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Gilmore Girls
5.13 - Wedding Bells Blues
You and me...
mardi 15 mars 2005, par
Oui, oui je sais, je suis en retard, ce qui est déjà assez honteux en soi, mais lorsqu’en plus, je le suis pour le centième épisode d’une série comme Gilmore Girls, ça peut paraà®tre lamentable, navrant et détestable. Mais le fait est que j’ai sciemment laissé mà »rir l’épisode dans mon esprit afin de pouvoir lui offrir la critique la plus objective, approfondie et respectueuse qu’il se doit. Nan je déconne, en fait j’étais super occupée et j’ai pas eu le temps.
"You and me", c’est ce qu’il me paraît être le meilleur résumé possible pour cet épisode. Demandez à quiconque l’ayant vu ce qu’il en a retenu, il vous répondra "T’es zinzin de la ciboulette ou complètement sourd pour me poser une question pareille ? Le "you and me, we’re done" de Lorelai à Emily, voyons ! Passe-moi le sel, maintenant.". ("Sel" pouvant être remplacé par "poivre", "fouet" ou "paprika" selon vos affinités personnelles.). Mais, outre cette fulgurante réplique, ce sont bel et bien trois mots qui rythment l’épisode, tels les problèmes de communication du season premiere.
L’épisode s’ouvre sur Lorelai et Luke qui se retrouvent, comme d’habitude, au restaurant pour le premier café matinal de la jeune femme. Quelques hilarantes bottes jaunes plus tard, (j’adore ce genre de petites phrases que seules les personnes qui ont vu l’épisode peuvent comprendre. Ca vous apprendra, bande d’affreux spoilés qui ne daignez pas regarder Gilmore Girls avant de lire les reviews !) nous apprenons que le renouvellement de vœux de Richard et Emily se déroule le lendemain. Luke n’est pas enjoué à l’idée d’y aller mais se laisse finalement convaincre… "You and me" numéro un.
Mais pour l’heure, c’est une soirée entre filles que Lorelai et Rory ont programmé. Le problème, c’est qu’Emily vient bien évidemment interférer en découvrant un horrible problème de trois millimètres carré sur sa robe de mariée, problème que Lorelai est sûre de pouvoir résoudre en trente secondes chrono. C’était sans compter sur un appel de Richard qui lui apprend, involontairement, que sa mère voudrait en réalité un bel enterrement de vie de jeune fille. Ni une ni deux, Lorelai regroupe les célébrités de Stars Hollow et saoule sa mère. Du grand Gilmore !
A la fin de la soirée, Lorelai attrape alors le livret du mariage et s’amuse à intervertir les places de chacun… Jeu innocent qui la mène, elle ainsi que Rory, sur une pente glissante lorsque la mère commence à critiquer les gens riches qui peuplent le monde des Gilmore. Rory est bien évidemment loin d’être d’accord avec ces propos puisque le blondinet qu’elle convoite est précisément l’une de ces personnes. Le fossé culturel entre les deux femmes se creuse de plus en plus, ce qui pourrait donner lieu à une très belle storyline dans le futur. Comment Rory en est-elle arrivée là ? Est-elle, alors, plus proche d’Emily ou de Lorelai ? Comment cette dernière va-t-elle gérer le fait qu’elle n’a plus autant d’emprise sur Rory ? Les Gilmore vont pouvoir se croiser pour ces questions et faire quelques étincelles... "You and me" numéro deux.
Le lendemain, nous voilà comme prévu propulsés dans ledit univers... Et on comprend mieux pourquoi Lorelai le hait tant. Evidemment, on avait souvent eu l’occasion de voir en quoi la richesse de Richard et Emily les rendait hautains, en quoi cela alternait leur réalité du monde, en quoi Hartford était si différent de Stars Hollow, mais nous y voilà aujourd’hui totalement immergés. Après un prologue d’une quinzaine de minute, c’est un presque huis clos qui s’amorce, un huis clos à la réalisation fluide et aérienne qui nous plonge encore un peu plus dans l’épisode. Nouvel essai tout en finesse pour Amy Sherman Palladino, et évidemment, elle le réussit avec brio.
Les préparatifs s’engagent donc, et Lorelai confie timidement à sa mère que oui, elle songe aussi au mariage... Au bout de quatre mois de romance, soulignons-le. Je sais pas vous, mais moi ça me parait quand même un brin précipité... Surtout qu’ils ont déjà couché ensemble et qu’elle a un compte en banque assuré, alors quel intérêt ? (Ceci était un message du CCC, le Comité des Compagnes Cupides.)...
... Et qui dit préparatifs dit mariage. (Ca va de soi, demandez à Laurent Bromhead et Marie-Ange Nardi, elle pouvait faire deviner le mot "mariage" en une brique, avec "préparatifs", et ce "fingers in the nose", diraient nos amis anglopianos. Oui, ce calembour est consternant.)
Le renouvellement des vœux a ainsi lieu, et étant donné que Richard et Emily ont assez dégusté ces derniers temps, ce "You and me" numéro trois ne subit aucune altération. (Je croirais entendre M. Laneuze, mon professeur de bio en cinquième : "Et donc, si le daltonisme touche davantage les hommes que les femmes, c’est parce que le chromosome Y subit une altération à sa souche..." Sachez néanmoins que ce que je viens de dire n’a aucun sens et que le daltonisme est dû à une tout autre raison. Ou pas. En fait, on s’en tamponne un peu le sourcil, quand même.)
Et là, là messieurs dames, qu’est-ce qu’on voit-y pas en arrière plan, légèrement flouté avec Adobe Premiere ? Christopher, qui a apparemment décidé de se servir de l’invitation lancée par Emily pour venir semer un peu de zizanie dans ce beau monde. "You and me" numéro quatre.
Plus paumé que jamais après la mort de son père, Christopher est véritablement métamorphosé. Connaissant Lorelai, il ne lui faut pas plus de quelques minutes pour se rendre compte qu’elle est amoureuse de Luke et qu’il a peu de chance de réussir à se mettre entre ces deux-là… En tout cas, à jeun.
De son côté, Rory décide d’aller de l’avant avec l’affaire Blondinet, et se sert de l’anecdote du premier baiser entre Lorelai et Christopher pour imiter sa mère. Blondinet tombe dans le panneau et les deux partent fricoter, bouteille de champagne à la main, dans une autre pièce. "You and me" numéro cinq.
Rory est bizarre. Présentée comme la candeur incarnée, la plus gentille fille de Stars Hollow, la bonté même, elle se révèle petit à petit devenir hypocrite, égoïste et peu scrupuleuse dans l’affaire Dean. Il y avait déjà cette dualité dans le personnage qui rendait parfois difficile à cerner les intentions des scénaristes. Et là, on nous en remet une couche en y intégrant les différents milieux sociaux dans lesquels la jeune femme doit évoluer. On pourrait s’y perdre... Rory, en tout cas, s’y perd. Elle semble devenir quelqu’un d’autre, jouer à un jeu avec Logan en l’embrassant de la sorte, en lui assurant qu’elle ne veut pas d’une relation sérieuse... En imitant sa mère, précisément lorsqu’elle est en pleine période d’émancipation quant à l’autorité et le droit de regard de cette dernière. Rory n’a pas les épaules pour baigner dans un milieu souvent tordu, parfois malsain, comme Yale et les retombées pourraient être lourdes...
Les dernières minutes de l’épisode sont pour le moins intenses. Luke et Christopher se battent pour le titre du père de Rory (Eternel débat entre "Hey, je suis le spermatozoïde !" et "Hey, je me suis tapé les quatre heures de shopping pour trouver les chaussures coordonnées au sac, et devine quoi... ON LES A PAS TROUVEES !"), Chris, complètement saoul, s’exclame que Lorelai et lui appartiennent l’un à l’autre et que tout le monde le sait... C’en est un peu trop pour Luke qui, on le comprend, finit par prendre la porte. (Non, je ne ferai pas la vanne pourrie et facile à laquelle vous pensez tous.) Le "You and me" numéro un semble mal se terminer, ce qui était assez prévisible mais ça fait quand même mal... Quant à la relation entre Christopher et Lorelai, elle est tout aussi terminée. Les "Get out of my way" et "Get away from me" de Lorelai sont plus qu’éloquents. C’en est fini pour eux deux aussi, et ça fait du bien de tirer un trait sur une storyline qui dure depuis plus de cinq ans. Elle était jolie, elle était intéressante, et le fait de la clore aujourd’hui montre qu’elle était parfaitement maîtrisée.
Enfin et surtout, tel votre ami sado-masochiste, je me dois de conclure sur le véritable "You and me" de l’épisode. (Et non pas de vous demander de me passer le fouet, je ne suis pas de ces gens-là. Par contre, j’aime le paprika.) "You and me, we’re done". C’est clair, c’est concis, c’est dit entre les dents avec une certaine rage contenue pour l’apparence… Le peu qu’il restait entre Emily et Lorelai vole en éclat et la colère de cette dernière est un cliffhanger des plus réussis. Parce que, soyons francs, pour énerver autant Lorelai... Faut quand même y aller fort. Soit dit en passant, jamais je n’aurais pensé que Lauren Graham pouvait être meilleure. Elle me semblait donner la plus belle interprétation possible de Lorelai, l’excellence même, le plus haut niveau qu’une actrice puisse atteindre pour incarner un tel personnage. Ben en fait, non. Elle se surpasse ici, ne me demandez pas comment, ni pourquoi, ça fait partie de son mystère, mais elle est véritablement plus géniale que jamais. Ca va être dur de revenir à une Lorelai traditionnelle...
Au final, le personnage va probablement devoir faire des sacrifices, sacrifices qu’il a déjà commencés. Plus de Chris, plus d’Emily, elle fait volontairement le vide autour d’elle. Reste maintenant à retrouver Luke pour le combler.
Tout ça pour un centième épisode tout simplement brillant. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise d’autre ? Les acteurs sont fabuleux, la réalisation est somptueuse, le scénario est parfait, Amy Sherman Palladino est incroyable, la guerre c’est mal, et le lait c’est plein de calcium. Gilmore Girls est une des meilleures séries du moment, ce n’est plus à prouver… Et moi de manquer encore et toujours de compliments assez flatteurs pour un tel niveau d’excellence. A mon âge. Franchement. C’est triste.