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Urgences
11.16 - Here and there
Parallèle
samedi 26 mars 2005, par
Je vous avoue que je ne sais pas du tout comment attaquer cette review. Vous dire qu’une partie de l’épisode se passe en Irak n’est sans doute pas suffisant pour vous appâter, ni comme vous annoncer que Neela en tient une place centrale. Bien sûr, si comme moi, vous aimez Neela et pensez que le retour de Gallant (ben oui, l’Irak) est un plus, alors vous devez être content.
L’épisode est intelligemment construit. On suit en parallèle la garde de Neela et la journée de Gallant avec en voix off chacun lisant la lettre qu’ils s’écrivent.
Chaque action dans une des parties aura sa correspondance dans l’autre, avec un montage très vif : Un hélico apporte une patiente au County, un hélico se pose dans l’unité hospitalière de Gallant. A Chicago, les infirmières descendent de l’appareil une femme qui a eu les deux mains tranchées et quand Neela lui demande son nom, on se retrouve en Irak où le soldat blessé par des éclats de shrapnels arrivait avec l’hélicoptère donne son nom à Gallant.
Ca donne un rythme plutôt bon, couplé à une bonne histoire on ne voit pas le temps passé.
David Zabel, le scénariste, n’a pas écrit un brûlot. Pas de grande tirade anti ou pro quelque chose. Il aurait été d’ailleurs impensable, à mon avis, de faire de Gallant, le militaire patriote, le chantre de la remise en cause du conflit.
Non, plutôt que nous asséner une vérité, Zabel nous montre la vie de cette unité médicale, tout en apportant quelques petites touches qui nous forcent à réfléchir. Un hôpital quand même bien plein alors que partout on claironne que la guerre est fini, le visage désabusé des soldats qui ne comprennent plus vraiment ce qu’il font là, les blessés que l’on renvoie.
Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’à propos de l’Irak, comme de nombreux conflit, on parle des morts mais très peu des blessés qui représentent une facette plus importante des pertes d’un belligérant.
Sauf que les blessés c’est honteux, ils stigmatisent encore plus la vision que l’on peu avoir d’un conflit, les morts peuvent être oubliés ; un blessé grave, un mutilé, sera une marque indélébile dans l’œil du citoyen et le mettra face à ce que l’on lui cache le plus souvent. Oui, la guerre c’est sale, les frappes chirurgicales n’existent pas !
Bref le constat dépeint est plutôt sombre et devrait forcer n’importe qui à s’interroger sur cette guerre qui n’en porte plus le nom… On est dans une insurrection maintenant.
Mais il n’y a pas que l’Irak.
L’épisode s’attache aussi à nous donner l’état d’esprit de Neela comme de Gallant.
I find myself both proud and jealous at times, Michael. You have a purpose and a role to fill. Most days I don’t feel like that at all.
On savait déjà que Neela se posait des questions sur sa carrière dans la médecine, on en apprend un peu plus sur ses motivations ou plutôt sur son absence de motivation.
Certains docteurs ont le complexe messianique et veulent sauver le monde, d’autre ont le complexe de Rubik et veulent résoudre l’énigme…
Neela, elle n’a rien, et n’y voit qu’un job quelconque qui lui pompe toute son énergie : Métro-boulot-dodo.
Pratt avec sa légendaire intelligence pense que si Neela n’y arrive pas c’est qu’elle est seule et qu’elle devrait se faire draguer. Et Neela de se demander pourquoi tout le monde veut qu’elle s’envoie en l’air ?
Ca lui apporterait sûrement pas mal de plaisir, mais je ne suis pas sûr que ça donne un sens à sa vie.
Et puis bon, Neela pense un peu trop à son Michael perdu dans les sables irakiens pour même se faire sauter par un pote de son coloc.
C’est beau l’amûûûûûûreeeeeeeeeee !
Il faudra sans doute plus que quelques heures avec son Michael pour changer Neela…Un petit stage à Kisangani serait sans doute une bonne idée.
I know what a lot of people think about this war, but when you’re here, you have to believe you’re fighting for something that’s real. Something that matters.
Lorsque le soldat Gallant écrit cette phrase on sent bien qu’il y croit à moitié.
Comme Neela c’est devenu un simple boulot qu’il exécute mécaniquement. Bien sûr lorsqu’il s’agit de soigner, Michael fait son boulot avec cœur, mais dés qu’il sort de la tente hôpital son plus grand désir serait de quitter cet endroit, s’habiller en civil, boire une bière et faire le vide, puis de revenir et finir son job.
On est donc bien loin d’une idée de mission apportant démocratie et liberté. Michael, tu as beau vouloir te persuader que ce que tu fais en Irak est utile, tu es comme tous les autres troufions, t’as pas envie de crever là-bas.
Gallant n’aura pas eu d’épiphanie en Irak comme Kovac ou Carter avaient pu avoir en Afrique, il reste un bon petit soldat qui doute mais reste fidèle. En même temps il n’était pas parti pour fuir quelque chose et/ou changer de vie, mais parce que l’état lui disait d’y aller, la démarche n’était pas la même.
Maintenant qu’il a une perm de 72h et qu’il amène une petite irakienne brûlée vive à Chicago, je suis curieux de voir les réactions qu’il va provoquer lors de ce retour.
Un bon épisode, bien maîtrisé à tous les niveaux. Cela fait quand même plaisir à voir, mais c’est l’avantage d’une série comme ER, même s’il arrive parfois que la mécanique s’assoupisse, elle trouvera toujours les moyens de fournir un épisode qui sort du lot.
On aimerait quand même que cela arrive chaque semaine…
L’amateur de série est un éternel insatisfait.