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Urgences

11.06 - Time of Death

Chronique d’une mort annoncée

dimanche 21 novembre 2004, par Joma

J’adore les sweeps.
Pour ceux qui ne sauraient pas ce que sweep veut dire, allez faire un tour du côté du petit EDUSA illustré, il y a une bonne définition.
Donc, j’adore les sweeps car cela donne l’occasion de faire venir des guests de renom et donne aussi souvent de très bons épisodes, et cette semaine nous avons été gâtés.

L’épisode aura un format un peu particulier, se concentrant sur un patient, (Ray Liotta, la guest star de renom,) ou plus exactement sur la dernière heure de ce patient : Charlie Metcalf, veuf, ex taulard, alcoolique, sans contact avec son fils Bobby depuis pas mal de temps.

Le premier acte est assez calme, bien que commencer avec les Rolling Stone soit une super idée. Mais c’est vraiment le moment d’exposition.
On nous présente Charlie, d’abord en image, comme un sdf s’accrochant à sa valise, dernier vestige d’un chez soi. Puis en acte, quand il demande à être traité en tant que personne et que l’on apprend qu’il a fait de la prison.
Information qui ne plait pas d’ailleurs à tout le monde, le Boulet a une certaine réticence à vouloir traiter un ancien taulard alcoolique, une perte de temps selon lui ; on se demande s’il y a le serment d’Hippocrate aux USA ? Et si oui, le Boulet a dû louper le cours où on l’apprenait.

En tout cas, l’effet négatif de l’image prison est rapidement atténué quand Charlie, aide un jeune garçon à surmonter l’épreuve d’un examen médical (et aussi pour moi à force de voir le Boulet faire chier Charlie), bref on nous le montre comme un type pas foncièrement mauvais qui a dû se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. En fait, surtout sa femme, qui a été écrasée par une voiture, ce qui a forcé Ray à élever son fils tout seul. Incapable de gérer cette vie, il a commencé à boire, pour finir par poignarder complètement saoul, un type dans un bar.

Le premier acte fini sur Charlie emmené d’urgence en trauma, son estomac plein de sang avec une tonne d’examen à faire. On entre dans le vif du sujet.

Pratt continue à faire le Boulet avant de revenir faire le médecin après un speech de Luka. Bien loin de la bouletude pour une fois le Croate, il faut dire que l’histoire Sam/Luka est oublié dans cet épisode.

A partir du moment où Luka annonce à Charlie qu’il est condamné, l’épisode ne fait que monter en tension. Cela commence avec une scène très forte où Charlie tente de renouer avec son fils et que celui-ci lui raccroche au nez. Cette simple voix au téléphone et le jeu de Ray Liotta en font un moment poignant.
Moment qui donne ensuite sur une des meilleures idées de l’épisode.

Charlie fait une attaque et perd connaissance, on ne nous montre alors pas vraiment les efforts pour le sauver, mais plutôt un délire onirique où Charlie se retrouve à poursuivre son fils enfant, puis, une vision idyllique avec sa femme, ou bien, lui-même tentant de prendre à partie un prisonnier menotté qui se retrouve être un Charlie bien plus jeune.

Nous, les spectateurs allons donc suivre les derniers moments de cet homme, mais pas seulement comme observateur extérieur, mais aussi ses derniers moments intimes.
C’était vraiment une idée brillante de voyager entre la réalité sordide des urgences où la mort fait son œuvre et le dernier voyage onirique de Charlie, bien aidé il faut dire par la morphine qu’ils lui injectent.
La mort est présente depuis le début dans la série, et a souvent été montrée de façon crue, ce changement de narration renforce encore plus l’impact que l’on peut ressentir pour celle de Charlie, car elle nous donne l’impression d’être en lui.

Ces délires fantasmagoriques qui mêlent autant les souvenirs de Charlie que les moments présents sont aussi de pur moment d’envoûtement (ou de poésie comme avec Sam sur la rivière), renforcé encore par l’absence de musique (pas d’effet mélodramatique facile) ou le silence remplacé parfois par un bourdonnement sourd, dérangeant, qui met littéralement les frissons.

Christopher Chulack, vieux routier dans la réalisation des épisodes d’ER, utilise tout l’arsenal filmographique de la série.
Presque tout ce qui se passe aux ER est filmé comme un documentaire, caméra à l’épaule, proche des visages. C’était déjà la marque de fabrique de la série, puisque contrairement à la plupart des séries, la caméra est toujours en mouvement dans Urgence (très peu de champs contre champs pour les dialogues par exemple), mais là, c’est poussé à l’extrême.
Alors que pour les hallucinations, la caméra elle-même semble calmer le jeu pour nous immerger plus facilement dans ces délires.

Voilà, il n’y a pas grand chose d’autre à dire, l’épisode est une expérience solitaire, on aime ou on déteste.

Moi j’ai aimé.


Pas de Carter, Chen, Kerry, Susan, vu que l’ep se déroule sur une heure durant la garde. Mais franchement ce n’est pas gênant. Du très, très bon Urgences