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Carnivàle

2.02 - Alamogordo, NM

You must walk your own path...

vendredi 21 janvier 2005, par Feyrtys

Dieu et le Diable ; le Bien et le Mal ; la Lumière et l’Obscurité, le Soleil et la Lune, la Liberté et le Destin… Autant d’idées, de concepts et de métaphores difficiles à séparer, difficiles à concevoir l’un sans l’autre. Ils s’imbriquent, se croisent, se mélangent selon l’Å“il avec lequel on les regarde. Des pouvoirs « divins » dans les mains des hommes, et le bien peut devenir le mal, ou vice-versa… Il m’est aujourd’hui impossible de dire si le père de Ben est bel et bien du côté de l’Obscurité, et si le Management est lui du côté de la Lumière.

Dans cet épisode, nous apprenons dans quelle mesure Ben « tentait » le soldat russe blessé. Le Management est mourant. Immédiatement, j’ai pensé : il est mourant parce qu’autour de lui, il n’y a que de la poussière et de la rocaille. Il meurt parce qu’il ne peut plus puiser sa force de la nature autour de lui… Parce qu’il l’a usé jusqu’à son cœur ? Parce que ses blessures l’ont obligées à le faire ?

Il pourrait se servir des pouvoirs de Ben pour être complètement guéri, mais il refuse. Son cri est poignant. Il est tenté, oui, il tient à la vie… Mais il y renonce. "My time has passed… You must walk your own path." Comment ne pas voir un semblant d’humanité dans cet acte de sacrifice ? Pour être tenté par la vie, il faut déjà y avoir goûté et l’avoir aimé… Est-il possible qu’un homme aussi foncièrement mauvais que l’avatar de la lignée de l’Obscurité puisse aimer la vie au point d’être tenté par la guérison et vouloir se sacrifier parce que « [his] time has passed » ? De plus, le geste de désespoir du Management envers Ben ne sous-entend pas de complot ou de trahison. Bien sûr, je peux me tromper, mais la scène dans son entier m’est apparue comme une scène désespérée plutôt qu’une tentative de domination. Ben, naturellement, de façon complètement détachée, offre ses pouvoirs de guérison au Management. Et l’homme blessé tend son bras vers lui… L’image est quasi divine. Un peu plus et on verrait Dieu donner le souffle de vie à Adam à la façon de Michel-Ange. Bon, je me laisse emporter par la beauté de la scène, j’en conviens… Mais voilà un indice supplémentaire pour brouiller davantage les pistes… Et me convaincre qu’au final, ni le Bien ni le Mal ne sont parfaitement définis ni délimités.

Justin est de plus en plus impressionnant. Bien entendu, l’extraordinaire talent de Clancy Brown y est pour beaucoup. Mais chaque geste, chaque parole du prêtre devenu démon atteint une intensité qui vous glace le sang et vous marque à jamais. Seul dans sa chambre, il lit à haute voix un chapitre du livre que Kerrigan lui a donné, the Gospel of Matthias (qui n’est pas l’Evangile selon Matthieu, comme j’ai pu à tort le croire). Le livre est écrit dans un ancien anglais que je n’ai pas reconnu, mais les paroles de Justin sont elles, en revanche, bien connues : il s’agit du début du premier monologue de Samson. " Before the beginning, after the great war between heaven and hell, God created the Earth and gave dominion over it to the crafty ape he called man." Et quelle illustration accompagne ce texte ? Celle d’un arbre mort... Le titre du chapitre est : « Se Mytho Se Avatara »…Ce texte est très certainement un texte apocryphe, et je doute même qu’il existe vraiment. Mais il possède l’avantage certain de sonner à nos oreilles comme un texte mythique et donc, mystérieux…

Et lorsqu’ Iris vient lui rappeller qu’il est resté enfermé dans sa chambre toute la matinée, Justin se lève de son fauteuil, et dans ce seul geste, simple, d’une banalité primaire, Clancy Brown réussit à dégager une puissance et une assurance incroyables...

La relation entre Iris et Justin continue de se défaire dans les silences et les non-dits… La phrase la plus marquante est certainement celle que Justin rétorque à sa sœur quand elle lui dit qu’il ne devrait pas se perdre dans son travail. « -Quel travail ? demande Justin. -Celui du Seigneur, lui répond sa sœur. - Oui, bien entendu… » Sous-entendu : nous savons tous les deux que je ne travaille pas pour le Seigneur, et tu le sais encore mieux que moi…

Tommy Dolan continue son enquête sur la mort des orphelins et interroge Eleanore, la femme à qui Justin avait fait vomir des dollars dans le pilote, parce qu’elle avait volé. Eleanore travaille à présent pour Justin et Iris, et sans le savoir, elle donne au journaliste des raisons supplémentaires de penser qu’Iris est bien l’incendiaire de l’Eglise et la responsable de la mort des enfants.

La mort de ces enfants, Justin y rend hommage lors de la cérémonie d’inauguration du chantier pour la construction de son Eglise. Mais nous ne sommes pas dupes : il ne le fait pas pour honorer leur mémoire, il le fait pour prouver à Iris qu’il n’a rien oublié et qu’il est prêt à refermer sur elle les lourdes portes d’une prison, voire d’assister à son exécution… Iris le sait, et c’est pourquoi de son côté elle joue son jeu pervers. Elle amène dans leur maison une jeune et ravissante orpheline afin de tenter Justin. Et peut-être, qui sait, d’avoir un moyen de pression sur lui… Justin n’est d’ailleurs pas indifférent à la beauté de la jeune femme, dénommée Céleste d’ailleurs. Lors de l’inauguration, il croise son regard, et projette sur elle une vision dans laquelle elle dévoile sa poitrine et se griffe sauvagement la peau…

Mais contrairement à ce que je pensais, Justin ne se rend pas dans le quartier chinois pour assouvir ses désirs sexuels. Il s’y rend pour reprendre possession d’un corps qui jusque là, appartenait à Dieu et n’était qu’une enveloppe qu’il fallait oublier pour se concentrer sur la parole divine. Il reprend possession de son corps en le faisant tatouer : et il donne sa chair et son sang à son nouveau seigneur : The Usher of Destruction. A la fin de l’épisode, Justin est devenu l’homme à l’arbre tatoué. Il est devenu le Usher. Mais l’est-il réellement ? Cela semble improbable, car ni Scudder, ni Ben, ni même le Management, ne sont morts. Il est cependant prêt à accomplir sa destinée.

Il a libéré son « archangel in flesh », son vassal. Stroud est sorti de prison et il doit trouver Henry Scudder. Ses pas le mènent à l’ancienne ferme de Ben… puis dans la demeure du shériff, qu’il tue et chez qui il trouve une carte postale envoyée par Henry Scudder, en 1921, à une femme du nom de Rebecca Donovan. La carte a été postée à Babylone…

Hawkins continue son enquête pour découvrir où se trouve son père. Il retrouve Kerrigan, le peintre dont il a vu l’œuvre dans la confrérie des Templiers, dans un couvent reconverti en refuge pour les fous. Dans la liste des visiteurs autorisés à voir Kerrigan, seuls Ben et son père sont inscrits.
La chambre (ou plutôt cellule) de Kerrigan est tapissée de représentations du Usher of Destruction, de l’homme tatoué. Et le peintre est prostré au fond de la pièce, psalmodiant un poème à propos de la et de la mort. L’esprit de cet homme semble effectivement l’avoir quitté… Ben s’approche de lui, et Kerrigan s’affole, récitant de façon encore plus apeurée ces vers : « Life, death, comes to an end »… Il ne répond pas aux interrogations de Ben à propos de Kerrigan, et plonge un peu plus dans l’autarcie ; Ben décide alors de donner à cet homme le répit qu’il recherche. Il le touche et voit ce qui l’a traumatisé : Scudder a autrefois procédé à une cérémonie étrange, dans laquelle il a arraché la tête d’un serpent avec ses dents, formé un losange séparé en deux triangles à terre, puis posé la tête du serpent en haut et le reste du corps en bas. Il a reformé le symbole du Carnivàle avec un serpent. Dans quel but ? Nous ne le savons pas. Kerrigan, lui, a fini la cérémonie nu comme un ver, et dégustant les restes du serpent… Ben prend soin de noter les vers du poème, et il part en détachant un dessin du mur de Kerrigan.

Sur la route du retour, il croit voir l’homme tatoué. Mais ce n’est que Sofie, qui erre, pieds nus, sur la route. Elle semble comme hypnotisée… Et derrière elle, l’ombre de sa mère voilée la suit. Ben l’arrête et la ramène au camp. Elle récupère la caravane de Lodz (personne ne sait qu’il est mort et ce n’est pas la culpabilité qui semble étouffer Ben) et découvre sous un oreiller la carte du IX d’Epées… Du jeu qu’elle a éparpillé au vent dans l’épisode précédent !

Sofie semble persuadée qu’elle ne peut plus lire les cartes. Mais Samson la rassure : il ne veut pas l’écarter de la troupe pour autant. « Let someone takes care of you for a change », lui dit-il, bienveillant. Ou bien est-ce que le Management lui a ordonné de garder un oeil sur elle ? Samson semble s’inquiéter vraiment pour elle, mais dans un même temps, il arrive à mentir à Lilah alors que celle-ci est morte d’inquiétude pour Lodz (elle a en plus retrouvé toutes les économies de son ancien amant dans sa caravane) et est persuadée qu’on lui cache la vérité.

Ben donne le poème à Samson, ainsi que le dessin du Usher. Et à la réaction de Samson, nous pouvons déjà conclure qu’il sait de qui il s’agit… Le Management décide alors de recevoir Ben. L’heure est grave. Si le Usher, the Lord of Shadow, « is flesh », c’est qu’il est trop tard : la fin des Temps est parmi nous.

Pourquoi avoir autant peur du Usher « devenu chair » ? Pourquoi cet être aurait plus de pouvoir une fois devenu humain ? Quels sont exactement ces pouvoirs et quel est le rapport avec l’explosion nucléaire que Ben a vu ?


Au petit jour, le cirque se dirige vers Ingram, Texas, pour y rencontrer une « vieille femme », qui semblerait être la fille (ou la femme) du poème que Kerrigan récitait. Et pendant ce temps, Ruthie voit des morts, Stroud est sur la piste de Scudder, Justin est tatoué, Iris sait qu’il cherche àla condamner et le Temple de Jericho commence às’élever…