aiguille contaminée et mal intentionnée). C’est un peu gros, mais c’est dans la continuité du personnage. Ca passe.
Neela Rasgotra
De même que pour Abby, Neela reste Neela, voire pire : Neela à peine revenue dans l’enfer des Urgences. Un retour difficile pour notre médecin peu sûre d’elle (c’est un euphémisme), sans compter Pratt pour passer son temps à lui mettre la pression. Bon sang, bâillonnez-le !
Neela n’est donc pas très efficace, et on ne peut pas dire qu’elle s’en sorte très bien. Et ce n’est pas voir le score de Ray augmenter toutes les dix minutes qui va lui redonner confiance en elle. Elle n’est toujours pas sûre de vouloir devenir médecin, toujours pas sûre d’être à sa place au CCH. J’ai trouvé ça plutôt bien. J’avais peur que la faire revenir fasse oublier tout à coup toute sa crise existentielle sur « ai-je choisi la bonne voie ? ». J’avais peur d’une fin facile à la Kerry-Weaver-récupère-Henry. Mais non, Neela reste Neela, médecin malgré elle.
Et elle est affublée d’un cas assez difficile. Un homme arrive avec plusieurs ecchymoses, et s’avérera être atteint d’une leucémie. L’homme est très croyant et pense avoir été puni par Dieu. Puis il finit par s’en aller. Neela le cherche partout. Pauvre Neela, comme je l’ai dit, c’est un retour aux sources difficile pour elle. Elle retrouve tout ce qu’elle déteste, sauf qu’elle a limite encore moins confiance en elle-même qu’avant, n’étant toujours pas remise de sa petite crise. Ce qui fait qu’elle a l’air désespéré d’un bout à l’autre de l’épisode. J’en connais que ça a dû énerver... Mais bon, j’aime toujours autant Neela. Finalement, elle retrouve son patient à la chapelle de l’hôpital. Elle tente de se mettre dans son esprit et fait un très joli discours sur le fait que cette même force qui lui fait subir cette épreuve l’a fait venir à l’hôpital pour se faire soigner.
J’aime le personnage de Neela en raison de ces deux qualités (oui, pour moi ce sont deux qualités) : elle connaît très bien son travail, elle est brillante, mais manque de confiance en elle. Ce qui l’empêche de faire ou au contraire lui fait faire n’importe quoi. En ça, elle me rappelle Susan Lewis dans les premières saisons de la série. Sauf que Neela est beaucoup plus extrême, étant donné qu’elle a tout de même décroché la médecine pendant un petit moment. Mais elle n’est pas arrogante comme un Pratt, et est du coup beaucoup plus agréable à suivre. On a eu pas mal de médecins très sûrs d’eux qui se sont succédés aux urgences, mais les médecins qui doutent, c’est déjà plus rare. Or, pour moi, il est normal de douter, surtout quand on pratique un métier qui a autant d’influence sur la vie des gens qu’on croise. Voilà pourquoi ce personnage est si intéressant, selon moi.
J’espère sincèrement qu’on la verra évoluer progressivement vers une plus grande maîtrise de soi. Mais les scénaristes semblent intéressés par Neela. Pour une fois, je ne vais pas les blâmer.
Ray Barnett
On ne connaît pas encore bien ce personnage, et comme je le disais dans ma longue introduction, cet épisode aurait été l’occasion de nous montrer peut-être plusieurs facettes de sa personnalité. Mais il semblerait qu’il soit à peu près le même que dans l’épisode 11.03. Il a un look controversé, un caractère qui va avec, et malgré la paix provisoire conclue avec Abby dans le susnommé épisode, le conflit continue entre nos deux médecins. Ray juge Abby trop lente (d’accord, c’était peut-être pour rassurer Neela, mais c’est pas super sympa, surtout que Neela et Abby sont super copines... bref, niveau tact, c’est un zéro pointé, docteur Barnett), Ray veut prendre la place d’Abby au cours d’une réa. On enchaîne les erreurs, en somme.
Le cas difficile de Barnett, c’est un homme ayant un accident de jet ski, pour qui on prononcera assez rapidement une mort cérébrale évidente (il a quand même la moitié du crâne défoncée, ça ne laisse pas beaucoup d’espoirs quant à une éventuelle survie). Ray doit remplir un formulaire en posant des questions à sa femme, mais la femme est troublée, elle répond à côté, ce que Bon Jovi ne semble pas remarquer. Bref, il va falloir faire attention. Il a beau être en tête du classement du nombre de patients traités au cours de la garde, il commet des erreurs. Il a notamment compris que la femme était d’accord pour qu’on prenne les organes de son mari dans le but d’une transplantation. Le processus a été enclenché. Mais voilà, la femme n’est pas d’accord, et je crois qu’elle ne l’a jamais été, on voit bien qu’elle a la tête ailleurs quand elle répond à ses questions.
Ceci vaut une méchante engueulade de Carter à notre nouvel arrivant. Quand je dis que les nouveaux arrivent pratiquement toujours dans le conflit...
En tout cas, ce n’est pas fameux. A part nous fournir quelques vannes bien sympas, Ray n’a pas l’air d’être le personnage du siècle. Il me rappelle un peu Malucci, même s’il n’a pas commis d’erreur qui soit fatale à un patient (n’oublions pas, il vient d’arriver). Il a autant de tact que docteur Dave, expédie ses patients, bref, lui aussi, c’est un « cowboy de la médecine » (Kerry, tu me manques). « Mais vous faites des erreurs, et des erreurs qui tuent des gens » (même épisode, même personnage, Kerry dans le 8.03). Ce n’est pas ce que je souhaite à Ray, je veux tout de même lui donner une chance, mais il ne part franchement pas en étant mon personnage préféré.
Par contre, s’il y a quelque chose qui continue de me plaire, c’est sa relation avec Abby. Ca suit exactement le même schéma que le 11.03 (deux fois ça passe, faudrait qu’on passe à autre chose maintenant), donc pas de grosse surprise, Abby et Ray se quittent à peu près en bons termes - Abby se sert même de lui, qui arrive si bien à manipuler tout le personnel de l’hôpital, pour éviter d’avoir des ennuis avec son histoire d’aiguille. J’ai vraiment l’impression qu’un shipper se profile entre eux deux. Honnêtement, je n’espère pas. J’ai beau apprécier leur relation « professionnelle », je crois que les voir ensemble me donnerait très vite envie de vomir. En gros, je ne sais pas trop quoi en penser. Il faut voir comment cela va évoluer...
Abby, le compromis
Il y a un petit point sur lequel je voudrais revenir. Ce qui est intéressant avec ces trois internes, c’est qu’on a les deux extrêmes avec Neela et Ray, et Abby se situe pour moi entre eux deux. Elle est en quelque sorte le milieu, étant assez confiante en ses propres capacités mais prenant son temps avec les patients pour s’assurer qu’elle ne manque rien. Cela ne fait pas d’elle un médecin parfait, c’est évident, on le voit notamment dans la scène de réanimation de l’accidenté, Abby se laisse très vite dépasser par Ray, qui prend en charge le patient, qui n’était pas le sien à l’origine. Le docteur Dubenko fait d’ailleurs son possible pour pousser Abby à bout, pour lui faire récupérer son patient, ce qui a le don d’agacer notre ex infirmière. Je crois que j’ai à peu près le même avis qu’elle sur ce nouveau médecin censé représenter la chirurgie : je l’aime pas.
Lizzie, reviens, par pitié.
La citation du jour
« Un bon médecin doit savoir dire « on ne sait pas » de façon rassurante. »
Pratt. Je rappelle que c’est ce type qui supervise les trois internes dans cet épisode. On croit rêver.
En vrac
J’en suis sûr, il va se passer quelque chose entre Carter et l’assistante sociale, on le voit venir de trèèès loin.
J’ai bien aimé le patient avec le walkman sur les oreilles, et le fait qu’Abby l’écoute en pleine réa un peu plus tard. Les petites scènes assez drôles de ce genre auraient dû être un peu plus utilisées dans un épisode comme celui-ci, cela aurait sûrement aidé à le faire décoller un peu plus.
Dommage que Susan ne fasse que l’ouverture et la fermeture de l’épisode. Ca permet de délimiter la garde, certes, mais elle m’a manqué. A peine revenue qu’elle disparaît déjà...
Sam et Luka nous fichent la paix, pourvu que ça dure !
Il manque sérieusement un bon médecin de type Romano pour bousculer un peu tout ça. Le problème, c’est que seul Romano sait faire du Romano... toi aussi tu me manques, tiens.
Joma avait dit quelque chose de très bien et de très vrai dans sa critique du 11.05 (les titres des épisodes de la saison 11 intégrale sont indiqués sur cette page, évitez de les lire si vous êtes très allergiques aux spoilers), l’année dernière : « Il y a une constante dans Urgences, à mon avis la série n’est pas franchement mauvaise, mais elle ronronne parfois trop souvent, jouant sur l’engouement du public qui la suit depuis autant de temps. »
La routine des médecins, ce n’est pas inintéressant, mais cet épisode n’apporte franchement pas grand-chose aux personnages. Le fait de l’avoir placé après le 11.04 est cependant une bonne idée, cela montre le retour à la normale aux Urgences après un épisode un peu plus « choc ». Je ne me suis pas particulièrement ennuyé, mais j’ai beau chercher, il n’y a vraiment pas grand-chose à retenir. Passons.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires