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Six Feet Under
4x06 - Terror starts at home
Je vais bien, tout va bien...
vendredi 30 juillet 2004, par
Les choses changent dans la famille Fisher et ses satellites (George, Rico, Vanessa, Keith, le groupe d’artistes à la sexualité non définie - le GASND-, Brenda...). Et encore une fois, SFU réussit à nous surprendre en composant un épisode o๠tout sonne juste, de la moindre expression de visage au moindre dialogue.
Le Mort de l’Episode (MdE ou Meudeuleu pour les intimes).
Cette fois encore, comme depuis le début de la saison, il y a très peu d’interaction entre le Meudeuleu. Mais il y a toujours un lien : cette fois-ci, un homme se fait cambrioler puis est tué d’une balle en pleine tête.
David couvre ses bleus avec du maquillage et Keith lui demande s’il va bien, s’il ne devrait pas attendre avant de retourner travailler. Quelques jours se sont donc passés depuis sa nuit cauchemardesque.
J’avoue que j’ai eu du mal à rentrer dans l’épisode. J’avais encore les images du dernier épisode en tête, et je m’étais imaginée que nous verrions David à l’hôpital ou entouré de sa famille. Mais ce n’est pas la première fois que les scénaristes de SFU manient les ellipses, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils savent y faire.
Il s’est passé quelques jours seulement après l’agression de David. Keith a pu se dégager de ses obligations sur le "Celeste Tour" pour un temps, et il s’inquiète énormément pour lui. Il pense qu’il n’a pas eu le temps de se remettre et qu’il est trop tôt pour retourner travailler. Mais Rico est débordé et David "va bien", il n’a de cesse de le répéter. C’est tout juste s’il ne cherche pas à renvoyer Keith en tournée loin de lui. Comme s’il essayait de se convaincre lui-même que tout va pour le mieux. Il est évident, dès les 1ères minutes, que David n’a pas tout dit, ni à Keith, ni à sa famille. Il n’a parlé que d’une agression en voiture, sans rentrer dans les détails. Qui pourrait le lui reprocher ?
Keith fait jouer ses relations pour retrouver l’auteur du délit, mais ça ne donne rien pour le moment. Il a peut-être une piste avec la caméra de surveillance du magasin dans lequel se trouvait le distributeur de billets. Mais David ne souhaite pas reparler de tout ça, il veut aller de l’avant et tâcher de tout oublier au plus vite. Plus tard dans l’épisode, il essaiera même de convaincre Keith de repartir en tournée, alors que Keith lui fait sa plus belle démonstration d’amour...
Mais non, David persiste et signe : il va bien, très bien même.
La cliente du jour est la femme du Meudeuleu. Comme elle ne précise rien des raisons du décès de son mari, David suppose qu’il s’agit d’un suicide. Et la main de maître de Rico fait le reste : il rembourre comme personne les crânes vidés de leur cerveau... Glups... J’ai quand même été scotchée par les effets spéciaux... Le cadavre scalpé et lobomotisé, ça fait froid dans le dos.
Tiens, en parlant de Rico, figurez-vous que ce petit con (je le trouve que ça lui va bien, ce nom d’oiseau) se mélange les numéros de téléphone et laisse un message sur son répondeur à la place de celui de Sophia, tout ça pour la prévenir qu’ils ne pourront pas se voir demain soir pour cause de boulot (en fait, il s’agit d’un dîner chez les Fisher pour l’anniversaire de David, mais il ne peut pas dire à Sophia qu’il y va avec sa femme). Heureusement pour lui, le message n’est pas trop compromettant. Il s’en sort en racontant un mensonge de plus. Il est très fort, mais ses talents de menteurs sont mis à rude épreuve puisque Ruth, fouteuse de merde puissance 10 sous ses airs naîfs, lâche de façon faussement innocente à Vanessa que Rico a reçu la visite d’une amie très "avenante" (outgoing en anglais, je suppose que l’on peut traduire de la sorte). La bombe est lâchée, Vanessa est en droit de réclamer des explications. Et au jeu des explications à donner en 3 sec 30 sans s’embrouiller, Rico est presque aussi doué que Vic Mackey, le flic ripoux de The Shield. Certes, ils ne jouent pas dans le même registre tous les deux, mais enfin y’a d’l’effort comme on dit. Rico arrive à inventer une histoire de jeune mère de sa paroisse en détresse... De la paroisse... Ben voyons... La veuve et l’orpheline, et Rico dans le rôle du Chevalier Blanc. Voyant Vanessa quelque peu sceptique (c’est-à-dire qu’elle a beau avoir une grosse bouche, arriver à faire passer une couleuvre aussi énorme, c’est du boulot), son cher mari n’hésitera pas à rajouter une couche de culpabilité : "Ca a commencé à l’époque où il n’était pas facile de parler avec toi...". Quelle belle ordure. Abuser de la dépression de sa femme pour la faire culpabiliser, comme c’est romantique. Et tellement plein d’attention !
Un autre qui est tout entier dédié à faire le bonheur de sa femme, c’est George. Non, je rigole, le bon George est bien au-dessus de tout ça et se contente de traiter Ruth comme un objet. Ils se rendent à une soirée de géologie (hum comme c’est excitant !) et George ignore proprement notre chère Ruth, qui s’est mise sur son 31, ce qui est assez rare pour être notifié. Errant du côté du buffet, Ruth surprendra une conversation entre deux amies qui la laissera pantoise : George a eu une liaison avec une femme et il a rompu par téléphone. Et en plus, il a été sans-couille jusqu’au bout : il a prétexté que son téléphone portable ne passait plus pour raccrocher au nez de la femme, et ne l’a plus jamais rappellée. De retour à la maison, Ruth questionnera George à propos de cette femme et de la façon dont il l’a traitée. Mais comme à son habitude, il s’énervera et ne répondra à aucune question.
Et oui, Ruth redescend doucement de son nuage. Non, George n’est pas parfait, et oui, c’est même un gros con.
Un gros con avec des idées de cadeaux absolument fabuleuses ceci dit. Pour l’anniversaire de David, il a pense à lui acheter un nettoie-nez. Oui oui, un nettoie crottes de nez. Au début, j’ai cru que c’était une saucière. Bon déjà, une saucière, dans le genre cadeau à la con, ça se pose là. Mais non, pauvre de moi, ce n’était pas aussi inutile qu’une saucière, c’est bien pire ! Cette saucière là sert à se nettoyer les narines ! Mais je vous le demande, quel genre de sociopathe obsessionnel peut penser à offrir un nettoie crotte de nez à quelqu’un ? Arthur vous me dîtes ? Hum, d’accord, Arthur aurait pu. Mais j’aurai trouvé ça touchant. Là, ça vient d’un type qui, en plus de se nettoyer les narines tous les matins dans le lavabo de la cuisine, trouve ça parfaitement sain et normal. Ne sachant rien des habitudes nasales de son cher mari, Ruth commence à s’énerver et assome George de questions : "Ou ranges-tu ton nettoie-mickeys ? Et quand est-ce que tu te décrottes les narines ? Et pourquoi je t’ai épousé ?" (pour la dernière question, elle est de moi, mais j’avoue que j’aimerai bien que Ruth se la pose). Et encore une fois, George s’énerve. Mais Ruth ne cède pas et hausse le ton. J’aime quand Ruth s’énerve. Elle a une voix qui monte dans les aigüs et j’adore ça, les voix qui montent dans les aigüs.
Mais la petite dispute autour du nettoie-narine ne s’arrête pas là (je me demande si ça s’achète pas au Télé-Achat ce genre d’ustensile. J’en achetèrai bien un à quelqu’un que je n’aime pas.). Quand Ruth demande à George des précisions sur les raisons de ses divorces et qu’est-ce que ces femmes avaient fait à George pour qu’il décide de s’en séparer, il lui répondra : "Because they asked too many fucking questions ! That’s why !", d’un ton pour le moins excédé.
Je n’aimais pas Lisa. A vrai, je pouvais difficilement la voir en peinture. George vient de réussir à l’égaler au niveau de la tolérance zéro. C’est bien simple : quand je l’ai vu mimer son nettoyage de narines avec sa saucière, j’ai eu envie de lui enfoncer jusqu’à la cervelle. Il faut peut-être que je fasse quelque chose pour évacuer toute cette violence en moi...
Heureusement, pour me divertir, il y a le Groupe d’Artistes à la Sexualité Non Définie, le GASND. Il s’agit de Claire, d’Edie, d’Anita, de Russel et de Jimmy. Tous les cinq se réunissent dans la petite maison attenante dans laquelle Nate et Lisa vivaient, et David avant eux. Et alors qu’ils réfléchissaient à une expo "alternative" dans un centre commercial, il leur vient une bien meilleure idée : prendre de la drogue. Il est 14h, mais apparemment la drogue (une sorte d’extasy), c’est comme le saucisson, y’a pas d’heure pour en manger. Les voilà donc partis en plein trip... Russel tripote Anita qui tripote Jimmy, youhou c’est la fête ! Evidemment, Claire et Edie se rapprochent et font même des galipettes dans l’herbe, au sens propre du terme. Elles roulent dans l’herbe quoi. C’est d’un banal j’en aurai pleuré. Bref, ce n’est pas le plus important. Le meilleur dans cette prise de drogue, c’est que Claire arrive au dîner d’anniversaire de David complètement high. Et qu’elle fait preuve d’un naturel absolument charmant (un naturel artificiel, on est bien d’accord, mais c’est ça qui est bon).
Les dîners chez les Fisher, c’est toujours exceptionnel. Surtout quand l’un des invités a pris de la drogue. Rappellez-vous Nate, dans la saison 2, qui pour le repas de Noël avait malencontreusement avalé l’extasy que David avait planqué dans l’aspirine. Et rappellez-vous Nikolaï, le russe qui s’auto-flagellait en répétant "God is Mercy, God is Mercy". A mourir de rire.
La encore, la drogue délie les langues et nous donne à voir une Claire libérée de sa réserve habituelle avec sa famille. "Mom... You should totally have a cat ! Why do you deny yourself so much ? [...] David, it’s your birthday... You just have this awful thing happened. You so deserve to be happy !". Et là, le regard éberlué de David au moment il répond "Thank you, Claire" est absolument génial.
Et le moment où Ruth propose à Claire de l’aider à débarasser, et que Vanessa se lève pour aider, Claire fait remarquer que seules les femmes débarassent. Devant la pertinence de cette remarque, Keith et Rico se lèvent pour aider. Et Claire de renchérir : "Maintenant ce sont les femmes et les hommes de couleurs qui débarassent !".
C’est un peu triste de devoir être saoûle ou droguée pour être bien avec sa famille. C’est pourtant ce qui se passe avec les Fisher. Il y a tellement de non-dit et de refoulement qu’aucun des quatre n’arrive vraiment à être eux-même... Et pourtant, ils s’aiment. Tout le monde s’inquiète pour David, à commencer par Ruth, qui comme d’habitude, ne sait pas comment parler à ses enfants et qui fait preuve de maladresse dans sa sollicitude. Elle cherche à comprendre pourquoi le voleur de voiture a tabassé David alors que celui-ci lui a soi-disant tout donné.
Nate ne sait pas comment s’occuper de son frère ; il a déjà bien du mal à s’occuper de lui... Pourtant, dans sa recherche de travail, il en a trouvé qui pourrait le combler, dans un chenil. Il y fait même la connaissance d’une très charmante collègue de travail, la divine Lana Parilla, que l’on a pu voir dans Boomtown. Nate semble être heureux de ce nouveau départ et du fait que les chiens te rendent l’affection que tu leur donnes, contrairement aux humains. Mais lorsque Claire viendra se confier à lui après avoir appris la vérité sur ce qui est arrivé à David, Nate renoncera à son nouveau travail pour retourner dans l’entreprise familiale. J’avoue que je n’ai rien entendu de la scène ou l’on voit Nate rejoindre David, puisque je sanglotais à n’en plus pouvoir. Et oui, SFU, ça a ce genre d’effets secondaires.
La scène qui précédait cette dernière était également très émouvante. David, qui venait d’avoir une attaque de panique, se remettait doucement, allongé sur le canapé. Claire, qui lui apportait le cadeau qu’elle avait confectionné pour lui, se montre ouverte et prévenante avec son frère, qui finit par se confier à elle. La scène est magnifique, tant du point de vue des dialogues que de l’interprétation. Elle se passe de commentaires. La seule chose que je pourrai dire, c’est que la photo que Claire offre à David est magnifique. Elle montre un David impassible devant les flammes, fort et imposant. Bref, un aspect de lui que l’on ne soupçonne pas. Et c’est la force des belles photos.
Pendant que la famille Fisher tente de s’épauler les uns les autres du mieux qu’ils peuvent, Joe semble pressé de construire une famille avec Brenda. Il a déjà trouvé la maison dans laquelle il veut vivre avec elle et leurs enfants. Et puis tant qu’à faire, hop, autant baptiser l’habitation par une petite partie de jambes en l’air sans préservatif, histoire de donner une chance à ses spermatozoïdes de féconder le petit ovule de Brenda, qui ne panique même pas à l’idée d’être mère ! Incroyable !! Enfin, rectification, elle ne panique pas tout de suite. Mais un peu plus tard, alors qu’elle choisit une couette dans un magasin. Et comme pour la métaphore de Nate perdu dans l’Antartique, celle de Brenda ensevelie sous les couettes est en trop. Dommage ! Mais on ne peut pas avoir tout bon à chaque fois.
Donc, Brenda redevient la fille un peu paumée, très compliquée, et incroyablement attachante, qu’elle a été. Et retombe dans les bras de Nate... Leur histoire ne s’est jamais vraiment terminée, quand on y pense. Elle était partie sans rien dire, et Nate s’était marié à Lisa par obligation.
J’ai hâte de voir ce que ça va donner ! Pauvre Joe, et pauvre de moi, je n’aurai peut-être plus la chance d’admirer Justin Theroux...