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Six Feet Under

4x04 - Can I Come Up Now ?

Un petit coin de parapluie...

dimanche 18 juillet 2004, par Feyrtys

Il est étonnant de voir comment un même épisode peut provoquer des sentiments différents. "Can I come up now ?" m’a beaucoup fait rire et il m’a semblé retrouver l’humour de la 1ère saison. Ju, notre rédacteur en chef adoré, n’a pas beaucoup ri et a trouvé l’ensemble plutôt poussif et assez grossièrement amené. N’hésitez pas à lui dire qu’il a tort en participant au topic consacré à cette 4ème saison, sur le forum EDUSA.

Le Meudeuleu

Aujourd’hui, le Mort de l’Episode est un vieux monsieur inquiétant qui dit aux jeunes femmes qu’il les trouve "magnifique". De préférence devant une porte d’ascenseur qui se referme dans un immeuble désert. Brrrr. De quoi faire peur.
On a toujours l’impression qu’un vieux, c’est assez inoffensif. Entre les problèmes de hanche et le cancer de la prostate, c’est vrai qu’on peut difficilement s’imaginer un vieux en train de bailloner une innocente victime. Et pourtant, avec un éclairage aux néons, une pluie d’orage qui gronde au dehors, et l’absence totale de musique, on pourrait presque en avoir peur, d’un petit vieux si innofensif.
C’est ce qui arrive avec cette fille au parapluie Burberry’s. Elle flippe un peu. Un petit vieux qui vous fixe du regard, c’est déjà assez inquiétant comme ça. Mais quand il vous dit qu’il vous trouve magnifique, là y’a de quoi prier qu’il a bien pris sa verveine avant d’aller se coucher et que mamie l’attend sagement à la maison devant Question Pour un Champion spécial Francophonie. En l’occurence, le petit vieux qui fait du harcèlement sexuel n’est pas seulement bizarre, c’est aussi un voleur de parapluie. Et oui, il vole le parapluie que la jeune femme avait pris soin de déposer à l’entrée du bâtiment. On ne peut pas dire que ça lui réussisse, puisqu’à peine a-t-il ouvert l’objet du délit et fait quelques pas sous l’orage qu’un éclair vient le frapper et le tue sur le coup. La vie de voleur de parapluie et de vieux fou n’a rien d’enviable, vraiment. Mesdames, si je n’ai qu’un conseil à vous donner : méfiez-vous des petits vieux. Et méfiez-vous des parapluies Burberry’s, ils attirent les voleurs ET les éclairs.

Le Meudeuleu n’est pas un anonyme : c’est le père de Jennifer, l’ancienne petite amie de David, avant que celui-ci ne réalise son homosexualité. Nous avions rencontré Jennifer dans la 1ère saison. Elle était plutôt mignonne, agréable et sympathique, faisant passer la douleur de David avant la sienne. Et ce cher David culpabilisait de l’avoir fait souffrir, et le fait de la revoir dans ces conditions n’arrangent pas cette culpabilité.

Jennifer se rend chez les Fischers & Son & Diaz en pleurs, accompagnée de son nouveau fiancé, qui ressemble à s’y méprendre à un gros con. David fait de son mieux pour aider Jennifer, qui finit par exploser de tant d’attentions. Elle déverse sa colère sur lui. Son père mort, sa mère souffrant d’alzheimer précoce, l’homme de sa vie homosexuel, cela fait beaucoup pour une seule personne dont l’effacement, jusqu’à présent, faisait de la peine à voir. Peut-être que ce déchaînement fait du bien à David, peut-être qu’il attendait qu’elle montre sa colère pour arrêter de culpabiliser pour les années de mensonge qu’il avait vécu avec elle. La bienveillance de Jennifer avait empêché David d’en finir avec sa culpabilité. Voilà une situation qui peut enfin évoluer.

Il y a une situation qui nous fait faire un bond en arrière dans le temps, c’est celle de Keith. C’est à son tour de (re)cacher son homosexualité. Rappellez-vous la 1ère saison, et David qui cachait son homosexualité à sa famille. Keith avait fini par le quitter pour cette raison. Et voilà qu’à présent, pour "entrer dans le moule" de sa nouvelle profession de gorille de star, Keith s’est décidé à faire semblant d’être hétéro.

Ca peut sembler anondin de cacher sa sexualité sur son lieu de travail. Après tout, on n’est pas obligé de parler de sa vie privée sur son lieu de travail. Sauf que dans la réalité, si, on parle de son copain, de sa copine, de ses ex, de ses amants... Pour se faire accepter, pour avoir un autre sujet de conversation que le temps qu’il fait et les dernières éliminations de la Star Ac’. Et Keith s’en rend compte. Pour se faire passer pour un hétéro, il faut adopter un comportement qui n’est pas le sien. Mais Keith prends très à coeur son nouveau job. Il en est même réduit à faire de la lêche à sa détestable cliente, la star de la pop, Celeste (Michelle, bouge ton corps, ondule, ondule... oooooops je m’emporte). Celeste a tout de l’exécrable gamine qui se croit toute puissante. Mais elle a l’avantage d’être aussi insupportable qu’elle est unique. Elle ne ressemble à aucun des personnages qu’on a pu voir jusque là. Et en plus, elle s’intéresse à Keith, je ne sais par quelle étrange alchimie. Et lui semble avoir de l’affection pour elle. Une étrange relation est en train de naître. Mais Keith aura bien du mal à cacher son homosexualité, au milieu des danseurs qui accompagnent Celeste partout ou elle va. Le pauvre en est réduit à se consoler en regardant The Rock le soir à la télé...

Lassée de voir des excréments sur son paillasson, et toujours persuadée qu’Arthur est à l’origine de ces maux, elle est décidée à porter plainte. Elle est à la limite de l’hystérie, et c’est à ce moment que George lui explique que ce n’est pas Arthur qui envoie ces défections mais probablement sont fils Kyle, dont il avait caché l’existence jusque là. Il était très jeune, la fille était issue d’une famille riche, il lui ressort les excuses de circonstances et ne souhaite apparemment pas revoir son fils. Ils se sont vus une fois et Kyle a été vraisemblablement assez désagréable. Le vieux George n’aime pas beaucoup les confrontations.

Mais Ruth retrouve ses élans de control freak et d’insupportable entêtée. Elle essaye de rabibocher tant bien que mal George et le fils qu’il a abandonné il y a bien longtemps. C’est vrai qu’elle est énervante Ruth. Mais pas plus que lorsqu’elle faisait des scènes à son coiffeur d’amant, ou quand elle essayait désespéremment de se rapprocher de David. Ou encore, quand elle découvrait la secte de "The Plan". Ruth sait être énervante. Parce qu’elle est souvent décidée, têtue, et qu’elle a des idées saugrenues. Mais rapprocher George de son fils, ce n’est pas saugrenu, c’est un geste humaniste. C’est arrêter de renier un fait et de commencer à considérer un "accident malencontreux" comme un être humain qui a grandi en sachant que son père avait préféré fuir plutôt que le voir grandir. Ruth est certes énervante, mais pas autant que George qui fait comme si tout ça n’était pas de sa faute et qui traite son fils comme un fou dangereux gâté pourri qui n’a pas besoin de lui. Il continue d’ailleurs à penser que ne pas parler de son passé, ce n’est pas mentir... Il ne m’étonnerait pas qu’un cadavre ressorte du placard d’ici peu.

J’ai beaucoup aimé la scène pendant laquelle Ruth, George et son fils (interprété par l’acteur qui jouait Pitts dans le Cercle des Poètes Disparus) essayent de discuter. George est aussi paternaliste qu’il est froid, et Ruth est décidée à passer un bon après-midi, quoiqu’il arrive. Elle s’inquiète pour Kyle et lui demande s’il a besoin de quelque chose. Il lui répond qu’il a tout ce qu’il lui faut, et même plus : une machine à capuccino pour eviter de sortir de sa chambre d’hôtel. "Vous voulez un capuccino, Ruth ? -J’adorerai, oui, merci. -C’est une blague, je ne sais même pas comment faire marcher cette machine. -Allons au Starbuck dans ce cas !" Et les voilà partis boire un café...

Pendant ce temps, Claire est décidée à prendre le taureau par les cornes et à devenir une nouvelle "elle-même".
"Qu’est-ce qu’il n’allait pas avec l’ancienne Claire ?" demande Russel, qui s’est enfin rasé cet affreux bouc et qui s’est lavé les cheveux. Il finit presque par ressembler à quelque chose.
- Elle attendait trop que les choses finissent par arriver", répond l’intéressée.
Et la voilà partie draguer, effrontément, un mec de son cours de dessin. Mais ça ne lui portera pas bonheur. Qui attire les loosers une fois, attire les loosers toute sa vie. Et c’est encore ce qui va arriver. Même si le mec en question ne relève pas de la même loose que les autres. Celui-là, il veut juste que Claire se plie à ses envies sexuelles qui sont assez d’ailleurs assez communes : qu’elle décrive à voix haute ce qu’elle aimerait faire et ce qu’elle aimerait qu’il lui fasse. Mais la nouvelle Claire n’a pas réussi à faire fi de toute sa timidité et elle hésite à accomplir ce fantasme. Elle aurait du regarder Sex And The City, 1ère saison : Miranda y couche avec un type qui veut aussi l’entendre parler. Aucun problème, Miranda réussira à le faire fuir en lui disant : "Tu aimes quand je te mets un doigt dans le cul ?". Et voilà le travail. Ouste, le looser !Claire, tu ne regardes pas assez HBO, moi je te le dis.

Pauvre Claire... Ce n’est pas la fin de son malheur... Alors qu’elle fait semblant de repeindre un mur avec ses copines Anita et Edie, elle découvrira qu’elle n’a peut-être jamais connu d’orgasme. Il est même tout à fait probable, à la façon dont elle parle de ce qu’elle croit être un orgasme, qu’elle n’en a jamais eu. Ce à quoi Edie répond qu’elle devrait essayer de le faire avec une fille. Ok, on le voit venir depuis le début, le coup du "allons-y voir, si l’homosexualité a du bon". On sait que Claire finira par avoir une aventure avec Edie. C’est amené avec beaucoup de lourdeur. Et la succession de petits amis plus nuls les uns que les autres rajoute à ce côté lourdos. Mais il n’y a pas que le dépit qui pourrait attirer Claire vers l’homosexualité. Il y a aussi le fait qu’Edie la fascine et que c’est grâce à elle que Claire s’est remise à la photo. Edie est la fille que Claire voudrait être, homo ou pas. Claire a souvent eu besoin d’un pygmalion, et Billy en a été un, tout comme Olivier et Russel, à sa manière. Edie n’est peut-être qu’un pygmalion de plus.

Il arrive une drôle de chose à Nate. Le voilà qui s’est remis à fumer de l’herbe ou dieu sait quoi, avant de faire son jogging matinal habituel. Il a laissé Maya à la soeur de Lisa, pour une visite à Lego-Land. Il est seul et ne sait visiblement pas quoi faire de son temps. Un buzz avant de courir, quelle bonne idée ! Forcément, le premier chien qui passe lui fait penser à Lisa. Quelque chose dans les yeux, apparemment... Ou peut-être dans l’obéissance sans borne et dans le masochisme. Bref, le voilà qui suit un chien jusqu’à la maison d’une voyante. Voyante qui lui fait croire que bien sûr ; elle attendait sa visite et qu’en plus, Lisa est toujours vivante. Et Nate y croit. Il y croit. A ceux qui trouveraient ça trop gros (et j’ai trouvé ça trop gros, pendant quelques minutes), je conseille de revoir la seconde saison de SFU, épisode 3. Nate y rencontre une voyante qui a perdu son mari. Et à ce moment là, Nate sait qu’il souffre d’AVM et qu’il risque de mourir à tout moment. Il se pose des questions sur la vie après la mort. Et la voyante lui fait avaler tout ce qu’elle veut, déjà à ce moment là. Nate a toujours eu des questions sans réponse à propos de la mort. C’est lui qui voit le plus son père, lui a le plus besoin de se rassurer quant à savoir ce qui l’attend après la mort. C’est lui qui joue le plus avec la mort. Il n’est pas surprenant qu’il ait besoin qu’une voyante le rassure sur la condition de Lisa. Il est toujours dans le déni. Il n’arrive pas à affronter sa mort et encore moins l’idée qu’elle ait pu se suicider.

Dans un rêve horrible, il entendra la voix de Lisa au téléphone qui lui demandera pourquoi il l’a enterrée. Brrrr....

Une autre qui fait des rêves très étranges, c’est Brenda. Elle voit Nate, dont le cou est entouré d’un de ces cônes en plastique qu’on met autour des chiens pour ne pas qu’ils se grattent, lui offrant un nouveau né. Brrrr aussi...
Tout cela est lié au repas qu’elle a passé au Purgatoire, accompagnée de Joe. Le Purgatoire, ça doit ressembler à ça : la mère de Brenda et son amant, l’insupportable Olivier (accessoirement ancien amant de Billy également), à un repas trop arrosé. Ce n’est même pas le Purgatoire, c’est l’Enfer tout court. Entre les allusions sexuelles d’une folle tordue de 50 balais, le discours puant d’un artiste raté qui a tout d’un prostitué, et les piques de méchancetés gratuites envers Brenda, y’a de quoi vouloir fuir à toute jambe. Mais pas pour Joe. Non, lui il reste. Même quand la mère de Brenda insinue que sa fille veut des enfants, puisqu’elle est si émue devant la fille de Nate...
Joe n’est pas comme ça. Il est juste gentil. Il est juste adorable. Il est juste émouvant. "Tu sais, moi aussi je veux un enfant. Ou plusieurs... Et je le/les veux avec toi...", avouera-t-il à Brenda à la fin de l’épisode. Il est trop parfait pour être vrai !! Il est tout le contraire de Nate ! Equilibré, bien dans sa peau, gentil (il nourrit les chats du quartier bien qu’il y soit allergique) et en plus, il n’est pas ennuyeusement lisse : il a aussi des penchants masochistes, et ça c’est parfait, vu que Brenda est excellente en dominatrice.

Mais Nate est toujours dans la vie de notre chère Brenda. Et toujours à des moments incongrus : il sonne à la porte de Brenda alors que Joe est attaché au lit, pieds et poings liés, et que Brenda montrait tout son talent de dominatrice. Mais il avait tellement l’air d’un chien battu qu’elle le laisse entrer et qu’ils finissent par passer une bonne soirée, tous les trois. Et là encore, Joe se montre parfait, ni jaloux, ni capricieux. Parfait. Un vrai gentleman. Justin Theroux, tu manques un peu de poils sous les bras, mais j’espère bien que Brenda te gardera le plus longtemps possible.

Rico, lui, continue à vivre sa relation bizarre avec Sophia, la strip-teaseuse, et sa fille. Il n’est pas seulement présent comme un amant, mais surtout comme un erzazt de père d’une famille qui n’en est pas une. Mais ce n’est pas Sophia que je plains. Je sens qu’elle feint tout ce qu’elle dit, qu’elle sait exactement quoi dire et à quel moment. "Je ne veux pas être un poids pour toi", cette phrase est très précisemment ce qu’elle devait dire pour éviter que Rico ne la jette comme une vieille chaussette. Elle le manipule et il se laisse faire. Et rentre chez lui pour faire l’amour à sa femme. On peut vraiment dire qu’il a une conception quelque peu non-conventionnelle de l’aventure extra-conjugale.


Cet épisode ne fait certes pas beaucoup avancer la situation de la famille Fischer. Mais c’est un épisode que j’ai trouvé léger, drôle, et qui m’a rappellé l’humour de la 1ère et de la seconde saison.