2.03 - Cheatty Cheatty Bang Bang

Veronica Mars nous offre encore une fois un très bon épisode, où Rooooob (j’ai décidé de ne pas apprendre le nom des autres scénaristes de la série et de faire comme si Rooooob écrivait tout par souci de simplicité) nous rappelle (si jamais on avait oublié depuis la semaine dernière) qu’il sait multiplier les intrigues sans s’y perdre. Pas comme les scénaristes de Lost qui sont tellement « perdus » (merci Phil) au milieu de leurs trois pitoyables intrigues qu’ils sont incapables d’en faire avancer plus d’une par épisode. Quoi ? J’avais promis de ne plus dire du mal de Lost gratuitement ? Oops ! I did it again !

Donc, au programme des festivités de la semaine, on a plein de trucs.

Déjà, première bonne surprise, Charisma sert à quelque chose. Par là, j’entend qu’elle est utile à l’intrigue, pas qu’elle fait grimper l’audience en exhibant son postérieur (que même Veronica semble admirer) pour attirer les mâles hétérosexuels sur UPN.

En fait, Charisma est même au centre du Mystery of the Week puisque Beaver, qui s’inquiète beaucoup pour le mariage de son pauvre Papa depuis qu’il a trouvé un emballage de capote sous le canapé, demande à Veronica de l’espionner pour prouver qu’elle a un amant. Evidemment, nous, on sait que l’amant en question c’est Logan, donc on est plutôt très content de voir Veronica tâtonner dans cette direction !

Mais avant de vous en dire plus, je me dois de partager avec vous une révélation incroyable que j’ai eu devant cet épisode, une information qui, maintenant que je l’ai saisie, va changer à coup sûr la perception que j’avais pu avoir de la série : Dick et Beaver sont frères ! Ou demi-frères plutôt si j’ai bien compris.

Bon, je suis sûr que tout le monde à part moi le savait depuis la première saison, mais c’est toujours sympa de découvrir ce genre d’info par soi-même devant son écran, surtout quand on se demande depuis 3 épisodes lequel des deux est le fils Casablanca...

Bon, évidemment, on ne serait pas dans Veronica Mars si l’enquête ne se compliquait pas un peu en cours de route. Parce qu’à force de surveiller les aller-retour de la belle, notre héroïne finit par découvrir quelque chose de bien plus conséquent qu’un bête adultère : Mr Casablanca, le père de Dick et Beaver, a organisé une vaste escroquerie immobilière et se sert de sa femme pour verser des pots de vins et masquer ses activités.

Et puis, tout ça ne serait pas amusant si Veronica ne découvrait pas, entre temps, des photos compromettantes de Logan en petite tenue (enfin, il est quand même un peu plus couvert que Charisma, je crie au sexisme !). Résultat : voilà qu’elle se retrouve avec deux mauvaises nouvelles à annoncer à Beaver : non seulement ta belle mère trompe ton Papa avec ton meilleur ami, et en plus, je viens de dénoncer ton Papa aux fédéraux parce que c’est un escroc...

Résultat des courses : Beaver qui était si content à l’idée d’attirer l’attention (voire l’affection) de son Papa en lui révélant les infidélités de sa femme réalise qu’il a fait une bourde monumentale quand son père s’enfuit en hélicoptère avec deux agents fédéraux aux fesses... La morale de l’épisode ? Ne faites pas espionner vos proches par un détective privé, même pour leur bien...

Bon, parlons un peu de Beaver, puisqu’il joue un rôle plus important que d’habitude dans cet épisode. Ce que j’ai toujours apprécié dans la série, c’est son absence de manichéisme, alors que l’environnement de départ (une ville où les riches sont très riches et magouilleurs et les pauvres très pauvres et rebelles) était susceptible de nourrir pas mal de raisonnements simplistes. Mais Rooooob n’a jamais cédé à la facilité : au contraire, tous ses personnages ont leur part d’ombre et de lumière. On a eu Meg, la pom pom girl populaire qui dans toute autre série aurait été dépeinte comme une insupportable pimbêche et qui s’est finalement révélée une amie fidèle pour Veronica. On a eu Logan, qui malgré son énorme potentiel de bouletitude est devenu l’un des personnages les plus complexes et intéressant de la série. A l’inverse, on a aussi eu Weevil qui, malgré tous les coups de mains qu’il a donné à Veronica, n’a pas exactement été dépeint comme digne de confiance. Cette semaine, c’est le personnage de Beaver qui est un peu plus approfondi et j’avoue que je l’ai trouvé assez touchant dans son rôle de vilain petit canard de la famille n’ayant ni le physique de surfeur de son frère, ni les talents d’homme d’affaire de son père, et étant prêt à tout pour attirer l’attention d’un homme qui ne semble pas réellement se soucier de lui. Certes, c’est encore loin de justifier sa place (et celle de Dick) au générique, mais ça augure de bonnes choses pour l’avenir à mon avis.

D’ailleurs, puisqu’on parle de boulets qui finalement n’en sont pas, Logan a deux excellentes scènes dans cet épisode : une avec Duncan et une avec Veronica.

La première, c’est celle où il se retrouve à échanger des coups en plein cours avec son ancien meilleur ami, après avoir fait une de ces réflexions mesquines et déplacées dont il a le secret (« You didn’t plug her right the first time, uh ? » avec un regard appuyé à Duncan, c’est pour ce genre de lignes de dialogue que j’adore le personnage). S’en suit une très bonne scène d’explication à l’infirmerie, où Logan nous révèle que s’il en veut à Duncan ce n’est pas parce qu’il lui a piqué Veronica mais parce qu’il l’a laissé tomber l’été précédent quand, entre son arrestation et celle de son père, Logan avait besoin de son soutien. Un petit règlement de compte fort agréable, le genre de scène où on se dit « Wow ! Le directeur de casting de Rooooob est quand même super bien ! ». Et puis, le « I hate him too » de Logan à propos de son père et ses yeux au bord des larmes à la fin de la scène, ça vaut le coup...

L’autre scène de Logan, c’est celle où Veronica, sans doute par conscience professionnelle, vient l’avertir que le père Casablanca est au courant pour l’adultère et risque de débarquer chez lui sous peu armé d’une batte de base-ball. Cette scène est peut-être un peu moins intense que la précédente, mais elle vaut malgré tout le détour, surtout lorsque notre héroïne met le doigt, avec pas mal d’amertume et de colère dans la voix, sur le désir d’autodestruction de Logan, ce même désir qui, on le suppose, a condamné leur relation à l’échec l’été dernier. Encore une scène assez puissante servie par des acteurs impeccables.

L’épisode serait déjà bien assez riche comme ça, mais Roooob en rajoute encore en faisant avancer l’enquête sur l’accident de bus... Enfin, faire avancer est un bien grand mot, disons plutôt qu’il nous embrouille encore plus ! Si vous avez lu ma précédente review correctement (et qu’accessoirement, je l’espère, vous avez vu l’épisode) vous vous rappelez qu’un mystérieux cadavre avait été retrouvé échoué sur la plage, avec le nom « Veronica Mars » écrit sur sa main. Interrogée à ce sujet par le bien-aimé shérif Lamb au début de l’épisode, Veronica se rappelle l’avoir déjà rencontré alors qu’il rendait hommage aux victimes de l’accident sur les lieux du drame. Là où ça se complique, c’est lorsqu’elle découvre que cet individu avait des liens avec... Aaron Echolls ! Et que celui-ci pourrait bien avoir organisé l’accident...

Bon, alors là, j’avoue que j’hésite entre le « Oh my God ! » d’enthousiasme et le « Oh my God ! » d’inquiétude. Parce que si, d’un côté, je suis content qu’on oublie pas la précédente saison et qu’on nous prépare le terrain pour un retour probable de ce cher Aaron, de l’autre je dois avouer que j’ai un peu peur qu’un toutéliage bien lourdingue (mais ce ne serait pas le genre de Rooob quand même, hein ?) vienne me gâcher, après coup, l’appréciation que j’ai eu du mystère de la première saison (c’est un peu ce qui s’était passé dans Angel quand on avait essayé de me convaincre que tous les événements de la série, même les plus absurdes, étaient en fait prédestinés pour mener à la naissance de Jasmine...). Cela dit, une explication trop simple de l’accident de bus du style « Aaron voulait se venger de Veronica et n’a rien trouvé de mieux que de tuer une dizaines de personnes en même temps pour faire ça discrètement » serait aussi un peu décevante. Conclusion : ce retournement de situation a beaucoup de potentiel, mais Rooob va vraiment devoir être prudent avec. Mais je lui fait confiance (Même si, comme dit Ju, il a réussi à nous pondre « le plus mauvais retournement de situation de tous les temps » l’épisode précédent...)

Et quand il n’y en a plus, il y en a encore dans Veronica Mars, puisqu’une nouvelle intrigue pointe le bout de son nez dans cet épisode lorsque, au beau milieu d’un voyage en amoureux à Chicago, Alicia est « reconnue » par un mystérieux monsieur qui semble appartenir à la brigade des stups... Alors, Alicia aurait-elle un sombre secret en rapport avec la drogue ? On n’en saura pas beaucoup plus dans cet épisode, mais voilà qui pourrait donner une intrigue intéressante à Wallace (qui, bien que je l’adore, était quand même le seul personnage à n’avoir aucun lien avec le mystère principal l’an dernier) cette saison...

Enfin, tant qu’on parle de Wallace, je me dois de vous signaler que Bitchy Jackie est toujours collée à ses basques... Et que je commence à apprécier le personnage ! Le fait que Veronica la trouve aussi insupportable que moi et ne se gène pas pour nous le dire en voix off y est pour beaucoup. Comme un certain Drum, j’avais un peu peur du syndrome « ma nouvelle meilleure amie en un épisode » et, par conséquent, je suis plutôt content de voir que les scénaristes ne forcent pas encore dans ce sens là. Et puis, je dois avouer qu’entre son côté bitchy d’enfant gâtée rebelle et sa conception douteuse de la fidélité, Jackie semble bien partie pour remplacer une Lilly Kane qui me manque mais qui pourra difficilement revenir, et une future amitié avec Veronica, si elle est mise en place avec subtilité, pourrait être assez intéressante à suivre. Surtout si Jackie se faisait exploser le crâne à coups de battes de baseball dans le premier épisode de la Saison 3, que Keith perdait sa place de Shérif en inculpant à tort son Papa la star du sport, qu’Alicia disparaissait et laissant des traces de cocaïnes derrière elle et que tous les nouveaux amis de Veronica l’abandonnaient pour la laisser mener son enquête tout seule !

Voilà. Je crois que j’ai tout dit sur cet épisode qui, comme vous l’avez constaté, est bien rempli. Peut-être même un poil trop rempli en fait. Attention, je ne dis pas qu’il était mauvais, ou même moyen : c’était incontestablement un bon cru. Mais, c’est peut-être dû à l’heure tardive à laquelle je l’ai regardé, je dois avouer que je n’ai pas autant pris mon pied que certains en le voyant, et je me demande s’il n’aurait pas été préférable de repartir un peu plus les diverses révélations, d’autant plus que l’épisode précédent et le suivant (c’est l’avantage d’écrire sa review en retard : on a déjà vu la suite) étaient un peu plus légers à ce niveau là. Parce que dans celui-ci, par moment, j’avais l’impression qu’on frisait l’overdose d’information et que le tout aurait été plus agréable à suivre si les scénaristes avaient pris un peu leur temps...

Voilà, mais hormis cette petite réserve, Roooob (où le scénariste ayant pondu cet épisode, qui qu’il soit) nous a encore offert un très bon moment de télévision qui résout (un peu) et complique (beaucoup) les multiples mystères de cette nouvelle saison.