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Six Feet Under

5.01 - A Coat of White Primer

La Mariée était sous Vicodine®

mardi 14 juin 2005, par Feyrtys

C’est la première fois que j’assiste en direct à la dernière saison d’une série. Je veux dire, la dernière saison annoncée d’une série, pas une dernière saison découverte en fin de diffusion, voire a posteriori, ou bien une dernière saison dont on sait que ce n’est qu’une fausse annonce pour que les acteurs soient augmentés l’année suivante. Non, là , nous savons qu’à la fin de cette 5ème saison, il n’y aura plus de famille Fisher, plus de morts abracadabrantes, tragiques, violentes ou amusantes.

Je n’aurai pas voulu qu’une série comme Six Feet Under dure encore 5 ans et épuise petit à petit toutes ses ressources, ne vivant plus que sur un vague souvenir du chef d’œuvre qu’elle a été. Ca aurait été trop dur à voir. Mais je ne peux m’empêcher de penser, damn, 5 ans, c’est passé vite…

Avant de leur dire au revoir, cependant, il faut leur dire « Hey you ! Long time no see ! », et ça, c’est plutôt un enchantement.
Il suffit de peu pour retrouver le plaisir de regarder SFU : personnellement, les premières notes de la musique du générique suffisent. Ensuite viennent les fondus blancs. Puis le mort de l’épisode. Puis le visage des personnages, leurs voix, leurs expressions. La photographie et la mise en scène, impeccables, sont les cerises sur le gâteau d’une série qui en 5 ans, ne m’a jamais déçue, mais toujours complètement et entièrement ravie, dans le sens d’enlevée, de kidnappée, par la justesse des relations humaines racontées, le jeu sans faille de chacun des acteurs, et les dialogues frôlant la perfection.

L’année dernière, nous avions laissé la famille Fisher sur une note… hum… d’optimisme ? si si, rappelez-vous, David prenait conscience qu’il avait eu jusque là peur de la vie ; Nate revenait vers Brenda pour lui proposer le mariage et le bébé, après avoir découvert le secret de la mort de Lisa ; Claire savourait son succès artistique (volé à Russel) auprès de Billy… C’est Ruth qui avait à affronter les moments les plus difficiles : après une année de mariage houleuse avec George, ce dernier se révélait petit à petit souffrant de schizophrénie. Rico, quant à lui, devait mettre un terme définitif à son mariage avec Vanessa, et recommencer sa vie, car celle de sa femme se ferait dorénavant sans lui.

Les choses ont suivi leur cours. Dans les premières images, nous revoyons les images du mariage de Nate et de Lisa. Enfin, dans un premier temps, nous pensons qu’il s’agit du mariage de Nate et de Brenda, mais lorsque l’ancienne patronne de Lisa fait son apparition névrotique devant la caméra, nous devinons que ce n’est pas le cas. Les images prennent alors une autre dimension. Finalement, nous n’avions rien appris du mariage de Nate et de Lisa durant ces deux dernières saisons. En début de saison 3, nous avions du assimiler d’un seul coup la nouvelle vie de Nate : marié et père de famille. C’était beaucoup. Surtout pour quelqu’un d’aussi paumé que lui. Et pourtant, il avait voulu faire de son mieux, montrer qu’il en était capable, qu’il pourrait avoir la même vie que son père et être heureux malgré tout. Revoir ces images de la cérémonie, c’est franchir avec Nate le pas que nous n’avions pas pu faire. C’est revenir en arrière et se rappeler qu’il avait échappé à la mort, qu’il avait perdu Brenda, et que Lisa lui avait mis le grappin dessus alors qu’elle avait une liaison avec son beau-frère. D’ailleurs, la caméra surprend les deux amants en pleine dispute… Et ces deux là sont morts.

C’est Brenda qui regarde la vidéo, afin d’être sûre de ne pas faire de faux-pas lors de sa cérémonie et répéter ce que Lisa aurait pu faire ou dire (j’espère pour Brenda qu’elle a prévu des tenues un peu moins ridicules pour les demoiselles d’honneur, parce que Lisa avait fait fort pour le coup). Brenda et Nate vont donc se marier, la date est toute proche, et Brenda est enceinte… Tout va bien pour eux, pourrait-on se dire.

Ruth va rendre visite à George, qui a finalement été interné après s’être enfermé dans l’abri anti-atomique de la maison Fisher. Ruth semble désespérée. Seule également. Nous assistons sous forme de flash-backs au calvaire qu’elle a vécu ces derniers mois. George n’a répondu à aucun traitement conventionnel et son médecin a décidé de passer par les électro-chocs… Scène atroce. George n’est définitivement plus le même homme et ne le redeviendra pas de si tôt. Lorsque le médecin annonce à Ruth que son mari peut partir dès le lendemain, elle panique. Elle n’est pas prête à l’accueillir. Elle n’est pas prête à s’occuper de lui du matin jusqu’au soir. Elle ne pensait pas que ce serait si dur… Elle croyait dans ce mariage et elle croyait dans cet homme. A présent, elle est seule, Nate habite avec Brenda, David avec Keith, et Claire… Claire passe son temps avec Billy et va bientôt emménager avec lui… Rico est toujours là, mais il est indépendant. Maintenant qu’il est célibataire, il occupe ses loisirs à trouver la future femme de sa vie, et grâce à Internet, il a l’embarras du choix.

Ruth a donc du mal à accepter le retour de George chez elle et tout ce que cela va engendrer. Elle décide de ne pas se rendre au dîner que Brenda et Nate ont organisé chez eux deux jours avant le mariage. Et visiblement, aucun de ses enfants n’a la moindre idée de ce par quoi passe Ruth. Claire s’est disputée avec elle et leurss relations sont tendues ; Nate est trop occupé par le mariage et le bébé en route ; Keith et David ont entamé des démarches pour adopter un enfant… Aucun ne semble se douter que leur mère est profondément désemparée.

J’aime les repas familiaux dans Six Feet Under. Je les ai toujours aimés. Ils sont la marque de cette série, de mon point de vue. A vrai dire, j’ai toujours aimé ce genre de scène, dans beaucoup de films et de séries, de Festen au Déclin de l’Empire Américain en passant par les fameux Friday night diners de la famille Gilmore. Les repas sont toujours l’occasion de dire, ou de taire, ce que l’on pense vraiment, et sont en général un lieu privilégié pour concentrer les tensions. Ce repas là n’échappe pas à la règle. Brenda sait que Ruth et Claire se sont disputées à cause de sa relation avec Billy, celui que tout le monde considère comme une bombe à retardement… D’ailleurs, Nate et David ont beau essayer d’accepter Billy, il n’empêche qu’ils ont du mal à savoir que leur sœur partage sa vie avec un tel psychopathe… « She should have stayed with her nice gay boyfriend », dira même David, qui décidément ne sait rien de la vie de sa soeur… Gabe, Russel, Billy… On peut dire tout de même qu’effectivement, Claire a le chic pour choisir des hommes « difficiles », appréciez le pléonasme.

Claire et Billy entrent en scène, apportant avec eux trois bouteilles de vin et un peu de gêne. Claire a changé, définitivement. Accompagnée de Billy, elle paraît plus adulte, plus femme, moins adolescente en crise… Mais toujours aussi imbue de sa personne malheureusement. Et en colère contre sa mère.

Pendant le repas, une discussion commence sur l’adoption. David et Keith explique qu’ils attendent à présent que leur couple soit choisi par une mère, et que cela peut prendre des années. Keith semble frustrer de la situation. Il ne comprend pas pourquoi ils n’auraient pas le droit de faire des enfants grâce à la l’insémination artificielle. David semble croire qu’il y a trop d’enfants orphelins pour que l’on veuille en faire un « naturellement » alors que cette pratique est extrêmement compliquée. Nate et Brenda pensent que l’on peut aimer un enfant adopté autant qu’un enfant « naturel ». Mais Keith pointe du doigt que malgré Maya, Brenda a voulu avoir son enfant à elle et à Nate. C’est bien que ça signifie quelque chose. Et il a raison. Il y a beaucoup d’égoïsme dans le fait de vouloir un enfant « à soi ». Keith parle peu, mais il dit toujours des vérités qui touchent la famille Fisher. Il pense que si David est tellement opposé à l’idée d’avoir un enfant par insémination artificielle, c’est qu’il est persuadé de ne pas mériter ce que tous les autres couples de la planète désirent et obtiennent.

Ce ne sont pas véritablement des tensions que l’on ressent, mais plutôt des incompréhensions, des non-dits… La communication n’a jamais été le fort de la famille Fisher, mais à vrai dire, je me demande bien pour qui, dans ce bas monde, communiquer est une chose facile et sans danger… Pas pour la morte de l’épisode déjà. Une femme effacée et déprimée qui ne s’est jamais donnée la liberté d’exprimer ses sentiments. Et quand, convaincue par sa psy, décide de le faire, devra affronter la réaction violente de son compagnon et mourir accidentellement d’une incompréhension mutuelle. Parce qu’un « je n’étais pas heureuse jusque là » peut se transformer en un « tu ne me rends pas heureuse »…

Pendant ce temps, Ruth regarde Thelma et Louise à la télé. Belle ironie. Rico rentre tôt de son premier rendez-vous et ils partagent un verre de vin. Ruth lui conseille de s’assurer qu’il peut compter sur elle, son rendez-vous. Et de ne pas être aveuglé par la luxure… Oui, c’est bien Ruth qui parle, pleine d’amertume et de regret. Rico change ses prospectives sur ces rendez-vous. Après en avoir discuté avec Ruth, puis avec Vanessa, il comprendra qu’il ne doit pas attendre trop d’une femme. Mais qu’il doit se contenter d’être avec quelqu’un qu’il supporte. Parce qu’il n’est pas fait pour être seul. Ca ne semble pas l’ennuyer, et il prend même la décision d’inviter au mariage une femme qu’il n’aurait pas eu l’idée de rappeler sans ces mises au point. Mais Rico, tu ne crois pas que tu devrais te demander pourquoi tu ne peux pas être seul ? Avant de retenter le coup avec une femme que tu n’aimeras pas vraiment ?

La nuit est courte pour Brenda. Réveillée par un cauchemar, elle s’aperçoit avec horreur qu’elle saigne… Et apprendra le lendemain à l’hôpital qu’elle a fait une fausse-couche et qu’il faut qu’elle passe par une procédure d’aspiration du fœtus au plus vite… Au plus vite, ce n’est cependant pas possible, car le mariage est prévu pour le lendemain. Et Brenda refuse de reporter le mariage.

Elle ne veut pas affronter sa fausse-couche et devoir dire à tous les invités que le mariage est reporté parce qu’elle n’est plus enceinte. Au fond, elle ne veut pas que les gens sachent, ce qui est souvent la première réaction des femmes après une fausse-couche. Elles s’accusent, se croient responsables, et de ce fait, pensent que les gens auront les mêmes déductions. D’ailleurs, un dialogue criant de vérité aura lieu entre Brenda et Lisa, dans lequel l’ancienne femme de Nate dira à Brenda tout ce qu’elle pense au fond d’elle : c’est sa façon de vivre qui a empêché cet enfant de naître, qui a conduit à cet échec. Brenda croit à une espèce de punition divine, cosmique, pour toutes les erreurs qu’elle a commises…

Le lendemain, au mariage, la mère de Brenda comprendra ce qui se passe et sera d’un support surprenant avec sa fille. Ce sera bien la première fois ! Elle lui expliquera que les fausse-couches font parties de la vie d’une femme, et que ça ne l’empêchera pas d’avoir un enfant plus tard. Impressionnante, la mère diabolique. J’en viendrai presque à la trouver aimante !

Nate se confie à son frère, qui lui conseille de prendre du temps pour faire son deuil avant de réessayer. Mais Nate en a assez de devoir faire le deuil pour tout ce qui lui arrive dans sa vie. Il croit qu’il ne peut plus, qu’il n’a plus rien… Et que la seule chose à faire est d’aller de l’avant. D’ailleurs, dit-elle, il a déjà Maya, c’est pour Brenda qu’il fait ça… Sacré Nate. Voilà une bonne raison de faire un enfant ! Pour faire plaisir à sa femme ! Comme d’habitude, il se cache derrière des raisons qui sont fausses mais qui l’arrangent bien et lui permettent d’affronter la réalité. Seulement, une fois laissé à lui-même, après le mariage, et alors que Brenda ira subir son intervention, Nate sera obligé de faire face à sa douleur. Et de pleurer, parce qu’il a perdu un enfant, parce qu’il a encore perdu quelqu’un, parce que, parce que… Nate a encore assez de chagrin pour faire son deuil, contrairement à ce qu’il pensait. On en a toujours assez de chagrin.

L’échange des vœux lors de la cérémonie rappelle à Ruth qu’elle a promis à George de rester sa femme toute sa vie. Mais les choses ne sont pas si faciles. Lorsque Claire voudra prendre en photo George et Ruth et que, d’un geste maladroit, un verre de vin sera renversé sur George, Ruth nettoiera son mari, le ton montera d’un cran. Claire n’aurait pas du prendre en photo sa mère en train d’éponger George. Mais Ruth n’aurait pas du croire qu’il s’agissait d’un geste agressif de sa fille envers elle, une façon de lui montrer à quel point sa vie est pathétique et ratée. Ruth giflera Claire. Les choses ne sont pas prêtes de s’arranger entre elles. Il y a trop d’incompréhension… Alors qu’elle sont dans une situation presque semblable : amoureuse d’un homme incontrôlable, qui peut devenir tout autre du jour au lendemain, sans prévenir.

Claire pourtant, commence à écouter ce que son entourage lui répète depuis le début : Billy est dangereux. Il a beau prendre ses médicaments, rien ne peut lui assurer qu’il ne refondra pas un fusible. Et Claire commence à avoir peur. Il serait temps…

Alors que David n’était pas friand de l’idée de recruter une femme pour la qualité de ses ovules, il semble touché par la dévotion de Nate vis-à-vis de Brenda. Et décidera de donner cette chance à Keith, qui y tient visiblement beaucoup. En route pour l’aventure…


Une seule chose àdire : bon dieu que ça fait du bien de revoir Six Feet Under.