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11.09 - ’Twas The Night
Creepy Christmas
dimanche 9 octobre 2005, par
Ah, Noël, un temps pour les bons sentiments dans les séries, pour l’amour qui triomphe de tout, un temps pour célébrer le bonheur de la famille et d’être entouré des gens qu’on aime... même s’ils sont morts ?
En général, j’aime bien les épisodes « de Noël » dans Urgences. Ils ont toujours une petite touche, un petit quelque chose que je ne saurais définir mais qui les rend assez attrayants... Ce sont rarement les meilleurs épisodes, mais ce sont toujours des épisodes marquants à leur manière. Peut-être est-ce dû au fait que j’aime l’ambiance de Noël, et que je trouve qu’Urgences en rend parfaitement tous les aspects ?
Par « tous les aspects », je veux dire que Noël, contrairement à ce que j’ai pu dire ci-dessus, ce n’est pas seulement du bonheur et de l’amour, c’est aussi et surtout de la mélancolie, et des événements tragiques qui ont d’autant plus d’impact qu’ils surviennent dans une période officiellement réservée au bonheur.
Wo ai ni
Jing-Mei Chen est sous-utilisée, sans doute depuis toujours, dans Urgences. Cela a toujours été un personnage secondaire, que ce soit dans la saison 1 où on l’appelait encore Deb, ou bien à partir de son retour dans la saison 6. Il y avait des périodes où elle prenait un peu d’importance, et où l’on avait presque l’illusion que c’était un personnage important, je pense par exemple à sa grossesse dans la saison 7. Mais on l’oubliait de nouveau assez vite, et finalement, il n’y a pas grand-chose à retenir de Chen dans la saison 8... L’arrivée de Pratt, sa mise sur un piédestal et sa relation avec Chen ont cependant permis à cette dernière de retrouver un peu le devant de la scène à partir de la saison 9. Si on l’a perdue en saison 10, comme je le disais dans ma critique précédente, la saison 11 ne la console pas davantage avec les producteurs, semble-t-il.
Après une absence quasi-totale, Jing-Mei fait une apparition lumineuse dans cet épisode, où Ming-Na nous prouve son indéniable talent d’actrice qu’elle n’avait encore jamais exposé de manière aussi bouleversante. Il faut dire que le drame que Jing-Mei vit ici a de quoi la traumatiser.
Resituons. Dans l’épisode précédent, Jing-Mei volait une quantité importante de potassium dans la pharmacie de l’hôpital. Nous avions de quoi nous inquiéter sur ses intentions quant à son père, intentions qui se dessinent très nettement dès le début de ce 11.09, et qui confirment nous inquiétudes : Jing-Mei envisage l’euthanasie. C’est compréhensible, son père souffre, il est dans un état assez désastreux, et elle ne peut plus supporter de le voir ainsi, la perspective que cela puisse durer encore de nombreux jours n’aidant pas.
C’était un pari difficile, et il n’est qu’à moitié gagné, selon moi. De quoi parle-je ? Du pari de conclure de manière aussi complexe une storyline en un seul épisode. C’est-à-dire qu’on se retrouve avec énormément d’éléments à gérer et pas assez de temps pour tous les traiter dignement : l’euthanasie, la relation chinoise à la mort qu’évoque Chen, et évidemment le chagrin de Jing-Mei.
L’euthanasie est partiellement bien traitée, on sent le dilemme que vit Jing-Mei, on sent qu’elle hésite, elle sait que ce qu’elle s’apprête à faire est mal. Pourtant, les supplications de son père, son épuisement, tout lui donne les « justifications » nécessaires pour accomplir un tel acte. Mais évidemment, une décision de la sorte ne se prend pas à la légère, aussi Jing-Mei décide-t-elle, en jetant un regard à Pratt qui se trouve dans la même pièce qu’elle, de s’injecter elle-même le potassium... ah non, pardon, elle injecte le potassium à Pratt !
Pardon, c’est la version (presque) idéale de l’épisode, ça.
La relation chinoise à la mort, c’est à peine mentionné dans une remarque désagréable de Jing-Mei à l’égard de Pratt. Je me demande si c’était pas juste l’occasion d’insulter ce dernier... Pas que ça me déplaise, je l’aurais face à moi j’en ferais sans doute autant, mais du coup, nous pauvres petits téléspectateurs qui n’avions pas envisagé ce point étions avides d’en savoir plus sur le sujet. Mais non, finalement, la mort chinoise telle qu’elle est présentée dans cet épisode ne diffère pas vraiment de la mort américaine, de la mort de tout être sur cette planète. Pas de cérémonie, pas de discours particulier. A part quelques mots échangés en chinois, dont les derniers, de la part de Jing-Mei, « wo ai ni », ce qui veut dire « je t’aime ». Vous conviendrez que ça ne diffère pas vraiment de ce qu’on peut dire à quelqu’un qui vient de nous quitter... Tant pis, nos questions resteront sans réponse.
Le chagrin de Jing-Mei, par contre, là, j’ai été soufflé. Je n’ai jamais particulièrement accroché au personnage, même si je ne l’ai jamais détestée pour autant, du coup elle est assez souvent passée inaperçue. Et là je me suis pris un joli soufflet en pleine figure face à la performance de Ming-Na, qui est vraiment une excellente actrice. C’est dans ces moments que je regrette qu’elle ait été à ce point sous-utilisée, surtout ces derniers épisodes... Pourquoi faut-il que ce soit le jour de leur départ qu’on prend conscience de ce genre de choses ?
Je démissionne !
Cette phrase, c’est la deuxième fois qu’on l’entend de la part de Jing-Mei. Souvenez-vous, la première fois, c’était à Kerry (oui, vous vous rappelez, l’ancienne chef des Urgences ?) dans le 8.04 (saison 8, tu me manques). Mais non, Jing-Mei était revenue plus remontée que jamais quelques épisodes plus tard et nous avait gratifiés de sa présence pendant trois saisons de plus. Je dis « trois », parce que cette fois-ci, je pense que c’est la bonne. Ou bien nous aurions atteint le summum de la redondance... et ça, ça m’embêterait.
Le problème, et j’en ai déjà parlé un peu plus haut, c’est qu’on a voulu traiter trop de choses dans cet épisode. A ma liste des trois éléments, j’ajoute le quatrième du départ de Jing-Mei (je n’ai pas encore trouvé Le Cinquième Elément, mais j’y travaille). Or, faire partir Jing-Mei maintenant était une très mauvaise idée, du coup tout a été très mal traité, expédié. Qu’elle sacrifie son travail pour son père, cela peut se comprendre d’une certaine manière. Sa réaction peut sembler excessive mais elle a accumulé tellement de pression ces derniers mois (si si, rappelez-vous, elle avait l’air sous pression dans les trois minutes par épisode, les bons jours, où on la voyait) que ça ne manque pas de logique. S’il y a par contre quelque chose qui manque de logique, c’est la réaction de Susan.
Laissez-moi vous rappeler un peu la relation qui s’était créée entre elles deux dans la saison 9, avec Abby. Toutes les trois sortaient en boîte, passaient pas mal de soirées ensemble, se racontaient leurs petits soucis comme de vraies adolescentes... Or la saison 9, elle n’est pas si loin, en deux ans elles n’ont pas pu s’éloigner à ce point. Mais la réaction de Susan m’a laissé perplexe... On a vraiment l’impression que la seule raison qui la soucie après la démission d’une femme qui est supposée être son amie, c’est le fait de ne pas avoir assez de médecins de garde au réveillon et d’être contrainte de revenir après le dîner. Franchement, c’est n’importe quoi... Je veux bien que Susan soit devenue le chef des Urgences, qu’il lui faille acquérir une certaine autorité et une certaine distance vis-à-vis des gens qui travaillent pour elle, mais il ne faut pas abuser. En un simple épisode, c’est comme si elle avait perdu toute humanité, comme si elle n’attachait plus aucune importance à ses rapports avec ses (anciennes) amies. Non, ça, selon moi, ce n’est pas logique.
Quoi qu’il en soit, Jing-Mei va partir sur les traces de sa famille en Chine, tenter de se reposer un peu... Faire le point.
Adieu Jing-Mei Chen, on t’aimait bien quand même...
Ne tombez pas malades un soir de Noël
Ming-Na illumine tellement l’écran que les autres sont passés un peu inaperçus pour moi. Du coup, il ne m’est pas très facile d’en parler.
Carter s’occupe d’un enfant qui s’est fait renverser, et force par la même occasion Ray le mythomane à rester bosser aux urgences. Ray m’est en plus en plus désagréable, au même titre que Malucci l’était (impossible de ne pas penser à Malucci quand on voit ce nouveau médecin, la seule différence entre les deux semble être le statut de musicien du petit niveau). Neela passe son temps à le critiquer, bref, on est à peu près dans la continuité de leurs rapports dans le 11.08... Sauf que je suis inquiet face à la théorie du « démarrage de relations dans le conflit » dont je parlais dans quelques-unes de mes critiques précédentes. Parce que Neela mérite bien mieux que ce crétin, alors pitié, pitié !
L’histoire du gamin en elle-même est assez touchante. Il s’avère que les deux enfants vivent dans la voiture de leur mère depuis qu’ils ont quitté leur père, qui était violent avec toute la famille. Mais Wendall, la magnifique nouvelle assistante sociale et nouvelle conquête de Carter, parvient à leur trouver un foyer. Tout est bien qui finit à peu près bien, donc.
Je suis un peu perplexe face à la concrétisation de la relation Carter/Wendall, surtout que Carter reçoit un coup de fil de Kem dans le même épisode. Bref, encore une fois, on ne sait pas trop où les scénaristes veulent en venir... Nouveau triangle amoureux inintéressant au possible ?
Rats, poux et Histoire
C’est le titre du livre que reçoit Abby, cadeau du docteur Dubenko. Je dois dire que je l’ai bien aimé dans cet épisode, le nouveau chirurgien, alors qu’à son arrivée il m’agaçait passablement. Mais j’aime sa façon de prendre Abby sous son aile et son honnêteté envers elle. La scène où il lui parle du fameux livre est assez géniale, que ce soit dans son discours sur la popularité que veulent acquérir les femmes médecins, ou bien la suite avec l’influence des épidémies de poux sur les grandes décisions politiques. J’espère qu’on aura le droit à quelques scènes où ils débattront sur ledit chapitre !
Question patient, Abby s’occupe d’un homme atteint d’une maladie grave, et dont la femme est passablement agaçante par sa volonté de tout contrôler. L’homme a besoin d’une dialyse mais le médecin refuse de se déplacer le soir de Noël et affirme que le problème doit avoir une autre origine. Ce sont les conseils du docteur Dubenko qui vont d’ailleurs la mener à s’accaparer elle-même le contrôle de la situation. J’adore Abby, je l’adore !
Au début, j’ai très sincèrement cru que le patient en question mourrait, que cela serait une nouvelle touche dramatique à ajouter pour cet épisode de Noël. Mais finalement non, Abby parvient à forcer la main au médecin (ou plutôt au manip, ce qui obligera le médecin à venir à l’hôpital) en utilisant avec habileté de l’argument légal.
Cela entraîne alors une petite scène qui m’a beaucoup touché. Pendant tout l’épisode, la femme du patient s’est montrée odieuse envers les médecins, toujours à vouloir tout contrôler, comme je le disais plus haut, mais on sent qu’Abby s’y est attachée d’une certaine manière, puisqu’elle fera tout pour sauver son mari après avoir découvert qu’elle n’était pas prête à lui dire adieu, pas ce soir-là... La scène touchante à laquelle je faisais allusion est celle où la femme réalise qu’Abby va transgresser ses droits sur le patient en autorisant la dialyse, et où elle la remercie. Scène très courte mais elle a ce petit quelque chose de « magique ».
La citation du jour
« C’est un hôpital financé par l’état, ceci est donc un objet religieux illégal ! »
L’hôtesse d’accueil remplaçante, quand elle décroche des décorations de Noël. Le pire, c’est qu’elle aurait presque raison ! En tout cas, j’aime beaucoup la façon d’Abby de la remettre constamment en place.
En vrac
La scène où Abby et Neela vont voler les cadeaux en pédiatrie pour les distribuer aux enfants des Urgences est vraiment géniale. J’adore leur amitié, j’aime toujours les scènes qui en découlent, et celle-ci est quand même très amusante !
Kerry et Susan sont de nouveau les grandes absentes de cet épisode, même si Susan est un peu plus là. Manque de chance, Carter lui dit qu’il ne l’appellera que s’il y a vraiment une urgence, or cela ne sera pas le cas dans cet épisode... Dommage, parce que je trouve Susan toujours aussi merveilleuse. Et Kerry me manque terriblement...
Luka et Sam n’encombrent pas les urgences non plus, youpi !
J’adore Jake ! Je ne sais pas s’il restera encore un petit moment aux Urgences mais j’en serais très heureux...
On a encore le droit à une scène collective sur le parking des ambulances lors d’un épisode de Noël... C’est assez amusant... Ce n’est pas la première fois que le staff se réunit ainsi, la neige tombant, pour savourer quelques minutes de calme en commun sur le parking. En tout cas, j’aime bien ces petites scènes, cette petite magie dans l’air...
J’avais demandé un épisode exceptionnel, ce n’est pas ce que j’ai eu, mais c’était tout de même un bon cru. Certes, le départ de Jing-Mei est expédié (c’est un euphémisme), mais nous avons au moins eu la consolation de voir que Ming-Na est effectivement une très bonne actrice. Les patients en eux-mêmes n’étaient pas dénués d’intérêt, chose qui n’était pas évidente à mettre en place vue l’importance de la storyline de Chen. Un bon épisode, en espérant que l’on continue sur cette voie...
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires