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Nip/Tuck
3.04 - Rhena Reynolds
Ne pas mélanger les fluides
mercredi 19 octobre 2005, par
La maladie d’Alzheimer est à la mode à Hollywood. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, mais c’est un fait : Rescue Me, Nip/Tuck et Grey’s Anatomy ont tous eu leur Alzheimer et ont traité de l’impact de cette maladie sur les membres proches de la famille. Il en ressort que ce n’est pas le fait de s’occuper d’un malade aussi contraignant qui est difficile à gérer, c’est surtout la perte de l’identité qui fait le plus peur et le plus mal au final. Qui sommes-nous si les gens que nous aimons ne nous reconnaissent pas ?
Hobbes m’avait prévenu. Les forums sont remplis de gens incroyables qui n’ont rien de mieux à faire que d’émettre des théories quant à l’identité du Carver.
Alors que ce soit clair, je ne ferai ici aucune supposition quant au vrai visage du Carver, non pas parce que je n’ai pas ma petite idée là-dessus (nous avons une petite idée à ce propos), mais parce que je préfère ne pas trop y penser.
Je ne veux pas passer du temps à chercher qui, parmi les personnages de Nip/Tuck, a le mobile parfait pour commettre ces crimes. Oui oui, bien sûr, il peut s’agir d’Annie, la fille de Sean et de Julia, qui a grimpé sur les épaules d’une amie à elle, of course (théorie lue sur un forum) ! N’oublions pas non plus Julia, qui a tué Friskie le cochon d’inde dans la première saison de façon froide et détachée, une vraie psychopathe en puissance !
Non, non et non, les suppositions ne passeront pas par moi, je refuse de me gâcher la surprise. Car surprise il y aura, tel que l’on connaît Ryan Murphy, il a déjà prévu de nous faire décrocher la mâchoire. Et je préfère pousser un gros "Noncpaspossible !" devant mon écran plutôt qu’un désabusé "Pfff je l’savais... c’était é-vi-dent !".
Je suis consciente qu’en refusant d’émettre une hypothèse, je risque de râter une occasion de dire la que je préfère au monde, à savoir "MOUAHAHAHAHA J’AVAIS RAISON", mais tant pis, me connaissant j’aurai bien d’autres occasions.
Le Carver refait donc une apparition dans cet épisode, après le terrible season finale de l’année dernière. Il revient, et il est pas content !! Mettez-vous à sa place aussi... Toute cette énergie à se forger une image, tout cet argent dépensé dans le PR, tous ces gens mutilés et violés, pour que ça se finisse comment ? Avec une fausse victime qui fait croire à tout le monde que le Carver l’a choisie elle pour perpétuer son message. Une fausse victime même pas belle en plus !! Dès le premier plan sur la soi-disant victime, j’ai compris qu’elle mentait. Ca a quelque peu gâché le reste de l’histoire... Sa confrontation avec Christian, sa façon d’exulter en racontant comment sa vie a changé depuis qu’elle est devenue une « victime »... Elle m’a agacé au plus haut point. Jusqu’au moment de l’opération. Je ne savais pas que ça pouvait se produire, mais l’anesthésique n’a pas eu l’effet habituel : la patiente s’est retrouvée paralysée mais consciente de ce qu’on lui faisait subir. Un peu comme dans un cauchemar en somme. Mais ce n’est pas tout : elle se réveille, porte plainte contre le cabinet, avoue s’être tailladée avec un couteau à pain, puis rentre chez elle dans sa vie de folle masochiste en mal d’attention, pour se retrouver nez à nez en porcelaine avec le vrai Carver. Je vous avais dit qu’il était pas content !!
Cette fausse-puis-vraie-victime ramène Christian à sa propre histoire : il doit toujours faire avec son agression. Sean réalise enfin qu’ils n’ont pas vraiment parlé de cela depuis la plage (3 épisodes !!)... Christian lui confie alors qu’il a besoin d’un examen proctologique... En gros, le Christian, il a mal au cul. Ben oui, il ne faut pas avoir peur de nommer les choses telles qu’elles le sont : le beau docteur McNamara, le terriblement sexy Christian a mal au cul. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est comme ça ! Get over it ! C’est quand même une chance que Julian McMahon soit aussi bon acteur et surtout, qu’il ait autant de charisme. Parce que pour rester aussi charmant alors qu’il a les fesses à l’air et que son meilleur ami est en train de lui tâter le rectum, il en faut, du talent !! Vous mettez n’importe quel bellâtre à la place de Julian McMahon et vous obtenez la scène la plus ridicule de l’histoire de la télé. Je sais pas moi, prenez Tom Welling à la place. Il est mignon Tom, il est grand, il est musclé, il est brun, tout comme Julian McMahon. Il manque de poils au torse, mais il est mignon quand même non ? Imaginez-le en train de demander à Lex de lui faire un examen rectal. Parce qu’il a pris un suppositoire de kryptonite par erreur et que ça passe mal. Tout de suite, vous rigolez ! Ben Julian McMahon réussit l’exploit de garder dignité et charme en toutes circonstances. Même avec un doigt (ganté) dans le cul. Ca c’est ce que j’appelle du talent. Un Emmy pour le monsieur qui a des hémorroïdes s’il vous plait.
Après ce qui restera la scène la plus intime que les deux amis ont connu (plus intime encore que la partie de jambes en l’air avec la prostituée sur le campus), Sean arrive à la conclusion que tout va bien avec le rectum de son meilleur ami. Mais alors, pourquoi a-t-il autant mal ? La douleur fantôme... C’est elle qui cause tout ça. "Et tu appelles qui pour les douleurs fantômes, demande Christian, Ghostbusters ?"
Non, mais un bon psy, en revanche, ça peut aider ! Parce que vraiment, insister pour tester le produit utilisé par Liz lors de l’opération ratée et risquer de se retrouver paralysé encore une fois, je ne suis pas sûre que ce soit une excellente idée.
Un autre qui aurait besoin d’un psy, c’est Sean. Après avoir frappé son fils d’un vilain coup de poing, on lui apprend dans un document légal qu’il n’a plus le droit d’approcher Matt. Il fallait s’y attendre. On ne frappe pas ses enfants, même si c’est, comme Matt, un rejeton de l’enfer, même si c’est Damien réincarné, même s’il ressemble à Michaël Jackson. Sean devait se douter qu’il lui arriverait un truc pareil, et tout ce qu’il trouve à faire, c’est être un peu plus en colère, contre Julia, contre Matt, mais surtout contre lui-même (amis de la psychologie à deux balles, welcome !).
Sean ne se reconnaît plus parce que son fils ne le reconnaît plus. De même que sa patiente, une femme dont le mari souffre d’Alzheimer, il est perdu. Qui sommes-nous si la personne que l’on aime le plus ne nous reconnaît plus ? Se voir dans un miroir ne suffit pas à construire sa conscience de soi. Les autres y participent tout autant.
La patiente en question supplie Sean de la rajeunir. Et malgré les risques liés à son âge et l’absolue incertitude quant au résultat (elle pense que son mari la reconnaîtra si elle reprend le visage de ses 40 ans), Sean accepte, parce qu’il est touché par cette femme, touché par ses remords d’avoir abandonné son mari quand il avait besoin d’elle. Sean regrette d’autant plus avoir frappé Matt qu’il se retrouve avec les services sociaux sur le dos. Et comme Annie (elle n’a donc pas été keylerisée !) admet que son papa peut parfois lui faire peur, et qu’en plus elle a des bleus (dus au football, mais ça fait longtemps que les services sociaux n’acceptent plus ce genre d’excuses), Sean est soupçonné de maltraiter sa famille. C’est pas ça qui va arranger sa gestion de la colère qui l’habite !
L’opération de rajeunissement ne fonctionne pas, comme c’était à prévoir, et la patiente doit affronter la vérité : elle a perdu son mari, elle a perdu l’occasion de se faire pardonner, elle a perdu sa place auprès de lui. En est-il de même avec Sean ? A-t-il perdu Matt pour de bon ?
Alors oui, ce début de saison 3 de Nip/Tuck est un peu déstabilisant... J’ai du mal à voir où ils veulent en venir. Néanmoins cet épisode retourne à une tournure plus classique de la série, et c’est pourquoi je le trouve globalement meilleur que les trois premiers. Les deux patients ont davantage d’impact sur la vie de Troy et McNamara, disons un impact plus direct, et les deux chirurgiens montrent une vraie amitié, un vrai lien. Je suis toujours gênée par la disparition de l’élément « Julia » et de son importance dans la relation de Christian et Sean.
Le personnage de Sean s’intensifie encore, et l’on voit de plus en plus la colère qu’il contient en lui. Cette colère qu’il l’avait rendu violent, désespéré, cette colère même qui l’avait fait opérer les premières victimes du Carver, comme pour se prouver qu’il n’était pas lâche et que son travail (donc lui) valait quelque chose... La même colère qui l’avait fait acheter une arme et attendre de pouvoir se servir contre le Carver. Sean est certainement le plus instable de tous les personnages. Sous des dehors d’adulte responsable, de père de famille dévoué, il est celui qui étouffe le plus et qui est le plus perdu.
Et pendant ce temps, dans Lost, un spécialiste en informatique n’est pas foutu de programmer une boucle pour relancer un .exe toutes les 180 minutes...