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Battlestar Galactica

2.08 - Final Cut

Let’s moon’em !

lundi 12 septembre 2005, par Ju

Pour les gens qui ne vivent que pour les chiffres (c’est bon, les chiffres), il y a des tas de trucs à compter dans BSG. Bien entendu, le nombre de survivants en fait partie. On peut aussi compter le nombre de fois o๠le mot "Frak", ou ses déclinaisons, sont prononcés. On peut compter le temps, en heures, minutes et secondes, qui nous sépare du prochain épisode. On peut compter tout ça, certes, mais rien n’est aussi bon que lorsque le compteur de Modèles Humains Cylons se rapproche de 12.

Xena la Princesse Guerrière est une Cylon ! Pire encore, Xena la Princesse Guerrière est une Cyblonde ! Cette révélation constitue la surprise finale de l’épisode, et c’est une surprise finale très chouette, s’il en est.
Mais puisqu’il n’y a rien de plus frustrant qu’un mauvais épisode rattrapé de justesse par un bon twist, et qu’il n’est pas dans l’habitude de la série de nous laisser tout frustré, Ron Moore et son équipe ont eu l’idée brillante de nous pondre, en guise d’accompagnement de leur twist, un excellent épisode. Vraiment, des chics types.

"Final Cut" ressemble énormément, dans le style, à un de mes épisodes préférés de Farscape : "A Constellation of Doubt". Sans trop en dire, pour ne rien gâcher à ceux qui ne l’ont pas encore vu, on y peint, à travers les nombreuses interviews de l’émission « Alien Visitation », un portrait singulier des personnages principaux de la série. La bonne idée de l’épisode, c’était de laisser aux spectateurs la liberté de se forger sa propre opinion, grâce à la grande diversité des opinions exprimées.
Puisque mon niveau de connaissance en choses inutiles est effarant, et surtout puisqu’on m’a dit il y a une paire d’années "Quoi, tu savais pas que Babylon 5 avait déjà fait la même chose ?", j’en ai déduis que ce procédé narratif avait déjà été utilisé avant Farscape. J’adore quand Joma (pour ne pas le citer) me fait ce genre de remarque. Non pas parce que je suis maso, mais parce que c’est toujours pour moi l’occasion d’utiliser ma réponse préférée : "Non, j’étais pas encore né à l’époque". C’est rarement vrai, mais toujours drôle.

Vous l’avez compris (enfin, j’espère), "Final Cut" fait partie de la désormais célébre catégorie d’épisodes classiques de science-fiction, au même titre que la réalité parallèle ou les voyages dans le temps, j’ai nommé celle du "Documentaire filmé à bord du vaisseau qui nous en apprend plus sur les personnages et nous permet de nous féliciter de suivre une série aussi intelligente qui ne se repose pas sur ses lauriers".
Dans quelques années, on entendra bien évidemment "Kôa ? Encor’un zode documentaire ?!? C’est trop cliché !". Saleté de jeunes du futur.

Heureusement, pour l’instant on n’est pas dans le cliché, et par le biais de la Special Guest Star Lucy "Xena" Lawless, l’épisode nous propose une réflexion sur les médias, et sur les bienfaits de la teinture blonde chez les Princesses Guerrières. Pous le premier point, honnêtement c’est un peu trop compliqué pour moi. Pour le deuxième par contre, je suis très très pour en ce qui concerne Lucy. Je trouve que ça lui adoucit le visa....

Ok. On me fait signe que, pour une raison qui me passe au dessus de la tête, la couleur des cheveux de Xena n’intéresse personne, et qu’il faudrait mieux que je m’attarde sur la critique des médias...
Comme vous voulez, mais vous y perdez au change, sachez le...

Critique des médias, donc, mais pour en dire quoi ?
L’épisode démarre très fort avec ce qui semble être l’amorce d’une critique sévère de la manipulation des images. C’est un extrait d’un reportage de D’Anna Biers sur le "Massacre du Gideon". Mais si, vous savez, le vaisseau fort en café !
Une image d’émeute coupée au bon moment... un enfant qui se découvre nouvel orphelin et qui s’effondre devant la caméra... histoire de faire pleurer dans les chaumières... tout est là, aucun doute possible, les médias sont dangeureux !

Sauf que... on coupe pour se retrouver sur le vaisseau de Roslin. Elle et Adama ont demandé à voir D’Anna pour lui proposer d’effectuer un reportage sur le Galactica... ils aimeraient améliorer leur image à travers la flotte... tout est là, aucun doute possible, c’est un épisode contre la propagande militaire par les médias !

Sauf que... encore raté.
En fin d’épisode, on est aussi loin de la descente des journalistes que de la propagande. Ce qu’on nous présente ici, c’est une journaliste intègre. Une journaliste qui veut apprendre la vérité pour la répandre, c’est normal, qui cherche par tous les moyens à s’approprier de nouvelles images, jusque là pas de problème... une journaliste qui, chose surprenante tant les clichés sont répandus, ne cherche jamais à inventer des histoires là où il n’y en a pas, et qui finira par renoncer à ses idées préconçues pour offrir un portrait plus nuancé des habitants du Galactica... ok, elle se révèle être un robot tueur à la fin, mais un robot tueur avec une conscience journalistique !
Quant à son reportage finalisé, bien qu’il soit approuvé par Roslin et Adama, je n’ai pas vraiment l’impression qu’on puisse pour autant le qualifié d’outil de propagande. Car si le montage final est optimiste au possible, avec la voix off qui va avec, et tout et tout, ce que ce reportage fait surtout, comme le souligne très bien Adama, c’est redonner un côté humains aux soldats travaillant sur le Galactica, à "ceux qui portent l’uniforme". Les rendre humains aux yeux des 47800-et-des-poussières-derniers-survivants-dont-on-ignore-tout d’une part, et à nos yeux à nous d’autre part.

C’est en ceci que l’épisode est particulièrement riche, et qu’il se démarque (fort heureusement) de tous ceux qui le précède. On met un peu les grands arcs, l’héroïsme, et la mythologie de côté (et encore) pour s’attarder sur la vie de tous les jours dans la flotte, sur la survie dans un monde post-apocalyptique, et on y découvre de nouvelles facettes de nos personnages, en vivant leur quotidien.

Le portrait de Gaeta est à ce titre le plus drôle, le plus touchant, le plus révélateur. Drôle déjà, car on y découvre un tout nouveau Gaeta, en opposition parfaite avec ce à quoi on pouvait s’attendre. Détendu, il a laissé tombé la cravate et se fume une clope (et s’étouffe à moitié) en nous montrant son jolie tatouage ("Ca ne fait pas si mal que ça quand on a suffisamment bu"). Touchant, car il nous en apprend plus sur lui, et la manière dont il a obtenu son poste : il a mis sa vie entre parenthèses, a bossé comme un forcené pour obtenir ce qu’il désirait le plus — bosser sur un Battlestar — pour qu’au moment où il a atteint finalement son objectif, les Cylons attaquent. Révélateur enfin, car en plus de toutes ces couches dont on ignorait l’existence, son petit carton de présentation nous révèle son prénom : Félix. J’adore cette série.

Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. On y apprend également un peu plus sur Anastasia "Dee" Dualla, et pas seulement son prénom, et on se marre devant l’hilarante mégalomanie de Baltar.
Un épisode si riche au niveau de la caractérisation des personnages qu’on aurait presque pu se passer de l’intrigue de Tigh (il est menacé de mort par un psychopathe, le pauvre, et sa femme est attachée et baillonée, le... non, ça c’est une bonne nouvelle). Je dis bien "presque", car elle est foutrement bien liée au reste, cette intrigue superflue !

La fin, puisqu’on y arrive, est superbe.
Ici, je ne parle pas du twist (qui est encore meilleur du fait qu’on se pose la question de savoir si Xena est une Cylon ou non pendant un moment... avant d’oublier complètement). Je parle bien de la scène finale, sur Caprica, où nos amis les Modèles Humains regardent le reportage sur un écran de cinéma.
Ils s’amusent de notre bêtise, ils s’étonnent, sont agités, et ils apprennent avec joie que l’autre Boomer est toujours en vie. Parfaitement humains dans leur attitude, ils sonnent quand même incroyablement faux à mes yeux. Une scène indispensable à un épisode qui l’est tout autant.


Pendant ce temps, sur Atlantis...
Personne ne siffle le thème de la série originale. Et c’est tant mieux.
Oh, et oui, c’était encore un "Quoi, tu savais pas que...?" auquel j’ai pu ressortir ma réponse préférée... réponse qui, d’ailleurs, est encore plus drôle quand elle est vraie.