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Carnivàle

2.00 - Previously on...

Condensé de la première saison

lundi 10 janvier 2005, par Feyrtys

Etats-Unis, 1934. La Grande Dépression.

L’Oklahoma a été ravagé par les tempêtes de poussière et la sècheresse. Pourtant, il reste encore des hommes et des femmes qui tentent d’y survivre. Et au centre de cette époque sans espoir, deux destinées partagent les mêmes rêves, et possèdent des pouvoirs extraordinaires de vie et de mort. De leurs choix et de leurs actes dépendent l’avenir de l’humanité.

" Before the beginning, after the great war between heaven and hell, God created the Earth and gave dominion over it to the crafty ape he called man. And to each generation was born a creature of light and a creature of darkness. And great armies clashed by night in the ancient war between good and evil. There was magic then. Nobility. And unimaginable cruelty. So it was. Until the day that a false sun exploded over Trinity and man forever traded away wonder for reason. ’’

LE DESERT

Le personnage principal de Carnivàle n’est pas le jeune Ben Hawkins, orphelin abandonné par son père et rejeté par sa mère qui le croit habité par le Mal. Le personnage principal n’est pas non plus Brother Justin, le prêtre hanté par des visions qu’il croit divines mais qui se révèleront diaboliques.

Le personnage principal de Carnivàle est ce paysage désertique, aride, dans lequel évolue un cirque itinérant des plus sordides. La poussière est le personnage secondaire, elle est partout, s’insinue dans les moindres recoins. Les hommes ne peuvent rien contre elle, elle emporte tout sur son chemin. « Ashes to ashes, dust to dust » : si la poussière est symbole de mort, elle est aussi le symbole du tourbillon de la vie.

Dans l’espace désertique, minéral, l’homme ne se bat pas pour la terre. Il se bat pour survivre. De ce fait, tout renvoie à lui : il est le seul élément vivant au milieu de cet espace immense. Carnivàle est une série qui parle de l’Homme. Elle parle de sa volonté de survivre, de sa soif de pouvoir, mais aussi de sa volonté de rester libre malgré des puissances extérieures. C’est une tragédie grecque qui se déroule en 1934 pendant la Grande Dépression.

LE CIRQUE

Le cirque est un mouvement au milieu du désert. Il ne fait d’ailleurs qu’y passer, car il ne peut y rester. Puisqu’il n’y a pas de saison dans le désert, puisque rien ne peut faire sentir le temps qui passe, le désert est un espace d’éternité.

La grandeur et l’immensité de cet espace (contre la petitesse et l’intimité des caravanes) font qu’il échappe à la Loi, humaine, divine, supérieure. Ben Hawkins est d’ailleurs protégé par le cirque contre la loi des hommes. Cependant, et parce que le cirque est une micro-société, il possède ses propres règles et ses propres lois.

LE DESTIN

Au milieu du chemin de notre vie,
Je me trouvai dans une forêt sombre,
La route où l’on va droit s’étant perdue.

Dante, Premiers vers de La Divine Comédie.

L’autre personnage important de cette série, outre le désert, c’est le Destin. En accomplissant leurs destins, Ben Hawkins et Brother Justin accomplissent le destin des hommes. Ben cherche à comprendre d’où lui vient ce pouvoir, et comment il peut y échapper. Brother Justin, quant à lui, tente de donner un sens à ces signes, mais en cherchant la vérité il aboutit à la folie et l’aveuglement. Ce qui est à comprendre s’avère comme parfaitement incompréhensible, insoutenable pour la raison.

LE BIEN ET LE MAL

Malgré le manichéisme évident des premières phrases de la série (cf l’introduction), prononcées par Samson, le nain responsable du cirque, Carnivàle est loin de distiller des oppositions basiques Bien contre Mal. Tout se révèle plus complexe. Ce n’est pas parce que Ben a le pouvoir de guérir qu’il est le Bien. Parce que tout ce qu’il donne, il doit le prendre quelque part. Une vie redonnée signifie donc une reprise, arbitrairement qui plus est. Brother Justin a le pouvoir de contrôler les esprits et de donner aux gens des visions de leur pire « pêché ». Il peut également tuer par sa simple volonté, mais Ben montrera, dans le dernier épisode, qu’il est lui aussi capable de tuer. Le Bien et le Mal ne sont pas si bien définis qu’on pourrait le croire au premier abord. Brother Justin est manipulé par sa sœur, une femme inquiétante qui utilise leur amour quasi incestueux, et qui connaît son pouvoir de mort. Ben est manipulé par le Management, cette étrange autorité qui vit cachée au fond d’une caravane et qui semble n’être ni d’un côté, ni de l’autre, mais qui tient beaucoup à garder Ben sous son emprise. Aucun des deux n’est radicalement du côté du Bien, ni du côté du Mal. Brother Justin cherche à servir Dieu et la mort des orphelins de son église, à la suite d’un incendie, lui fait perdre la foi et presque la raison.

LES REVES ET LES VISIONS

Ils occupent une place prépondérante dans Carnivàle. Brother Justin et Ben ont quasiment les mêmes rêves. Ils y voient la guerre (probablement la Première Guerre Mondiale), ils y voient un homme poursuivi à travers un champ par un inquiétant individu au tatouage d’arbre sur le torse et dans le dos… Mais ces rêves semblent davantage affecter Ben, qui finit par ne plus vouloir dormir pour ne pas risquer de revivre encore et toujours les mêmes événements. Ces rêves et ces visions sont violents et remplis de signes qui sont tout à la fois des énigmes. On y trouve :

- LE MOT AVATAR. Lors d’un arrêt dans la ville de Babylone, Ben découvre que son père y a résidé pendant un temps, et qu’il y a été mineur. Dans les tuyaux abandonnés de l’ancienne mine, Ben suit la vision de son père, Henry Scudder, et découvre un homme tué d’un coup de hache (l’a-t-il assassiné ?). Ecrit au charbon sur du bois, il déchiffre le mot TAVATARA. Ben est-il un avatar ? Mais de quelle puissance ? (Pour ceux que ça intéresserait, le mot avatar vient du sanscrit et définit les diverses incarnations du dieu Hindou Vishnu.) Ben cherche ses origines, il cherche à savoir qui était son père et de qui il a hérité ces pouvoirs. En bref, il cherche à savoir de qui il est l’avatar.

- L’HOMME A L’ARBRE TATOUE. Il est grand, ses cheveux longs lui tombent sur le visage et il apparaît toujours torse nu, puissant et massif. Un arbre est tatoué sur son corps. Il poursuit un homme (le père de Ben ?) au milieu d’un champ de cannes à sucre et cherche visiblement à le tuer.
L’arbre n’est pas anodin comme symbole. On peut penser bien évidemment à l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, l’arbre dont Adam et Eve croquent le fruit qui les fait sortir de l’état animal. Mais on peut également penser à un pouvoir ancestral qui puise son énergie de la terre et cherche à atteindre le ciel. Dans le cas de ces rêves et de ces visions, l’homme à l’arbre tatoué apparaît plutôt comme une puissance destructrice… Ou cherchant à rétablir un équilibre naturel entre deux forces ? Une chose est sûre, il a un rôle prédominant dans la mythologie qui entoure le père de Ben et celui de Brother Justin.

- LA CROIX DES TEMPLIERS : In hoc signo vinces / By this sign we conquer.
Ben rencontre lors d’un voyage un ancien ami de Samson, Phineas Boffo, qui s’occupe lui aussi d’un cirque itinérant. Lorsque Ben sert la main de Phineas et touche sa chevalière ornée de la croix des Templiers, il a une puissante vision de torture à l’époque des Croisés… Nous apprendrons que Scudder, le père de Ben, a lui aussi fait partie de cette étrange congrégation des Templiers, et que Samson a gardé une montre à gousset appartenant à Scudder et portant la même croix… Et lorsque Samson enquête sur cette coïncidence, et cherche à en savoir plus sur Ben et le pourquoi de l’intérêt grandissant du Management à son égard, il n’aura aucune réponse du petit groupe d’hommes se faisant passer pour des Templiers. Mais nous aurons un signe supplémentaire : Samson et Ben passeront devant une tapisserie représentant l’homme à l’arbre tatoué au milieu d’une bataille. Le même que Ben voit dans ses rêves…

- L’OURS : Les rêves de Ben sont ponctués de scène guerrières, datant probablement de la 1ère Guerre Mondiale. Et au milieu de ces rêves d’affrontement se trouve un ours vêtu d’une coiffe rouge portant des inscriptions en cyrillique. L’ours est bien évidemment un animal du cirque, un animal dompté et symbole de puissance naturelle implacable. Mais nous savons également que Brother Justin et sa sœur, Iris, sont d’origine russe. Le vrai prénom de Brother Justin est d’ailleurs Alexi. Nous savons en outre que lorsqu’ils sont venus aux Etats-Unis, ils étaient poursuivis par un homme qui voulait les tuer. Et nous savons qu’Alexi a tué cet homme par sa seule volonté, devant les yeux de sa sœur aînée qui n’a cessé de vouloir le protéger depuis ce temps. L’ours n’est pas nécessairement un symbole mais il est possible qu’il ait appartenu au père de Brother Justin et qu’il ait eu un rôle dans la bataille que se sont livrés Henry Scudder et son nemesis, le père de Brother Justin. Une autre vision insoutenable est liée à l’ours : celui d’un homme à qui on a dévoré les deux jambes et le bras. Cet événement s’est-il réellement produit ? Et qui aurait pu survivre à une telle mutilation ?

- LA GUERRE : La guerre, l’affrontement, la torture, la mise à mort, sont des éléments importants de ces rêves et de ces visions. La violence y règne en maître. Nous comprenons donc qu’il s’agit bien de deux camps, incarnés dans deux hommes, qui cherchent à remporter une bataille, mais dans quel but, nous ne le savons pas.

LES PERSONNAGES QUI PEUVENT VOIR

A l’intérieur du cirque, plusieurs personnages très importants ont également le pouvoir d’accéder à ces visions prémonitoires ou rappelant au contraire le passé :

- LODZ

C’est un aveugle qui lit les rêves et qui en l’échange de sa vue rendue, aidera le Management à manipuler Ben et à le forcer à utiliser ses pouvoirs. Lodz est un homme un peu trop amoureux de sa bouteille d’absinthe et qui entretient des relations vicieuses avec Lila, la femme à barbe dévorée d’ambition. Lodz semble au début vouloir aider Ben, mais il ne cherche en réalité qu’à l’utiliser pour entrer dans les bonnes grâces du Management. Alors que Ben refuse de se servir de ses pouvoirs et a peur de suivre ses rêves, Lodz met au point un stratagème afin d’obliger Ben à prendre une vie pour en soigner une autre. Il sait l’affection toute particulière que Ben porte à Ruth, la charmeuse de serpents, une femme qui pourrait être sa mère mais qui devient sa maîtresse, plus par compassion que par véritable amour. Ruth a connu Scudder et elle sait que Ben a hérité de ses pouvoirs de guérison. Lodz place donc un serpent mortel devant la caravane de Ruth afin que celle-ci, une fois mordue, supplie Ben de la soigner. Mais elle meurt rapidement et Ben arrive trop tard. Il voudrait pouvoir la ramener à la vie, mais sa conscience l’en empêche : il ne peut prendre une autre vie en échange. « Ce que Dieu a pris, l’homme ne peut le reprendre. » Ce sont les paroles exactes que sa mère a prononcé lorsque enfant, et Ben ira jusqu’à la caravane du Management pour lui répéter cette phrase. Mais le Management répondra : « mais Dieu n’a rien à voir avec le destin de Ruth. C’est le professeur Lodz qui est responsable. » Ben constatera alors que Lodz a recouvré la vue. « Pourquoi faites-vous cela ? » demandera Lodz, terrifié. Puis, dans un accès de rage, Ben étranglera de ses mains le mentaliste et prendra sa vie pour la rendre à Ruth.

- APOLLONIA :

Parmi ces personnages-prophètes, il y a une voyante qui se trouve dans un état catatonique depuis la naissance de sa fille Sophie. Elle se nomme Apollonia et elle ne bouge ni ne parle. Elle communique avec sa fille par la pensée et parfois même utilise la télékinésie. Une nuit, elle sortira de sa catatonie pour aller à la rencontre de Ben et lui dire : « You’re the one ». Apollonia et Lodz ont peut-être été amants autrefois… Mais Apollonia ne lui fait plus confiance.
Il faut noter que le nom d’Apollonia fait directement référence au dieu de la divination de la mythologie grecque. Mais Apollonia n’est pas écoutée par sa fille, et elle ne peut se confier à personne d’autre. Sa malédiction est sûrement de connaître la vérité mais de ne pas être crue ou pas entendue…

- SOPHIE :

Sophie se sert des pouvoirs de sa mère pour dire la bonne-aventure. Mais elle finira par avoir des visions de son propre chef : ainsi, elle verra comment elle a été conçue, et qui était son père. La scène est d’une rare violence… Sa mère a en effet été violée par l’homme au tatouage d’arbre, celui qui poursuit sans répit un homme dans les rêves de Ben et de Brother Justin.
Dans le tout dernier épisode de la 1ère saison, la mère de Sophie tente de mettre fin à leurs vies respectives en les enfermant toutes les deux dans leur caravane et en y mettant le feu. Apollonia semble donc persuadée que sa fille est dangereuse, de quelque façon que ce soit… Alors qu’elle échange ses pensées avec Lodz, avant cette scène finale de suicide, celui-ci s’écrira : « Are you sure ? This is madness ! ». Si Sophie est effectivement l’engeance de cet étrange être tatoué, et que son rôle dans cette destinée est de tuer Ben ou Brother Justin, Apollonia a préféré mettre fin à sa vie plutôt que de la voir accomplir sa destinée… Saura-t-on pourquoi ?
Sophie est capable du meilleur comme du pire elle aussi. Jonesy, un membre du cirque ancien joueur de base-ball qui a eu le genou brisé par la mafia, est amoureux d’elle. Elle a de l’affection pour lui également, mais ne semble pas encore prête à s’engager dans cette relation là avec lui. Elle a une aventure d’un soir avec un homme rencontré au hasard dans une ville, et vit certainement avec lui son dépucelage. Elle en tombera enceinte, du moins tout le laissera penser.

LES PERSONNAGES CLES :

- HENRY SCUDDER

Ce personnage apparaît dans les rêves de Ben et de Brother Justin. Nous apprenons qu’il est le père de Ben et qu’il a vécu avec le même cirque qui recueille et protège Ben à présent. Dans les rêves, il apparaît souvent comme menaçant, ou dangereux. Nous savons également qu’il a tué un homme dans les mines de Babylon et que depuis sa fuite, la ville est maudite : les âmes sans corps y errent pour l’éternité… Henry Scudder serait donc un assassin, un criminel ? Autrement dit, serait-il du côté du Mal ? Pas si sûr… Dans le dernier épisode, et alors que Ben cherche un moyen d’échapper à son destin en s’ouvrant la gorge (le suicider étant le dernier acte de liberté que Ben puisse commettre), son père lui apparaît et lui murmure, avec tout l’amour et toute la compassion possibles et imaginables : « It doesn’t work that way. You are meant for greater things. This is who you are. You must make a choice. I’m sorry... ». Et la blessure mortelle disparaît...
De plus, lorsque Lodz tente de manipuler Ben pendant son sommeil, Scudder se bat contre le mentaliste et le prévient : « He is mine ! ». Il essaye donc de le protéger. Qu’est-ce qui a bien pu arriver entre le Management et Scudder pour qu’une telle rivalité s’installe entre eux ? Ou bien, quel est le véritable rôle de Ben et pourquoi cherchent-ils à l’influencer ?

- LE MANAGEMENT

Caché derrière un rideau, une voix rauque s’élève. Parfois, l’extrémité incandescente d’une cigarette se laisse voir. Le Management est un mystérieux personnage qui manipule Samson, puis Lodz, quand il s’aperçoit que Samson n’obéit pas aussi aveuglement qu’il le faudrait. On ne voit rien du Management, et le Management ne laisse rien voir. Est-il cet homme mutilé que Ben voit dans ses cauchemars ? L’homme dévoré par l’ours ? Est-ce la raison pour laquelle il se cache derrière le rideau ?
Et quels sont ses buts ? Il est difficile de savoir de quel côté il se trouve, si toutefois il existe un côté… Le Management semble plutôt avide de servir ses propres intérêts et de garder Ben sous son contrôle. Mais plus que tout, il veut que Ben utilise ses pouvoirs jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la mort d’un être vivant pour la résurrection d’un autre. N’est-ce pas pour le corrompre ?

- SAMSON

Si Samson suit les ordres du Management au début de la première saison, il finit par se méfier de plus en plus de cette autorité. En effet, sa loyauté va davantage vers les gens qui peuplent le cirque plutôt que vers le Management et ses énigmes. Ce qui lui vaudra d’être évincé au profit de Lodz, un être beaucoup plus égoïste et obsédé par le pouvoir. Samson finit par se prendre d’amitié pour Ben, et il essaye de comprendre pourquoi il semble intéresser à ce point le Management et Lodz. Samson connaissait Henry Scudder et a conservé sa montre à gousset ornée de la croix des Templiers… Mais il n’a pas les réponses que nous attendons. Il reste un personnage intriguant à l’influence considérable parmi les membres du cirque.

- IRIS CROWE

La sœur de Brother Justin a sacrifié sa vie pour son frère. Elle le protège, envers et contre tous, même contre lui. Elle lui a caché toute sa vie qu’elle connaissait ce dont il était capable, qu’elle savait qu’il avait le pouvoir de tuer. Elle attend qu’il remplisse sa destinée. Même si ce destin passe par la destruction. Sa relation avec Alexi (le vrai prénom de Brother Justin) est à la limite de l’inceste et ne laisse aucune place pour aucun autre homme. Iris est certainement le personnage le plus inquiétant de la série, presque aussi inquiétant que l’invisible Management.

- LE JOURNALISTE RADIO, Tommy Dolan

M. Dolan a rencontré Brother Justin alors qu’il divaguait sur les routes, à la recherche d’une réponses à ses interrogations sur sa foi, sur ce que Dieu (ou le Démon) attendait de lui, et comment accomplir son destin. Tommy est fasciné par le personnage, autant que par sa sœur Iris, dont il tombe (peut-être) amoureux… Le journaliste en mal de renommée offre son micro à l’histoire de Brother Justin et à sa parole… Le message de Brother Justin est loin d’être chrétien. Son église est loin d’être charitable. Et ses rituels sont corrompus : le baptême qu’il propose est fait de sang… "The clock is ticking, brothers and sisters, counting down to Armageddon. And together brothers and sisters we will build a shining temple. A kingdom that will last thousands and thousands of years."

Il y aurait encore tant à dire sur Carnivàle. Je n’ai pas parlé des autres personnages qui interagissent dans l’histoire… Je n’ai pas mentionné Rita Sue et ses filles Dora Mae et Libby, qui dansent toutes les trois le cootch, une danse lascive et érotique, et comment le père et mari récolte l’argent de ces danses… Je n’ai pas parlé de la mort de Dora Mae, pendue à l’arbre de Babylon avec le mot « Harlot » gravé sur le front… Et de son errance en tant qu’âme éternellement perdue au milieu de tous les mineurs déjà morts. Je n’ai pas parlé de la liaison entre Jonesy et Rita Sue, liaison passionnelle et charnelle, qui prendra fin lorsque Jonesy sentira que Sophie, la fille dont il est amoureux depuis longtemps, est prête à avoir une relation avec lui. Je n’ai pas non plus parlé de la courte liaison entre Sophie et Libby… Libby était amoureuse de Sophie, mais lorsque cette dernière a découvert que Jonesy avait une liaison avec Rita Sue, elle a tout organisé pour faire souffrir à la fois Jonesy et Libby d’une façon cruelle.
Je n’ai pas non plus parlé de l’errance de Brother Justin et de son arrêt dans un hôpital psychiatrique, pendant lequel il réussit à contrôler mentalement tout le monde, des patients jusqu’aux médecins… Je ne vous ai pas dit pourquoi Black Blizzard est mon épisode préféré, ni pourquoi la dernière image de Babylon m’a donné froid dans le dos et qu’elle reste gravée dans ma mémoire…

J’aurai voulu pouvoir résumer parfaitement toute la première saison, mais c’est une mission impossible. Cette série est trop riche en signes et en énigmes. A vrai dire, tout dans cette série est à la fois signe et énigme. Elle appelle à l’interprétation, et bien entendu, comme toute interprétation, elle est infiniment personnelle. D’autres amateurs de Carnivàle ne seront peut-être pas d’accord avec mes explications… C’est fort possible. C’est ce qui fait de cette série une œuvre à part dans l’univers actuel des séries. Elle appelle milles théories, milles interprétations, chacune pouvant se tenir, chacune tenant sur un détail, une phrase, une impression…


Pour regarder Carnivàle, il faut laisser de côté un temps sa rationalité et rejoindre ce monde étrange, apocalyptique et désertique, rempli d’aveugles prophètes, de voyantes catatoniques, de nains mystérieux et d’inquiétants prêtres aux yeux remplis de haine…
Il faut se laisser porter par certaine beauté du sordide, par les tourbillons de poussières et par la soif de magie. Il faut aimer écouter une histoire… Et s’y laisser aller…