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Nip/Tuck
3.03 - Derek, Alex and Gary
Ménage à quatre
mercredi 12 octobre 2005, par
Oubliez le vieux fantasme du ménage à trois, parce qu’à Miami, de nos jours, c’est le ménage à quatre qui est in. Oubliez la division hétéro/homo, parce que c’est dépassé, c’est has-been : être bi, voilà la nouvelle mode.
J’aimerai qu’on m’explique pour commencer pourquoi c’est toujours plus facile pour deux femmes a priori hétéro de se retrouver à se rouler des gros palots devant un homme, alors que de voir deux hommes a priori également hétéro se faire des papouilles sur le canapé est complètement inédit à la télé. Hein, pourquoi ? Pourquoi c’est plus facile pour Kim et Kit de jouer aux lesbiennes que pour Christian et Sean de jouer aux homos ?
Les femmes auraient-elles la réputation d’être plus ouvertes d’esprit sur ce sujet, ou bien s’agit-il de la projection du tout-puissant fantasme masculin hétéro moyen ? Pourquoi les hommes ne semblent pas assumer leurs pulsions homosexuelles en général ? Je veux dire, Christian est sûrement autant ouvert d’esprit que Kim concernant la sexualité en général, il est prêt à tout tenter, et pourtant, l’idée qu’un autre homme soit attiré par lui le met mal à l’aise. C’est pas ce que j’appelle être très libéré. Kim, elle, est bien entendue toute entière dévouée à Christian, et pratique le ménage à trois comme si elle avait fait ça toute sa vie. Ok, ok, elle travaille dans le porno, ça aide. Mais dans l’histoire, quand même, Christian apparaît comme le coincé de base. Honte sur toi, docteur Troy ! Qu’est-ce qui t’empêche de tenter l’expérience, hein ? Pfff ce serait fun pourtant...
En tout cas, il est certain que le vieux fantasme du ménage à trois peut rapidement tourner au cauchemar. Christian l’expérimente à ses dépens, se retrouvant avec deux gamines capricieuses qui remettent en question l’autorité quasi paternelle que notre beau chirurgien impose à toutes ses conquêtes, en particulier Kim. Sur le point de perdre la seule femme suffisamment folle pour rester à ses côtés, Christian tente le tout pour le tout : il demande au nouveau chirurgien, Costa, de l’aider à lui filer un « coup de main », c’est-à-dire, en termes troyiens, qu’il veut avoir la paix pendant qu’il « s’occupe » de Kim. Toujours aussi délicat, ce cher Christian...
Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que le docteur Costa est bisexuel, comme dans « j’aime les femmes et en même temps, mais alors vraiment en même temps, j’aime les hommes ». Et qu’il est visiblement attiré par Sean aussi bien que par Christian. Je ne sais pas si tous les bis qui ont vu cet épisode se sont forcément sentis bien représentés par ce personnage, parce que bon, draguer les deux patrons tout en se faisant 1. tailler une pipe par une étudiante, 2. grimper dessus par Kit, on a beau dire, c’est plutôt osé. Moi je dis quand même, bravo docteur Costa, vous avez largement gagné votre place dans le monde merveilleux de Miami et du cabinet McNamara&Troy !
On pourrait même croire qu’il a fait exprès d’essayer de passer par la promotion canapé, puisque dès que Christian et Sean repoussent ses avances, il leur fait bien comprendre qu’il a un dossier de discrimination sexuelle contre le cabinet tout prêt, au cas où ils voudraient le virer. Costa voulait peut-être s’imposer en fait, pas juste tâter du torse poilu de Christian !
Bon, ceci dit, les préliminaires au restaurant terminées, les petites gâteries dans une soirée étudiante savourées, les galipettes finies, l’intérêt de l’épisode est bien de nous montrer comment une troisième personne rapproche encore Christian et Sean. Alors que Julia semble avoir perdue son statut de femme choyée par les deux amis, Costa est là pour permettre aux chirurgiens de se rapprocher, même si c’est uniquement pour affirmer qu’ils ne sont pas homosexuels (mon œil oui !).
D’un autre côté, ils devraient peut-être s’unir pour aider Matt, qui, bien entendu, fait conneries sur conneries. Déjà, il fait croire que c’est un mexicain qui l’a tabassé (ça sent fort le racisme ça !), avant de se faire démasquer par Kit-la-détective-bi-aux-cheveux-étrangement-immobiles. La seule solution que Julia et Sean trouvent est de l’envoyer dans une école militaire. Pour lui apprendre la discipline. Comme si c’était ça qui allait l’arranger. J’adore ce genre de parents, tellement perdus avec leur propre enfant qu’ils pensent que seule la sacro-sainte « discipline » et le « respect de l’autorité » peuvent encore avoir un quelconque impact. Seulement Matt est pourri de l’intérieur. Vraiment pourri. Il serait temps que Julia et Sean acceptent le fait qu’ils aient engendré une personne détestable. C’est bien beau de faire des gamins, mais penser une seule seconde qu’on a un quelconque contrôle sur les adultes qu’ils deviendront est une erreur sans nom. Faire des enfants c’est aussi prendre le risque de les voir grandir à l’opposé de ce que les parents ont espéré. Faire des enfants, c’est risquer de les voir tout gâcher. Mais ça fait partie du deal, et ça peu de parents sont prêts à l’accepter.
Sean et Julia sont à mille lieux de seulement y songer, il n’y a guère que Christian qui semble avoir compris la chose. Sean ne veut surtout pas imaginer une seule seconde qu’il soit responsable de quoi que ce soit dans l’histoire. Il en vient même, plutôt stupidement et inutilement, à frapper son propre fils. Belle preuve de sa facilité à comprendre et à essayer d’arranger les choses... Ils m’énervent tous !! Sean et Julia avec leur discours parental remplis de phrases aussi exacerbantes que « parle-nous », « je ne te reconnais pas », « après tout ce qu’on a fait pour toi, tu ne peux pas nous tourner le dos »... Il va se gêner tiens !! N’oublions pas Christian dans le tableau, et la confiance stupide qu’il porte en Matt pour lui donner toutes ces drogues... Néanmoins, il est le seul qui lui dise clairement qu’il se fout éperdument qu’il soit gay ou pas.
Mais ils sont tellement hypocrites, tous autant qu’ils sont, incapables de gérer leurs vies sexuelles, leurs désirs, leurs vies tout simplement ! J’ai presque eu envie de supporter Matt dans sa tentative de se défaire totalement de cette famille. La réaction de Sean est incompréhensible de mon point de vue. Matt bouscule Julia, certes, il n’avait pas à avoir ce geste, mais on dirait que Sean n’attendait que ça pour frapper Matt. Ok, bien sûr, c’est Matt. Toute personne normalement constituée a envie de le frapper. Mais il a quand même eu sa dose là, non ?
J’ai du mal à voir où la série veut aller cette année... Un peu plus provocatrice, un peu plus incroyable, un peu plus extrême... Oui mais à part ça, je trouve les personnages plus vides, moins intéressants. Je ne trouve aucune raison à la présence de Costa pour le moment, il m’apparaît comme parachuté pour apporter une dose de « too much  » supplémentaire. On ne peut néanmoins pas lui enlever la meilleure réplique de l’épisode : « Never come where you eat  »... De quoi méditer...