Episode 06

Le B|g `Yello J int était toujours en travaux (l’enseigne était dans un sal état), mais Rube avait eu la gentillesse de faire réparer en premier l’angle sud du café, celui là même où se trouvait la table 47. Nos scénaristes pouvaient y travailler tranquillement, à peine dérangés par les chocs réguliers du marteau de Jeff, l’unique ouvrier.
Howard, Michael et Robert venaient juste de finir le script du sixième épisode et prenaient un bon café noir pour se détendre… Enfin, comme à son habitude, Robert prenait un peu plus. Entre deux coups de marteau, Joel pénétra dans la salle et s’approcha d’eux. Un homme souriant, de taille moyenne, cheveux ternes, visage banal, l’accompagnait.

Michael : Yo Jo, c’est qui ce mec ?
Joel : C’est Pete. Faites pas gaffe.
Pete : Salutation ! J’adore la série !
Joel : Ouais... Vous parliez de quoi ?
Howard : Je disais que les gens qui vont voir l’épisode vont se dire qu’on a quand même de gros problèmes avec nos parents. Pas un père qui aime son fils.

Robert relevant le nez de la table, la frappa de sa paume puissante, faisant trembler les tasses pleines de café.

Robert : M’en cague de ce que pensent les gens, j’écris pas un mémoire sur l’étude comportementale du stress post traumatique d’une prise d’otage sur une couille molle du gouvernement...
Pete : Vous avez vraiment un boulot de rêve, hein les gars ?
Joel : Ouais...
Robert (continuant) : ...Ou même le manuel de la famille parfaite du petit terroriste amateur né à l’est du Jourdain…
Michael : De quoi il parle ?
Howard : Je sais pas… Ca doit être la fatigue.
Robert (ne se laissant pas distraire) : … Non ! Moi je suis là pour apporter de la joie, de la bonne humeur, le tout enrobé de pseudo explication scientifique pour que le téléspectateur, que dis-je, le monde, soit entraîné dans la félicité, et l’abrutissement, délivré par notre série.
Joel : Robert, on parlait des rapports père/fils dans l’épisode.
Robert : Ah ? Bon je dis plus rien… De toute façon mon père ne m’a jamais aimé… Y a que ma mère qui me portait de l’attention quand j’étais gamin. Ma Maman, elle avait la gentillesse de madame Araz…
Joel : Ouais enfin faut pas oublier que c’est une putain de terroriste qui menace l’équilibre du monde libre depuis sa cuisine.
Pete : Quand même, qu’est ce qu’il est fort ce Jack Bauer ! Hein les gars ?
Joel : Ouais...
Robert : En plus ma maman était gentille avec notre voisine pour qui j’avais le béguin. Elle était si mignonne notre voisine, un peu comme Elisha, avec son corps de danseuse et ses petits seins qui affolait mon kikounet… Il en devenait tout dur quand je pensais à elle…

Howard se pencha vers Joel.

Howard : Dis, il faudrait pas l’arrêter là ?
Joel : Non laisse le. De temps en temps ça lui fait du bien et ça recharge ses batteries.

Robert : Je veux le retour d’Elisha… J’adore regarder Elisha et j’en ai marre de mettre en boucle « The Girl Next Door ».
Joel : Robert ! On en a déjà parlé, le retour des guests c’est pas avant les épisodes du tier de saison. Donc bientôt, sois patient.
Michael : Je suis d’accord avec Robert. Sauf que moi je veux Reiko !
Joel : Michael, tu nous fais chier avec Reiko. Moi je voudrais le retour de Sherry, mais c’est impossible, je vais pas en faire tout un plat.
Pete : Sherry était quand même super géniale... Hein les gars ?
Joel : Ouais...
Howard : Et si on faisait un mix 24/zombie/Shaun of the dead, tu pourrais ainsi…

La calbotte frappa à la vitesse de l’éclair.

Michael (en bougonnant) : Tu m’étonnes qu’il dit rien. Monsieur c’est arrangé pour amener une Sherry 2.0 aussi pourrie et traîtresse que l’original.
Joel : Pardon ?
Michael : Rien, rien. A la rigueur je signerais pour Agnes Bruckner peut-être. Ca manque de bikini cette saison.
Joel : J’aime mieux ça jeune garçon ! Fais attention sinon je t’envois faire un stage sur Charmed. J’suis pote avec Spelling moi… Et toi Howard, personne que tu voudrais voir revenir ?
Howard : Je sais pas… Un cougar ?
Pete (se levant pour partir) : C’était vraiment super génial comme première réunion. A demain les gars !
Joel : Ouais...

Howard : Putain Joel, mais c’est qui ce crétin ?
Joel : Bah... c’est Pete. Vous en faites pas, c’est juste le nouveau coproducteur qu’on a été obligé d’engager cet été. Foutue guilde des scénaristes...
Howard : Mais pourquoi on l’a jamais vu avant ?
Joel : Bah c’est la première fois qu’il sort de la "salle d’écriture" où je le pose tous les matins. Pensais pas qu’il pourrait me suivre, ce crétin.
Michael : Depuis quand on a une salle d’écriture ?
Joel : On en a pas. Mais bon, t’attends pas à ce qu’un scénariste commandé sur Internet sache faire la différence entre une salle d’écriture et la salle de repos des femmes de ménage.
Robert : Quel bouseux !
Joel : Ouais...
Michael : Dites, faudrait pas qu’on envoie le scénario pour qu’il soit tournée ?
Joel : Naaaannn !!!! T’inquiète, on bosse avec des génies qui nous comprennent.

Pendant ce temps, dans une base militaire à l’abandon, d’innombrables assistants s’affairent autour d’un seul homme, et s’abreuvent de ses douces paroles...

Jon : Alors Jack arrive... Tu sais, personne l’emmerde Jack, alors on a : Pif Paf ! Pain dans la gueule. Plan large. Tchac tchac tchac les hélicos ! Wou wouwouwouwouwou !!! Pfiou. Pfiou. Teuteuteuteuteuteuteuteu !!!! Missile, balle traçante, rocket, laser bombe A. Plan serré. Brim bram Crackkkk !! Brisage de nuque, pif ! Pam pam pam. Coup dans les couilles Et CHLACK !!! Du sang, beaucoup de sang. Contre plongée, le regard bleu acier du héros coupe rapide... Pim pam pim pam... Toc toc ? PAM ! Pfffffffffiut !!! Et re-Wou wouwouwouwouwouwou !!!! Boum ! Pliissssss.... Et à nouveau CHLAK ! Encore plus de sang !! Putain ! Trop BON ! Trop BON ! Je vais l’avoir mon Emmy et sans scénario en plus !!! Mwahahahahhahahahahahhahah