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Six Feet Under

5.02 - Dancing For Me

Those people are so depressing...

mercredi 22 juin 2005, par Feyrtys

Cinq ans de dysfonctionnement familial, d’inaptitude flagrante au bonheur, de mensonges (à soi-même principalement), ça pourrait paraà®tre trop. Certaines personnes le pensent, mais ce n’est pas mon cas. Je ne regarde pas Six Feet Under pour voir des personnages avoir une vie parfaite dans un monde parfait. Je ne regarde pas non plus pour les voir réussir à être heureux en toutes circonstances. Je veux les voire échouer, tomber, fuir, avoir peur, se tromper. Parce que les séries que j’aime sont comme les chansons ou les livres que j’aime : mélancoliques. On ne se refait pas !

Le mort de l’épisode se résume dans cette question : « comment peut-on se rouler dessus ? ». En effet, réussir à se rouler dessus par accident a quelque chose de profondément ironique. Surtout quand la victime est un homme avec un fort embonpoint, un gros 4x4 et une fainéantise tellement aigue qu’elle l’empêche de faire trois pas pour ramasser son journal à pieds.

En outre, cet homme trop motorisé était un ami de Nate. Dans leur folle jeunesse, ils étaient trois à avoir fait les 400 coups ensemble. A présent, certains ont perdu des cheveux, gagner du poids, ou sont devenus ce qu’ils avaient juré de ne jamais devenir : adultes. Nate se fait rappeler à cette occasion qu’il est tout ce qu’il redoutait d’être : son père. Lui qui avait littéralement fui la demeure et l’entreprise familiale à ses 18 ans est à présent le patron de cette entreprise, un père et un homme marié. Cette peur de devenir son père est constante chez Nate. Malgré toute son énergie à dire qu’il ne voulait pas devenir directeur de pompes funèbres, il en est finalement devenu un. Il aura même épousé une femme qu’il n’aimait pas réellement mais mise en enceinte, comme (en apparence) son père. Il aura beau se défendre et crier qu’il n’a pas eu le choix, que sa mère l’aura obligée à rester ici, tout ce qu’il est aujourd’hui est le résultat de ses choix. Il est temps qu’il s’en rende compte. Et peut-être est-il sur la bonne voie lorsqu’il exhorte son ancien ami de passer à l’action s’il n’est pas content de sa vie actuelle. Et ce n’est pas qu’il n’est pas heureux, l’ancien « meilleur pote ». C’est juste qu’il trouve chez les filles de 14-15 ans une vitalité qui lui fait retrouver sa propre jeunesse… Glups… Mais Nate ne partage cette peur de la vieillesse et de la mort. Il a trop été entouré par les deuils, la maladie, les accidents. Même à l’aube de ses 40 ans (déjà 40 !), Nate ne se pose pas de questions sur le pourquoi de sa vie et sur ce qu’il a accompli. Ou peut-être ne se les pose-t-il pas encore.

Le temps des remises en question sonne pour Claire et pour Billy également. Claire, qui sait parfaitement que ses collages ne sont pas entièrement son œuvre mais en partie celle de Russel, essaye de montrer à son galeriste ce qu’elle peut faire par elle-même. Mais ça ne marche pas. Elle est même prête à compromettre ses « visions artistiques » s’il lui demande… Le galeriste préfère son ancienne série et lui commande quelques oeuvres supplémentaires pour une prochaine exposition. Claire affronte les premières déceptions qu’un artiste en vogue doit affronter : la baisse de popularité… Lors d’un dîner avec un couple d’artistes exécrables, Claire fait la connaissance avec l’ancien Billy, par le biais de ces « amis » qui l’ont connus si différent et qui ne se gênent pas pour lui dire à quel point sa vie de prof d’art plastique est ennuyante et inutile. Même Claire en rajoute une couche en disant qu’elle est bien contente d’en avoir fini avec cette vie et qu’elle ne remettra plus jamais ses fesses sur le banc du campus… Pleine d’attention cette chère Claire ! Elle ne se rappelle donc pas que l’ancien Billy, s’il était un artiste reconnu, était surtout un dangereux psychopathe amoureux de sa sœur ? Et Billy de se remémorer à quel point il était aimé à cette époque, et à quel point il était doué… A quel point il était « vivant », d’une certaine manière. D’où sa décision, quelque peu attendue, d’arrêter son traitement. Pendant ce temps, Claire se concentre sur une idée de collage à plus grande échelle, où le monde et tout ce qui le tient seraient représentés...
Se sentir vivant, exister, c’est aussi parfois se poser la question de la « trace » que l’on veut laisser, un peu égoïstement, dans ce bas monde. Et c’est ce qui pousse Keith à proposer à David de prendre quelques ovules de la personne la plus proche de lui génétiquement : sa sœur… Reglups… Donc Claire serait la tante et la mère du bébé ? Mais qu’est-ce qui lui passe par la tête à Keith ? C’est normal que David rêve de la ferme aux œufs (dans un rêve très drôle d’ailleurs) et du bébé-monstre que cette procédure produirait, d’un point de vue éthique. Keith n’a pas l’air d’accepter le concept de l’hétérosexualité comme d’une nécessité pour avoir un enfant « biologique ». David, lui, pense davantage à l’enfant à lui-même. Qu’il soit adopté ou conçu in vitro, c’est l’enfant le plus important. Keith semble réceptif à cet argument. Bon alors s’il te plaît, tu arrêtes de vouloir prendre des œufs de ta belle-sœur pour les féconder et les enfourner chez une mère-porteuse, hein, c’est vraiment flippant !

On a parlé d’égoïsme et de peur de devenir comme ses parents ? Je vous présente Brenda, 36, 37 ans, fille prodigue de parents psy et absolument abusifs, cherchant un stage pour obtenir son diplôme de psychologue. Non non, dit-elle à sa mère, je ne veux pas que tu me pistonnes pour atterrir dans un poste confortable, je vais faire mon stage avec les vrais gens, ceux qui ont des vrais problèmes. Une clinique publique de LA Downtown fera parfaitement l’affaire ! Non j’ai même pas peur ! Ah, le premier cas dont nous parlons est une petite fille attachée à la table basse, battue jusqu’au sang et abusée sexuellement par sa mère pour le plaisir de son petit copain ? Ah d’accord. Je vois. Les vrais gens ils rigolent pas avec les vrais problèmes. Allo, maman ? Oui alors, ça tient toujours ta proposition de m’aider à trouver un stage ?

De son côté, Rico découvre le langage secret de la drague. Quand le « on se rappelle ! » signifie « je vais effacer ton numéro de mon portable et ne plus jamais répondre à tes appels », et pas du tout « un dangereux individu m’a enlevé, au secours ». Mais l’humiliation ressentie par ce méchant râteau est vite oubliée dans les bras de Vanessa… Le gros malin a fait croire à son ex-femme que sa « copine » était morte ! Rico est touchant dans sa deuxième adolescence je trouve… Sa naïveté avec les femmes est aussi vraie que sa façon de chercher à manipuler sa femme.

La meilleure storyline de la semaine, je l’accorde à Ruth et à George, vivant à nouveau sous le même toit et cherchant à reconstruire des repères. Ruth est en colère contre George. Elle lui en veut de ne rien lui avoir dit, mais plus que tout, elle s’en veut d’avoir été aussi irréfléchie et impétueuse quand elle a accepté de l’épouser. Son agressivité est palpable. George fait des efforts pourtant, et il arrive même à avoir le beau rôle à quelques moments dans l’épisode. Mais tout se renverse lorsque la fille de George, la seule à qui il fait encore confiance, entre dans leurs vies. George ne supporte pas de la voir partir, et Ruth la supplie de rester. Elle accepte. Comment faire autrement ? Ruth est incapable de bien traiter George, parce que s’occuper d’une personne malade, c’est aussi affronter sa propre colère contre cette personne, que l’on accuse presque d’être malade. C’est un sentiment qui mène souvent à la honte, mais aussi au ressentiment, et cette agressivité, si elle n’est pas gérée, peut mal tourner. Ruth n’est absolument pas prête à s’occuper de l’homme qu’elle a aimé mais qui a disparu. Elle ne croit qu’elle puisse le retrouver quelque part au fond de lui. La présence de sa belle-fille est la seule façon qu’elle aurait de se débarrasser de son ressentiment envers George et envers elle-même. Et tout ceci est montré avec énormément de justesse, et d’affection pour les personnages, autant pour George que pour Ruth. Aucun n’est montré en victime ou en bourreau, car les rôles s’inversent sans arrêt. Vivre avec la maladie n’est pas une chose aisée et il ne suffit pas d’aimer le malade pour que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes. Bien au contraire.