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Six Feet Under
4x12 - Untitled
Quoi, c’est déjà fini ?
mercredi 15 septembre 2004, par
Autant vous dire que ça n’a pas été facile de faire cette review. J’ai en effet obtenu, il y a quelques jours, un compte pour essayer la beta d’EverQuest 2, et je n’ai pas résisté à l’appel du MMORPG (Massive Multiplayer Online Role Playing Game)… Je venais de passer 3 ans de sevrage presque total (quelques rechutes ont pu être observées, mais toutes ont été maîtrisées), j’ai donc estimé que je pouvais, sans prendre trop de risques, retenter une petite descente dans le monde des jeux vidéo en ligne, le monde des geeks du jeu vidéo (une race très particulière, que l’on voit peu, puisque généralement enfermée dans des caves ou autres lieux sans lumière), le monde des points d’expérience, des quêtes à accomplir et des monstres à tuer. Bref, un monde hautement addictif et très dangereux pour la santé mentale, la sociabilité, la vie amoureuse et sexuelle. Une vraie plaie. Et pourtant, quel délice de replonger… Mais quel malheur pour mes reviews ! J’ai passé 6 heures d’affilée à jouer, comment aurai-je pu avoir les idées suffisamment claires pour écrire quoique ce soit ? C’est pourquoi, ce soir, c’est fébrile que j’ai décidé que je ne lancerai pas EverQuest 2, non, je vais faire la review du dernier épisode de SFU.
C’est décidé.
Ca y est, je me lance.
C’est parti.
Untitled, c’est le titre de cet épisode, mais ce sont également les (non)titres des photos que Claire expose. Elle a choisi de ne pas donner de nom à ses oeuvres, parce qu’elle pense que les gens prennent les mots trop au sérieux. C’est probablement vrai. Mais en vérité, elle n’a aucune idée ce qu’elle a bien voulu dire avec ces photos. En revanche, je ne pense pas que cet épisode s’appelle "Untitled" sans raison.
"Sans titre", c’est la liberté de donner à une oeuvre un sens infiniment privé et subjectif. C’est laisser une œuvre venir à nous et se l’approprier ensuite, non le contraire. Un titre peut changer le sens d’une œuvre. Il n’est pas "sans titre", mais plutôt, il est TOUS les titres à la fois. Et pour un épisode qui clore une saison entière, ce n’est rien de porter tous les noms. C’est son essence même.
C’est donc le moment de faire le point de cette saison passée. Qu’est-il arrivé à nos personnages préférés ?
Commençons par Claire, la petite dernière de la famille, la jeune artiste en mal de reconnaissance et surtout, d’amour. Claire abordait sa deuxième année d’Ecole d’Art, dans laquelle elle n’a pas appris grand-chose, et sûrement pas à faire de l’art (exception faite d’une photo, dénuée d’ambition et remplie d’émotion). Avec ses amis pseudos artistes, mais surtout très drogués et très barrés de la tête, elle sera passée de la gentille Claire, indécise, manquant de confiance en elle, à une Claire imbuvable, prétentieuse, lesbienne-et-finalement-pas-tant-que-ça, et pour clore en beauté, une voleuse d’idée artistique.
Bref, autant vous dire que la Claire, cette année, m’a déçu. Sauf dans ce dernier épisode. C’est le miracle du season finale. En un épisode, il arrive parfois cette étrange chose qui veut qu’un personnage prenne soudain une toute autre dimension. Ici, Claire faisait son show au vernissage de son exposition, prenait de la coke avec son « amie » Anita, faisait semblant d’être intelligente, et pour finir, humiliait Russel qui forcément, en tant de parfait exemple de drama-queen, le prenait très mal. Entre temps, il faut dire que ce cher Olivier, que l’on n’a pas assez vu cette saison, lui expliquait tout le bien qu’il pensait d’elle et de ce geste déplorable qu’elle avait eu envers Russel, en lui volant l’idée qu’il avait eu. "I toast you with this shitty wine". Et on toast avec lui, de voir Claire si convaincue qu’il s’agit de son œuvre alors que Russel en est à l’origine.
Pourtant, si Claire a succombé à l’appel de la reconnaissance et de la gloire, elle semble, dans cet épisode, encore fragile, et sait sûrement au fond d’elle qu’elle n’aurait pas du agir de la sorte. Et le seul à qui elle se confie, c’est son nouveau professeur d’art, j’ai nommé le grand Billy Chenowitz, celui qui en a tant fait voir à Brenda, à Nate, et également à Claire, quelques années auparavant. Mais curieusement, cette année, Billy est apparu comme le personnage le plus censé de la série. Pausé, drôle, serein, il a même réussi à se rapprocher de sa sœur, qui avait fait une croix sur lui.
Mais peut-on réellement faire confiance à Billy ? Surtout quand celui-ci se laisse séduire par Claire, qui est son élève, qui est paumée, et qui d’au moins 10 ans sa cadette…
De toutes façons, quoiqu’il arrive, je peux déjà dire : « BILLY RESTEUH ! »
Après Claire, attardons-nous sur David, le fils cadet. En début de saison, le bonheur qui émanait de la relation épanouie qu’il avait avec Keith faisait plaisir à voir. Les deux amants avaient longtemps chercher un équilibre, et ils l’avaient enfin trouvé. Keith avait trouvé un job comme garde du corps de star, tout semblait aller pour le mieux. C’était sans compter une tragédie atroce, l’agression de David par un fou dangereux drogué au crack, qui a essayé de le tuer et qui l’a torturé durant une nuit cauchemardesque. Rien que d’y repenser, j’en ai la chair de poule. J’avais peur que David ne change radicalement après cette torture. Mais il n’a pas changé. Il a eu des attaques de panique, il a été déboussolé, oui, mais il est resté le David doux, ne sachant pas gérer ses émotions, bref, celui qu’il avait toujours été. A quoi aura servi sa souffrance dans ce cas ? A une chose, que lui confie son père : apprécier le fait d’être vivant. Et comme dirait le grand philosophe Joss Whedon, la vie, ce n’est pas autre chose que de vivre. Et c’est déjà beaucoup. « Ca ne peut pas être aussi simple que ça », se dira David. Et pourtant…
Il y a eu dans cet épisode une scène terriblement juste. David finit par se laisser convaincre par Keith de la nécessité de rendre visite à Jake, en prison. Il a finalement été arrêté et David est hanté par son regard lors de l’identification au poste de police. Pensant que par ce geste, il retrouvera « ses couilles », qu’il pense avoir perdu à cause de l’agression, David se rend en prison et affronte face à face son tortionnaire. Jake ne le reconnaîtra pas. Et j’ai trouvé ce détail saisissant de vérité. Evidemment qu’il ne le reconnaît pas ! Comment pourrait-il en être autrement ? Leur échange sera très court, peu constructif, mais il a le mérite de libérer David d’une certaine culpabilité. Jake est bel et bien fou, il est bel et bien dangereux et pitoyable. Le plus fort des deux, ce n’est pas celui qui a tenu le flingue et qui a dominé l’autre. Le plus fort, et le plus humain des deux, c’est celui qui a su reconnaître la valeur de sa propre vie.
La conclusion de la storyline de David a été un peu… écourtée je trouve. Mais elle n’est pas dénuée de beauté. C’est aussi la force de cette série. Sublimer les émotions de la vie, de la mort, de la souffrance, pour nous donner de la poésie à l’état pur. David va-t-il enfin réaliser que jusque là, il a hésité à vivre ?
Nate aura mis du temps à ne plus culpabiliser d’être vivant, après la mort de Lisa. Il a eu une phase d’auto-destruction, puis de dépression, puis de refoulement. Et enfin, il est revenu vers Brenda. Ou plutôt, Brenda est revenue vers lui, et il lui a ouvert son cœur comme il avait renoncé à le faire depuis leur désastreuse relation de la saison 2. Et il avait presque réussi à faire le deuil de Lisa, quand une mystérieuse photo refait surface. Vous vous rappellez de l’étrange petite fille de l’épisode 4x01, Michaëla ? C’est la fille de Barbra et de Hoyt, et elle avait un comportement d’adulte, ce qui est assez terrifiant de la part d’une fillette de 10 ans…
Elle avait confié à Nate un livre, et elle tenait absolument à ce que David le lise. Nate avait complètement oublié de donner le présent à son frère, mais il se rattrape enfin, après plusieurs mois. Nous aussi on avait oublié ce livre, alors Nate le pouvait aussi. David feuillette le livre (qui parle de morts), surpris d’une telle attention. Il y découvre la photo de Lisa et la donne à Nate, qui est choqué de revoir aussi soudainement sa femme. Mais la photo ne fait pas seulement que réveiller les morts. Elle recèle un terrible secret. Les habits que Lisa portent sur cette photo sont précisemment les mêmes qu’avant sa disparition. Nate met du temps à le réaliser ce détail. Mais quand il le réalise, il se précipite chez la sœur de Lisa pour savoir de quoi il en retourne. Michaëla sera là, on aurait presque dit qu’elle l’attendait. Elle me fait vraiment peur cette petite fille. Oui, de toute évidence, elle savait ce que cette photo cachait, et oui, elle voulait que Nate l’apprenne. Comment pouvait-elle être au courant ? Tout simplement parce qu’un enfant, ça a un don très particulièrement qui est de deviner précisemment tout ce qu’on veut lui cacher. Et en l’occurrence, ce qu’on cherchait à lui cacher, ce que son père cherchait à cacher à tout le monde, c’est sa liaison avec Lisa… Alors là, comme secret, ça se pose là. Hoyt avait eu une liaison avec Lisa avant son mariage avec Nate (ce qui laisse des questionnements sur la paternité de Maya…), et ils avaient convenus d’un ultime rendez-vous entre Los Angeles et la résidence de Hoyt, au bord de l’océan… Lisa voulait mettre un terme à leur relation (d’après ce que j’ai compris), et Hoyt ne l’a pas supporté. Il l’a tuée.
Le plus terrifiant dans cette histoire, c’est la ressemblance frappante entre Nate et Hoyt dans la scène où Nate confronte le mari de Barb. Ils ont tous les deux les mêmes mimiques, la même façon de se mettre la main sur le visage, de honte ou d’incompréhension… Ce sont les mêmes. Mais l’un d’eux est un meurtrier… Seulement voilà, le secret de cette liaison dévoilée, et Barb ayant assisté à la scène depuis l’escalier qui menait au bureau, Hoyt décidera soudainement de mettre fin à sa vie en se tirant une balle dans la tête. Sanglant et brutal. Comme la révélation.
Nate reviendra chez lui et Brenda, au petit matin, le T-Shirt encore tâché de sang. Sans un mot, il rejoindra Brenda et Maya, assises dans un rocking-chair. La scène est magnifique. Brenda ne dit pas un mot, stupéfaite de voir Nate dans cet état. Mais elle l’écoutera lui dire qu’il veut se marier et avoir des enfants avec elle. Et tous les trois finiront enlacés…
Aaaaaaaaaah, Brenda, ma chère Brenda, toi qui es mon personnage préféré, toi qui sait si bien confronter les autres à leurs problèmes mais qui ne sait pas affronter les tiens, on peut dire que tu auras été gâtée cette saison. Déjà, tu as eu Joe, alias Justin « Sexy » Theroux. Bon, d’accord, il était beaucoup trop sage pour toi. Tu as fini par craquer et par revenir vers Nate, ton grand amour. Et tu fais bien marcher les choses, tu l’écoutes, tu l’épaules, bref, tu es à l’opposé de tes principes… Serait-ce ta vocation pour la psychothérapie qui t’aurait changé ? Ou bien ton amour sincère pour lui et pour sa fille, Maya, que tu considères comme la tienne ? Vous êtes si radieuses toutes les deux, quand elle te court entre les jambes, quand elle te sourit, quand tu lui parles… Tous les trois, il ne peut vous arriver que des bonnes choses, si vous restez ensemble. Et ça fait un bien fou de vous voir ainsi.
En revanche, pour Ruth, on ne peut que redouter un avenir des moins radieux… Après des hauts et des bas avec son George, elle finit par se rendre compte que George n’est pas seulement un homme mystérieux avec de drôles de lubies. Il est surtout schizophrène à tendance paranoïaque… C’est une rencontre avec sa fille qui lui ouvrira les yeux (« Il me fait confiance », lui dira-t-elle en douce), mais surtout, c’est le fait de surprendre George parlant à une personne imaginaire (terrifiante, cette personne, une femme au visage caché qui lui annonce la fin du monde, brrrr… Peut-être sa mère, peut-être pas, en tout cas, elle m’a fichu la chair de poule…). Il y aurait beaucoup à dire sur les hallucinations de George… C’est vrai, après tout, tous les personnages de SFU ont des hallucinations. Des rêves puissants, des fantasmes éveillés, bref, de quoi se voir prescrire de nombreuses pilules à vie ! Et pourtant, nous les avons jamais considéré comme fous. Pourquoi ? Peut-être parce que ces fantasmes ne dirigeaient pas leurs vies, mais les aidaient à voir la vérité, et à ouvrir les yeux. Les hallucinations de George l’enferment, au contraire, dans un monde dangereux et inquiétant.
Je n’aimais pas George, mais cette dernière révélation m’a fait voir le personnage d’une toute autre manière, et je n’ai plus que de la sympathie pour lui, et encore plus pour Ruth.
Il est advenu un autre miracle dans cet épisode, à part celui du soudain relent d’intérêt de Claire. Il y a eu le miracle de la résolution de la storyline « à pédaler dans la semoule » de Rico et de sa femme. C’était certes drôle par moment, mais c’était surtout pénible au bout de plusieurs épisodes. Rico triste, Vanessa méchante, on s’en sortait plus. Et bien dans cet épisode, tout a été réglé en une scène extrêmement forte, dans laquelle Rico vient d’excuser auprès de Vanessa de l’avoir trompée avec une autre femme. Mais ce n’est pas la tromperie sexuelle qu’il regrette le plus, c’est surtout le fait d’avoir accordé à une autre l’attention et l’amour qu’il devait à sa famille.
Il faut dire que Rico a été chamboulé par le Meudeuleu (Mort De l’Episode, pour ceux qui arriveraient maintenant). Le Meudeuleu est mort de façon abominable, littéralement découpé en deux par un ascenseur alors qu’il essayait de sauver les trois personnes coincées à l’intérieur… Mais ce n’est pas le plus important, la façon dont il est mort. Ce qui compte, c’est que ce soit son ex-femme, qu’il n’avait pas revu depuis 10 ans, qu’il ait indiqué dans la « personne à contacter en cas de décès ». Elle est surprise, ne veut pas s’occuper de ça, puis réalise qu’une fois qu’une personne est rentrée dans votre cœur, peu importe que le temps, la vie, tout ces conneries en somme, vous séparent. Une fois rentrée dans votre cœur, elle y est pour toujours. C’est pour ça que Rico a un soudain accès d’empathie et qu’il s’excuse auprès de sa femme, qui est heureuse d’entendre enfin ces mots magiques, qu’elle attendait depuis le début. Acceptera-t-elle que Rico et elle retentent leur chance ? Et bien c’eut été trop beau et bien trop lisse pour être vrai. Vanessa lui explique, en pleurs, qu’elle est heureuse de vivre par elle-même, qu’ils se sont mariés trop jeunes, et qu’elle a besoin de sa liberté. Ca brisera le cœur de Rico, mais ça aura au moins le mérite de le faire avancer, puisqu’il se décidera à vraiment s’installer dans la chambre que Ruth lui avait proposé dans leur maison. Un nouveau départ en somme.
C’est lorsque l’on fait le bilan d’une saison que l’on réalise à quel point les personnages ont évolué. Ce n’est pas en regardant les épisodes les uns après les autres que l’on peut réussir à voir ce qui a changé chez eux. Je n’avais pas l’impression que les personnages de SFU avaient beaucoup « évolué » cette année. Et pourtant, ils ont tous fait un bout de chemin supplémentaire. Douloureux, parfois heureux, parfois triste, parfois violent et dramatique. La conclusion de cette saison est peut-être un peu différente de celles des années précédentes, qui nous avaient laissé avec des cliffhangers difficilement supportables. Cette fois-ci, nous avons des réponses, et quelques questionnements. Nous avons des côtés sombres, des côtés légers, des côtés lumineux.
Et une chose est sûre : nous les attendrons l’année prochaine.
Il y aurait tellement à dire...Je vais me contenter de remercier Michelle, Justin et Kathy. Sans eux, c’eà »t été peut-être beaucoup moins drôle...